Le numéro du 5 janvier du journal La Croix contient un article intitulé « Les médecins sous pression des laboratoires« . Il n’est pas inintéressant,
mais fait preuve d’une naïveté certaine quant à l’efficacité de l’interdiction de remettre des cadeaux aux médecins… Et puis un repas, autorisé, qu’est-ce que c’est ? Juste une façon de mieux faire avaler le discours publicitaire entre la poire et le fromage, sous couvert d’ »hospitalité », autre terme noble perverti pour les besoins de la banalisation de la corruption et des conflits d’intérêts…
Mais l’article rappelle au moins que 95% des médecins reçoivent toujours les visiteurs médicaux – nom impropre des VRP des laboratoires – et que ce contact exerce une forte influence, quoique souvent inconsciente et niée, sur leurs prescriptions. Et à lire les justifications – les rationalisations – invoquées par les médecins pour se défendre, on se demande s’ils ne se fichent pas du monde… Recevoir un visiteur médical pour qu’il ne se fasse pas licencier… Et pourquoi ne pas défendre la guerre, tant qu’on y est, pour que les soldats ne restent pas désoeuvrés ?
Il y a quand même quelques affirmations plus lucides : « « Le discours des visiteurs, quasi exclusivement dicté par le marketing, n’a guère d’utilité (…). Depuis plusieurs années, il n’y a pas eu de progrès majeurs sur les médicaments en médecine générale ». (…)
« Reste une question essentielle : quelle est l’influence des visites sur les ordonnances ? « Malgré le recul critique des médecins, la visite médicale a une influence certaine sur les prescriptions. (…) Après une phase de diffusion de l’information, elle influe sur les comportements de prescription à travers la qualité de la relation visiteur-médecin notamment, en favorisant la “mémorisation” de tel ou tel produit », affirme l’IGAS. (…) « Tous les médecins vous diront toujours qu’ils sont plus forts que le marketing des labos. Moi aussi, c’est ce que je pensais pendant les dix années où j’ai reçu des visiteurs, raconte le docteur Clary. Et puis, un jour, on m’a mis sous le nez la liste de toutes mes prescriptions. J’en suis presque tombé par terre, réalisant que je prescrivais des médicaments que je jugeais sans intérêt. C’est toute la force de la publicité, de la communication, et il faut reconnaître à l’industrie une redoutable efficacité dans ce domaine », conclut ce médecin. »
Rappelons la charte de la revue Prescrire, « Visite médicale : no merci! » et toutes les notes de Pharmacritique à ce sujet, réunies sous les catégories « Des visiteurs médicaux et de leur impact« , puis « Visite académique, contre-visite, DAM« .
Illustration : Joupy.com
Elena Pasca
Copyright Pharmacritique
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