Mise à jour datée du 16 janvier 2012 à la fin de l’article
A l’heure où les études et les preuves scientifiques s’accumulent pointant dans le sens d’une implication massive des toxiques environnementaux dans la survenue de diverses maladies, qu’il s’agisse de co-facteurs ou de corrélations à approfondir, la recherche française fait marche arrière. Elle est pourtant déjà très en retard par rapport aux pays anglo-saxons en particulier, sans parler du retard en matière de sensibilisation de la population et des professionnels de santé, évident lorsqu’on regarde la quasi inexistence de formations en santé environnementale et le mépris des leaders d’opinion pour cette problématique.
Le 7 septembre est sorti à Actes Sud le livre Menaces sur nos neurones. Alzheimer, Parkinson et ceux qui en profitent…, par Marie Grosman, spécialisée en épidémiologie et santé environnementale, et Roger Lenglet, philosophe et journaliste d’investigation indépendant.
C’est une investigation sur tous les niveaux qui concourent à la « production » et au maintien d’une « société neurotoxique ». Elle se focalise sur l’accumulation des métaux lourds et leur impact sur la santé et l’environnement, en dévoilant tout un système qui favorise les intérêts économiques des lobbies et groupes de pression et bloque l’information transparente, la remise en cause de tout un système verrouillé et instrumentalisé, le questionnement citoyen et la reconnaissance des droits des victimes. Le rôle des métaux lourds, en synergie avec d’autres produits toxiques (pesticides, perturbateurs endocriniens…), est questionné dans l’apparition et la multiplication de maladies neurologiques telles que Alzheimer et Parkinson, les troubles neurocomportementaux et autres affections.
Je n’ai pas encore lu le livre, mais connaissant le sérieux de Roger Lenglet, auteur de nombreux livres fort bien documentés et qui ont permis des avancées dans la prise de conscience sur de nombreux problèmes de santé publique et de dénaturation de la démocratie par les lobbies et les conflits d’intérêts, je pense que Menaces sur nos neurones fera date. Dans un débat qui doit être mené en toute transparence, quelle qu’en soit la conclusion, afin d’éviter des extrêmes et des polarisations généralement délétères: soit le rejet en bloc des causes environnementales, soit l’attribution d’une causalité globale, exclusive et prise au sens strict du terme.
Voici une courte présentation vidéo faite par les deux auteurs. Des informations complémentaires (introduction, sommaire…) sont disponibles sur cette page de l’éditeur Actes Sud.
Je rappele mon investigation, parue le 5 mars 2009 sur Pharmacritique, sur les conflits d’intérêts autour de l’Alzheimer, à commencer par ceux de Nicolas Sarkozy et ses frères, dans l’intérêt des assureurs et de l’industrie pharmaceutique, sur le pourquoi des franchises médicales, l’inutilité des médicaments anticholinestérasiques et de la mémantine, etc. : « Conflits d’intérêts des frères Sarkozy, plan Alzheimer et mutuelle obligatoire, pour le profit de Sanofi et des assurances ». [Elena Pasca]
NdR: Professeur honoraire de pharmacologie à l’Université de Montréal, engagé sur toutes les questions de pharmacologie sociale, Pierre Biron est un observateur critique de la scène médico-pharmaceutique, auteur et co-auteur de nombreux articles et chapitres de livres sur l’influence de l’industrie pharmaceutique sur la médecine, l’abus de prévention, la surmédicalisation et surmédicamentation, les formes de disease mongering (façonnage de maladies), les politiques du médicament…
A cause d’innombrables plagiats et instrumentalisations, je précise que l’original est celui-ci et que je n’accepte aucune reproduction de ce texte (ou des autres) sans autorisation préalable.
L’un des principaux symptômes de la maladie d’Alzheimer, c’est une altération de la mémoire. Exerçons-la un peu, alors. Pour voir comment les maillons de la chaîne politico-sanitaire s’enchevêtrent avec les gros intérêts privés de l’industrie pharmaceutique, et ce depuis la famille de Nicolas SARKOZY jusqu’à notre firme nationale, SANOFI-AVENTIS. L’imbrication est parfois directe, parfois par maillons interposés, comme il se doit dans tout réseau.
La maladie d’Alzheimer ne semble pas avoir été choisie par hasard par Nicolas Sarkozy, mais ce n’est pas la première fois que des initiatives présidentielles confortent les intérêts économiques privés de ses proches. Les conflits d’intérêts sont juste mieux cachés dans ce cas, occultés par des envolées lyriques et la posture du volontarisme politique (voir les discours).
Nous verrons l’implication de François SARKOZY et de Guillaume SARKOZY dans des secteurs clé, en rapport avec la maladie d’Alzheimer et d’autres dispositifs sur la dépendance des aînés. Eux et leurs sociétés bénéficient directement de l’argent public, de marchés publics et des changements intervenus récemment dans ce domaine.
Nous verrons aussi comment la structure scientifique (Fondation Alzheimer) mise en place actuellement, ainsi que les dispositifs de partenariat public – privé bénéficient directement à l’industrie pharmaceutique, en particulier à Sanofi-Aventis – et à ses sous-traitants et collaborateurs, parmi lesquels François Sarkozy.
Pharmacritique a critiqué a plusieurs reprises le gaspillage consistant à prescrire à des patients souffrant d’Alzheimer des médicaments complètement inefficaces, dont certains, tels les anticholinestérase ou la mémantine peuvent avoir de sérieux effets secondaires. Gaspillage parce que cet argent devrait être alloué à la seule façon d’aider les patients et leurs familles, à savoir un personnel suffisant pour s’en occuper et les accompagner. Un autre gaspillage – par ailleurs général – concerne la prescription de vasodilatateurs et autres plantes médicinales supposés améliorer la mémoire et les capacités cognitives en général et donc ralentir l’apparition de l’Alzheimer. Le ginkgo biloba, commercialisé en France aussi sous forme de médicament (Tanakan), en est un exemple.
Espérons que les résultats d’une vaste étude multicentrique parus dans le dernier numéro du JAMA contribueront à enrayer ces pratiques.
On se demande si une telle multiplication d’annonces, qui mènent forcément à des illusions thérapeutiques – est bien raisonnable… Cela me rappelle ce qu’on disait du cancer il y a deux ou trois décennies : qu’il serait vaincu en moins de deux. Il se montre pourtant très tenace, et les progrès thérapeutiques sont minimes, du moins en terme de guérison.
Mes commentaires spontanés en marge des annonces faites en une semaine (!) cherchent simplement à dire qu’une sérieuse interrogation éthique s’impose lorsqu’on voit cette médiatisation irresponsable des promesses de l’industrie pharmaceutique. Mais il n’y a pas qu’elle qu’il faut montrer du doigt. Il faut remettre en question le laxisme irresponsable de la société face à une médecine dévoyée et réduite à ses modalités techniques…C’est l’humain et l’humanité qui se sont perdus en chemin vers le « plateau technique ». Où on ne soigne plus, mais où on gave les malades de médicaments. Y compris avec des médicaments dont l’inefficacité est patente (anticholinestérasiques, mémantine), et dont les effets indésirables sont tout aussi patents…
Depuis que l’espèce humaine développe des techniques pour appliquer les technosciences, aucune n’a été en mesure de produire ne serait-ce qu’un minimum de réflexion morale-déontologique et de s’autolimiter. La médecine non plus.