Après Mediator… Revue des stratégies de désinformation, formes d’influence et conflits d’intérêt

Article détaillant sur 15 pages les principales tares du complexe médico-industriel, paru le 15 janvier 2011 sur l’ancien blog Pharmacritique.

Entre autres: nouvelles tendances telles que prééminence du marketing relationnel vs R&D; données socio-économiques des laboratoires pharmaceutiques; conflits d’intérêts des associations; leaders d’opinion (médecins et leaders associatifs) qui verrouillent le système de santé et de soins; industrie du cancer; irrationalité de la pensée s’agissant de certains médicaments; absence d’analyse coût – efficacité; formation médicale continue et presse médicale dans les mains des pharmas; certains propos de Christian Lajoux; l’hypocrisie générale des autorités sanitaires et des médecins quant aux conflits d’intérêts; l’ineptie des codes volontaires de déontologie, etc. Tout cela avec des liens pour approfondir.

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Le Dr Knock après neuf décennies. Le prophétisme de Jules Romain

Par le Pr Pierre Biron

(présentation à la fin de l’article)

La petite histoire de la pièce

L’écrivain et dramaturge Jules Romains n’avait pas convaincu la Comédie française, mais quand le comédien Louis Jouvet lut la pièce, il en fut enthousiasmé, lui qui avait été pharmacien avant d’embrasser la scène. Au fil des répétitions, Romains le convainquit d’être lui-même, courtois, sarcastique et sûr de lui. Lors de la création à la Comédie des Champs-Élysées, l’auditoire est si enthousiasmé que le célèbre André Gide s’empresse d’aller féliciter Jouvet dans sa loge. Jouvet s’est investi dans le rôle au point que cette pièce remplira sa carrière comme acteur et scénariste : plus de 1440 représentations et finalement, deux films dont le second lancé en 1951.

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Avonex dans la sclérose en plaques: Essai clinique biaisé et mauvaise évaluation rapportent 28 milliards à Biogen

Par le Dr Alexis CLAPIN 

Je suis neurologue de formation et j’ai travaillé pendant 20 ans dans l’industrie pharmaceutique. Lors de la mise sur le marché d’Avonex, je travaillais chez Serono comme responsable médical. J’ai quitté l’industrie pharmaceutique il y a quatre ans. [Plus de détails et déclaration publique d’intérêts à la fin de l’article.]

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Scandale de la pilule tourné contre le Planning familial et la santé des femmes. Exemple de l’endométriose

Le 4 février, lors de mon débat avec Renaud Lambert sur les conflits d’intérêts dans l’expertise, organisé par l’Association des Amis du Monde diplomatique à Villeneuve sur Ascq, j’ai eu le plaisir de pouvoir discuter plus longuement avec Véronique Séhier, du conseil d’administration du Planning familial.

Dans ce billet d’humeur spontané, je me demande qu’est-ce qui se cache derrière ces attaques contre le Planning familial (dont les trois derniers communiqués à propos des pilules de la 3ème et de la 4ème génération et de Diane 35 sont repris après mes commentaires). Je reviens sur la désinformation ambiante en matière médico-pharmaceutique, sur la médicalisation des femmes à des fins de profits – dans un système de soins surmédicalisé et sans empowerment, ni décision médicale partagée -, sur la misogynie médicale et culturelle et d’autres composantes d’un système délétère pour la santé des femmes. Avec un exemple concret et qui illustre toutes les tares structurelles : l’endométriose. Des mauvais traitements dans une relation médecin/patient teintée de pouvoir et de commerce : d’une part, l’offre qui crée la demande, d’autre part, notre comportement consuméristes. J’évoque d’autres influences et biais qui la déforment et la réduisent à un instrument de la logique mercantile néolibérale.

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Ghostwriting et ghost management : méthodes de manipulation et influence sur la recherche et l’information médicales

Sergio Sismondo a forgé le terme « ghost management » pour parler de l’influence de l’industrie pharmaceutique sur la production de l’information médicale, que j’élargis pour parler d’un management total, une gestion invisible, mais omniprésente, de tous les niveaux de la recherche, de la formation et de l’information médicales. Le but ? Créer une désinformation généralisée, car même là où il n’y a pas de conflits d’intérêts, pas de corruption et de fraude directes, il existe des influences directes et indirectes, des biais dans la littérature médicale, etc.

J’aborde les principales méthodes de manipulation de la recherche, de la formation et de l’information médicales, les composantes du ghost management et plusieurs articles de référence, avec extraits et liens.

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Actes du colloque « Surmédicalisation, surdiagnostics, surtraitements ». Ateliers 4, 5 et 6

Ce texte contient plusieurs fichiers informatifs, en plus des actes.

Le colloque « Surmédicalisation, surdiagnostics, surtraitements » qui a eu lieu le 27 et le 28 avril à la Faculté de médecine de Bobigny a été présenté plusieurs fois, en particulier dans les notes contenant l’introduction détaillée et le programme. Les enjeux et les possibles suites à donner – j’imaginais un mouvement citoyen d’idées – ont été évoqués dans le communiqué de presse de notre groupe Princeps.

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Actes du colloque « Surmédicalisation, surdiagnostics, surtraitements »: les comptes-rendus des ateliers (causes, formes, enjeux, médicaments essentiels…)

Les 27 et 28 avril 2012 a eu lieu à la Faculté de médecine de Bobigny le colloque « Surmédicalisation, surdiagnostics, surtraitements », co-organisé par le Groupe Princeps (Omar Brixi, Elena Pasca, François Pesty, Jean-Claude Salomon, Michel Thomas), le Département de Médecine générale de la Faculté de Bobigny et la SFTG (voir le programme).

Conceptualiser pour faire comprendre les enjeux pour tous les citoyens

A ceux qui n’en ont pas encore eu connaissance, je conseille de commencer par cette page de présentation du colloque et des ateliers, avec mon introduction détaillée sur les enjeux et l’importance d’une prise de conscience globale, par l’ensemble des citoyens, de l’omniprésence de la surmédicalisation, de ses causes, formes et conséquences, de ses risques pour notre santé individuelle et publique, tout comme pour le système public solidaire de santé et de soins.

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Claude Béraud ou la négation de l’éthique médicale

Texte retiré le 7 janvier 2016.

Je posterai le vrai travail du Pr Claude Béraud, sans ma réécriture. Je me suis fait avoir. Retirer les textes est la première étape de la rectification. 

Quelques réactions spontanées sont postées sur d’autres pages, à la place des textes. Je n’ai jamais donné l’autorisation à Claude Béraud de se servir de mon travail et demande qu’il fasse en sorte de ne publier que les versions non retravaillées par moi. Qu’il transmette à la postérité ce dont il est capable tout seul.

« Quand la complicité médico-pharmaceutique dévoie le savoir médical », par Pierre Biron

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Le texte du Pr Pierre BIRON aborde des dimensions du complexe médico-industriel qu’il faut connaître pour s’orienter dans nos systèmes de santé et de soins et prendre des décisions en connaissance de cause. Il est suivi par la présentation de l’auteur et des liens vers d’autres articles qu’il a publiés sur Pharmacritique.

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Rétablir le programme CESA (contaminants et environnement) et le REMERA (registre des malformations du Rhône Alpes)

Mise à jour datée du 16 janvier 2012 à la fin de l’article

A l’heure où les études et les preuves scientifiques s’accumulent pointant dans le sens d’une implication massive des toxiques environnementaux dans la survenue de diverses maladies, qu’il s’agisse de co-facteurs ou de corrélations à approfondir, la recherche française fait marche arrière. Elle est pourtant déjà très en retard par rapport aux pays anglo-saxons en particulier, sans parler du retard en matière de sensibilisation de la population et des professionnels de santé, évident lorsqu’on regarde la quasi inexistence de formations en santé environnementale et le mépris des leaders d’opinion pour cette problématique.

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« Sexe et addictions sur ordonnance » : livre sur les effets indésirables du Requip

C’est un livre écrit par un avocat sur le parcours d’un de ses clients: un homme de 52 Requip effets indésirables,requip jeu addiction,agonistes dopaminergiques effets indésirables,sifrol effets indésirables,addiction sexe hypersexualité médicaments,jeu pathologique requip sifrol,parkinson médicament effets indésirables,didier jambart procès requip gsk,gsk requip procès,antoine beguin livre procès gsk requip,pharmacovigilance médicaments parkinsonans traité entre 2003 et 2005 par l’agoniste dopaminergique Requip (ropinirole) pour la maladie de Parkinson.

Des media (Ouest France, Le Télégramme…) ont relaté son parcours judiciaire semé d’embûches, qui l’a mené entre autres à refuser une indemnisation de façade par l’ONIAM et prendre un avocat (renonçant à l’assistance par l’association AAAVAM). Le 31 mars 2011, Didier Jambart a fini par gagner son procès contre GSK (Glaxo Smith Kline), laboratoire qui commercialise le Requip.  

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Médicalisation et conséquences: surprescription, médicamentation longue durée, surtraitement, iatrogénie, déficit de la Sécurité sociale…

Après les deux vidéos reproduisant l’intégralité de l’émission, je résume les grandes lignes des interventions, en intercalant des citations des intervenants, mais aussi des commentaires de mon cru, avec des informations et des liens permettant de compléter et d’approfondir.

L’émission C dans l’air du 22 septembre s’intitulait « Sécu : faut-il tout revoir ? » Mais le titre ne résume pas la richesse des interventions, qui ont porté sur les logiques systémiques qui mettent en danger les comptes de la Sécurité sociale, et notamment la médicalisation abusive, cette logique du « tout curatif » et du « tout médicament », comme si tout problème avait une solution médicale – et surtout médicamenteuse et interventionniste.

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Lobbying pour Sanofi et le Lantus, avec éviction de Peter Sawicki, manipulation de Wikipedia…

Le Lantus (insuline glargine), prescrit dans le traitement du diabète insulinodépendant, a rapporté à Lantus.jpgSanofi plus de 2 milliards d’euros rien qu’en 2009. Et l’histoire a montré que lorsque l’un de ses médicaments est mis en cause, Sanofi peut recourir à divers stratagèmes pour le défendre, faisant appel à des agences de communication, mobilisant les leaders d’opinion qu’il paie, lançant des plans pour désinformer et/ou museler la presse, licenciant tel lanceur d’alerte. Sans parler d’autres méthodes peu catholiques pour augmenter ses profits, dont j’ai donné quelques exemples sur Pharmacritique.

Or le Lantus, soupçonné dès sa mise sur le marché en 2000 de favoriser les cancers, est de plus en plus critiqué depuis 2005.

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Biais de publication, manipulation et falsification de la recherche médicale financée par l’industrie pharmaceutique. Arznei-Telegramm épingle ses méthodes

La revue allemande Arznei-Telegramm, ma principale source et référence en raison de son excellente qualité et de son indépendance, publiait le 15 janvier 2010 un article incontournable qui passe en revue plusieurs méthodes utilisées par les firmes pharmaceutiques pour influencer le résultat des essais cliniques qu’elles financent, et ainsi manipuler et fausser la recherche, les recommandations de bonne pratique et l’information fondées sur ces derniers.

L’article s’intitule « Le financement par les firmes crée un potentiel considérable de manipulation de la recherche ». Je le traduis après un exposé détaillé des procédés composant le ghost management : gestion complète mais invisible de la recherche, de la formation et de l’information médicales.

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Claude Béraud critique le ghost writing… chez les autres

Merci de lire la mise à jour. Je me suis trompée quant à Claude Béraud.

Dans le numéro 14 (novembre 2007) de la « Lettre d’actualité médicale » qu’il a rédigée entre 2006 et 2008, Claude Béraud analysait l’apport de deux articles traitant des conséquences de l’externalisation de la recherche médicale et de la rédaction des articles médicaux, source majeure de biais et de conflits d’intérêts dans la recherche clinique et dans l’information médicale qui la présente.

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Des « Médecins sous influence » pharmaceutique propagent les biais et la désinformation comme jadis la fièvre puerpérale, selon Peter Mansfield

La chaîne australienne ABC a posté le 25 mai dans sa rubrique tribunes et prises de position (« Unleashed ») un texte édifiant du Dr Peter Peter Mansfield virtualcongress.jpgMansfield intitulé « Under the Influence » (Médecins sous influence). Pharmacritique vous propose une traduction.

Peter R. Mansfield est le directeur de l’association Healthy Skepticism, peu active et fortement influencée par la façon anglo-saxonne de percevoir l’ensemble du système de santé, mais dont les objectifs en matière de lutte contre la promotion pharmaceutique trompeuse sont louables.

[NdlR: J’ai retiré plusieurs fragments pour les réécrire avec plus de précisions].

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La Croix sur l’influence du marketing et des visiteurs médicaux sur les prescriptions des médecins et leur coût

Le numéro du 5 janvier du journal La Croix contient un article intitulé « Les médecins sous pression des laboratoires« . Il n’est pas inintéressant, caca_vrp.gifmais fait preuve d’une naïveté certaine quant à l’efficacité de l’interdiction de remettre des cadeaux aux médecins… Et puis un repas, autorisé, qu’est-ce que c’est ? Juste une façon de mieux faire avaler le discours publicitaire entre la poire et le fromage, sous couvert d’ »hospitalité », autre terme noble perverti pour les besoins de la banalisation de la corruption et des conflits d’intérêts…

Mais l’article rappelle au moins que 95% des médecins reçoivent toujours les visiteurs médicaux – nom impropre des VRP des laboratoires – et que ce contact exerce une forte influence, quoique souvent inconsciente et niée, sur leurs prescriptions. Et à lire les justifications – les rationalisations – invoquées par les médecins pour se défendre, on se demande s’ils ne se fichent pas du monde… Recevoir un visiteur médical pour qu’il ne se fasse pas licencier… Et pourquoi ne pas défendre la guerre, tant qu’on y est, pour que les soldats ne restent pas désoeuvrés ?

Il y a quand même quelques affirmations plus lucides : « « Le discours des visiteurs, quasi exclusivement dicté par le marketing, n’a guère d’utilité (…). Depuis plusieurs années, il n’y a pas eu de progrès majeurs sur les médicaments en médecine générale ». (…)

 

« Reste une question essentielle : quelle est l’influence des visites sur les ordonnances ? « Malgré le recul critique des médecins, la visite médicale a une influence certaine sur les prescriptions. (…) Après une phase de diffusion de l’information, elle influe sur les comportements de prescription à travers la qualité de la relation visiteur-médecin notamment, en favorisant la “mémorisation” de tel ou tel produit », affirme l’IGAS. (…) « Tous les médecins vous diront toujours qu’ils sont plus forts que le marketing des labos. Moi aussi, c’est ce que je pensais pendant les dix années où j’ai reçu des visiteurs, raconte le docteur Clary. Et puis, un jour, on m’a mis sous le nez la liste de toutes mes prescriptions. J’en suis presque tombé par terre, réalisant que je prescrivais des médicaments que je jugeais sans intérêt. C’est toute la force de la publicité, de la communication, et il faut reconnaître à l’industrie une redoutable efficacité dans ce domaine », conclut ce médecin. »

 

Rappelons la charte de la revue Prescrire, « Visite médicale : no merci! » et toutes les notes de Pharmacritique à ce sujet, réunies sous les catégories « Des visiteurs médicaux et de leur impact« , puis « Visite académique, contre-visite, DAM« .

 

Illustration : Joupy.com

 

Elena Pasca

Copyright Pharmacritique

Les firmes vont-elles s’emparer de l’enseignement de la thérapeutique et de la pharmacologie en Grande-Bretagne?

Une nouvelle publiée hier sur le site du British Medical Journal nous apprend comment les firmes pharmaceutiques investissent les facultés Loup mouton FunkyPix.jpgde médecine, non plus seulement à travers les visiteurs médicaux qui apportent des repas ou font des affaires avec les universitaires, mais carrément en dispensant des cours de pharmacologie… Cette spécialité médicale, dont l’enseignement est déjà très réduit, en France aussi, est une espèce menacée d’extinction. Triste constat, alors que l’information indépendante sur les médicaments, leur mode d’action, leurs effets secondaires, etc. devrait au contraire être une composante essentielle de la formation médicale initiale et continue. Surtout si l’on veut des praticiens dont l’exercice se conforme au principe exigeant d’abord de ne pas nuire…

On savait déjà que la formation médicale continue était dans les mains des firmes et que l’influence de celles-ci s’exerçait – par des chemins multiples et tortueux – aussi sur la formation initiale. Mais voici que l’industrie pharmaceutique est autorisée à enseigner la thérapeutique dans certaines facultés britanniques de médecine… Et demain en France ? Des économies de bouts de chandelle – puisque les firmes ne se font pas payer, du moins pas directement – qui seront payées par des dépenses ultérieures fortement augmentées, vu les mauvaises habitudes de prescription inculquées aux futurs médecins dès leur plus jeune âge… Là, les firmes n’y vont plus par quatre chemins, mais droit au but, profitant des défauts structurels du monde universitaire médical.

Pas besoin de gloser longuement… Remarquons juste que la lecture du texte donne des frissons aussi parce qu’on se rend compte que cette imposture ne date pas d’hier et qu’on se demande comment elle a pu s’implanter sans que les cercles médicaux indépendants protestent. Le pharmacologue interrogé ne semble pas non plus outré par les conflits d’intérêts évidents…

Pharmacritique vous propose une traduction rapide de l’article de Rebecca Coombes intitulé « Stepping into the therapeutics void » (Combler le vide thérapeutique, BMJ 2009;338:a3179). 

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L’industrie du cancer, modèle du business de l’endométriose chronicisée. Yellow-washing médico-industriel, psychanalytique, naturopathique, communicationnel…

Mise à jour en décembre 2010 et 2011. Actualisation en cours 

C’est d’endométriose qu’il est question, selon mes approches habituelles, que l’actualité ne fait que confirmer. Les détails viennent après avoir montré comment l’histoire se répète, puisque les trois principales composantes de l’industrie qui marchandise les femmes, leur santé et leurs maladies se mobilisent pour étendre leur marché à l’endométriose, chronicisée et marchandisée, comme elles l’ont fait autour du dépistage organisé du cancer du sein. L’analogie est très importante, parce que c’est grâce aux erreurs passées que l’on apprend. Et, 30 ans après la mise en place du dépistage organisé, les voix critiques commencent à peine à se faire entendre. Les victimes du business de l’endométriose sont et seront beaucoup plus nombreuses encore.

Évidemment, chacun de ces complexes doit être pensé avec ses satellites et sachant qu’il y a des recoupements entre les trois:

  • Complexe médico-industriel et scientifique conventionnel, sous contrôle des industriels pharmaceutiques, fabricants de dispositifs médicaux, etc. 
  • Complexe naturo-psycho-holistique (autour des deux pôles majeurs que sont les pseudo-médecines douces genre naturopathie, et la psychanalyse. Les deux tout aussi arbitraires scientifiquement) 
  • Complexe communicationnel, médiatique, publicitaire et du lobbying
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Pfizer accusé de manipulation des études sur l’efficacité du Neurontin. Qu’en est-il du Lyrica ?

En 2004, Pfizer a dû payer 430 millions de dollars d’amende pour la publicité illégale de son antiépileptique Neurontin (gabapentine), incitant les médecins à le prescrire dans des indications non autorisées (douleurs diverses, troubles bipolaires, douleurs neuropathiques, anxiété et autres troubles psychiques, etc.), ce qui a porté les chiffres de vente à plus de 3 milliards par an. Le New York Times du 8 octobre nous apprend qu’une cour fédérale des Etats-Unis est en charge d’un autre procès intenté par des usagers et des tierces parties. La cour vient de rendre publics les rapports de plusieurs experts sur les essais cliniques et la stratégie commerciale de Pfizer.

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