Claude Béraud ou la négation de la morale en médecine

« La médicalisation de la santé et du mal-être » (III): « Les malades sans maladie »

Texte retiré le 7 janvier 2016.

Je posterai le vrai travail de Claude Béraud, sans ma réécriture.

Ajout posté le 29 octobre 2016: C’est une réaction spontanée, une première façon de faire ma mea culpa, parce que mon besoin de croire à l’existence de médecins qui seraient au-dessus de la mêlée, capables de mettre en oeuvre des principes moraux, m’a menée à croire le discours victimisant de Claude Béraud et à chercher des excuses à ses dérapages.

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La collusion de Narcisse et des médias pour la désinformation. Par Jacques Testart

Avant-propos d’Elena Pasca :

« En 2009, lors d’un débat avec la psychanalyste Monette VACQUIN et Jacques TESTART au sujet de la procréation médicalement assistée, j’ai posé plusieurs questions dont celle portant sur le narcissisme de tous les acteurs qui interviennent dans ce processus et de l’impact que cela aura sur le narcissisme et l’image de soi de l’enfant. J’ai pris des notes et ferai un article là-dessus (narcissisme, complexe démiurgique et conséquences, mémoire et histoire, éthique et science…), qui renverra aussi aux textes cités par Jacques Testart, aux rôles respectifs, à ses activités en comparaison avec celles de René Frydman, qui n’a pas entamé le tournant éthique…

Après avoir lu la tribune de Jacques Testart dans Médiapart, je lui ai reposé cette question du narcissisme, du complexe démiurgique (omnipotence…) de René Frydman et de ce que l’industrie lui permet d’en faire pour traduire ses fantasmes en réalité… et suggéré d’autres aspects qui mériteraient d’être évoqués pour compléter cette tribune et placer certains accents différemment. Je suis contente qu’il ait accepté ma proposition. J’ai longuement présenté les activités, les écrits et la démarche réflexive et éthique de Jacques Testart dans l’introduction de son premier texte sur Pharmacritique : « Entre idéologies et industries, quelle place pour la décision citoyenne en bioéthique ? » Son site contient une page biographique et une liste jacques testart bébé éprouvette,rené frydman bébé éprouvette amandine,procréation médicalement assistée histoire,jacques testart technoscience reproduction,rené frydman congélation ovules méthodes procréation,bioéthique procréation reproduction fiv,diagnostic préimplantatoire,diagnostic prénatal embryon séléction,media lobby médical,journalisme médical influence,leaders d'opinion médecine reproduction,media indépendance lobby industrie,narcissisme médical reproduction pma,illusion démiurgique médecine toute-puissance,recherches sur l'embryon projet loibibliographique très détaillées. »

 

LA COLLUSION DE NARCISSE ET DES MEDIAS POUR LA DESINFORMATION

Par Jacques TESTART

« Ne prenons pas des airs de demi-dieux, ou même de démiurges, là où nous n’avons été que de petits sorciers » Jean Rostand

En réponse à la monopolisation médiatique organisée autour de René Frydman à l’occasion des 30 ans d’Amandine, premier bébé issu de fivète (fécondation in vitro et transfert d’embryon) français, Médiapart a publié mon texte [1] que la presse écrite avait refusé (« ça n’intéresse pas les gens »…). J’aurais souhaité m’en tenir là tant ma situation de partie prenante s’accorde péniblement avec une critique sereine. Mais plusieurs amis ont souhaité que je développe certains points et Elena Pasca m’a offert l’hospitalité de Pharmacritique pour une analyse plus approfondie d’un aveuglement médiatique qui mène à la désinformation.

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L’Odyssée du médecin : c’est par où, l’Ethique ?

Par Clarinesse, auteure du blog L’Oeil du vent

 

Johnny s'en va....jpg

 

Comme Ulysse avec Ithaque, l’odyssée qu’est l’exercice de la médecine part de l’éthique, formulée rituellement dans le serment d’Hippocrate, explore toutes les mers des possibles techniques et retrouve à l’arrivée un vestige d’îlot défiguré par les ambitions, délabré par des années de tâtonnements sans gouvernement moral comme Ithaque l’était par les prétendants de Pénélope.

Ou pourquoi science et conscience doivent penser de concert pour ne pas faire boiter l’humanité dans sa marche vers le progrès et lui faire éviter, entre Charybde et Scylla, les écueils qui menacent l’apprenti sorcier.

(Photo extraite du film Johnny s’en va-t-en guerre)

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La médecine est une mixture de science, de sophismes, biais, illusions d’optique, preuves manipulées et autres croyances, disent Skrabanek et McCormick

Malgré ses dimensions modestes, le livre de Petr Skrabanek et James McCormick, « Idées folles, idées fausses en médecine » (O. Jacob, 1992, trad. Yves Morin) tient ses promesses d’être un « cours d’initiation au 12a6d6171f8af21ca7937cd4917cba7b.jpgjugement critique en médecine », rédigé dans un langage accessible à tous. Et la nécessité de la critique n’a pas diminué depuis la première édition du livre, bien au contraire… Les auteurs s’attaquent aux nombreux sophismes, erreurs de raisonnement, arguments fallacieux, fautes de logique, biais cognitifs, dissonances cognitives, illusions, manipulations des preuves et des statistiques qui ont cours en médecine et qui sont couverts – comme toutes les erreurs – par leurs auteurs eux-mêmes et par la corporation en général, afin de préserver le fondement même de l’autorité dont la médecine peut se prévaloir tant que les cadavres restent dans le placard. Le système se reproduit surtout grâce au sommet de la pyramide : ces pontes qui imposent leurs vues et ne travaillent plus que dans le sens de leur confirmation et de leur maintien. Grâce à leur position stratégique dominante dans le champ respectif, ils ont les moyens d’imposer leurs propres « principes de vision et de division », pour reprendre l’excellente formulation de Bourdieu. Autrement dit, ils décident de ce qui est un problème (maladie, symptôme, technique, etc.) ou non, tout comme de la manière de définir ce problème, de le conceptualiser, de tenter de le résoudre et ainsi de suite. Celui qui a la capacité de poser les termes du débat et de dire ce qui doit faire débat est celui qui a les moyens de rendre « vraies » ses propres hypothèses. C’est la « self-fulfilling prophecy », comme disent les auteurs anglo-saxons.

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Médecine: l’autarcie, la liberté sans limites n’est-elle pas le contraire de l’éthique ?

Je pose cette question après avoir entendu beaucoup de médecins défendre bec et ongles la liberté du médecin, sa liberté de prescription, de refuser ou d’accorder telle chose à un patient, etc. J’ai remarqué que le terme « liberté » n’était jamais réfléchi, mais reflétait plutôt un individualisme en accord avec l’époque, voire même un arbitraire qui se refuse à toute règle. Et il me semble que, sous couvert de liberté – malmenée pour « arranger » et justifier des pratiques individuelles – certains médecins s’aménagent un territoire où ils sont seuls à décider. Un territoire de l’arbitraire. Comme si médecins et médecine pourraient s’autodéterminer en vase clos, se définir et définir les termes de leur fonction sociale et l’avenir de celle-ci en toute autarcie. La « vieille » médecine pouvait encore se définir en termes de « mission », de fonction sociale, de valeurs; celle que la tendance historique est en train d’imposer – non sans la participation active de la plupart de médecins qu’il ne faut pas styliser en victimes – est individualisée à l’extrême. Et c’est aussi ce qui leur permet de la concevoir comme un commerce dans lequel le médecin règne en maître, en businessman soucieux de ses intérêts financiers et autres. Le reste (l’intérêt de la santé du patient) passe après, si ça « cadre » avec les objectifs de rentabilité…

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