« Technoscience sans conscience »: débat du 18 novembre dans le cadre du Festival de cinéma ATTAC « La démesure, jusqu’à quand? »

Festival ATTAC démesure.jpgLe jeudi 18 novembre à 20:00 aura lieu le débat « Technoscience sans conscience« , avec Thierry Méot, statisticien, responsable de l’Association Sciences Technologies Société, et moi-même (Elena Pasca, philosophe, administratrice de la Fondation Sciences Citoyennes). Le débat fera suite à la projection du documentaire « Alertes sur la cité », réalisé par Jean Druon.

Il fait partie du 8ème Festival de cinéma d’ATTAC – Images Mouvementées – dont le thème choisi cette année est « La démesure, jusqu’à quand ? » et qui se déroule du du mercredi 17 au mardi 23 novembre 2010 au Centre culturel de la Clef: 34, rue Daubenton Paris 5e,
Métro Censier Daubenton.

Voici l’introduction reprise du site ATTAC dédié au festival:

Jeudi 18 novembre – séance de 20 h. Techno-science sans conscience

Après la projection de « Alerte sur la cité » de Jean Druon

Avec Thierry Méot, statisticien, dirigeant de l’ASTS (Association Science Technologie Société)
—– Elena Pasca, philosophe, administratrice de la Fondation Sciences Citoyennes

« Depuis l’aube de l’humanité la technique est le fait de tout un chacun (taille des silex, …), puis les artisans (depuis quelques milliers d’années) et les ingénieurs (depuis quelques centaines d’années) ont irrigué le développement technique des sociétés.
La science (la recherche scientifique), avec pour but de produire un savoir intellectuel et spéculatif, n’émerge qu’à partir de la fin du 17ème siècle et, jusqu’au début du 19ème siècle, les découvertes scientifiques, la mécanique de Galilée et de Newton, les débuts de l’électricité et du magnétisme, ne donnent lieu à aucune application immédiate.
Ce n’est qu’ensuite que les découvertes théoriques de la science génèrent les grandes avancées techniques, pensées sous le vocable de « Progrès » : optimisation de la machine à vapeur (principes de la thermodynamique), industrie chimique (Lavoisier), médecine (Claude Bernard, Pasteur)… et ensuite l’électromagnétisme, les télécommunications, la radio … et encore l’électronique, la physique nucléaire, le génie biologique…

Aujourd’hui, la science ne peut être dissociée des progrès techniques et des changements sociétaux induits. On est dans l’ère de la technoscience, caractérisée par une fécondation croisée et une orientation, par les financements (publics ou privés) et les moyens industriels nécessaires, de plus en plus court-termiste. La production de savoir en dehors de toute finalité autre que l’augmentation des connaissances et la compréhension du monde se réduit de plus en plus.

Les conséquences des choix, explicites ou non, de notre civilisation techno-scientifique mettent en péril la planète Terre et la pérennité de l’être humain : dérèglement climatique, diminution drastique de la biodiversité, prolifération d’élément radioactifs artificiels, pollutions chimiques (pesticides, antibiotiques…), dissémination des OGM, …

Ont ainsi éclos et prospéré le complexe militaro-industriel (après la seconde guerre mondiale), la recherche pharmaceutique pour les marchés solvables, la diffusion des OGM quasiment sans études publiques d’impact, le clonage des animaux d’élevage…, mêlant de façon intime recherche fondamentale, développement technologique et choix de société.

Entre dirigeants d’entreprises internationales, chercheurs et bureaucrates, les principaux choix scientifiques et technologiques se font hors du cadre de fonctionnement de nos démocraties représentatives.

Face à cette démesure, on assiste (enfin !) à l’émergence de la société civile dans le débat public : Contre expertise dans le nucléaire (CRIIRAD), Participation des malades à la définition des protocoles anti-SIDA, Développement des licences libres dans le domaine informatique…et aussi les mobilisations Contre la dissémination des OGM ou Pour faire reconnaître l’amiante comme maladie professionnelle… mais aussi les condamnations de médecins, chercheurs, dirigeants d’entreprises dans les affaires du sang contaminé et de la « vache folle », accusés d’avoir privilégié des considérations d’ordre économique au détriment de la santé publique

Pour les Grecs anciens, le châtiment de la démesure était la destruction ! Comment orienter autrement des développements technologiques aveugles à leurs propres dégâts ? »

Et voici l’introduction générale: « La démesure, jusqu’à quand? »

« L’ère industrielle, commencée il y a environ deux siècles, est depuis le départ placée sous le signe du « toujours plus ». La croissance, érigée comme règle absolue par l’essor du capitalisme, a conduit à des changements d’échelles successifs qui ont changé notre rapport au monde et aux autres. Certains événements peuvent être considérés comme particulièrement significatifs des étapes franchies pendant cette période : plein essor de la colonisation/création de géants commerciaux (empires français et anglais, Etats-Unis), accélération des transports, taylorisation du travail, constitution d’empires industriels et financiers, guerres mondiales, industrialisation de toutes les productions, révolution informatique, mondialisation économico-financière/compétition à l’échelle mondiale, émergence de la Chine et de l’Inde…

Ces changements successifs d’échelle, s’ils ont apporté certains bienfaits, ont aussi produit des effets néfastes qui, pour certains d’entre eux, dépassent de loin leurs apports positifs, parfois par négligence, souvent par cupidité. Mais par-dessus tout, ils ont fait naître chez les hommes un sentiment de toute-puissance qui conduit à la démesure, le plus grave des crimes selon les philosophes grecs. Mais cette croyance dans le contrôle total n’empêche aucunement les catastrophes (AZF, vache folle, crise financière, Titanic…)

Tous les domaines sont concernés :

  • finance : enrichissement sans limites, bulles spéculatives déconnectées de l’économie réelle qui peuvent déstabiliser l’ensemble de l’économ
    ie mondiale
  • production alimentaire : cultures intensives, pollution à grande échelle, terres déshumanisées, aliments sans goût, OGM prétendant nourrir la planète, crises alimentaires, crises sanitaires
  • Grande distribution : déshumanisation de l’échange, addiction à la consommation
  • ressources naturelles : épuisement progressif, défiguration de la terre, mise en danger des générations futures
  • mégapoles : concentration des populations (hygiène, difficultés de transport…)
  • libertés individuelles : fantasme de la surveillance totale (caméras, drônes, repérage par les portables ou cartes électroniques diverses qui « facilitent » la vie quotidienne)
  • extension du rôle de l’informatique : pouvoir démesuré de Microsoft, de Google, des fournisseurs d’accès ; règne du « toujours plus vite ou plus gros » sur des appareils toujours plus miniaturisés.
  • recherches médicales : mythes de la santé universelle et de l’homme parfait et éternel
  • hégémonie de l’Anglais, langue internationale, « pratique », « efficace », au détriment d’une diversité qui fonde l’espèce humaine. La démesure dans ce domaine nous ramène au mythe de la tour de Babel (les hommes punis de leur volonté d’égaler les dieux)

Conséquences essentielles de la démesure : sentiment d’impuissance, déshumanisation, mécanisation, uniformisation, compétition génératrice de conflits… »

***

Elena Pasca / Pharmacritique

3 réflexions au sujet de “« Technoscience sans conscience »: débat du 18 novembre dans le cadre du Festival de cinéma ATTAC « La démesure, jusqu’à quand? »”

  1. bonjour
    pourquoi n’y a t-il plus aucun article de fond dans pharmacritique sur le problèmes de santé concrets ( par exemple grippe,… ), la pharmacovigilance?
    cordialement

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  2. docppmg, fouillez dans le site et vous trouverez énormément d’informations. N’hésitez pas à lire les commentaires également.
    Moi je suis surprise qu’il n’y ait pas un mot sur le Médiator…….. !!
    Après les dossiers de l’Agréal, l’AAAVAM (Association d’Aide Aux Victimes Aux Médicaments à Paris), qui a géré la grande majorité des dossiers Isoméride, se tient à la disposition des victimes, afin de les aider.
    http://www.aaavam.eu/

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