Faire la lumière sur les consentements (dits) éclairés aux essais cliniques

Par le Pr Pierre BIRON

Ethique de la recherche en pharmacologie clinique

Des milliers d’essais cliniques de médicaments sont en route en Europe chaque année. Quand le chercheur est un clinicien, il recrute souvent parmi ses patients.


Vu la telle asymétrie qui existe entre soignant et soigné, l’éthique exige une transparence totale lorsqu’une nouvelle donne se présente dans la relation patient-médecin, qui devient alors une relation participant-chercheur.

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Science et éthique au quotidien: débat lors de la Semaine de l’éthique de l’Université de Fribourg

J’aurai le plaisir de participer, au nom de Sciences Citoyennes, à la semaine de l’éthique organisée par la professeure Vivianne Châtel dans le cadre du Master Ethique, responsabilité et développement, formation dispensée par le Département de Sociologie, Politiques sociales et Travail social de lUniversité de Fribourg (Suisse).

La semaine de l’éthique commence le 2 juin 2014 par un débat sur l’éthique dans les sciences. Voici l’affiche, suivie de la présentation telle qu’elle figure dans le programme.

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La collusion de Narcisse et des médias pour la désinformation. Par Jacques Testart

Avant-propos d’Elena Pasca :

« En 2009, lors d’un débat avec la psychanalyste Monette VACQUIN et Jacques TESTART au sujet de la procréation médicalement assistée, j’ai posé plusieurs questions dont celle portant sur le narcissisme de tous les acteurs qui interviennent dans ce processus et de l’impact que cela aura sur le narcissisme et l’image de soi de l’enfant. J’ai pris des notes et ferai un article là-dessus (narcissisme, complexe démiurgique et conséquences, mémoire et histoire, éthique et science…), qui renverra aussi aux textes cités par Jacques Testart, aux rôles respectifs, à ses activités en comparaison avec celles de René Frydman, qui n’a pas entamé le tournant éthique…

Après avoir lu la tribune de Jacques Testart dans Médiapart, je lui ai reposé cette question du narcissisme, du complexe démiurgique (omnipotence…) de René Frydman et de ce que l’industrie lui permet d’en faire pour traduire ses fantasmes en réalité… et suggéré d’autres aspects qui mériteraient d’être évoqués pour compléter cette tribune et placer certains accents différemment. Je suis contente qu’il ait accepté ma proposition. J’ai longuement présenté les activités, les écrits et la démarche réflexive et éthique de Jacques Testart dans l’introduction de son premier texte sur Pharmacritique : « Entre idéologies et industries, quelle place pour la décision citoyenne en bioéthique ? » Son site contient une page biographique et une liste jacques testart bébé éprouvette,rené frydman bébé éprouvette amandine,procréation médicalement assistée histoire,jacques testart technoscience reproduction,rené frydman congélation ovules méthodes procréation,bioéthique procréation reproduction fiv,diagnostic préimplantatoire,diagnostic prénatal embryon séléction,media lobby médical,journalisme médical influence,leaders d'opinion médecine reproduction,media indépendance lobby industrie,narcissisme médical reproduction pma,illusion démiurgique médecine toute-puissance,recherches sur l'embryon projet loibibliographique très détaillées. »

 

LA COLLUSION DE NARCISSE ET DES MEDIAS POUR LA DESINFORMATION

Par Jacques TESTART

« Ne prenons pas des airs de demi-dieux, ou même de démiurges, là où nous n’avons été que de petits sorciers » Jean Rostand

En réponse à la monopolisation médiatique organisée autour de René Frydman à l’occasion des 30 ans d’Amandine, premier bébé issu de fivète (fécondation in vitro et transfert d’embryon) français, Médiapart a publié mon texte [1] que la presse écrite avait refusé (« ça n’intéresse pas les gens »…). J’aurais souhaité m’en tenir là tant ma situation de partie prenante s’accorde péniblement avec une critique sereine. Mais plusieurs amis ont souhaité que je développe certains points et Elena Pasca m’a offert l’hospitalité de Pharmacritique pour une analyse plus approfondie d’un aveuglement médiatique qui mène à la désinformation.

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Ethique médicale: les médecins seraient-ils incapables de reconnaître la légitimité des philosophes?

Dans son numéro du 3 janvier 2009, le British Medical Journal publiait un article de Daniel K. Sokol, maître de conférences en éthique Fouetter en public.jpgmédicale à l’université St Georges de Londres, dont le travail est centré sur la relation médecin – patient et sur l’application concrète de l’éthique à l’hôpital. L’article intitulé « But you’re not a doctor! » (Mais vous n’êtes pas médecin! BMJ 2008;337:a3077) est représentatif du rejet de la philosophie et de l’interdisciplinarité par bon nombre de médecins, qui prennent non seulement la médecine, mais la santé en général, pour leur chasse gardée, pour un lieu d’autarcie médico-médicale où personne d’autre n’a une parole légitime. Surtout pas les patients, puisque ces médecins représentent tellement bien « l’intérêt de [leur] santé » que leur parole devient superflue, voire gênante, s’ils font autre chose qu’applaudir.

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L’Odyssée du médecin : c’est par où, l’Ethique ?

Par Clarinesse, auteure du blog L’Oeil du vent

 

Johnny s'en va....jpg

 

Comme Ulysse avec Ithaque, l’odyssée qu’est l’exercice de la médecine part de l’éthique, formulée rituellement dans le serment d’Hippocrate, explore toutes les mers des possibles techniques et retrouve à l’arrivée un vestige d’îlot défiguré par les ambitions, délabré par des années de tâtonnements sans gouvernement moral comme Ithaque l’était par les prétendants de Pénélope.

Ou pourquoi science et conscience doivent penser de concert pour ne pas faire boiter l’humanité dans sa marche vers le progrès et lui faire éviter, entre Charybde et Scylla, les écueils qui menacent l’apprenti sorcier.

(Photo extraite du film Johnny s’en va-t-en guerre)

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Pétition COMEDE : La déontologie médicale est universelle, elle s’applique aussi pour les malades étrangers

Le texte entier de la pétition est sur cette page du COMEDE (Comité médical pour les exilés). Extrait: « Nous ne pouvons accepter que, au 1386921131.jpgmépris de la loi, les principes de la déontologie médicale s’effacent devant les mécanismes de la « lutte contre l’immigration ». Nous attendons que soient respectés notre exercice de médecins et les missions qui sont les nôtres pour la continuité des soins de tous nos patients, français comme étrangers ». Les médecins peuvent signer la pétition sur cette page.

Plus d’infos: contact@comede.org. (Photo AFP). Merci de diffuser largement cette pétition !

Arnold S. Relman: Ethique et valeurs médicales dans un monde marchand où la santé n’est qu’un commerce parmi d’autres

Arnold S. Relman est professeur émérite de médecine, spécialiste en médecine sociale à l’Université de Harvard. Il c7dc8b7b2dc3e10290f39eb5df328a2e.jpgest l’auteur de plusieurs articles et ouvrages décapants sur le thème des conflits d’intérêts et de la mainmise de l’industrie pharmaceutique sur le système de santé et de soins des Etats-Unis. Un article de 1980 publié dans le New England Journal of Medecine – revue dont Arnold Relman a été l’un des éditeurs – résume parfaitement la question et ses enjeux : « Le nouveau complexe médico-industriel ».

Dans tous ses écrits, Relman déplore les conséquences de cette agrégation entre médecine et industrie : la médecine devient un commerce comme un autre, le professionnalisme médical – les valeurs, l’humanité, l’altruisme, l’éthique et les préceptes moraux propres à la profession médicale – tout se perd dans cette course galopante à la technicisation et au profit. La médecine générale est en danger de disparition au profit des spécialités hautement technicisées et tout aussi hautement déshumanisées. Qui en profite? L’industrie pharmaceutique, les assureurs privés et ces médecins qui ont renié les préceptes de la morale appliqués à la médecine, qui piétinent allégrement la déontologie au sens véritable du terme (que les médecins feraient bien de se rappeler). Il la piétinent pour s’asservir aux industriels avec lesquels ils créent un réseau de conflits d’intérêts dont les tentacules étranglent le système de soins – sans parler des patients! – et nuisent à l’économie dans son ensemble. La pratique contredit tous les jours les spéculations théoriques de la vulgate néolibérale sur la santé d’une économie qui abandonne la santé aux intérêts privés.

Les professionnels de santé comme la société qui permet, voire encourage cette dérive marchande et déshumanisante oublient que seul l’intérêt de la santé du patient est légitime – et légitime la profession médicale en tant que telle. Les médecins asservis oublient trop souvent qu’ils sont là pour les patients, et non l’inverse! Et Relman de tirer la sonnette d’alarme : le système de santé pourrait s’effondrer complètement si des réformes majeures ne sont pas faites pour mettre fin à la grave crise qu’il traverse.

Le texte que nous traduisons ici est un commentaire publié dans le numéro du 12 décembre 2007 du Journal of the American Medical Association. Pour préciser le contexte, rappelons que la revue Annals of Internal Medicine avait fait une enquête sur le professionnalisme médical dont les résultats, publiés en décembre 2007, ont été largement commentés dans la presse médicale et généraliste ainsi que dans la blogosphère – anglophones, bien sûr. Qui s’intéresse à ces « détails » en France?

Le commentaire de Relman reprend les idées d’un exposé que l’auteur avait fait lors de la réunion du Conseil de Bioéthique de la présidence, le 28 juin 2007 à Washington, ainsi que certaines grandes lignes de son dernier ouvrage, paru en 2007 sous le titre « A Second Opinion: Rescuing America’s Health Care » [Un deuxième avis: Sauver le système de soins américain]. New York, Perseus/ Public Affairs, 2007.

Merci de lire aussi les commentaires tout à la fin de la note: le coup de gueule du jour 😉

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