Un article publié dans la revue médicale en libre accès PLoS (Public Library of Science) nous informe que les méta-analyses des divers études sur les antidépresseurs n’ont montré qu’une supériorité faible par rapport au placebo. Les auteurs précisent même que lorsque les résultats des essais non publiées sont inclus dans l’analyse, les bénéfices cliniques des antidépresseurs n’atteignent même plus le seuil d’une efficacité statistiquement significative.
Inutile de dire à quel point cette analyse diffère du marketing médico-pharmaceutique des porteurs d’intérêts… Mais on sait bien que les essais cliniques des antidépresseurs sont parmi les plus réécrits par des agences de communication qui présentent les résultats sous une lumière favorable et occultent les données « gênantes », telles l’augmentation du risque suicidaire surtout chez les moins de 25 ans, les risques de dépendance et de syndromes de sevrage, etc. La manipulation des données liées au Deroxat/ Seroxat/ Paxil par GSK est représentative de ces méthodes des firmes dénoncées par Marcia Angell dans l’excellent texte que nous avons traduit dans cette note.
Cela dit, l’étude de PLoS montre ce que d’autres auteurs ont constaté, à savoir que l’efficacité semble dépendre de la sévérité de la dépression : plus une dépression est grave, plus les antidépresseurs ont des chances d’avoir un effet. Mais… Cet effet « semble dû à une réponse au placebo plus faible chez des patients souffrant de dépressions graves, plutôt qu’à un impact plus fort des médicaments administrés ». Au vu de ces résultats, les chercheurs concluent que la prescription d’antidépresseurs de la nouvelle génération [ISRS : inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, pour la plupart] ne se justifie que chez les patients souffrant des dépressions les plus graves, sauf si les traitements alternatifs ont été inefficaces.
Je vous laisse découvrir les détails de la méta-analyse de Kirsch et al : « Initial Severity and Antidepressant Benefits: A Meta-Analysis of Data Submitted to the Food and Drug Administration » (Sévérité initiale de la dépression et efficacité des antidépresseurs : une méta-analyse des données soumises à la Food and Drug Administration [FDA : agence américaine du médicament]).
Illustration: L’effet placebo
Elena Pasca
Ce travail a tenu compte des données non publiées dans la littérature médicale (donc en défaveur des antidépresseurs) c’est pourquoi elle est bien plus pertinente que d’autres méta-analyses !
A noter que cette étude n’est pas la seule !
Turner et Rosenthal (NEJM 2008) sont arrivés à la conclusion que l’effet des antidépresseurs était « insignifiant ».
Mais ces études ont simplement suscité une réaction hostile de la part des « experts ». et L’AFSSAPS en mars 2008 a bien rappelé que cette étude « n’apportait rien de nouveau »…On croît rêver !
Cette même Afssaps affirme que 50 % des prescriptions d’antidépresseurs sont inutiles et non fondés (probablement en raison du caractère transitoire et souvent modéré) des épisodes dépressifs …et n’en profite pas pour revoir sa copie !
Ne nous focalisons pas uniquement sur l’industrie…mais aussi sur les « autorités » sanitaires dirigées par des pseudo-experts….
Ce sont elles qui font la formation de nos futurs médecins …
Bernardo
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