Texte retiré le 27 novembre 2012.
J’ai décidé de mettre un terme à toute relation avec Jacques Poirier, mettre fin à ce que Jacques Poirier qualifie de « soutien indéfectible » de ma part, un engagement qui lui a été « précieux ». Il m’a pris tout le temps et l’énergie que j’avais depuis plusieurs années, et ce
- dans le cadre de Sciences Citoyennes (j’ai servi d’intermédiaire, mis en place la campagne de soutien, lu et relu les textes et dossiers, fait une bonne partie de tout ce qu’il y avait à faire, etc.),
- sur Pharmacritique (mes propres textes, relecture d’autres textes, recherche d’informations, etc.)
- avec les journalistes (que j’ai informés en détail, étant « contact presse » à ce sujet depuis le début); aussi avec toute personne demandant des informations
- et tout simplement humainement, ce qui veut dire soutenir, être à l’écoute (généralement plusieurs fois par semaine, par mail et au téléphone), encaisser et essayer de garder le cap en cas d’engagements non tenus ou modifiés en cours de route, en cas de changements d’attitude de sa part (surtout suite à des critiques et des questions); tenter de le ramener à la raison lorsqu’il interprétait un fait anodin ou incertain comme une preuve de la validité de ses théories; chercher, envoyer et commenter des informations, relire et corriger ses textes, etc.)
Je mets un terme à tout cela parce qu’il s’avère que Jacques Poirier et moi n’avons pas les mêmes valeurs, ni les mêmes méthodes, ni la même acception de ce qui est acceptable, éthique, etc. Je suis loin de la sphère idéologique et des convictions qui sont les siennes et pourraient guider une partie de sa façon d’agir et d’interagir. Pendant longtemps, je pensais, en cas de discordances, que c’est moi qui ne comprenais pas et n’avais pas assez d’éléments, donc ne pouvais pas contredire Jacques Poirier. Puis peu à peu, le doute s’est installé et j’ai posé et reposé des questions, cherché des réponses ailleurs; j’ai aussi essayé de tempérer la tendance à interpréter certains faits selon un prisme déformant qui validerait ses convictions de départ, malgré l’absence de preuves. J’aurais dû mettre un terme à tout cela il y a longtemps, mais c’est difficile lorsqu’on pense être face à un ami à qui l’on aimerait offrir jusqu’au bout une aide illimitée.
Sauf que, pour moi, la fin ne justifie pas les moyens (et nous n’avons pas la même acception de la fin, d’ailleurs).
De façon générale, je m’engage à 100% et peux tout donner dans l’engagement pour une cause, mais il faut qu’elle soit entièrement défendable. Car je ne peux pas fermer les yeux sur des questions d’éthique, de validité scientifique, etc. L’éthique ne se divise pas; les allégations non valides sur une partie du dossier entâchent l’ensemble du dossier et montrent une façon de faire, une méthode, montrent jusqu’où quelqu’un est capable d’aller. Et je n’accepte pas que l’on me « guide », que l’on se serve de moi puis de Pharmacritique comme d’un outil de provocation, comme une « arme », comme un moyen de diffuser des thèses incorrectes, des accusations injustifiées; je n’accepte pas non plus que moi ou quiconque soyons « encouragés » à prendre des risques pour quelqu’un d’autre qui reste dans l’ombre.
Etc.
Quant à Jacques Poirier, je lui ai posé plusieurs fois des questions et demandé des preuves sur la validité de certaines accusations à propos de l’AFSSAPS (formulées par diverses voies de communication, dont les deux articles de Jean Lefebvre sur Pharmacritique et ceux où il est question de l’association Familles de France), questions restées sans réponse digne de ce nom.
Le texte réglementaire de l’AFSSAPS dit la même chose que les textes réglementaires européens quant aux éventuelles dérogations qui pourraient intervenir en cas de force majeure (rupture d’approvisionnement en intestins de porc et le recours à des intestins de ruminants pour la fabrication d’héparines); il n’y a donc là aucune irrégularité, aucun dysfonctionnement par rapport à l’Europe, aucune « distorsion de concurrence » que l’AFSSAPS aurait délibérément faite afin de favoriser Sanofi et qui mettrait en danger les usagers français d’énoxaparine (Lovenox) plus que d’autres Européens.
L’absence de preuves aurait dû empêcher la diffusion de telles allégations d' »irrégularités graves commises par l’AFSSAPS ». On ne crée pas une vérité en diffusant des allégations par divers moyens de communication qui vont se citer l’un l’autre et vont créer le buzz jusqu’à ce que ces allégations seront reprises partout, seront la référence générale, donc deviendront « vraies ».
J’ai longtemps voulu me persuader que tel ou tel incident (de divers ordre, que je ne vais pas déballer ici) relevait d’un enthousiasme trop fervent pour la cause et ai fermé les yeux sur les discordances, sur les méthodes et façons de faire.
La Fondation Sciences Citoyennes (FSC) soutient Jacques Poirier à propos de son licenciement, dont tout porte à croire qu’il a été abusif, Sanofi-Aventis voulant mettre un terme à un combat juste pour le contrôle de la sécurité des héparines chinoises. Mais si l’on regarde de près, ni Sciences Citoyennes (et à ma connaissance) ni Didier Levieux n’ont jamais relayé les allégations concernant l’AFSSAPS. C’est moi qui ai demandé à Sciences Citoyennes de ne pas suivre toutes les propositions de Jacques Poirier, par exemple de ne pas se lancer dans une action hasardeuse contre l’AFSSAPS au Conseil d’Etat, puisqu’il n’y avait aucune preuve. Heureusement, le conseil d’administration a été d’accord avec moi. Je n’ose imaginer ce qui se serait passé autrement, le risque pris par FSC sur tous les plans (moral, financier…)
Je souhaite à Jacques Poirier de gagner son procès à propos de son licenciement et de ce qui s’est passé au moment où il a été liciencié – et de réfléchir sur le reste, en particulier sur ce qu’il demande aux autres de faire pour lui et à sa place. Peut-être pense-t-il que faire le buzz à travers des allégations spectaculaires l’aide pour son procès, quitte à risquer de créer une psychose chez des usagers français de l’énoxaparine.
Ce sera sans moi.
Jacques Poirier et moi n’avons rien en commun. Je ne vais pas entrer dans les détails (je les ai, ayant gardé l’ensemble des mails échangés depuis le début) et n’ai mentionné que le minimum, afin que les lecteurs sachent que les thèses à propos de l’AFSSAPS diffusées dans les articles de Jean Lefebvre et dans les articles parlant de Familles de France sont des hypothèses non fondées. J’en parle aussi pour que personne ne s’imagine que je laisse tomber pour je ne sais quelle raison occulte. D’autre part, je me devais d’en parler afin de présenter mes excuses aux lecteurs pour toutes les allégations non fondées. J’ai été de bonne foi, j’y croyais, faisant confiance à la source, c’est-à-dire à Jacques Poirier.
Je ne laisse sur le blog que le dossier scientifique par Didier Levieux et le texte sur les conflits d’intérêt par Anne-Sophie Versier, qui ne portent pas sur Jacques Poirier.
Désolée pour ce billet d’humeur, ces phrases spontanées; c’est une grande déception, à la mesure de mon engagement intensif. Je ne l’ai même pas relu.