Médecine et contrôle social. L’individualisme néolibéral marchandise les corps, normalise les esprits

Article paru dans le numéro 116 (février-mars 2018) de la revue « Nature et Progrès », dans un dossier intitulé « Technosciences et libertés ». L’espace étant limité, le texte est très condensé.

Mais l’on y retrouve certaines de mes thèses et références habituelles (biopolitique de Foucault, l’ère narcissique avec des penseurs tels que Richard Sennett, Zygmunt Bauman et les premières générations de la Théorie critique / Ecole de Francfort, courant interdisciplinaire dans lequel je me suis formée). Ces thèses sont abordées aussi dans les articles des catégories éponymes sur Pharmacritique : contrôle social, disease mongering, normalité…).

Il s’agit de décortiquer l’individualisme néolibéral aussi sous l’angle de la médicalisation et du marché du bien-être, incluant la psychologisation inhérente qui permet de culpabiliser l’individu pour les tares d’un système sur lequel il n’a aucune prise. Incluant aussi les coachings, l’injonction à la pensée positive et toutes les pseudo-médecines douces qui sont le contraire dialectique, interdépendant, du complexe médico-industriel.

Cette médicalisation est un symptôme du dévoiement de la fonction sociale de la médecine et de sa technicisation, avec de multiples conséquences sur les humains normalisés. Leur différence en est extirpée pour les formater, mettre au pas selon le conformisme consumériste qui marchandise aussi leurs corps, les réduit à des « autoentrepreneurs de soi » enjoints à fructifier leur « capital santé » en tant qu’actionnaires d’une médecine 4P menant peu à peu vers l’acceptation sociale des thèses du transhumanisme.

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« Nous ne voulons pas d’une humanité génétiquement modifiée ». Tribune dans Le Monde

J’ai eu le plaisir de co-signer une tribune parue le 16 janvier sur cette page du journal Le Monde sous le titre « Loi de bioéthique : « Nous ne voulons pas d’une humanité génétiquement modifiée ! » ». Les signataires sont, par ordre alphabétique : Dominique Bourg, José Bové, Michèle Rivasi, Elena Pasca, Jacques Testart. 

Jacques Testart, président d’honneur de Sciences Citoyennes (association dont je suis l’une des membres du conseil d’administration), est LA référence sur ces questions, notamment par ses ouvrages et prises de position depuis des décennies. Son site contient beaucoup de textes et références en libre accès.

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Transhumanisme : Tuer l’humain pour soigner ses imperfections ? Conférence à Argelès sur Mer, le 26 avril

Fin avril, j’aurai l’honneur et le plaisir de donner une conférence sur le transhumanisme, ses lignes de force mais surtout ses conséquences au niveau collectif comme individuel. En insistant sur les chemins qui, malgré les critiques, mènent pas à pas à l’acceptabilité sociale à partir de certaines formes de la médecine technicisée, que l’idéologie technoscientiste a réussi à faire passer pour une évolution bénéfique aux malades et à l’être humain tout entier.

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Colloque pour une recherche scientifique responsable, le 6 avril 2018, par Sciences Citoyennes

L’association Sciences Citoyennes a publié en 2015 un Manifeste pour une recherche scientifique responsable (accessible sur cette page) “appelé à interpeller et à encourager le débat concernant les finalités de la recherche, les moyens de les mettre en oeuvre et les responsabilités individuelles et collectives”.
Depuis décembre 2017, le Manifeste a été complété par tout un dossier, accessible sur cette page, qui donne des éléments de plaidoyer sur les dimensions majeures de cette thématique.

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CRISPR-Cas9 à l’Académie des Sciences: l’éthique au temps du carnaval. Communiqué de Sciences Citoyennes et commentaires sur l’impact des technosciences sur l’humain

Après des commentaires sur l’éternel retour des bulles médiatiques de thérapie génique qui éclatent l’une après l’autre et l’exemple des 20 ans de dons au Téléthon aboutissant à un médicament d’intérêt plus que douteux pour quelques enfants atteints d’une forme rare de dystrophie musculaire de Duchenne, je rappelle quelques conséquences des tehnosciences appliquées à la médecine et à l’humain en général, avec quelques liens. Puis je publie l’intégralité du communiqué de presse de Sciences Citoyennes, suivi d’extraits d’un article de Sylvain Tronchet paru le 26 janvier 2017 sur le site de France Inter sous le titre « CRSPR-Cas: la dernière folie de la génétique ».

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Sciences Citoyennes : Manifeste pour une recherche scientifique responsable

La Fondation Sciences Citoyennes s’engage et publie un Manifeste, appelé à interpeller et à encourager le débat concernant les finalités de la recherche, les moyens de les mettre en oeuvre et les responsabilités individuelles et collectives.

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Rencontres Emile Durkheim à l’Université de Bordeaux: Quand le citoyen interroge la science

Le 2 octobre 2015, j’aurai le plaisir de participer aux premières rencontres bisanuelles organisées par la Ligue des Droits de l’Homme de Bordeaux, en partenariat avec d’autres associations et avec le soutien de la Région Aquitaine.

Le premier évènement de la série s’appelle « Rencontres Emile Durkheim », avec le titre thématique « Quand le citoyen interroge la science ». Les rencontres auront lieu à l’Université de Bordeaux 2 Victoire, Amphithéâtre Broca, 3 ter Place de la Victoire, tram B arrêt Victoire) et se dérouleront en deux parties.

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Science et éthique au quotidien: débat lors de la Semaine de l’éthique de l’Université de Fribourg

J’aurai le plaisir de participer, au nom de Sciences Citoyennes, à la semaine de l’éthique organisée par la professeure Vivianne Châtel dans le cadre du Master Ethique, responsabilité et développement, formation dispensée par le Département de Sociologie, Politiques sociales et Travail social de lUniversité de Fribourg (Suisse).

La semaine de l’éthique commence le 2 juin 2014 par un débat sur l’éthique dans les sciences. Voici l’affiche, suivie de la présentation telle qu’elle figure dans le programme.

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Réflexion sur les biais de la recherche, les technosciences et les cobayes humains. L’exemple OGM

Je prends l’exemple des controverses sur les OGM comme un point de départ pour des réflexions sur les tares de notre système de recherche, sur les conséquences des financements industriels et du lobbying, sur les conséquences du scientisme et de la place énorme prise par les technosciences, sans qu’il y ait d’encadrement éthique, ni information et expertise indépendantes, ni possibilité de décision des citoyens sur les choix scientifiques et technologiques et les investissements dans tous les domaines.

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Un lien entre les risques des OGM, le blasphème et la liberté d’expression sur les religions…

Olivier Ranson est journaliste et dessinateur au journal Le Parisien. Cet article et cette page nous le présentent plus en détail ; son site nous donne un petit aperçu de son talent, et ce diaporama du Parisien nous montre l’actualité vue par Ranson quasiment tous les jours.

L’un des plus grands mérites d’Olivier Ranson – comme de chaque dessinateur et caricaturiste de talent -, c’est de ne pas se limiter à l’illustration de l’actualité, mais d’interroger notre façon de la percevoir, nos préjugés, clichés et stéréotypes, nos peurs et nos blocages.

Le point de départ de cette caricature, ce sont deux informations qui dominent l’actualité :

  • les risques des OGM évoqués dans les media, suite à la dernière étude menée par le Pr Gilles-Eric Séralini, sur des rats nourris aux aliments OGM qui ont développé des tumeurs ;
  •  les questionnements, amalgames, peurs et autres réactions de toute sorte, suite à un film états-unien dénoncé comme insultant pour l’islam, puis aux caricatures parues dans Charlie Hebdo.

Mais pas besoin de faire couler encore plus d’encre sur ces sujets. La caricature d’Olivier Ranson en parle bien mieux que toutes les analyses des réactions, contre-réactions et surréactions… J’ajoute quand même ma réaction :

Vive le blasphème ! Qu’il porte sur les prophètes et les convictions religieuses de tout poil ou sur les certitudes scientifiques, à une époque où le scientisme et les technosciences servent d’ersatz laïque de religion et où Monsanto s’est acheté un monopole digne d’un monothéisme qui demande obéissance aveugle…

Charlie Hebdo et Gilles-Eric Séralini blasphèment chacun à sa façon contre les vérités révélées de chacune de ces religions et nous libèrent de toute contrainte à croire aveuglement aux prophètes, au point de ne plus pouvoir les critiquer, les défier, les soumettre à l’analyse et s’en défaire par le rire ou par l’étude. Et Olivier Ranson exerce son « droit d’afficher sa mauvaise foi ». Faisons tous en sorte que cette « mauvaise » foi puisse continuer à s’exprimer et que nous puissions continuer à blasphémer contre toutes les vérités révélées, tous les prophètes et tous les idola fori.

OGM Ranson.jpg


Claude Béraud ou la négation de la morale en médecine

« La médicalisation de la santé et du mal-être » (III): « Les malades sans maladie »

Texte retiré le 7 janvier 2016.

Je posterai le vrai travail de Claude Béraud, sans ma réécriture.

Ajout posté le 29 octobre 2016: C’est une réaction spontanée, une première façon de faire ma mea culpa, parce que mon besoin de croire à l’existence de médecins qui seraient au-dessus de la mêlée, capables de mettre en oeuvre des principes moraux, m’a menée à croire le discours victimisant de Claude Béraud et à chercher des excuses à ses dérapages.

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Repenser les rapports Recherche / Société : initiative française 2012 dans le cadre du Forum Mondial Sciences et Démocratie

FMSD mars 2012 logo.jpg

La Fondation Sciences Citoyennes, et en particulier son coordinateur, Fabien Piasecki, est la cheville ouvrière du Forum Mondial Sciences et Démocratie (FMSD). Je reprends la plaquette de présentation de l’Initiative française 2012 du FMSD. Ce forum pour repenser les rapports Recherche / Société, ouvert à tous et gratuit dans la limite des places disponibles, se tiendra le 24 mars 2012 de 9h à 19h à la Halle aux farines (Université Paris-Diderot).

Les inscriptions préalables ne sont pas nécessaires, mais il est préférable d’informer les organisateurs de votre venue. Merci de diffuser l’information le plus largement possible dans vos réseaux.

« Les 4 et 5 février 2011 s’est tenu à Dakar le 2e Forum Mondial Sciences et Démocratie (FMSD) qui a réuni plus de 130 universités, ONGs, institutions scientifiques et gouvernements des cinq continents dans le cadre d’un dialogue politique visant à questionner le rapport de nos sociétés à leurs institutions de recherche et d’enseignement supérieur, au nord comme au sud. Le succès de cette entreprise, lancée en 2007, nous amène à proposer de décliner ces débats aux niveaux régionaux et nationaux. L’initiative Un forum pour repenser les rapports Recherche / Société concerne le contexte français et, indirectement, la situation à l’échelle européenne voire mondiale.

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LA technologie révolutionnaire et sans risque pour la santé et l’environnement

Je fais délibérément de la publicité pour un produit dernier cri : le BOOK, « nouveau dispositif bio-optique d’enregistrement des connaissances ». C’est une révolution technologique sans précédent et indépassable, à faire connaître en particulier aux jeunes générations, et sans s’arrêter au prévisible rejet initial.

Une présentation sobre, à la Steve Jobs, allant de pair avec le design austère et fonctionnel, nous apprend le mode de fonctionnement, l’utilité et les qualités de ce support d’information et nouveau mode de divertissement formateur, compact et portable, sans besoin de réinitialisation ou de formatage et personnalisation… De plus, il n’y a aucun risque de tumeurs, d’hypersensibilité, d’explosion du support, d’addiction, de mauvais usage, de pollution environnementale, d’ondes électromagnétiques… Pas de consommation d’électricité, donc pas de quoi justifier la dépendance au nucléaire…

Souhaitons-lui longue vie et merci à R. de m’en avoir parlé!

Scientisme et irrationalisme, dogmes symétriques délétères pour la médecine. Question de Res Publica

J’ai répondu à la question de Nicolas Pomiès, rédacteur de gauche républicaine.jpgResPublica, revue internet du réseau de la Gauche républicaine, portant sur « la tentation d’abandon de la science », de plus en plus manifeste du fait des scandales sanitaires et technologiques qui se multiplient. La réponse est parue le 19 mai 2011 sur cette page, sous le titre « Une question à Elena Pasca pour une appropriation citoyenne de la techno-science ».

Pour ne pas rester dans le discours abstrait, j’ai préféré prendre l’exemple concret de la santé et de la médecine, sous l’angle des déformations induites par le ghost management (Sergio Sismondo), les conflits d’intérêts, les financements industriels et le marketing qui désinforme professionnels de santé et usagers. Sans oublier les médecines douces (homéopathie et autres alternatives) et les questions soulevées par certaines modalités de leur exercice et de la communication qui les entoure, avec le problème d’un dogme inversé qui tend à instaurer une censure dans l’expression et l’exercice d’un scepticisme sain, propre à l’exercice public de la raison.

Comme je l’ai dit surtout dans cet article, puis dans celui-ci, à travers l’exemple du courant antivaccin consirationniste qui rejette tous les vaccins en bloc, scientisme et irrationalisme sont en rapport de symétrie inversée, formant une dialectique des contraires qui dépendent l’un de l’autre, se médiatisent (au sens philosophique de la médiation : Vermittlung) et se nourrissent l’un l’autre. Les deux semblent incapables d’autoréflexion critique, les deux sont des usages illégitimes de la raison comme de la science. Scientisme et irrationalisme (antiscience, pseudo-sciences…) appliqués à la santé et aux soins ont pour effet la délégitimation de la médecine et de la science, pour des raisons certes différentes, mais dont les conséquences sont comparables. Cela mériterait une réflexion approfondie.

Pour la réflexion sur les technosciences et la nécessité de l’encadrement éthique des sciences, la Fondation Sciences Citoyennes est une référence. Et je renvoie, outre le site de l’association, à l’excellent livre de Jacques Testart, Catherine Bourgain et Agnès Sinaï, « Labo-Planète ou comment 2030 se prépare sans les citoyens » (Mille et une nuit 2011). Dans cet article qui était au départ un compte-rendu détaillé de « Labo-Planète », j’ai donné d’autres références, notamment philosophiques, évoquant des penseurs qui ont contribué à poser les termes de ce questionnement, par exemple par une analyse de la rationalité instrumentale (dite aussi raison subjective), l’un des rejetons de la raison qui s’hypertrophie au point de risquer d’en annihiler les principes.

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« Labo-Planète ou Comment 2030 se prépare sans les citoyens », par Jacques Testart, Catherine Bourgain et Agnès Sinaï (compte-rendu détaillé)

Jacques Testart, Agnès Sinaï, Catherine Bourgain: « Labo-Planète ou Comment 2030 se prépare sans les citoyens ». Mille et une nuit 2010, 175 Labo Planète couverture.jpgpages, 10 euros. (Avec Mémoire des luttes et la Fondation Sciences Citoyennes).

J’ai fait le compte-rendu de ce livre, fort instructif et lui-même déjà très bien référencé, à travers quelques-unes de mes propres références philosophiques : la Théorie critique, Jürgen Habermas, Michel Foucault, Michel Freitag, Richard Sennett, Kant… qui permettent au lecteur qui aura lu et l’ouvrage et mes commentaires d’aller encore plus loin dans l’histoire de cette problématique et ses implications.

Bien entendu, tout compte-rendu est imparfait et incomplet. De plus, mes références peuvent orienter la lecture. Je conseille vivement de lire le livre, qui a le mérite d’exposer sans catastrophisme aucun les grandes lignes d’une problématique globale qui devrait devenir prioritaire pour nous tous.

Ceux qui ne s’intéressent qu’à l’industrie pharmaceutique, à la médecine (la médicalisation de l’existence, l’impact des innovations…) et aux conflits d’intérêts en santé / médecine ne seront pas déçus, ni dépaysés, parce que cette dimension est elle aussi présente, soit directement à travers des exemples, soit indirectement à travers la réflexion globale qui permet de mieux placer ce domaine dans son contexte et comprendre les tensions et les jeux d’influence qui le traversent et en déterminent la configuration actuelle.

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« Technoscience sans conscience »: débat du 18 novembre dans le cadre du Festival de cinéma ATTAC « La démesure, jusqu’à quand? »

Festival ATTAC démesure.jpgLe jeudi 18 novembre à 20:00 aura lieu le débat « Technoscience sans conscience« , avec Thierry Méot, statisticien, responsable de l’Association Sciences Technologies Société, et moi-même (Elena Pasca, philosophe, administratrice de la Fondation Sciences Citoyennes). Le débat fera suite à la projection du documentaire « Alertes sur la cité », réalisé par Jean Druon.

Il fait partie du 8ème Festival de cinéma d’ATTAC – Images Mouvementées – dont le thème choisi cette année est « La démesure, jusqu’à quand ? » et qui se déroule du du mercredi 17 au mardi 23 novembre 2010 au Centre culturel de la Clef: 34, rue Daubenton Paris 5e,
Métro Censier Daubenton.

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La Fondation Sciences Citoyennes et ENSSER appellent à soutenir Gilles-Eric Séralini et l’indépendance de l’expertise et de la recherche

Pour le respect de la controverse scientifique et de l’expertise contradictoire – Soutien à Gilles-Eric Séralini et à ses co-auteurs

La Fondation Sciences Citoyennes et le Réseau Européen des Chercheurs pour la Responsabilité Sociale et Environnementale ENSSER (www.ensser.org) viennent de lancer une campagne de soutien au professeur Gilles-Eric Séralini (Université de Caen) et à ses collègues Joël Spiroux de Vendômois et Dominique Cellier. Ces chercheurs sont  actuellement victimes d’attaques et de pressions morales de la part de Monsanto, de l’EFSA (agence européenne de sécurité des aliments), de l’AFBV (Association française des biotechnologies végétales) et d’autres organismes ayant donné des avis favorables à  l’autorisation des OGM. Ces attaques font suite à la publication des résultats des contre-expertises faites par Séralini et al. des études de Monsanto sur trois maïs génétiquement modifiés.

Les recherches et expertises du Gilles-Eric Séralini sur la toxicité des OGM et de pesticides tels le Roundup ont un retentissement international, notamment au Canada, en Europe, aux Etats-Unis, de même qu’en Inde, où elles ont contribué au moratoire sur l’aubergine OGM. Cet écho ne peut que gêner les velléités d’expansion des industriels et mettre dans l’embarras les chercheurs dont les conflits d’intérêts en font les serviles instruments de Monsanto et Cie.

Vous pouvez consulter sur le site de la Fondation la lettre de soutien à Séralini et ses collègues, ainsi que bon nombre de documents qui précisent la problématique. En approfondissant, vous réaliserez qu’il ne s’agit pas du « cas Séralini » en particulier. L’enjeu est beaucoup plus important et plus général: défendre l’indépendance de la recherche et des chercheurs, la possibilité de mener des controverses scientifiques et d’avoir une expertise indépendante, pluraliste et contradictoire qui offre certaines garanties contre l’instrumentalisation des recherches scientifiques par les industriels qui ne peuvent pas être à la fois juge et partie, surtout lorsque des profits énormes sont en jeu.
La version chercheurs : http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1806
La version grand public : http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1807

A partir de cette page, vous pourrez signer la lettre de soutien et accéder à la liste des signataires. En outre, vous remarquerez que la lettre de soutien ne se limite pas à un texte. Au-delà de la position de principe sur l’expertise et le respect du débat scientifique, cet appel au soutien se base sur des faits scientifique que les industriels et leurs valets cherchent à discréditer. Vous êtes invités à les découvrir à partir des travaux de Séralini et al., référencés et partiellement rappelés ici. Depuis la même page, vous pourrez consulter la réponse de Monsanto et Cie, celle des chercheurs et les échanges qui s’en sont suivis. La page renvoie aussi à la version anglaise de la lettre de soutien.
http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1801
Merci de signer cette lettre de soutien et de contribuer à sa diffusion.

Grippe A H1N1: valse des morts pour attiser les peurs. Dialectique des contraires entre l’apocalypse des scientistes et l’hécatombe des antivaccinalistes

La raison et la science sont les grands perdants dans cette valse des morts revendiqués par les deux extrêmes. Mais au-delà Danse macabre2.jpgdes réactions paranoïdes, comment s’étonner de la méfiance du public envers l’expertise et les autorités sanitaires, lorsqu’on lit certaines estimations apocalyptiques « prévoyant » (sic) 65.000 morts pour la Grande-Bretagne? 30.000 en France, 90.000 aux Etats-Unis. Comment s’étonner de ce rejet lorsqu’on apprend que le CDC (Centers for Disease Control and Prevention des Etats-Unis) a brusquement changé sa façon de compter les morts, ce qui a pratiquement triplé leur nombre?

Des 65.000 morts britanniques, il en restait 154 le 10 novembre, alors que l’activité épidémique commençait déjà à baisser. Cette baisse se confirme dans plusieurs pays.

Mais les estimations des décideurs politico-sanitaires conseillés par des experts manifestement plus fortiches en conflits d’intérêts qu’en science sont bien pâles par rapport à celles des complotistes antivaccinalistes, selon lesquels quelques puissants voudraient exterminer jusqu’à un quart de l’humanité – soit par une grippe produite en laboratoire soit par la vaccination… Avec la variante de l’introduction de nanoparticules et / ou puces RFID chez tout le monde, pour un contrôle de la population à distance…

Madame Soleil à l’honneur, en version apocalypse…

Une telle annihilation des capacités critiques de la raison par l’appel aux affects immédiats (sans médiation), aux peurs, aux réflexes des tripes n’est pas nouvelle et doit être située dans un contexte plus large. En réfléchissant au fait que son meilleur terroir nourricier est le scientisme. Je me  demande si l’Ecole de Francfort n’est pas, en fin de compte, la seule dont le « savoir prévisionnel » – à ne pas confondre avec des chiffres, car il concerne les limites morales à imposer aux sciences – risque d’être confirmé par la réalité. Depuis les années 30, les Francfortois et leurs « descendants » renvoient dos à dos l’irrationalisme et le scientisme, comme autant de formes interdépendantes de destruction de la raison.

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Le documentaire « Sous les pavés, la terre » cherche diffuseur. Des solutions? Prochaine projection le 24 juillet à la Commune libre d’Aligre

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L’Odyssée du médecin : c’est par où, l’Ethique ?

Par Clarinesse, auteure du blog L’Oeil du vent

 

Johnny s'en va....jpg

 

Comme Ulysse avec Ithaque, l’odyssée qu’est l’exercice de la médecine part de l’éthique, formulée rituellement dans le serment d’Hippocrate, explore toutes les mers des possibles techniques et retrouve à l’arrivée un vestige d’îlot défiguré par les ambitions, délabré par des années de tâtonnements sans gouvernement moral comme Ithaque l’était par les prétendants de Pénélope.

Ou pourquoi science et conscience doivent penser de concert pour ne pas faire boiter l’humanité dans sa marche vers le progrès et lui faire éviter, entre Charybde et Scylla, les écueils qui menacent l’apprenti sorcier.

(Photo extraite du film Johnny s’en va-t-en guerre)

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