Actes du colloque « Surmédicalisation, surdiagnostics, surtraitements » 2012. Atelier N° 2: Causes et sources de surmédicalisation

Outre les contributions à l’atelier N° 2, ce texte contient aussi deux documents fort bien faits et édifiants, réalisés par le Dr Monique Debauche, psychiatre à la Free Clinic de Bruxelles, membre du GRAS (Groupe de Recherche et d’Action pour la Santé). Il s’agit d’une suite de publicités et autres images qui illustrent l’évolution de la médicalisation et surmédicalisation des femmes, en particulier sous l’angle psychologique et psychiatrique.

Continuer la lecture de Actes du colloque « Surmédicalisation, surdiagnostics, surtraitements » 2012. Atelier N° 2: Causes et sources de surmédicalisation

Antidépresseurs : nombreux risques pour une efficacité controversée dans une dépression marchandisée

Antidépresseurs : l’overdose

Aldous Huxley imaginait dès les années 30 le médicament parfait, appelé Soma, qui crée un bonheur artificiel, émousse les émotions et pensées inadaptées par rapport aux normes sociales et devient ainsi un outil efficace de contrôle social. C’est le moyen idéal pour les tenants de la biocratie, l’une des formes de biopolitique (Michel Foucault) qui implique la médicalisation de l’existence, pour discipliner corps et esprits, normaliser les individus « déviants » à coups de camisoles chimiques et de bonheur standardisé. La psychiatrie ainsi dévoyée devient une gardienne de l’ordre socio-économique [1].

Continuer la lecture de Antidépresseurs : nombreux risques pour une efficacité controversée dans une dépression marchandisée

« Antidépresseurs: l’overdose »: marchandisation de la dépression et effets indésirables des antidépresseurs

J’ai répondu avec plaisir à l’invitation de la revue Alternative Santé d’écrire sur les antidépresseurs. Après un article paru dans le numéro de mars 2011 sous le titre « Violence sur autrui : 31 médicaments en cause » (p. 17), qui reprend quelques informations données dans cette note, j’en ai fait un plus détaillé et plus spécifique, paru dans le numéro de mai sous le titre (donné par la rédaction) « Antidépresseurs : l’overdose » (pp. 18-21).

Continuer la lecture de « Antidépresseurs: l’overdose »: marchandisation de la dépression et effets indésirables des antidépresseurs

Suicides: effet indésirable des antidépresseurs, antipsychotiques, tranquillisants… Ghost management des femmes

Les études sur les effets indésirables et l’absence d’efficacité des antidépresseurs se succèdent et se ressemblent. L’un des risques majeurs, reconnu et souligné par la pharmacovigilance anglo-saxonne, est le suicide.

Une enquête indépendante faite par Janne Larsson et publiée en octobre 2009 a analysé les suicides enregistrés en 2007 en Suède. Je détaille les résultats, donne des références avec des commentaires et rappelle les conclusions de sources médicales indépendantes quant à l’efficacité très faible des antidépresseurs.

Une longue partie parle de la surmédicalisation des femmes, de la psychanalyse et de la psychopharmacologie comme des outils d’un véritable ghost management sociétal des femmes.

Continuer la lecture de Suicides: effet indésirable des antidépresseurs, antipsychotiques, tranquillisants… Ghost management des femmes

Antidépresseurs et glaucome aigu à angle fermé : nouvelles données. Autres médicaments causes de glaucome

Une étude présentée au congrès annuel 2011 de l’Association américaine de psychiatrie gériatrique AAGP apporte une confirmation partielle de ce lien de causalité. Les femmes âgées de plus de 66 ans ayant pris des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRSN tels que Effexor° de Wyeth/ Pfizer et Cymbalta° d’Eli Lilly) ont un risque plus élevé de faire un glaucome aigu à angle fermé. 

Après les détails, vous trouverez des informations sur des effets indésirables ophtalmologiques, un rappel de la position d’Arznei-Telegramm et un fragment d’un bulletin de pharmacovigilance qui présente les classes de médicaments liés à des glaucomes iatrogènes et tente d’en comprendre les mécanismes.

Continuer la lecture de Antidépresseurs et glaucome aigu à angle fermé : nouvelles données. Autres médicaments causes de glaucome

Risque d’accident vasculaire cérébral sous antidépresseurs. Effets indésirables confirmés par des études

La littérature médicale sur les effets indésirables des antidépresseurs est déjà bien fournie. Ici, je souhaite simplement signaler la parution Prozac.jpgd’une nouvelle étude dont les résultats comprennent certes quelques paradoxes, mais ne sont pas dénués d’intérêt.

Il y a eu l’étude de décembre 2009 de Smoller et al parlant du risque plus élevé de décès (toute cause confondue) et d’accident vasculaire cérébral (AVC) chez les femmes ménopausées sous traitement. Ces résultats semblent pouvoir être extrapolés aussi aux hommes, même si les données générales sont parfois contradictoires et que les mécanismes ne sont pas bien compris. Et pourtant, les auteurs de cette nouvelle étude, Chi-Shin Wu et al, parue le 15 mars et montrant un lien entre les AVC et la prise d’antidépresseur peu de temps avant, affirment que leurs résultats doivent être pris en compte dans l’élaboration des recommandations de bonne pratique et dans les décisions de santé publique.

Continuer la lecture de Risque d’accident vasculaire cérébral sous antidépresseurs. Effets indésirables confirmés par des études

Biais de publication, manipulation et falsification de la recherche médicale financée par l’industrie pharmaceutique. Arznei-Telegramm épingle ses méthodes

La revue allemande Arznei-Telegramm, ma principale source et référence en raison de son excellente qualité et de son indépendance, publiait le 15 janvier 2010 un article incontournable qui passe en revue plusieurs méthodes utilisées par les firmes pharmaceutiques pour influencer le résultat des essais cliniques qu’elles financent, et ainsi manipuler et fausser la recherche, les recommandations de bonne pratique et l’information fondées sur ces derniers.

L’article s’intitule « Le financement par les firmes crée un potentiel considérable de manipulation de la recherche ». Je le traduis après un exposé détaillé des procédés composant le ghost management : gestion complète mais invisible de la recherche, de la formation et de l’information médicales.

Continuer la lecture de Biais de publication, manipulation et falsification de la recherche médicale financée par l’industrie pharmaceutique. Arznei-Telegramm épingle ses méthodes

Exposé de David Healy: les conséquences néfastes de l’influence des pharmas et des conflits d’intérêts sur une recherche médicale déformée pour occulter les effets secondaires

[Mise à jour de décembre 2011 : Les méthodes par lesquelles l’industrie pharmaceutique influence et contrôle la recherche, la formation et l’information médicales sont décrites dans cet article de février 2011: « Biais, manipulation et falsification de la recherche médicale financée par l’industrie pharmaceutique », qui contient la traduction d’un texte de la revue allemande indépendante Arznei-Telegramm, appliquant cela à la psychiatrie, et notamment à la désinformation massive sur l’intérêt, l’efficacité, le rapport bénéfices-risques des antidépresseurs.

Les articles sur la dépression marchandisée et les antidépresseurs sont réunis sur cette page (en descendant du plus récent vers le plus ancien), ceux sur les antipsychotiques, les troubles bipolaires et la cyclothymie sont sur celle-ci.

La colonne de gauche du blog contient les sujets. Il y en a beaucoup sur les conflits d’intérêts en psychiatrie, le DSM, la normalisation et l’uniformisation des individus, le contrôle social exercé par la médecine (et notamment par la psychiatrie), sur le disease mongering (invention de maladies), sur d’autres psychotropes, sur la psychiatrie dévoyée en culture psy et ses dérapages, sur la dérive sécuritaire et la réponse du Collectif des 39, etc.]

Le 25 mars, le professeur de psychiatrie à l’université de Cardiff, David Healy, a donné une conférence qui a pour point de départ la David Healy Harvard Square Library.jpgréforme de la santé aux Etats-Unis. L’intitulé était “Can Industrialized and Marketized Healthcare be Made Universally Available? (Un système de soins industrialisé et conforme au marché peut-il être rendu universellement acessible ?). On peut visionner cette conférence d’une heure et demi sur You Tube. David Healy y intervient à partir de la huitième minute.

La conférence s’achemine progressivement vers une critique des scories d’une médecine sous la coupe de l’industrie pharmaceutique, un contrôle facilité encore plus par un marché totalement dérégulé. (Comme nous l’aurons en France aussi; il se met en place peu à peu. A bon entendeur…).

Continuer la lecture de Exposé de David Healy: les conséquences néfastes de l’influence des pharmas et des conflits d’intérêts sur une recherche médicale déformée pour occulter les effets secondaires

Efficacité douteuse des antidépresseurs, à part dans les cas les plus sévères et l’échec des traitements alternatifs (PLoS)

Un article publié dans la revue médicale en libre accès PLoS (Public Library of Science) nous informe que les méta-analyses des divers Placebo.jpgétudes sur les antidépresseurs n’ont montré qu’une supériorité faible par rapport au placebo. Les auteurs précisent même que lorsque les résultats des essais non publiées sont inclus dans l’analyse, les bénéfices cliniques des antidépresseurs n’atteignent même plus le seuil d’une efficacité statistiquement significative.

 

Inutile de dire à quel point cette analyse diffère du marketing médico-pharmaceutique des porteurs d’intérêts… Mais on sait bien que les essais cliniques des antidépresseurs sont parmi les plus réécrits par des agences de communication qui présentent les résultats sous une lumière favorable et occultent les données « gênantes », telles l’augmentation du risque suicidaire surtout chez les moins de 25 ans, les risques de dépendance et de syndromes de sevrage, etc. La manipulation des données liées au Deroxat/ Seroxat/ Paxil par GSK est représentative de ces méthodes des firmes dénoncées par Marcia Angell dans l’excellent texte que nous avons traduit dans cette note.

 

Cela dit, l’étude de PLoS montre ce que d’autres auteurs ont constaté, à savoir que l’efficacité semble dépendre de la sévérité de la dépression : plus une dépression est grave, plus les antidépresseurs ont des chances d’avoir un effet. Mais… Cet effet « semble dû à une réponse au placebo plus faible chez des patients souffrant de dépressions graves, plutôt qu’à un impact plus fort des médicaments administrés ». Au vu de ces résultats, les chercheurs concluent que la prescription d’antidépresseurs de la nouvelle génération [ISRS : inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, pour la plupart] ne se justifie que chez les patients souffrant des dépressions les plus graves, sauf si les traitements alternatifs ont été inefficaces.

Je vous laisse découvrir les détails de la méta-analyse de Kirsch et al : « Initial Severity and Antidepressant Benefits: A Meta-Analysis of Data Submitted to the Food and Drug Administration » (Sévérité initiale de la dépression et efficacité des antidépresseurs : une méta-analyse des données soumises à la Food and Drug Administration [FDA : agence américaine du médicament]).

Illustration: L’effet placebo

 

Elena Pasca

 

Les antidépresseurs de seconde génération (Déroxat, Effexor, Seropram, Zoloft, Prozac…) ne diffèrent que par le coût et les effets secondaires (directives USA)

Les nouvelles directives pour la pratique clinique élaborées par le American College of Physicians et publiées le 18 novembre dans les antidepresseur Le Matin.jpgAnnals of Internal Medicine ne trouvent aucune différence significative entre les divers antidépresseurs de deuxième génération.

 

Leur efficacité [relative, car démontrée uniquement dans les dépressions sévères] est égale ; seuls les effets secondaires diffèrent, disent les auteurs après avoir analysé plus de 200 études publiées sur les bénéfices et les effets indésirables de ces médicaments : Zyban (bupropion), Seropram (citalopram), Cymbalta (duloxetine), Seroplex (escitalopram), Prozac (fluoxétine), Floxyfral (fluvoxamine), Norset (mirtazapine), (Serzone) nefazodone, Deroxat/Seroxat/Paxil (paroxetine), Zoloft (sertraline), Desyrel (trazadone) et Effexor (venlafaxine).

Le choix doit donc être fait en fonction de effets secondaires, du coût et des préférences des patients. Les directives attirent l’attention sur le devoir des médecins d’informer et de surveiller les patients pendant le premier, voire les deux premiers mois de traitement, à cause du risque suicidaire.

 

Ces constats ne sont pas nouveaux, puisqu’une équipe de l’université de Caroline du Nord était arrivée aux mêmes conclusions en septembre 2005 et les avait publiées dans le même journal. Richard A. Hansen et al avaient aussi souligné que ces antidépresseurs de seconde génération n’avaient pas d’effet sur à peu près 40% des patients. Ces chiffres ont été contestés à l’époque, mais d’autres études sont venues les étayer entre-temps.

Richard A. Hansen, Efficacy and Safety of Second Generation Antidepressants in the Treatment of Major Depressive Disorder. Ann Int Med, September 20, 2005 vol. 143 no. 6 415-426.

Pour d’autres informations sur les antidépresseurs, leur efficacité, leurs rapport bénéfices – risques, leurs effets secondaires tels que accident vasculaire cérébral, glaucome, comportements violents, risques de mortalité, voir les articles de la catégorie « Dépression, antidépresseurs« ; de la catégorie « Effets secondaires, iatrogénie« , enfin de celles consacrées à la psychiatrie (voir liste alphabétique à gauche de la page), au DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) et aux conflits d’intérêts de la psychiatrie.

Photo: Le Matin

 

Elena Pasca

Copyright Pharmacritique

Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères… L’abrasement chimique d’un mal-être social (article du Monde)

Un article de Sandrine Blanchard en date du 8 novembre intitulé « Les Français sous psychotropes » reprend quelques grandes lignes des surméd St BMJ.gifanalyses désormais consensuelles en sciences humaines et que nous avons évoquées de façon assez détaillée dans la note « En finir avec l’abus de psychotropes » : appel à un usage raisonnable et à la limitation de l’emprise pharmaceutique« .

 

Un extrait: « Les psychotropes ont été détournés de leur usage premier (l’épisode dépressif majeur) pour soigner le mal-être, « l’anxiété sociale » et en devenir l’unique réponse. Résultat : des personnes véritablement déprimées sont sous-diagnostiquées, et de nombreux malades imaginaires, surmenés, fatigués, consultent en mettant sur le compte de la dépression les difficultés du quotidien. Les psychotropes coûtent une fortune à la Sécurité sociale. Or une analyse publiée en début d’année conclut que, en dehors des dépressions sévères, les antidépresseurs les plus prescrits ne sont pas plus efficaces qu’un placebo… »

Continuer la lecture de Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères… L’abrasement chimique d’un mal-être social (article du Monde)

Antidépresseurs: Effexor lié à un taux plus élevé de décès en cas de surdosage. Alerte canadienne

La Direction générale des produits de santé et des aliments (DGPSA) du Canada, homologue de notre AFSSAPS, a publié le 23 octobre une mise en garde des laboratoires qui commercialisent l’antidépresseur EFFEXOR (venlafaxine). En France, il s’agit de la firme Wyeth. En somme, un surdosage même faible (1 gramme) par l’Effexor, qui est un ISRSN (inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline) induit plus de risque de décès pour le patient en question qu’un surdosage avec les antidépresseurs ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). Ces derniers sont les plus couramment prescrits, sous des noms tels Seropram (citalopram), Prozac (fluoxétine) ou Deroxat paroxétine). Mais les ISRSN se multiplient en France aussi, avec l’apparition d’Ixel (milnacipran) et du Cymbalta (duloxétine).

 

 

Voici l’alerte destinée aux professionnels de santé : « Renseignements en matière d’innocuité sur le surdosage par le chlorhydrate de venlafaxine [Effexor] en capsules à libération prolongée »

 

[NdlR : Les antidépresseurs tricycliques et imipraminiques mentionnés dans le texte sont l’une des classes plus anciennes d’antidépresseurs, prescrits bien plus rarement, à l’exception notable du Laroxyl (amitriptyline) et de deux médicaments apparentés à cette classe : l’Athymil (miansérine) et Stablon (tianeptine)].

 

« Avis aux professionnels de la santé:

 

Les fabricants de chlorhydrate de venlafaxine en capsules à libération prolongée désirent vous communiquer des renseignements importants sur son innocuité. D’après des études rétrospectives publiées 1,2,3,4, le surdosage de la venlafaxine pourrait être associé à un risque accru de mortalité comparativement aux antidépresseurs de type inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), mais à un risque moindre par rapport aux antidépresseurs tricycliques. Bien que l’on ignore dans quelle mesure le risque accru de mortalité qui a été observé soit attribuable à la toxicité de la venlafaxine en surdosage plutôt qu’à certaines caractéristiques des patients,5 des rapports de pharmacovigilance font état de cas de surdosage aigu mortel par la venlafaxine seule à des doses aussi faibles qu’environ 1 gramme.

  • Pour diminuer les risques de surdosage par la venlafaxine à libération prolongée, en particulier chez les patients plus gravement atteints ou présentant des facteurs de risque de comportement suicidaire, il est recommandé de prescrire la plus petite quantité de médicament compatible avec une prise en charge adéquate.
  • Le risque de tentative de suicide chez les patients gravement déprimés est lié à leur maladie et peut persister jusqu’à ce qu’une rémission symptomatique importante survienne. Pour tous les patients déprimés, un suivi clinique des idées suicidaires et des autres indices de comportements suicidaires est recommandé.
  • Comme pour d’autres antidépresseurs, on a noté un risque accru de changements comportementaux et émotionnels, y compris de l’automutilation, chez les patients traités par la venlafaxine. Les professionnels de la santé, les patients, les membres de la famille ou les aidants devraient donc faire preuve de vigilance face à ces changements.
  • Tous les antidépresseurs ont le potentiel de causer une surdose fatale.

Les fabricants de venlafaxine à libération prolongée travaillent en collaboration avec Santé Canada afin d’inclure les nouveaux renseignements en matière d’innocuité dans la section traitant de surdosage dans les monographies canadiennes de venlafaxine en capsules à libération prolongée.

 

La gestion des effets indésirables liés à un produit de santé commercialisé dépend de leur déclaration par les professionnels de la santé et les consommateurs. Les taux de déclaration calculés à partir des effets indésirables signalés de façon spontanée après commercialisation des produits de santé sous-estiment généralement les risques associés aux traitements avec ces produits de santé. Tout cas de surdosage ou tout autre effet indésirable grave ou imprévu chez les patients recevant venlafaxine à libération prolongée doit être signalé au fabricant ou à Santé Canada, aux adresses suivantes (…) ».

 

Le reste du texte et les références se trouvent sur cette page. Quant à la mise en garde destinée aux patients, elle peut être lue ici.

 

Autres sources, qui montrent d’ailleurs que le problème avait été reconnu dès 2006 aux Etats-Unis et mentionné plus tard dans le RCP (résumé des caractéristiques du produit) :

Marketing illégal du Deroxat/Seroxat par GSK et occultation du risque suicidaire: 40 millions de dollars d’amende

Nous parlions dans la note précédente du suicide comme effet secondaire de plusieurs antidépresseurs et autres Deroxat suicide final.jpgmédicaments. Cela colle parfaitement avec l’actualité…

Continuer la lecture de Marketing illégal du Deroxat/Seroxat par GSK et occultation du risque suicidaire: 40 millions de dollars d’amende

Surconsommation de psychotropes en France : leçons à tirer sur la société, le modèle néolibéral et le dévoiement de la médecine

Y aurait-il une « épidémie de dépression » en France?

C’est discutable, puisque

« La prévalence du taux de dépression en France dans la population générale varie de 5,8 à 11,9 %. » La France n’en détient pas moins le record mondial de la consommation de médicaments psychotropes (antidépresseurs, hypnotiques, anxio-lytiques). Le chiffre d’affaires des antidépresseurs a été multiplié par 6,7 entre 1980 et 2001. Cette tendance serait à la hausse, en dépit de contestations fréquentes sur l’efficacité et l’innocuité. Ainsi, par exemple, du risque de suicide associé aux antidépresseurs chez les enfants, rendu public ces derniers mois. Les pouvoirs publics s’inquiètent plus généralement de la multiplication des prescriptions non justifiées sur le plan médical et de la chronicisation des traitements. »

psychotropes surconsommation,antidépresseurs surconsommation,normalité médecine,surmédicalisation,contrôle social médecine,néolibéralisme santé,psychopharmacologie,biopolitique psychiatrie,biopouvoir médecine,dsm troubles,médicalisation psychisme,surmédicamentation,disease mongering psychiatrie,façonnage de maladies,dépression causes,dépression traitement,dépression marketing pharmaceutique,hélène vaillé

Même si elle contribue fortement par ses stratégies marketing, et notamment le disease mongering, l’influence sur l’information médicale et du grand public, l’influence sur la formation médicale continue, etc., l’industrie pharmaceutique n’est pas la seule responsable, comme le dit le succinct article Antidépresseurs : un choix collectif ?, publié par Hélène Vaillé dans la revue Sciences Humaines et dont sont extraits ces quelques fragments.

Malaise social, fragilité des jeunes, remplacement de l’alcool par les antidépresseurs, mauvaises habitudes ou encore « des éléments culturels comme la pauvreté des régulations collectives, le faible support du groupe, les insuffisances de la médiation sociale » font partie des explications avancées. Cela dit, « la plupart des spécialistes admettent l’action conjointe de l’ensemble de ces facteurs ».

L’auteure note que les surprescriptions et la surconsommation se font sans fondement scientifique:

« Le besoin de soins pour ce trouble reste mal évalué. La fixation du seuil de pathologie a ici, en effet, quelque chose d’arbitraire, tant il est difficile de distinguer les réactions homéostatiques normales de tristesse des états dépressifs proprement dits. Les études épidémiologiques pour cette pathologie sont par conséquent peu nombreuses, difficiles à mettre en œuvre et souvent discutées. Leurs résultats varient beaucoup d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre ».

J’ai parlé dans plusieurs notes de la « marchandisation de la dépression » et des psychotropes en tant que moyens de régulation non de l’humeur, mais de la société… Régulation faite par une médecine qui remplit un rôle de normalisation, d’uniformisation et de contrôle social, en fonction de la logique sociétale-économique dominante. Le dévoiement de la psychiatrie, illustré surtout par ce roman qu’est le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) a ouvert la porte aux dérives, sans parler de ses conflits d’intérêts.

Et Hélène Vaillé de se demander avec Claude Le Pen si médecins et médicaments ne sont pas en train de devenir des régulateurs sociaux, des « tuteurs qui lissent entièrement notre vie », médicalisent à l’infini (Michel Foucault), nous rendent adaptables à souhait et nous « débarrassent » des dilemmes constitutifs de notre psychisme et de la socialité. Thèmes largement abordés sur Pharmacritique.

Elena Pasca

Cadeaux de l’industrie pharmaceutique aux médecins pour influencer les prescriptions

Voici un reportage de la chaîne de télévision américaine CBS, qui cite un rapport parlant de 57 conflits d'intérêts médecine industrie pharmaceutique,corruption médecine industrie pharmaceutique,influence pharmaceutique médecine,zoloft sertraline suicide,cadeaux industrie pharmaceutique médecins,psychotropes effets indésirables,antidépresseurs effets indésirables,pfizer conflits d'intérêts corruption,antidépresseurs suicide,conflits d'intérêts psychiatrie,charles grassley,surprescription de psychotropes,médicalisation surmédicamentationmilliards de dollars payés chaque année par les firmes pharmaceutiques aux médecins pour influencer leurs prescriptions. Ce qui induit des conflits d’intérêts, voire de la corruption, et des biais à tous les niveaux de la chaîne du médicament.

Le reportage peut être visionné sur cette page, qui contient aussi une transcription intitulée « Are Perks Compromising MD Ethics ? » (« Les cadeaux compromettent-ils l’éthique médicale ? »).

Le point de départ est le suicide d’une jeune fille de 12 ans alors qu’elle était traitée par l’antidépresseur Zoloft° (sertraline). Mais il y est question aussi des enquêtes du justicier Charles Grassley, auquel Pharmacritique devrait proposer d’être membre d’honneur…

Continuer la lecture de Cadeaux de l’industrie pharmaceutique aux médecins pour influencer les prescriptions

« Selling Sickness », documentaire sur le disease mongering ou façonnage de maladies. Médicaliser les bien-portants pour vendre plus de médicaments

Titre complet : “Selling Sickness. An Ill for Every Pill” (Vendre des maladies. Une maladie pour disease mongering,façonnage de maladies,profit,marketing,normalité,antidépresseurschaque médicament), 2005. Co-écrit par Ray Moynihan et inspiré du livre de Moynihan et Alan Cassels évoqué dans cette note.

Le documentaire peut être visionné sur cette page. A noter qu’une conférence internationale a eu lieu, sous le même titre (Selling Sickness), en avril 2006 à Newcastle (Australie).

Continuer la lecture de « Selling Sickness », documentaire sur le disease mongering ou façonnage de maladies. Médicaliser les bien-portants pour vendre plus de médicaments

« Disease mongering »: façonner des maladies pour chaque médicament, médicaliser émotions, mal-être et bien-portants (Ray Moynihan, Alan Cassels)

La journaliste médicale Lynn Payer avait 1829358310.jpgidentifié et décrit ce phénomène dans son livre de 1992 Disease-Mongers, dont j’ai parlé dans cette note. Son auteure est décédée en 2001, mais le terme « disease mongering »  (façonnage/ invention/ fabrication de maladies) s’est imposé grâce à des auteurs tels Ray Moynihan. Ceux qui lisent l’anglais peuvent se référer aussi à l’un de ses premiers articles sur le sujet, Selling Sickness: the Pharmaceutical Industry and Disease Mongering, paru en 2002 dans le British Medical Journal. L’article pose les jalons du livre publié en 2005, co-écrit par Ray Moynihan et Alan Cassels, et dont le titre veut dire à peu près « Vendre des maladies [fabriquées par le service marketing]. Comment les plus grandes firmes pharmaceutiques nous transforment tous en patients ». 

Continuer la lecture de « Disease mongering »: façonner des maladies pour chaque médicament, médicaliser émotions, mal-être et bien-portants (Ray Moynihan, Alan Cassels)

La marchandisation de la dépression (II). Médicalisation des humeurs, invention de nouveaux troubles, emprise financière de l’industrie sur la recherche et les soins…

Cette partie du texte de Janet Currie, La marchandisation de la dépression, illustre parfaitement dépression,antidépresseurs,disease mongering,marketing,santé mentale,troubles psychiquesles méthodes de l’industrie pharmaceutique : invention de nouvelles maladies ou redéfinition des anciennes pour englober plus de monde (disease mongering), des stratégies publicitaires qui médicalisent des aspects physiologiques ou des émotions justifiées et temporaires, des « tests » de dépistage à questions très floues et vagues pour que tout le monde se sente concerné…

L’industrie pharmaceutique finance les associations de patients et les groupes d’entraide existants ou en crée d’autres pour les instrumentaliser dans la promotion de tel médicament. 85% des dépenses promotionnelles concernent les financements et autres cadeaux faits aux médecins, au moyen de la visite médicale, des voyages, cadeaux, rémunérations pour activités publicitaires, financements de leurs recherches.

Continuer la lecture de La marchandisation de la dépression (II). Médicalisation des humeurs, invention de nouveaux troubles, emprise financière de l’industrie sur la recherche et les soins…

La marchandisation d’une dépression réinventée. L’industrie occulte les risques d’effets indésirables. Texte de Janet Currie (I)

La marchandisation de la dépression : la prescription des ISRS aux femmes.  Par Janet Curriedépression,antidépresseurs,santé mentale,dsm,marketing,troubles psychiques (Action pour la protection de la santé des femmes, mai 2005).

Janet Currie est présentée sur cette page. Elle est l’un des contributeurs du site Mad In America. Science, Psychiatry and Social Justice.

Ce texte vaut la peine d’être lu en entier, et pas seulement par les femmes. Si elles sont une cible privilégiée de la médicalisation comme outil de contrôle social en général et de la psychopharmacologie en particulier, pour des raisons que l’auteure nous explique, la problématique abordée dans le texte ne se réduit pas à la médicalisation des états physiologiques et des émotions des femmes. 

Continuer la lecture de La marchandisation d’une dépression réinventée. L’industrie occulte les risques d’effets indésirables. Texte de Janet Currie (I)

Psychotropes dès le berceau ? Le façonnage de maladies (disease mongering) nous mène tout droit au traitement à vie par psychotropes. Conférence de Barbara Mintzes

Texte de la conférence – débat donnée le 17 janvier 2008 par Barbara MINTZES, chercheure en disease mongering,antidépresseurs surprescription surconsommation,trouble bipolaire médicament,hyperactivité ritaline,marketing pharmaceutique disease mongering,façonnage de maladies psychiatrie,psychotropes enfants,surdiagnostic surmédicalisation surmédicamentation,barbara mintzes,publicité directe pour les médicaments dtca,psychotropes effets indésirables,antipsychotiques trouble bipolaire effets indésirablessanté publique à Université de Colombie-Britannique (Canada), et organisée par la revue Prescrire. L’autre conférence a été donnée par la psychiatre Monique Debauche sous le titre « Marché des psychotropes : construction historique d’une dérive ».

Elles font partie des auteurs qui déconstruisent la médicalisation et le disease mongering comme formes de contrôle social, même sans utiliser directement le terme.

Continuer la lecture de Psychotropes dès le berceau ? Le façonnage de maladies (disease mongering) nous mène tout droit au traitement à vie par psychotropes. Conférence de Barbara Mintzes