« Les Médicamenteurs »: vérités et mensonges 6 ans après. Projection et débat à Grenoble

Le documentaire « Les Médicamenteurs », réalisé par Stéphane Horel et commenté dans cette note sur Pharmacritique, a été diffusé pour la première fois en juin 2009. Beaucoup d’annonces ont été faites depuis, surtout en marge de scandales, dont le plus médiatisé a été celui autour du Médiator. Une loi a été adoptée en décembre 2011, des comités et commissions de déontologie et de transparence ont été mis en place, tout comme des initiatives de déclaration des liens d’intérêt, notamment pour les experts auprès des autorités sanitaires.

La projection aura lieu le 7 octobre; elle commencera à 20:00, suivie, à 21:10, du débat entre Philippe Perrin et moi. Il est éco-infirmier, fondateur de Santé Environnement Rhône-Alpes (SERA).

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Ghostwriting et ghost management : méthodes de manipulation et influence sur la recherche et l’information médicales

Sergio Sismondo a forgé le terme « ghost management » pour parler de l’influence de l’industrie pharmaceutique sur la production de l’information médicale, que j’élargis pour parler d’un management total, une gestion invisible, mais omniprésente, de tous les niveaux de la recherche, de la formation et de l’information médicales. Le but ? Créer une désinformation généralisée, car même là où il n’y a pas de conflits d’intérêts, pas de corruption et de fraude directes, il existe des influences directes et indirectes, des biais dans la littérature médicale, etc.

J’aborde les principales méthodes de manipulation de la recherche, de la formation et de l’information médicales, les composantes du ghost management et plusieurs articles de référence, avec extraits et liens.

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Médicaments : 10 milliards d’euros d’économies réalisables. Conférence de presse

Lundi 24 septembre 2012, de 11 h à 12h30, aura lieu à la Représentation du Parlement européen en France (288 Boulevard Saint Germain, 75007 Paris) une conférence de presse sous le titre « Médicaments : 10 milliards d’euros d’économies réalisables ». Voici l’annonce :

En présence de :

  • Michèle RIVASI, membre de la Commission Santé et Environnement au Parlement Européen 
  • Elena PASCA, rédactrice du blog Pharmacritique, membre du CA de Sciences citoyennes 
  • Serge RADER, Pharmacien

Les Français dépensaient 5 milliards d’euros en 1980 pour leurs médicaments. Aujourd’hui ce chiffre s’élève à 37 milliards. Non seulement ils en consomment trop (champions d’Europe), sans amélioration clinique tangible, mais ils payent les médicaments génériques beaucoup plus chers que leurs voisins européens. Ils sont également les premiers utilisateurs de molécules récentes qui n’apportent aucun progrès thérapeutique (1).      

En effet, en l’absence d’une analyse coût/efficacité et efficience, en l’absence d’une évaluation de la pertinence des prescriptions et d’une autorisation de mise sur le marché exigeant la supériorité thérapeutique des nouveaux médicaments, l’on peut compter sur les doigts d’une main les médicaments vraiment novateurs, parmi les centaines autorisés et admis au remboursement chaque année en France.  

Pendant ce temps, les profits pharmaceutiques augmentent, au détriment de la Sécurité sociale, qui voit son déficit se creuser de plus en plus, au risque de mettre en danger notre système solidaire de protection sociale et l’accès aux soins. La qualité de la prise en charge des patients stagne, de même que la recherche fondamentale porteuse d’innovations, alors même que le reste à charge et la part des contribuables dans le financement des recherches augmentent. 

Comment en sommes-nous arrivés là? Quel rôle jouent aujourd’hui les industries pharmaceutiques, leur marketing, leur lobbying et leurs stratégies? Pourquoi les citoyens sont-ils les premières victimes de cette politique opaque? Comment réaliser des économies dans ce secteur? Réponse le 24 septembre prochain.

(1) Selon la Fédération hospitalière de France un « petit tiers d’actes médicaux » sont inutiles. C’est pourquoi il faut réduire la consommation de médicaments inutiles, qui n’apportent rien, si ce n’est des risques.

Lieu : Représentation du Parlement européen en France, 288 Boulevard Saint Germain, 75007 Paris

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J’avais fait des commentaires en marge d’une conférence de presse à laquelle je devais participer, avec Michèle Rivasi, Eva Joly et Sophie Archimbaud, qui a été organisée mais n’a pas pu avoir lieu (tous les candidats ont suspendu leur campagne présidentielle au lendemain de la tuerie de Toulouse). Certains sujets restent les mêmes; les commentaires sur le complexe médico-industriel et l’expertise citoyenne aussi… Ils sont sur cette page: « Moraliser la politique du médicament« .

Evidemment, le sujet central est la surmédicalisation (et la surmédicamentation qu’elle induit), donc les dépenses inutiles. Il faudrait une critique de toutes les dimensions du système actuel de santé et de soins, parce qu’elles sont toutes déformées par la surmédicalisation, que l’on en ait conscience ou non… Une critique radicale aboutirait à des propositions radicales de refonte de l’ensemble du système – et on ne penserait même pas en termes d’économies à faire, puisque beaucoup de coûts inutiles seraient évités.

Pour des détails sur les causes, les formes et les conséquences de la surmédicalisation, voir les articles à ce sujet (et au sujet de l’abus de prévention, du marketing pharmaceutique, etc.), en particulier les actes du colloque « Surmédicalisation, surdiagnostics, surtraitements » (27 et 28 avril 2012 à Bobigny). Lors de ce colloque, je suis intervenue sur les causes de la surmédicalisation; celle-ci est une conséquence d’un phénomène plus global, à analyser dans toutes ses composantes: le dévoiement de la fonction sociale de la médecine. (EP)

Cocaïne, héroïne, opium, alcool… Médicaments et autres remèdes de grand-mère en images

Un ami canadien m’a envoyé ce rappel des plaisirs médicamenteux de nos grands-parents et arrière grand-parents, du temps où les politiques hygiénistes n’avaient pas encore tout aseptisé ni déclaré illégales un certain nombre de substances qui avaient de quoi les rendre heureux, voire euphoriques, du berceau jusqu’au tombeau… C’est peut-être pour compenser l’absence de ces substances présentes alors dans des médicaments et « alicaments » (cocaïne, héroïne, opium sous diverses formes, alcools…) que nous prenons actuellement autant d’antidépresseurs et autres psychotropes… Nos arrière grand-parents avaient leur ritaline à eux: 5 gouttes d’opium chez un nouveau-né de 5 jours un peu agité, de la cocaïne contre les maux de dents et en prévention de la grippe, etc.

Les affiches publicitaires pour ces produits sont hilarantes ; à voir le pape Léon XIII faire de la publicité pour un « vin de coca » (Bordeaux et extrait de feuilles de coca) dont il a récompensé l’inventeur et qu’il appréciait particulièrement… Bref, de quoi passer un bon moment alors que l’actualité pharmaceutique n’est pas rose. Voici le texte et les images:

« Pourquoi nos arrière-grands-parents se souviennent autant de leur jeunesse. (Je suis même surpris qu’ils se souviennent de quoi que ce soit !!)

 

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Un flacon d’Héroïne Bayer’s : Entre les années 1890 et 1910 de l’héroïne était vendue comme substitut à la morphine ne causant pas de dépendance. Elle a été aussi utilisée pour traiter les enfants souffrant de fortes toux.


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Influence des cadeaux et publicités de l’industrie pharmaceutique sur la pensée et les prescriptions des médecins

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Echantillons gratuits de médicaments: moyens d’influence, risques pour la santé, augmentation des coûts

La revue en libre accès PLoS (Public Library of Science) a publié le 12 mai l’essai « No More Free Drug Samples? » (La fin des échantillons Echantillons de médicaments.jpggratuits de médicaments?), signé par Susan Chimonas et Jerome Kassirer.

Les deux auteurs démontrent, études à l’appui, que les allégations du syndicat de l’industrie pharmaceutique (PhRMA aux Etats-Unis, homologue du LEEM en France) quant à l’intérêt éducatif des échantillons sont fausses. Il s’agit d’une forme de publicité pharmaceutique, sans plus, et elle est considérée à tort plus inoffensive que d’autres, au point que même les étudiants en médecine y sont déjà exposés. Ils sont distribués généreusement par les visiteurs médicaux aux médecins dans leurs cabinets, dans les hôpitaux, lors des petites sauteries rituelles appelées congrès médicaux (dans le genre salon du MEDEC en France), bref, partout où l’industrie pharmaceutique exerce son ghost management (gestion et contrôle invisibles, management fantôme, mais omniprésent).

C’est toute la question de l’influence invisible, plus ou moins consciente, mais non moins effective pour autant, qui se pose lorsque la question des échantillons est abordée. Et ces implications échappent habituellement à l’usager lambda. Raison de plus pour parler de cet article très synthétique, tout en gardant présentes à l’esprit les différences entre les Etats-Unis et l’Europe.

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Sanofi-Aventis obligé d’arrêter une campagne publicitaire louche pour le Plavix (Australie)

Le Baker IDI Heart & Diabetes Institute est l’une des plus grandes institutions australiennes de recherche dans les maladies cardiovasculaires, plavix.jpgle diabète et l’obésité. Son directeur annonçait dans un communiqué en date du 1er mai qu’il allait recevoir un financement « novateur » de Sanofi-Aventis : 25 cents pour chaque boîte de Plavix (clopidogrel, un anticoagulant) vendue dans les pharmacies. Il espérait une « donation » pouvant aller jusqu’à 500.000 dollars australiens (plus de 280.000 euros) pour l’année 2009. Sans se soucier le moins du monde de la pression et de l’influence sur les prescripteurs dont l’indépendance est compromise s’ils s’adaptent à de tels « accords » commerciaux, même s’ils sont soi-disant conclus après des « négociations prudentes et méticuleuses » entre Sanofi et l’institut Baker IDI. Celui-ci fait de facto de la publicité pour des intérêts privés tout en étant lui-même à but non lucratif, donc considéré comme une source fiable d’informations médicales non commerciales.

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Ses débordements publicitaires pour le Cialis valent à Eli Lilly le titre de pire firme pharmaceutique de l’année

Décidément, la dysfonction érectile est à l’honneur ces temps-ci, comme on l’a vu avec la promotion du Viagra par la CIACialis McCain.jpg

On apprend que Consumers International, la fédération internationale d’associations de consommateurs, a décerné le prix Marketing Overdose à la firme Eli Lilly, pour avoir dépassé toutes les bornes dans le déluge publicitaire pour sa pilule Cialis (tadalafil), indiquée dans la dysfonction érectile. Les détails sont éloquents…

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Presse médicale, moyen d’influence et de publicité pharmaceutique

La presse médicale adressée gratuitement aux médecins, en particulier aux généralistes, se vante d’être le premier pourvoyeur de CRO pharma dependant.jpgformation médicale continue (FMC).

« Chaque semaine, votre FMC au quotidien », dit Le Quotidien du médecin du 22 septembre. Et il ajoute qu’il « remercie pour leur soutien institutionnel dans la réalisation des pages spéciales du FMC du Quotidien du Médecin : Altana Groupe Nycomed, Amgen, Astra Zeneca, Bristol-Myers Squibb, Eisai, Galderma, Glaxo Smith Kline, Ipsen, la Ligue nationale contre le cancer (ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, l’assurance-maladie, l’assurance-maladie des professions indépendantes), [Eli] Lilly France, Lundbeck, Merck Sharp & Dohme-Chibret, Roche Nicholas, Menarini, Novartis, Organon, Pfizer, Sanofi Aventis, Sanofi Pasteur MSD, Schering-Plough, Schwarz Pharma, Servier, Takeda, Thérabel Lucien Pharma, Urgo, Wyeth. » A noter que la firme Pierre Fabre a aussi offert son « soutien institutionnel » (sic) à la réalisation du supplément du 22 septembre sur les maladies parodontales.

 

Nous verrons ce que pense Gérard Kouchner – à la tête d’un empire de presse et de communication qui comprend aussi le journal susmentionné, ainsi que Le Quotidien du Pharmacien, Le Généraliste, etc. – des reproches faits à cette presse cadeau…

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Choice : visite académique et financement réinventé pour stopper l’influence des pharmas, la désinformation et le marketing débridé

Dans un dossier paru en mai 2008, l’association australienne de défense des consommateurs Surmédicamentation.jpgCHOICE a publié un rapport intitulé « Pushing Pills » (Un marketing des médicaments qui dépasse les bornes). Les anglophiles y trouveront un bon argumentaire sur les conséquences néfastes de la publicité des firmes pharmaceutiques. L’introduction générale est suivie de l’analyse des stratégies promotionnelles utilisées pour désinformer les médecins généralistes, à l’exemple des médicaments contre l’hypertension artérielle, puis d’une considération lucide de l’impact de ces méthodes publicitaires à visée commerciale. Enfin, l’association fait des propositions concrètes et exige la mise en pratique de la seule solution raisonnable à cette désinformation risquée pour les patients : une information indépendante des médecins, au moyen de la visite académique et d’un financement complètement revu. J’ai fait quelques analogies avec la situation française.

 

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Marketing illégal du Deroxat/Seroxat par GSK et occultation du risque suicidaire: 40 millions de dollars d’amende

Nous parlions dans la note précédente du suicide comme effet secondaire de plusieurs antidépresseurs et autres Deroxat suicide final.jpgmédicaments. Cela colle parfaitement avec l’actualité…

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L’Ordre des médecins allemand critiqué par l’Office antitrust pour des publicités en guise de formation médicale continue

Voici un article du journal Süddeutsche Zeitung (à peu près l’équivalent de notre Libération), en loi antitrust pharmaceutique,monopole pharmaceutique,concurrence industrie pharmaceutique,formation médicale continue prestataires,marketing pharmaceutique,office antitrust industrie pharmaceutique,formation médicale continue allemagne,formation médicale industrie pharmaceutique,ordre des médecins conflits d'intérêts,ordre des médecins formation médicale continue,ordre des médecins allemagne,ordre des médecins industrie pharmaceutique,conflits d'intérêts formation médicale continue,facultés de médecine industrie pharmaceutique,corruption médecins,publicité pharmaceutique,conseil de l'ordre des médecins conflits d'intérêts,formation médciale continue en ligne,e-learning médecine,ordre des médecins critiquedate du 2 juillet 2008 : Werbung in Schulungen (« Des publicités dans les programmes de formation »).

 

Je traduis le texte de Kristina Läsker, qui a été cité par la revue médicale indépendante Arznei-Telegramm dans un article mettant l’accent sur les conséquences de cette désinformation publicitaire pour l’ensemble de l’information-santé : La formation médicale continue accréditée par l’ordre des médecins : foire publicitaire et capitulation devant les firmes.

 

Pas besoin de commentaires détaillés. Si ce n’est pour souligner l’évidence: la situation est la même en France, parce que l’ordre des médecins (le CNOM: Conseil national de l’Ordre des médecins) est le garant des relations des médecins avec les laboratoires pharmaceutiques. Tout médecin qui signe une convention avec une firme pharmaceutique – pour être consultant, recevoir de l’argent pour intervenir lors d’une formation médicale continue, lors d’un congrès, etc. – doit soumettre cette convention au conseil départemental de l’Ordre des médecins. Qui est totalement libre de refuser. Mais qui ne refuse jamais, dans les faits…

 

Les médecins ne sont pas des victimes des industriels.

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« L’envers de la pilule » par Jean-Claude St-Onge. Le façonnage des maladies: principal moteur du commerce pharmaceutique

L’émission « Indicatif présent » de Radio Canada a réalisé en novembre 2004 une interview avec Jean-Claude St-Onge, auteur du livre 1672201482.jpgL’envers de la pilule. Les dessous de l’industrie pharmaceutique, paru en 2004 aux éditions Ecosociété. Le lien vers l’interview est à la fin de cette page.

Et voici une présentation du livre, avec des exemples de disease mongering. Ce procédé très lucratif consiste à inventer des maladies, par exemple en médicalisant des aspects physiologiques tels la ménopause. Ou en présentant des traits de personnalité tels la timidité comme des pathologies handicapantes. Quel parent résistera à une publicité disant que la timidité – érigée en « phobie sociale » ou « anxiété sociale » – risque de gâcher la vie de son enfant, alors que « des solutions existent » ?

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Des visiteurs médicaux aux pubs télé : marketing relationnel avec les patients et les associations

Dans son numéro de juillet/août 2007, le journal L’Expansion reprend une analyse des tendances actuelles de l’industrie pharmaceutique. L’un des articles s’intitule « Marketing sur ordonnance. Le baromètre 2007 Unilog-HEC confirme le transfert vers le patient des budgets de communication ». Un autre est tout aussi clair : « Des visiteurs médicaux aux pubs télévisées. Le durcissement de la réglementation de la visite médicale induit une réallocation des budgets marketing vers le patient ». En clair, l’industrie pharmaceutique misera de plus en plus sur la publicité directe aux consommateurs, sur l’accès direct aux patients, pour mieux les manipuler.

Il est question de « marketing relationnel » (sic), pour « faciliter la relation médecin – patient », selon un ponte de Sanofi.

Un extrait : « Le budget marketing dédié aux patients devrait même croître de 50 % entre 2006 et 2010. Ce repositionnement prend acte du poids croissant

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Rapport annuel du Vermont sur l’argent de la corruption des médecins. Les psychiatres sont en tête – et les psychotropes aussi…

L’Etat américain du Vermont est l’un de ceux dont la législation impose aux firmes pharmaceutiques de déclarer au parquet les sommes 1162912029.jpgpayées aux médecins à des fins de marketing (« Marketing Disclosure Law », dont le pionnier est l’Etat de Minnesota). Le parquet du Vermont a rendu public le 8 juillet son 5ème rapport annuel sur ces liens financiers qui placent toujours les psychiatres en tête des médecins les plus payés pour faire marcher le commerce. Le procureur général, William Sorrel, commente : « ce rapport montre de nouveau l’influence trop grande de l’industrie pharmaceutique sur la pratique de la médecine au Vermont. (…) Il est particulièrement troublant que l’industrie paye des sommes aussi élevées pour influencer la prescription de médicaments psychiatriques », ajoute-t-il dans sa déclaration. Tout cela nous aprrend à chausser des lunettes critiques, pour un bon décryptage faisant la part entre information et soupe publicitaire servie par citernes entières par les médecins inféodés.

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Médicaments anticholestérol: de la publicité pharmaceutique à la vérité (caricature)

Quand les pharmaciens disent la vérité…

« Ce médicament peut provoquer des étourdissements, des douleurs thoraciques et articulaires, des diarrhées, des troubles de la mémoire, des caillots sanguins, des fuites anales ». « Ce sont les effets secondaires? » [demande la patiente]. « Non, ce sont les effets principaux. L’effet secondaire de ce médicament est qu’il peut peut-être baisser votre cholestérol ». La caricature de Mike Adams n’est pas si loin de la vérité…

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« Disease mongering »: façonner des maladies pour chaque médicament, médicaliser émotions, mal-être et bien-portants (Ray Moynihan, Alan Cassels)

La journaliste médicale Lynn Payer avait 1829358310.jpgidentifié et décrit ce phénomène dans son livre de 1992 Disease-Mongers, dont j’ai parlé dans cette note. Son auteure est décédée en 2001, mais le terme « disease mongering »  (façonnage/ invention/ fabrication de maladies) s’est imposé grâce à des auteurs tels Ray Moynihan. Ceux qui lisent l’anglais peuvent se référer aussi à l’un de ses premiers articles sur le sujet, Selling Sickness: the Pharmaceutical Industry and Disease Mongering, paru en 2002 dans le British Medical Journal. L’article pose les jalons du livre publié en 2005, co-écrit par Ray Moynihan et Alan Cassels, et dont le titre veut dire à peu près « Vendre des maladies [fabriquées par le service marketing]. Comment les plus grandes firmes pharmaceutiques nous transforment tous en patients ». 

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Les façonneurs de maladies, héritiers du Dr Knock, ancêtre du disease mongering…

Les firmes pharmaceutiques et les médecins qui en soignent les finances en appliquant la stratégie marketing dont fait partie le disease mongering (façonnage ou invention de maladies) sont les dignes héritiers du Dr Knock (personnage de Jules Romains), passé maître dans l’art d’amener un patient en bonne santé à se découvrir une vraie maladie à la place d’un désagrément occasionnel ou d’une parfaite santé… L’exagération des facteurs de risque, l’abus de prévention auquel on assiste de nos jours, la surmédicalisation et surmédicamentation, la médicalisation et marchandisation des états d’âme, les recettes publicitaires, le pharmacommerce de la peur… tout y était déjà. A voir ou à revoir…

Psychotropes dès le berceau ? Le façonnage de maladies (disease mongering) nous mène tout droit au traitement à vie par psychotropes. Conférence de Barbara Mintzes

Texte de la conférence – débat donnée le 17 janvier 2008 par Barbara MINTZES, chercheure en disease mongering,antidépresseurs surprescription surconsommation,trouble bipolaire médicament,hyperactivité ritaline,marketing pharmaceutique disease mongering,façonnage de maladies psychiatrie,psychotropes enfants,surdiagnostic surmédicalisation surmédicamentation,barbara mintzes,publicité directe pour les médicaments dtca,psychotropes effets indésirables,antipsychotiques trouble bipolaire effets indésirablessanté publique à Université de Colombie-Britannique (Canada), et organisée par la revue Prescrire. L’autre conférence a été donnée par la psychiatre Monique Debauche sous le titre « Marché des psychotropes : construction historique d’une dérive ».

Elles font partie des auteurs qui déconstruisent la médicalisation et le disease mongering comme formes de contrôle social, même sans utiliser directement le terme.

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Le façonnage de maladies / disease mongering légitimé par le DSM: médicalisation et marchandisation des émotions, pour le profit des pharmas

1015167843.gifL’« enchevêtrement » d’intérêts financiers entre psychiatrie, DSM et industrie, dont j’ai parlé dans plusieurs notes, pose encore plus de problèmes que dans d’autres spécialités médicales, dans la mesure où la définition de beaucoup de « troubles » mentaux, dysfonctions ou troubles de la personnalité n’est que descriptive, floue et sans critères vérifiables. Ce qui laisse beaucoup de place à l’arbitraire, à l’invention ou au façonnage de maladies (disease mongering). Une telle affirmation ne peut paraître exagérée qu’aux personnes qui ne sont pas familiarisées avec les dernières trouvailles de la psychiatrie, dont on ne sait souvent pas si ce sont des gags, des parodies ou alors des états que des experts considèrent sérieusement comme pathologiques et nécessitant traitement…

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