Expertise et conflits d’intérêts: les deux bouts de la même lorgnette? (Débat le 4 février)

Dans le programme de l’Association des Amis du Monde diplomatique (voir son site): prochaine amis_md_LOGO.jpgconférence à la scène nationale de la Rose des Vents (Boulevard Van Gogh à Villeneuve d’Ascq, métro Hôtel de ville)

Lundi 4 février à 20h:
Expertise et Conflits d’intérêts : les deux bouts de la même lorgnette ?

Avec

  • Elena PASCA, philosophe, administratrice à la Fondation Sciences Citoyennes, animatrice du blog « Pharmacritique »
  • Renaud LAMBERT, journaliste, rédacteur en chef adjoint au Monde diplomatique, membre de l’observatoire des médias ACRIMED

« La presse se targue d’inviter les meilleurs experts pour parler de l’actualité. Nos élus font de même avant d’imposer une décision forcément éclairée. C’est aussi le cas de nos grands entrepreneurs pour ouvrir de nouveaux marchés. Ces experts occupent aujourd’hui des positions stratégiques. Les conflits d’intérêts ne sont pas loin lorsque qu’un économiste universitaire, membre d’un conseil d’administration d’une institution financière, peut servir la même soupe aux trois secteurs précédents. Que dire aussi de médecins affiliés à de grandes entreprises pharmaceutiques, qui se trouvent en même temps dans des organismes de veille sanitaire ou du médicament. Parfois, le réseau d’influences est tellement étendu qu’on parle de « ghost management » : une gestion invisible mais omniprésente. Ce réseau s’exerce de la conception à la réalisation de recherches, jusqu’aux applications techniques et à l’information du public comme des professionnels.
Pour avoir des expertises indépendantes, et donc une réduction des risques, ne faut-il pas mettre en œuvre une déontologie de l’expertise ? Les citoyens ne doivent-ils pas exiger un cadre législatif et juridique qui protège leurs intérêts et leur assure une information transparente et complète sur les conflits d’intérêts ? »

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Merci à Bertrand Bocquet et à toute l’équipe Lille et Nord de l’Association des Amis du Monde Diplomatique chargée de l’organisation, de l’accueil, du programme de débats, etc. 

Médicaments : 10 milliards d’euros d’économies réalisables. Conférence de presse

Lundi 24 septembre 2012, de 11 h à 12h30, aura lieu à la Représentation du Parlement européen en France (288 Boulevard Saint Germain, 75007 Paris) une conférence de presse sous le titre « Médicaments : 10 milliards d’euros d’économies réalisables ». Voici l’annonce :

En présence de :

  • Michèle RIVASI, membre de la Commission Santé et Environnement au Parlement Européen 
  • Elena PASCA, rédactrice du blog Pharmacritique, membre du CA de Sciences citoyennes 
  • Serge RADER, Pharmacien

Les Français dépensaient 5 milliards d’euros en 1980 pour leurs médicaments. Aujourd’hui ce chiffre s’élève à 37 milliards. Non seulement ils en consomment trop (champions d’Europe), sans amélioration clinique tangible, mais ils payent les médicaments génériques beaucoup plus chers que leurs voisins européens. Ils sont également les premiers utilisateurs de molécules récentes qui n’apportent aucun progrès thérapeutique (1).      

En effet, en l’absence d’une analyse coût/efficacité et efficience, en l’absence d’une évaluation de la pertinence des prescriptions et d’une autorisation de mise sur le marché exigeant la supériorité thérapeutique des nouveaux médicaments, l’on peut compter sur les doigts d’une main les médicaments vraiment novateurs, parmi les centaines autorisés et admis au remboursement chaque année en France.  

Pendant ce temps, les profits pharmaceutiques augmentent, au détriment de la Sécurité sociale, qui voit son déficit se creuser de plus en plus, au risque de mettre en danger notre système solidaire de protection sociale et l’accès aux soins. La qualité de la prise en charge des patients stagne, de même que la recherche fondamentale porteuse d’innovations, alors même que le reste à charge et la part des contribuables dans le financement des recherches augmentent. 

Comment en sommes-nous arrivés là? Quel rôle jouent aujourd’hui les industries pharmaceutiques, leur marketing, leur lobbying et leurs stratégies? Pourquoi les citoyens sont-ils les premières victimes de cette politique opaque? Comment réaliser des économies dans ce secteur? Réponse le 24 septembre prochain.

(1) Selon la Fédération hospitalière de France un « petit tiers d’actes médicaux » sont inutiles. C’est pourquoi il faut réduire la consommation de médicaments inutiles, qui n’apportent rien, si ce n’est des risques.

Lieu : Représentation du Parlement européen en France, 288 Boulevard Saint Germain, 75007 Paris

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J’avais fait des commentaires en marge d’une conférence de presse à laquelle je devais participer, avec Michèle Rivasi, Eva Joly et Sophie Archimbaud, qui a été organisée mais n’a pas pu avoir lieu (tous les candidats ont suspendu leur campagne présidentielle au lendemain de la tuerie de Toulouse). Certains sujets restent les mêmes; les commentaires sur le complexe médico-industriel et l’expertise citoyenne aussi… Ils sont sur cette page: « Moraliser la politique du médicament« .

Evidemment, le sujet central est la surmédicalisation (et la surmédicamentation qu’elle induit), donc les dépenses inutiles. Il faudrait une critique de toutes les dimensions du système actuel de santé et de soins, parce qu’elles sont toutes déformées par la surmédicalisation, que l’on en ait conscience ou non… Une critique radicale aboutirait à des propositions radicales de refonte de l’ensemble du système – et on ne penserait même pas en termes d’économies à faire, puisque beaucoup de coûts inutiles seraient évités.

Pour des détails sur les causes, les formes et les conséquences de la surmédicalisation, voir les articles à ce sujet (et au sujet de l’abus de prévention, du marketing pharmaceutique, etc.), en particulier les actes du colloque « Surmédicalisation, surdiagnostics, surtraitements » (27 et 28 avril 2012 à Bobigny). Lors de ce colloque, je suis intervenue sur les causes de la surmédicalisation; celle-ci est une conséquence d’un phénomène plus global, à analyser dans toutes ses composantes: le dévoiement de la fonction sociale de la médecine. (EP)

Noctran, Equanil, mépronizine (méprobamate): suspendus pour rapport bénéfice/risques défavorable. D’autres hypnotiques sont visés

De véritables « soupes d’hypnotiques » (Noctran, Mépronizine (insomnie occasionnelle de l’adulte), hypnotiques effets indésirables,noctran retrait effets indésirables,kaologeais effets indésirables retrait,precyclan effets indésirables retrait,méprobamate retrait effets indésirables,mépronizine effets indésirables retrait,equanil effets indésirables retrait,sevrage alcoolique médicaments,insomnie médicaments effets indésirables,syndrome prémenstruel médicamennt effets indésirables,hypnotiques somnifères syndrome de sevrage,hypnotique interactions,neuroleptiques cachés,acéprométazine effets indésirablescombinaisons à base de méprobamate (dans le sevrage alcoolique entre autres), dont le Kaologeais (gomme de sterculia+ kaolin+ magnésium+ méprobamate dans les troubles fonctionnels digestifs avec anxiété), Précyclan (bendrofluméthiazide + méprobamate dans le syndrome prémenstruel) sont actuellement sur le marché. Ces « soupes », selon l’excellente expression de Prescrire, font des ravages, en particulier chez les personnes âgées, avec une liste très longue d’effets indésirables graves et d’interactions potentielles.

En mai et juin 2010, la commission d’autorisation de mise sur le marché de l’AFSSAPS a proposé le retrait du marché des spécialités à base de l’anxiolytique méprobamate, commercialisées sous les noms Méprobamate Richard, Equanil (forme orale et injectable) et Mépronizine (formes orales).

Outre quelques informations, je reprends l’information envoyée par le centre régional de pharmacovigilance de Midi-Pyrénées (service du Pr Jean-Louis Montastruc), d’une part sur le méprobamate, d’autre part sur la mépronizine de Sanofi-Aventis (association de méprobamate et acéprométazine, un neuroleptique caché), critiquée par la revue Prescrire. Le retrait de la mépronizine est annoncé par l’AFSSAPS pour janvier 2012, soit… après plus de 40 ans de commercialisation…

Je finis par une reprise détaillée des informations toutes récentes à ce sujet – et surtout sur les effets indésirables – dans la revue Prescrire.

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LA technologie révolutionnaire et sans risque pour la santé et l’environnement

Je fais délibérément de la publicité pour un produit dernier cri : le BOOK, « nouveau dispositif bio-optique d’enregistrement des connaissances ». C’est une révolution technologique sans précédent et indépassable, à faire connaître en particulier aux jeunes générations, et sans s’arrêter au prévisible rejet initial.

Une présentation sobre, à la Steve Jobs, allant de pair avec le design austère et fonctionnel, nous apprend le mode de fonctionnement, l’utilité et les qualités de ce support d’information et nouveau mode de divertissement formateur, compact et portable, sans besoin de réinitialisation ou de formatage et personnalisation… De plus, il n’y a aucun risque de tumeurs, d’hypersensibilité, d’explosion du support, d’addiction, de mauvais usage, de pollution environnementale, d’ondes électromagnétiques… Pas de consommation d’électricité, donc pas de quoi justifier la dépendance au nucléaire…

Souhaitons-lui longue vie et merci à R. de m’en avoir parlé!

La santé sous contrôle pharmaceutique… Comment combattre influences et conflits d’intérêts ? (Débat François Autain, Yves Gimbert, Elena Pasca)

Le samedi 3 septembre aura lieu un débat lors duquel j’aurai le plaisir de retrouver un excellent Espace nature isère.jpginterlocuteur:

François AUTAIN, sénateur, médecin de formation, auteur et co-auteur de nombreuses initiatives, rapports et projets de loi pour limiter conflits d’intérêts et influence de l’industrie pharmaceutique sur la médecine et le système de santé, président des missions sénatoriales d’information sur la campagne de vaccination contre la grippe AH1N1 et sur le Médiator. 

Espace Nature Isère organise à partir du vendredi 2 septembre la 15ème édition du Festival de l’Avenir au Naturel, avec le soutien du conseil général de l’Isère, du conseil général de Rhône-Alpes et de nombreuses communes et organisations. La devise est « On ne subit pas l’avenir, on le fait » (Georges Bernanos). Lieu : L’Albenc en Isère (38470), tél. 04 76 36 50 10

Toutes les informations sur le Festival de l’Avenir au Naturel sont accessibles à partir de cette page ; le programme complet est ici

Le samedi 3 septembre à 19h00 aura lieu un débat intitulé « La santé sous contrôle pharmaceutique… Comment combattre influences et conflits d’intérêts ? »

« A la suite du scandale du Mediator, les pratiques et agissements de l’industrie pharmaceutique sont sous les feux médiatiques : conflits d’intérêts dans le domaine de l’expertise scientifique, positions de force et moyens de pression exercés sur les institutions pour imposer des « nouveaux médicaments » d’une efficacité contestable.

Le sénateur de Loire Atlantique François AUTAIN, Président de la mission d’information sur le Médiator et Elena PASCA, philosophe et responsable du site internet « Pharmacritique » (une référence dans le domaine de l’information sur les rapports entre industrie pharmaceutique, médecine et usagers), feront un état des lieux sur la faillite du système de recherche, de formation et d’information médicales. Quelles solutions peut-on envisager pour diminuer l’influence de l’industrie et l’impact des conflits d’intérêts ? Vers quoi peut évoluer l’industrie pharmaceutique en plein déclin d’inventivité depuis bientôt 30 ans ? »

Le débat sera animé par Yves GIMBERT, directeur de recherches au CNRS / Département de Chimie moléculaire de l’Université Joseph Fourier de Grenoble, administrateur de la Fondation Sciences Citoyennes, bon connaisseur des risques technologiques.

Pour ma part, j’aborderai certains des aspects qui étaient au programme de mon audition (au nom de Sciences Citoyennes) par la mission d’information sur le Médiator de l’Assemblée nationale, fin avril, audition que j’ai dû annuler au dernier moment, pour des raisons de santé. 

Industrie pharmaceutique : fin des brevets pour dix médicaments des plus vendus. Panne de l’innovation

Je voudrais signaler trois articles de Pharmactua, Investopedia et Alternatives économiques, qui analysent la situation de l’industrie Tahor.jpgpharmaceutique compte tenu de l’expiration, en 2011 et 2012, des brevets d’une dizaine de médicaments des plus vendus. On parle d’un « patent cliff » (falaise), une sorte glissement de terrain sous les pieds des firmes, mais les fragments cités plus bas montrent qu’elles ont de la réserve et savent rebondir. Elles l’ont toujours fait, pas de raison d’inquiétude…

Il est toutefois utile de regarder les stratégies mises en œuvre pour faire face à cette perte sèche qui se chiffre en dizaines de milliards de dollars, alors que l’on sait qu’il n’y a pas d’autres blockbusters pour remplacer des médicaments tels que Tahor°, Zyprexa°, Plavix°, Actos°, Enbrel°, Inipomp°, Singulair°, Concerta°

Et ce parce que les laboratoires ne produisent plus grand-chose depuis une quinzaine d’années – c’est clairement dit depuis 2001 dans la « Déclaration de l’ISDB sur le progrès thérapeutique dans le domaine du médicament » (voir aussi cet article). Cette panne de l’innovation est l’une des raisons pour lesquelles l’accent est tellement mis sur le marketing, dans cette inversion du rapport entre marketing et R&D (recherche et développement) analysée entre autres par Léo-Paul Lauzon et Marc Hasbani (voir cet article qui rend compte de leur étude socio-économique des 10 firmes les plus puissantes).

J’ai abordé le sujet aussi dans un article qui part du bilan médicament de l’année 2008, fait par la revue Prescrire : « Progrès thérapeutique nul en 2008, dit Prescrire. Multiples critiques de l’autorisation de mise sur le marché de médicaments mal évalués ». J’y citais entre autres Christian Lajoux, le patron du LEEM:

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Le patron de l’industrie pharmaceutique, Christian Lajoux, défend les laboratoires, les autorités sanitaires, la visite médicale…

Dans le numéro du 16 juin du journal Le Quotidien du Médecin, Christian Lajoux, président de l’organisation patronale de l’industrie LEEM euros.jpgpharmaceutique (LEEM: Les entreprises du médicament) et président de Sanofi-Aventis France, se livre à une charge virulente contre les critiques des dérapages de l’industrie pharmaceutique. Il parle d’un « procès en sorcellerie d’un autre temps » (lire le résumé). Signe que les critiques commencent à déranger?

Selon le journal, le président du LEEM « affronte la critique« , et ce en répondant à cinq questions dont l’élaboration a nécessité l’effort conjoint de deux journalistes. Questions qui n’ont, elles, rien de critique. Les deux côtés sont héroïques, en effet… Mais y a-t-il encore des gens assez naïfs pour attendre une information équilibrée de ce type de journal, gratuit, plein de publicités et sans aucune déclaration de conflits d’intérêts (voir cette note)?

Voici les extraits les plus édifiants de l’interview et un résumé du reste. Lajoux défend tellement bien tous les médecins et experts qui ont des conflits d’intérêts, ainsi que les autorités sanitaires et la visite médicale, que cette défense elle-même devrait suffire à éveiller les soupçons des usagers. En effet, si le patron des patrons des industriels est tellement satisfait du système dans son ensemble, si des intérêts privés du genre de ceux de l’industrie pharmaceutique sont à ce point satisfaits, on peut avoir quelques doutes sur l’état de l’intérêt général… Et puis on apprend que le LEEM a quelques intentions belliqueuses.

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Pfizer a des visiteurs médicaux d’un nouveau genre : les agents de la CIA, qui offrent du Viagra pour ériger des amitiés…

(Note d’hier, postée de nouveau à cause d’un souci technique. Je saurais gré à l’hébergeur de répondre enfin à mes demandes d’aide!!) Pub Viagra Pharmagossip.jpg

L’avenir de l’industrie pharmaceutique s’annonce radieux. Même la CIA se met à lui servir de VRP, c’est dire

Les tirs militaires seraient-ils remplacés par ceux symboliques ? 😉 Pas si simple…

Mais Pfizer pourra bientôt compléter la notice du Viagra par des allusions à ses vertus pacifiantes – faites l’amour, pas la guerre! – et d’incitation à la délation, pardon, à donner des informations sur ses amitiés traditionnelles, afin de s’en créer d’autres, plus intéressées. Avec de tels VRP, dont la capacité de persuasion est légendaire, on comprend mieux pourquoi la firme peut se permettre de tailler dans ses forces de vente habituelles…

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