La raison et la science sont les grands perdants dans cette valse des morts revendiqués par les deux extrêmes. Mais au-delà des réactions paranoïdes, comment s’étonner de la méfiance du public envers l’expertise et les autorités sanitaires, lorsqu’on lit certaines estimations apocalyptiques « prévoyant » (sic) 65.000 morts pour la Grande-Bretagne? 30.000 en France, 90.000 aux Etats-Unis. Comment s’étonner de ce rejet lorsqu’on apprend que le CDC (Centers for Disease Control and Prevention des Etats-Unis) a brusquement changé sa façon de compter les morts, ce qui a pratiquement triplé leur nombre?
Des 65.000 morts britanniques, il en restait 154 le 10 novembre, alors que l’activité épidémique commençait déjà à baisser. Cette baisse se confirme dans plusieurs pays.
Mais les estimations des décideurs politico-sanitaires conseillés par des experts manifestement plus fortiches en conflits d’intérêts qu’en science sont bien pâles par rapport à celles des complotistes antivaccinalistes, selon lesquels quelques puissants voudraient exterminer jusqu’à un quart de l’humanité – soit par une grippe produite en laboratoire soit par la vaccination… Avec la variante de l’introduction de nanoparticules et / ou puces RFID chez tout le monde, pour un contrôle de la population à distance…
Madame Soleil à l’honneur, en version apocalypse…
Une telle annihilation des capacités critiques de la raison par l’appel aux affects immédiats (sans médiation), aux peurs, aux réflexes des tripes n’est pas nouvelle et doit être située dans un contexte plus large. En réfléchissant au fait que son meilleur terroir nourricier est le scientisme. Je me demande si l’Ecole de Francfort n’est pas, en fin de compte, la seule dont le « savoir prévisionnel » – à ne pas confondre avec des chiffres, car il concerne les limites morales à imposer aux sciences – risque d’être confirmé par la réalité. Depuis les années 30, les Francfortois et leurs « descendants » renvoient dos à dos l’irrationalisme et le scientisme, comme autant de formes interdépendantes de destruction de la raison.
Le pharmacommerce de la peur
Il est peu probable que la danse des morts du Moyen-âge, qui a inspiré le poème symphonique de Saint-Saëns « Danse macabre », garde dans le contexte actuel sa signification de memento mori, voire celle morale du rappel de l’égalité devant la mort… Mais gardons l’image de la procession…
On ne se confronte plus à la mort en pensée, pour réfléchir à ce qu’implique notre finitude et donc au sens à donner à la vie et aux spécificités – aux limites – de l’humanité; on ne veut plus s’y confronter du tout. Et lorsqu’on nous l’impose au moyen d’images directes ou suggérées, c’est pour susciter une peur qui court-circuite toute raison, provoque des compulsions qui font marcher le commerce: ce pharmacommerce de la peur que je dénonce régulièrement dans les pages de Pharmacritique. J’ai été par ailleurs frappée par le commentaire d’une lectrice effarée par la propagande irresponsable mise en place par les autorités sanitaires et scolaires pour influencer les enfants. L’exemple est canadien, mais il vaut tout autant pour la France et l’Europe. Et il vaut tout autant pour le Gardasil: il suffit de penser à la publicité directe adressée aux jeunes Américaines par Merck: « One less » (fais-toi vacciner: tu seras une morte en moins).
Je cite un extrait : « Depuis des semaines, l’école nous envoie des papiers d’information concernant la grippe A ainsi pour faire monter la pression et les angoisses parentales.
La cerise sur le gâteau, c’est de vous manipuler jusqu’à la moelle et de diviser les familles; ainsi alors que je n’étais pas d’accord pour la vaccination, mon mari a quand même laissé notre fille de 5 ans se faire vacciner. L’évocation terrible de la mort possible de votre fille vous fait vaciller dans un monde flou et obscure. J’ai bien entendu : « Si vous ne faites pas vacciner votre fille, elle peut mourir… » Et ma fille de 5 ans, fière d’avoir été vaccinée de dire : « Maman, je ne vais pas mourir, j’ai eu le vaccin… » Comme preuve, j’ai un papier tout simple : « Preuve de vaccination pandémie grippe A H1N1″… »
Apocalypse now…
- Rappelons-nous ce qu’annonçaient les autorités britanniques en juillet : « Britain prepares for 65,000 deaths from swine flu » (La Grande-Bretagne se prépare à 65.000 morts par la grippe A H1N1, selon le titre de cet article du Times online).
- Aux Etats-Unis, CNN rendait compte des prévisions officielles parlant encore vers la fin août de 30% de la population infectée, avec 1,8 million d’hospitalisation et 90.000 morts attendus outre-Atlantique; pays où la grippe saisonnière peut faire 40.000 morts annuels sans que l’on crie à la pandémie et à la vaccination massive…
- En Australie, une dépêche de Reuters en date du 16 juillet cite la ministre de la santé parlant de 6.000 morts dans le pire des cas. Etc. Cela n’a pas de sens de lister toutes prophéties, parce qu’elles sont calquées sur celle de l’OMS et donc les mêmes taux sont repris quasiment partout où les scientifiques se voient en régisseurs de films d’horreur pouvant donner libre cours à leur imagination.
En France, le prophète de malheur s’appelle Antoine FLAHAULT
Son nom mériterait d’être génériqué, si je puis me permettre, pour entrer dans le langage commun comme un synonyme de Madame Soleil version apocalypse… Pourquoi lui plus que d’autres, puisqu’il n’a pas été le seul à s’exercer dans la voyance ? Parce que, selon la plus élémentaire morale, plus un scientifique est haut placé dans l’échelle décisionnaire, plus il doit être attentif aux conséquences de ses actes. Jadis, on appelait cela une « éthique de responsabilité » (à comprendre au sens de « morale »). Ses fondements sont très bien définis. Les philosophes ont fait leur travail. Aux médecins de ne plus s’enfermer dans une autarcie médico-médicale rédhibitoire pour toute une société, au-delà de leur corporation, et de dépasser leur ignorance en matière morale. Et les principes de la morale ne se réduisent pas à ce qu’on appelle aujourd’hui éthiques – toujours au pluriel, tant elles sont multiples, contextuelles, concurrentielles, car liées aux valeurs des groupes qui les portent -, pas non plus aux éthiques médicales, comprises souvent comme des rationalisations servant à légitimer post festum telle décision arbitraire. (Sur l’épineux rapport entre éthiciens et médecins, voir la traduction de cet article du British Medical Journal).
Ce vénérable professeur Antoine Flahault, épidémiologiste de son état, est le directeur de l’Ecole de hautes études en santé publique (EHESP) et conseille les autorités sanitaires. En novembre, il a été nommé président de l’ASPHER (Association of Schools of Public Health in the European). Il conseille les autorités sanitaires et tient même un blog, en plus d’intervenir dans les media. (Allez, Dr Flahault, encore un peu et vous rattrappez Bernard Debré, qui a le don de l’ubiquité!) Nous devrions lui écrire d’ici quelques mois, pour lui demander des comptes, parce que c’est de notre santé et de notre intellect qu’il se joue.
Il a très vite appelé de ses voeux le passage de l’OMS au stade d’alerte maximale, donc la déclaration de pandémie et la mise en place des mesures de prévention par la vaccination. Je cite Le Point, qui titrait le 12 mai « Grippe A, parole d’expert: « L’épidémie pourrait faire 30.000 morts en France« :
« Le pic de l’épidémie de grippe A se fera sentir « après l’été » et pourrait toucher « 35 % de la population ». (…) Au cours d’une conférence donnée à l’EHESP, il a évoqué le scénario le plus probable, d’après lui, de l’évolution de la pandémie de la grippe A (H1N1). Selon ses prévisions, « il pourrait y avoir 30.000 décès en France ». En comparaison, la grippe saisonnière fait, selon lui, en moyenne 6.000 morts par an. (…) Et de conclure : « En janvier, il n’y aura plus que du H1N1 sur la terre, le reste aura été dégommé. » Selon lui, « chaque nation va décider de sa politique et cela ne va pas être triste, car il n’y aura pas de vaccins pour tout le monde ». »
On peut lire aussi ce florilège fait par Le Post, à partir des déclarations d’Antoine Flahault sur Europe 1, toujours au mois de mai. Reprenant les mêmes chiffres, il nous sort ce qu’on devrait appeler désormais une flahaultise, comparant la grippe A à un cyclone, pour ajouter: « Est-ce qu’on saura l’arrêter? Pas sûr. (…) Il faut se préparer à ce qui va arriver (…)« .
Quand je vois que le livre co-écrit avec Jean-Yves Nau s’appelle « A(H1N1). Journal de la pandémie », titre suivi de l’accroche « Entre panique et déni, la réalité« , je me demande de quoi aurait l’air une panique selon Flahault…
(Je reviendrai sur les conflits d’intérêts d’Antoine Flahault dans une autre note).
Le cours de la grippe A n’est pas celui de la bourse…
Pour le plus grand malheur des actionnaires, les virus ne sont pas dotés de raisonnements de type néo-libéral, ni de la capacité, toute humaine, d’instrumentaliser la santé publique pour résorber une partie des difficultés financières de ces laboratoires pharmaceutiques en panne d’innovation et dont les produits phare (les blockbusters) ne seront pas remplacés de sitôt après l’expiration de leurs brevets…
A la mi-août, on apprend que lorsque des tests fiables sont effectués en Grande-Bretagne, seul un patient sur 10 consultant pour un « syndrome grippal » était effectivement infecté par le sous-type de virus A H1N1. Cette proportion atteint 50% lors d’un pic habituel de grippe saisonnière. (Et c’est de 51% que parlait vers la mi-novembre la revue médicale Ärzte-Zeitung pour l’Allemagne. Ce qui voudrait dire que le H1N1 a remplacé la grippe saisonnière).
Et le Times online du 4 septembre annonce ce que les autorités ne peuvent plus occulter: « NHS predicts 40,000 fewer swine-flu deaths than expected » (Le NHS [service public de santé] revoit ses prévisions à la baisse: 40.000 morts de moins que prévu). Une légère différence, à peine perceptible…
Les nouvelles estimations vont de 3.000 morts à un maximum de 19.000, dans le pire des cas; il est toujours question de 30% de la population infectés par la grippe, mais avec un taux probable de mortalité de 0,1%.
La révision fait suite aux nombreuses critiques, et en particulier aux analyses d’un chercheur états-unien publiées dans le British Medical Journal. Peter DOSHI reproche aux décideurs politico-sanitaires de partout de répondre de façon « alarmiste », « voire même injustifiée » à l’émergence de la grippe A H1N1. Ils réagissent comme si c’était une « catastrophe en marche », et ils devraient s’attendre à voir surgir des critiques et des controverses quant à la légitimité et à la « sagesse » des mesures prises.
Dans un article paru le 10 novembre dans le journal The Independent sous le titre « Pandemic? What flu pandemic? » (Pandémie? Où est-elle, cette pandémie de grippe?), on apprend que la grippe A de 2009 pourrait bien être la pandémie la plus faible de l’histoire… Alors qu’au départ, des experts avaient même envisagé 250.000 morts (!!) rien qu’au Royaume-Uni, puisqu’ils prenaient comme terme de comparaison le taux de mortalité de la grippe aviaire…
Puis il a été question de 65.000 en juillet, de 19.000 en septembre et de maximum 1.000 en octobre… Avec 154 morts enregistrés le 10 novembre, lorsque l’épidémie commençait déjà à baisser. L’article rappelle que la grippe saisonnière fait chaque année 4.000 à 8.000 morts en Grande-Bretagne.
Aux Etats-Unis: même gonflés artificiellement, les chiffres risquent de rester en deçà de la grippe saisonnière
Aux Etats-Unis aussi, les prévisions apocalyptiques ont dû être revues à la baisse.
Quant au nombre de décès enregistrés, les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) les estimaient à 3.900 en moyenne (dans ce document du 17 octobre). Ces estimations sont critiquées, parce que les chiffres publiés par cet organisme ont fait un bond brusque, passant de 1.200 à 3.900, puis à 4.400 le 5 décembre (voir cette page) du fait de la prise en compte des décès dans lesquels la présence d’une grippe – au-delà des syndromes grippaux – et a fortiori de la grippe A H1N1 n’a jamais été confirmée. Le nombre moyen de décès est à rapporter au nombre moyen de cas, qui était de 22 millions à la même date, toujours selon les CDC.
En comparaison, la même instance estime que la grippe saisonnière fait en moyenne 36.000 morts par an aux Etats-Unis.
Les conséquences alarmistes de la nouvelle méthode utilisée par les CDC pour compter les morts sont dénoncées y compris au-delà des cercles médicaux indépendants et critiques de la vaccination massive et de l’hystérie autour de la grippe. Le très orthodoxe Ärzte-Zeitung (équivalent du Quotidien du Médecin, en un peu plus sérieux, quand même) souligne explicitement que seuls les chiffres des CDC « ont fait un bond », pas les cas réels de décès.
Image choc aux effets de persuasion garantis: les enfants morts
Et le journal d’ajouter que les décès dans lesquels la présence du H1N1 n’a pas été confirmée sont comptés par les autorités, de même que tout décès par surinfection consécutive à une grippe A H1N1. La nouvelle façon de compter explique aussi le nombre élevé de décès d’enfants, « qui n’a pourtant pas connu de hausse dramatique », souligne la rédaction dans cet article du 13 novembre. Il faudrait dire cela aux media français, qui n’ont pas manqué de relayer les chiffres bruts, sans aucune mise en garde. Souvenons-nous que les media ont claironné en boucle le danger de la grippe pour les enfants, à partir des exemples états-uniens… Roselyne BACHELOT s’est saisie de cette image à forte charge émotionnelle pour en rajouter en parlant d’enfants français au « parenchyme détruit », etc. Et les journaux télévisés ont fait la course aux images choc dans les services de réanimation, soulignant l’existence de cas de complications sévères ou de décès chez des personnes sans antécédents connus.
A noter qu’aucun media ou homme politique ou expert défilant sur les plateaux n’a abordé un sujet pourtant évoqué à l’étranger, qui aurait pu constituer un facteur de risque dans certains de ces cas: l’obésité semble favoriser les complications de la grippe. Mais expliquer aurait été contre-productif dans l’effort commun consistant à pousser à la vaccination par la peur suscitée par l’idée que tout bien-portant pourrait succomber à la grippe A H1N1 ou du moins se retrouver dans un service de réanimation…
Pic épidémique atteint presque partout, activité grippale en diminution
L’activité épidémique continue de baisser en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Il y a sensiblement moins de consultations, d’hospitalisations et de morts. Les CDC le confirment aussi pour la semaine du 22 au 28 novembre.
Selon les nouvelles données par l’Institut National de Veille sanitaire le 1er décembre, « Le pic épidémique a été atteint aux États-Unis et au Canada. L’activité grippale y est en diminution. Certains pays européens notent une décroissance importante de l’épidémie (Angleterre, Belgique…)« , mais aussi Irlande, Islande, Norvège, Pays-Bas, Bulgarie. « L’activité grippale est stable en Espagne, au Luxembourg, au Portugal, au Royaume-Uni (Ecosse) et en Suède. » Cela ne veut pas dire un arrêt programmé, mais une forte contradiction avec les prévisions.
Comparaison concrète avec la grippe saisonnière; données de l’hémisphère Sud
– En Australie, où l’hiver austral est fini depuis des mois, il y a eu en tout et pour tout 190 décès attribués à la grippe A H1N1. Loin des prévisions qui voyaient des milliers de cadavres et un système de soins grippé… Pour les chiffres, voir cette note sur Pharmacritique, reprenant le décompte publié le 5 décembre par le journal médical allemand Ärzte-Zeitung, déjà cité. L’Australie est le cas le plus parlant, puisque le pays a un système de santé performant, de même niveau que celui des pays européens.
Maintenant, si on compare les 190 morts attribués à la grippe A à la moyenne de 3.000 morts annuels de la grippe saisonnière dans le même pays, le ridicule apparaît encore plus fortement… L’estimation est tirée de cet article du Medical Journal of Australia. Le 30 octobre, donc à la fin de l’hiver austral, le ministère australien de la Santé estimait le nombre total de personnes infectées par la grippe A à 37.066, pour une population d’un peu plus de 22 millions d’habitants (voir le site).
– En Nouvelle Zélande, autre pays de l’hémisphère Sud, 20 personnes sont décédées de la grippe A, selon les chiffres publiés le 5 décembre par Ärzte-Zeitung. Le dernier décompte officiel a été rendu public le 21 octobre sur le site du ministère néo-zélandais de la Santé: il y est question de 19 morts sur un total de 3.175 cas de grippe A H1N1 confirmée par des prélèvements. Le pays compte 4.331.000 habitants. Nous sommes très loin des 30 à 35% de la population infectée… Pourcentage claironné par l’OMS et repris par tous les prophètes de malheur nationaux…
Roselyne Bachelot a oublié de tirer les leçons dont elle parlait…
Citée dans un article du Point du 12 mai 2009, elle disait: « « Nous sommes très attentifs à ce qui se passe dans l’hémisphère sud, où on va être en hiver. Cela va présager sans doute de ce qui va passer dans l’hémisphère nord à l’automne », a souligné la ministre de la Santé.«
Les statistiques australiennes et néo-zélandaises étaient disponibles depuis septembre-octobre, à la fin de l’hiver austral. Celles argentines aussi, peut-être un peu moins fiables, compte tenu du système de santé moins homogène et moins performant. Les chiffres – les fameux chiffres! – étaient donc là avant le début de la campagne de vaccination. Pourquoi Roselyne Bachelot n’a-t-elle rien appris de ces expériences-là et n’en parle plus? Parce que les résultats contredisent en tous points sa stratégie, restée la même, malgré une réalité qui s’éloigne fortement du scénario initial ? Où étaient donc les experts dont la science devrait – soi-disant en toute neutralité – guider l’action des politiques pour le bien de la cité ?
Il faut vendre les vaccins et éviter le flop politique, peut-être? Comme le formulait le « Canard enchaîné » il y a quelques semaines, Nicolas Sarkozy ne veut pas « que les Français le prennent en grippe »… Mieux vaut faire trop plutôt que pas assez, montrer qu’il est un bon berger pour les brebis menacées par le méchant loup. Oui, mais… Ce n’est pas de cette façon qu’on fait de la science et de la santé publique. Et ce n’est pas de cette façon qu’on lutte contre l’obscurantisme. (Lutte nécessaire s’agissant de réagir à des menaces pour la santé publique qui peuvent être réelles, comme s’agissant de combattre les charlatanismes et autres formes d’irrationalité en santé et ailleurs).
Prévisions pour les uns, provisions pour les autres… La science, victime du scientisme et des conflits d’intérêts
Jeremy Laurance, le rédacteur santé du journal The Independent, écrivait le 16 novembre dans un article intitulé « Let down by the reality of swine flu » (La grippe porcine nous a fait faux bond / la réalité ne s’est pas adaptée aux prévisions) :
« Si le reflux de la grippe porcine se confirme cette semaine, je redoute l’impact que tout cela pourrait avoir sur la confiance du public dans la science. On nous a mis en garde de nous préparer à affronter une peste moderne. Si la grippe A se révèle ne pas en être une, allons-nous prendre au sérieux de tels avertissements à l’avenir? Si tel est le cas, je ne vois qu’une option dont l’utilité est certaine: il faut expliquer que la science n’est pas une affaire de certitudes, mais de probabilités, et nous engager à découvrir, le cas échéant, pourquoi les choses ne se sont pas passées comme prévu. Tous autant que nous sommes – ministres, décideurs, chercheurs et ceux qui rendent compte de ces recherches -, nous devons nous astreindre à reconnaître nos torts.«
(Illustration tirée de ce site).
On ne devrait pas manquer de demander à Bachelot et à Sarkozy de le faire. Comme à Flahault et aux autres experts (en scénarios de film d’horreur version science-fiction et/ou en conflits d’intérêts).
Il y a fort à parier que la nébuleuse conspirationniste – antivaccination en bloc sortira renforcée de cette hystérie autour de la grippe A, de cette instrumentalisation de la médecine asservie à des objectifs commerciaux. L’omniprésence des conflits d’intérêts – dont les effets et la puissance sont particulièrement visibles dans cette histoire, à cause de sa dimension globale – ruine progressivement la crédibilité d’une médecine fondée sur des argumentaires scientifiques.
La méfiance pousse de plus en plus de gens dans les bras du « tout naturel » et des méthodes alternatives qui paraissent préservés et plus humains, alors qu’ils ont les mêmes tares: mercantilisme, conflits d’intérêts, manipulation des résultats des tests (si tant est qu’il y en ait…) et omniprésence du marketing, publicité pour des placebos ou au contraire pour des produits dangereux, censure des critiques…
L’empire du Dr Matthias RATH illustre cela fort bien, et ses méthodes n’ont rien à envier à celles des laboratoires pharmaceutiques. Avec quelques dangers supplémentaires, puisque bon nombre de charlatans (guérisseurs…) et de sectes – la scientologie en particulier – n’attendent que de se partager le butin, en attirant les déçus de la médecine et des sciences. Le bon docteur pratique les poursuites-bâillon exactement comme les firmes pharmaceutiques, pour intimider et faire taire ceux qui oseraient critiquer l’efficacité de telle méthode alternative ou de tel remède naturel. Les attaques de ce type sont tellement fréquents, qu’un article du British Medical Journal posait à un moment donné l’inquiétante question de savoir s’il est encore possible d’exercer son esprit critique en Grande-Bretagne.
Les tests et les preuves, c’est pour les autres… Il est fort curieux de voir des antivaccin tenants du tout naturel reprocher aux autorités de ne pas avoir testé les vaccins, puisque les produits qu’ils vendent ou qu’ils vantent eux-mêmes ne sont pas testés. Aucune obligation de prouver l’efficacité et l’innocuité des produits phytothérapeutiques ou homéopathiques. Une obscure histoire de « mémoire de l’eau » suffit. On voit à quel point c’est le marketing qui compte, les moyens de persuasion, l’appel aux croyances et la désignation d’un ennemi – la médecine moderne -, autrement dit, les mêmes méthodes qui ont cours depuis que l’humanité existe.
La responsabilité, c’est aussi pour les autres…
Prévision, prévention, prémonition, prévoyance – tout se mélange en une caricature de science…
L’hyperspécialisation qui a induit une séparation très nette entre sciences humaines et sciences exactes/ technosciences a eu des conséquences dommageables pour la capacité à développer l’esprit critique des scientifiques (et du public) et l’autoréflexion leur permettant de resituer leurs disciplines dans le champ social et de se poser la question des finalités et des limites éthiques.
Oui, les tenants du scientisme oublient qu’ils sont eux aussi pris dans le cours d’une socialité de la nature et d’une naturalité du social: mère-nature n’est pas un système opérationnel autoréférentiel, mais une évolution qui se fait aussi à coups de hasard et dont la part de contingence – soustraite par définition aux calculs prospectifs – durera aussi longtemps que la vie elle-même. C’est cela la réalité, dans son historicité que nul logiciel ne peut saisir, formaliser et quantifier en vue de modélisations qui ne sont que des instruments aidant à percevoir certaines constantes de la réalité à un moment donné. L’avenir nous échappe toujours. On ne pourra jamais bloquer les mutations des virus, ni nous vacciner contre tous et prévenir toutes les maladies. N’en déplaise à nos Dr Knock de tous bords.
Et la tendance actuelle à transformer la médecine en une prévention tous azimuts – en fonction de prévisions tout aussi arbitraires que celles sur la grippe A H1N1 – n’y changera rien, si ce n’est de rendre malades des gens bien portants (voir les notes sur le disease mongering ou façonnage de maladies), de pousser à la surmédicamentation et à des surdépistages de tout poil. C’est une illustration de la biopolitique que dénonçait Michel FOUCAULT, cette discipline qui passe par le contrôle des corps et leur « médicalisation infinie ».
Peurs, préjugés et décompensations potentielles
Hans JONAS fait la distinction entre « savoir technique » et « savoir prévisionnel« . Celui-ci est interdisciplinaire et consiste à réfléchir aux conséquences néfastes des applications technoscientifiques, afin d’en tirer des leçons permettant d’éviter les désastres en encadrant drastiquement le champ de ces applications, délimité en fonction d’impératifs moraux. C’est cela qui traduit concrètement l' »heuristique de la peur » dont parle le philosophe. Il ne s’agit nullement de provoquer des peurs par des prophéties d’apocalypse, qu’elles soient d’origine scientiste ou irrationnelle.
Toutes les tentatives de jouer avec les peurs des masses, de les instrumentaliser à des fins politiques et/ou économiques, sont dangereuses parce qu’elles déclenchent des processus dont l’évolution et les résultats sont incontrôlables – imprévisibles, pour rester dans la prévision… Certains peuvent se dire que nos sociétés ont des garde-fous contre les conséquences des représentations irrationnelles. Pas si sûr. Que l’on pense aux foules déchaînées de parents d’enfants autistes soutenant le Dr Andrew WAKEFIELD, qui s’est fendu d’une théorie selon laquelle le vaccin ROR (contre rougeole – rubéole – oreillons) serait responsable de l’autisme. Il a fait cette affirmation dans une étude parue en 1998 dans The Lancet – et retirée par la revue par la suite – sur la base de seulement 12 cas… Peut-on parler de science, là, en particulier lorsqu’on souhaiterait que l’evidence-based medicine (médecine fondée sur le niveau de preuve) soit le standard dans la recherche médicale, pour avoir un minimum de garanties de scientificité?
Il semblerait que le bon docteur Andrew Wakefield ait arrangé « un peu » les dossiers des enfants, qu’il ait carrément fraudé, mais c’était pour la bonne cause, disent ceux qui le défendent, qui sont des tenants des médecines douces et de l’homéopathie, mais aussi des conspirationnistes ou des personnes diabolisant médecine et industrie pharmaceutique et tout ce qui y a trait, de près ou de loin… De son côté, le British Medical Journal a dénoncé une fraude organisée et délibérée de la part du Dr Andrew Wakefield, dans un article de janvier 2011: How the Case against the MMR vaccine was fixed (BMJ 2011; 342:c5347), accompagné d’un éditorial par Fiona Godlee. Il s’agit des conclusions d’une enquête menée pendant plusieurs années par le journaliste Brian Deer. Rappelons que le Dr Wakefield a été réprimandé par le General Medical Council britannique, pour cause de non respect de l’éthique et de la méthodologie scientifique; rappelons aussi que la revue The Lancet a retiré l’article en 2010, après avoir reconnu dès 2004 qu’ils n’auraient pas dû permettre sa parution. Des co-auteurs de l’article ont demandé que leur nom n’apparaisse plus avec celui de Andrew Wakefield, etc. Il semblerait que Wakefield avait des conflits d’intérêts et que son étude a été mise en place et financée pour que les résultats servent de preuve scientifique dans des procès intentés par des parents d’enfants autistes aux fabricants du vaccin ROR. C’est cet argument qui est avancé pour expliquer les raisons de la fraude et dire qu’elle était intentionnelle, délibérée et nullement accidentelle.
Mais il y a aussi un autre aspect à prendre en compte dans de tels cas, outre les liens d’intérêts et l’intention manifeste: le biais d’autoconfirmation.
Parler de biais, c’est être dans le registre de la science, ce qui semble éloigné de ce déchaînement d’affects que j’évoque. Et pourtant, parmi les nombreux biais qui peuvent intervenir, il y en a un en particulier qui relève du registre psychologique, la plupart du temps inconscient: le biais d’autoconfirmation ou de validation d’hypothèse: inconsciemment, les chercheurs aident un peu les résultats qui s’entêtent à ne pas pointer dans la bonne direction. Avec la fraude, cela va bien plus loin, et elle a été confirmée par plusieurs enquêtes de journalistes indépendants. Et pourtant, la rumeur persiste, qui dit qu’Andrew Wakefield serait persécuté par ses pairs parce qu’il dérangerait un commerce très lucratif, etc.
Les utopies du web 2.0 à l’épreuve de la psychologie des groupes…
Comment de telles représentations, de telles rumeurs, ont-elles pu gagner du terrain à ce point-là ?
Prenez des parents désespérés à la recherche – l’esprit humain est ainsi fait – d’une explication simple et unitaire de la maladie de leurs enfants. Mettez-le dans le contexte d’une médecine qui n’a pas su s’en occuper, d’une société qui les a laissé pour compte, d’une vulgate psychologisante issue de la psychanalyse qui les a culpabilisés en insinuant que c’était de leur faute. Ajoutez à cela les méthodes fort bien rodées de persuasion et de pseudo-explication, consistant à lister des éléments de vérité sans rapport entre eux comme s’ils formaient une chaîne causale, confondre corrélation et cause, etc. Ajoutez une représentation de justice à obtenir, d’injustice à réparer, de nouvelles victimes à éviter. Pimentez avec une pincée de médecins qui seraient de leur côté mais que l’ordre des médecins et les laboratoires persécuteraient et empêcheraient de se prononcer, de travailler, etc.
Tout cela sur le fond d’une éducation inexistante à la santé et d’une dégradation croissante de l’image de la science et de la médecine (conflits d’intérêts, scandales sanitaires…). Ajoutez des moyens de communication de type forums sur lesquels toutes les opinions se valent – c’en est même le principe -, et sur lesquels toute opinion vaut avis éclairé, scientifiquement fondé, du fait de quelques liens menant vers des informations que trop peu de personnes ont les moyens d’évaluer. Voilà quelques ingrédients permettant à des sauveurs et à des gourous de tout poil d’exploiter la souffrance.
Cela se passe comme dans la linguistique, où l’erreur généralisée peut s’imposer, devenir la règle et même le standard : la rumeur devient vérité lorsqu’elle est portée massivement et efficacement par des associations et des groupes de parents cherchant un coupable qui puisse être désigné, nommé et tenu pour responsable. Il suffit que ces groupes soient fortement motivés et investissent durablement tous les réseaux sociaux et autres moyens de communication alternatifs – qui existent grâce à l’opposition au discours officiel et à l’image conséquente de liberté d’expression contre la censure générale -, qu’ils utilisent tous ces moyens pour asséner leurs convictions, accompagnées de témoignages émouvants sur la souffrance des enfants autistes. Il suffit de trouver les bonnes combines et de maîtriser l’art de la communication, de la persuasion et de l’influence pour que potentiellement toute opinion individuelle devienne une conviction partagée par de plus en plus de monde; puis les groupes de pression se forment et des méthodes relevant du registre du lobbying sont utilisées.
La psychologie sociale fourmille d’exemples et d’explications.
Plus les groupes sont importants, plus ils s’uniformisent. Les dynamiques des grands groupes, des foules, des masses ont pour caractéristique principale l’abolition du jugement individuel, l’annihilation de la conscience, qui n’est qu’individuelle, l’élimination de la raison et des barrières du surmoi ainsi que des limites acquises par l’éducation, en faveur d’un agir irréfléchi et spontané, motivé directement par des affects non contrebalancés par la réflexion, la raison. Les masses poussées à n’écouter que leurs tripes se défoulent, ont recours à des procédés primaires tels le clivage en « bons » et « mauvais », trouvent des boucs émissaires, bref, elles agissent loin de toute « intelligence collective » (sic) dont certains espèrent l’avènement au moyen du web 2.0…
On a pu voir par ailleurs comment les « communautés » et autres « forums », « réseaux collaboratifs » et « nouvelles formes de sociabilité » ont servi à diffuser la vulgate conspirationniste – antivaccinaliste, à attiser des manifestations paranoïdes qui reviennent tôt ou tard au registre habituel des extrémismes, du racisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme.
Si on abandonne la sociabilité à des « réseaux sociaux » – juxtaposition de solitudes et interaction à distance entre personnes qui communiquent parce qu’elles sont semblables -, c’est la société qui en payera le prix, par la dispersion en mille groupes d’entre-soi, signant la disparition du lien social qui permet l’exercice de la solidarité et le devenir citoyen dans un espace public de débat qui ne peut se créer que dans la mesure où les particularismes sont laissés à la porte (voir Jürgen Habermas, Marcel Gauchet, Michel Freitag…).
Préjugés, stéréotypes, clichés, archétype du complot…
Il n’y a nulle exagération lorsque je parle d’agir irréfléchi, d’abolition des inhibitions éthiques, etc., puisque l’un des premiers textes conspirationnistes – antivaccinalistes à circuler partout a été celui de Jane Bürgermeister. Elle voit dans la vaccination un moyen de quelques puissants d’éliminer une partie de l’humanité… Et ce n’est pas un hasard si le texte fait pêle-mêle des allusions aux origines de Barack Obama, mais surtout aux origines juives supposées des comploteurs. On a là une (énième) version actualisée de cette fiction manifestement indécrottable que sont les « protocoles des sages de Sion »… (Je renvoie là-dessus aux travaux de Pierre-André TAGUIEFF, en rappelant que c’est la Théorie critique / Ecole de Francfort qui a posé les fondements modernes de cette analyse depuis les années 20 à nos jours).
En complément de l’entreprise de destruction systématique faite par une scientologie omniprésente et par l’empire du « tout naturel » du Dr Matthias Rath, Jane Bürgermeister et ses affidés sont très actifs sur des sites de type « The Flu Case », « Infowars », etc., ou encore à instrumentaliser Dailymotion par d’innombrables vidéos parlant d’une apocalypse pas moins ridicule (en raison), mais pas moins effrayante (affectivement) que celle prévue par les autorités sanitaires.
Comme on le sait en philosophie, de tels contraires ne sont pas contradictoires, mais forment une dialectique d’interaction réciproque, dans laquelle chacun est médié (vermittelt, Vermittlung, terme existant avant les media…) par son autre qui le nourrit et le mobilise. Chacun de ces extrêmes pense détenir LA vérité et sauver l’humanité en livrant LA bonne interprétation du présent… Le complexe du sauveur fait partie de tout temps du registre apocalyptique. S’il n’y avait pas de catastrophe, personne ne pourrait endosser le noble rôle de chevalier blanc et faire oublier les arrière-plans peu glorieux (mercantiles, idéologiques…) des images héroïques. Nicolas Sarkozy et Roselyne Bachelot ne font pas autre chose, et c’est l’une des raisons pour laquelle il fallait que le coup de la vaccination réussisse, par-delà les conflits d’intérêts. Sauver les brebis, c’est la meilleure façon de s’assurer leur dévotion et les persuader qu’il est dans leur intérêt de suivre librement le berger.
De tout temps, le héro / le sauveur livre une interprétation censée être inaccessible aux brebis qu’il veut organiser en troupeau. Cela fait partie des « techniques pastorales » décrites par la THEORIE CRITIQUE en Allemagne et par Michel FOUCAULT en France. Dans l’histoire, ce registre était typique de l’extrême-droite, mais il se prête à toute adaptation. Pour ne donner qu’un exemple, Latifa BEN MANSOUR a fort bien analysé les techniques de manipulation dans leur variante intégriste algérienne, qui se réclamait d’une forme de socialisme ad hoc… (Voir son ouvrage « Frères musulmans, frères féroces. Voyage dans l’enfer du discours islamiste », Ramsay, 2002).
Il n’est pas exclu de voir des traductions sociales et politiques de ces mouvements de foule, susceptibles de créer une anomie complète, c’est-à-dire une abolition de toute limite éthique. Des décompensations psychotiques ne seraient pas étonnantes, comme il y en a eu régulièrement dans l’histoire.
Et puis, des bergers plus ou moins légitimes ont trop crié au loup, au risque que le public ne le reconnaisse plus si jamais il arrive – sous la forme d’une véritable menace, par exemple – et au risque d’encourager des mouvements qui créent des épouvantails ou les recréent à la sauce moderne en recombinant des composantes du registre complotiste qui s’est remarquablement bien préservé dans l’histoire.
Se donner les moyens conceptuels de démystifier les mythes modernes et percer le « contexte d’aveuglement »
Le « contexte d’aveuglement » (Verblendungszusammenhang) renvoie, dans le langage de la Théorie critique, à toutes les techniques et tactiques de manipulation, avec l’arrière-plan idéologique et l’inscription dans le régime socio-économique établi qu’il s’agit de reproduire comme s’il s’agissait d’un acte de liberté, d’un choix libre.
Je n’ai pas de « prévisions », juste des interrogations formulées de façon rationnelle. Il en faut, pour analyser les accès de déraison et voir s’il y a moyen de les prévenir. Même si je garde en mémoire ce que concluait Theodor W. ADORNO (l’un des fondateurs de la Théorie critique) il y a des décennies, à la suite de nombreuses études sur le préjugé et ses diverses formes dans l’histoire: vu les composantes affectives et la complexité des processus psychiques qui sont à l’oeuvre, vu que les préjugés sont un pilier du système socio-économique en place, puisqu’ils permettent d’éviter les vraies questions, il est peu probable que les capacités fondées en raison puissent un jour les déraciner. (En fait, la conclusion est plus catégorique, mais je préfère interpréter, en pensant à quelques textes plus tardifs.)
En soulignant encore une fois, toujours dans l’esprit de la Théorie critique, que le scientisme – qui, appliqué à des contingences, à une réalité socio-historique mouvante, ne peut donner que des bévues – encourage lui-même son contraire dialectique obscurantiste.
Le scientisme – certaines applications d’une raison réduite à ses formes instrumentales, expérimentales, en une parodie de l’héritage des Lumières – est une entreprise de destruction de la raison tout aussi redoutable. KANT avait eu ce « savoir prévisionnel »… Tout en posant les fondements de la science moderne, insistant sur le raisonnement mathématique, etc., il affirmait la primat catégorique de la « raison pratique » – c’est-à-dire de la morale (qui a diverses applications éthiques, pour simplifier) – sur la « raison pure » et l’analytique.
Je me suis laissée aller à quelques (maigres) considérations philosophiques… Pour les intéressés, je renvoie aux écrits de la Théorie critique, à l’actualisation de ces questions par Jürgen HABERMAS, Jürgen RITSERT, Alfred LORENZER, Richard SENNETT, Zygmunt BAUMAN… Et par un penseur qui a beaucoup d’affinités avec la Théorie critique sans en être issu directement: Michel FREITAG. Et puisque je fais, pour une fois, un plaidoyer pro domo, comment ne pas parler de Heinz WISMANN, auquel je dois mon ouverture à Kant ainsi que bon nombre d’outils conceptuels permettant de « [m]’orienter dans la pensée » ?
Logos…
Je me souviens d’un essai de l’écrivain allemand Hans Magnus ENZENSBERGER sur l’utopie négative qu’est la représentation de la fin du monde, de l’apocalypse. Il ne faut pas avoir peur de notre propre peur, disait-il. Il faut la reconnaître comme telle, faire l’effort de l’exprimer dans des mots, d’en retrouver l’origine et la rendre consciente. Autrement, si on la nie et on la refoule, elle subira toute une série de déplacements (au sens psychanalytique), ce qui rendra sa perlaboration d’autant plus difficile, avec le risque qu’elle jaillisse à la façon aveugle d’un « retour du refoulé », avec notre propre violence décuplée et projetée sur des boucs émissaires… Elena Pasca
Suite sur cette page (un « bilan » un an après…)
Elena Pasca
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J’essaie de trouver le temps de lire » Vérole,Cancer &Cie_ La société des maladies » de Gérard Lambert ; il y fait référence aux travaux de Mirko Grmek historien de la médecine….Une piste de réflexion aussi ?
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Je viens de rajouter quelques données officielles de Nouvelle-Zélande et d’Australie.
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Très bonne note.
Je suis très content de voir triompher une position plaçant la logique au centre du discours. La peur est la pire des conseillères et l’outil de pression le plus puissant sur les foules. Je n’ai pu m’empécher de penser à une édito récent de embo report sur la logophobia que j’ai bien aimé. Je suis moins sur que vous l’appréciez mais je vous envoie le lien. J’en ai parlé, mais vous êtes bien assez grande pour savoir qu’en pensez. Ma prose de comptoir ne présente pas d’intérêt comparé à votre argumentaire.
http://www.nature.com/embor/journal/v10/n10/full/embor2009206.html
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Merci, votre article est bien utile.
Il y a aussi cette info, pas d’explication depuis.
– Bachelot perd son «M. Grippe A», 25/11/2009.
Directeur adjoint du cabinet de la ministre de la Santé, en charge des crises sanitaires, François Hébert va quitter son poste et sera remplacé par son adjoint, Jean-Patrick Sales.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/11/25/01011-20091125FILWWW00141–confidentiel-bachelot-perd-son-m-grippe-a-.php
Et puis l’ OMS qui réaffirme …
– 04 12 2009 – L’ OMS réaffirme que « l’impact de la pandémie grippale en cours est modéré et que l’écrasante majorité des patients infectés présentent une maladie d’intensité légère et se rétablissent complètement en une semaine, même sans aucune forme de traitement médical ».
http://www.santelog.com/modules/connaissances/actualite-sante-oms-et-h1n1-le-pic-epidemique-est-atteint-en-am%C3%A9rique-du-nord-et-arrive-en-europe-_2295.htm
– La grippe porcine en moins de 100 questions, Dr Marc Girard.
La notion d’une pandémie grippale résulte d’une mystification aisément reconstituable, qui a reposé sur une double exagération : (…)
Une fois ainsi crédibilisé, sur des bases aussi indubitablement falsifiées, le mythe d’une épidémie de grande ampleur, la machine à alimenter la peur s’est logiquement accélérée en un parfait cercle vicieux. (…)
http://www.rolandsimion.org/spip.php?article92
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Cette difficulté à trouver le chemin de la « raison pratique » de Kant entre l’empirisme brut représenté par Rath et le rationnalisme extrême du scientisme explique peut-être cette prise de position étrange du Pr. L. M. sur le Sida en Afrique :
[Lien supprimé par Pharmacritique; l’info a déjà été postée ici dans un commentaire complotiste à l’extrême. Soit c’est de l’intox au montage, soit le Pr LM est sénile. Mes excuses, mais comme le discours me semble très dangereux, je ne voudrais pas prendre le risque que quelqu’un le prenne au sérieux, se disant que si un tel ponte en parle, c’est que ça peut marcher… Lorsque j’en saurai plus, je ne manquerai pas de le critiquer comme il se doit. Merci pour votre compréhension, car je sais que vous n’avez pas posté cela pour donner de l’eau au moulin à ce genre de thèses]
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De la magnifique ouvrage intellectuelle ! Un plaisir jubilatoire de vous lire : vous sollicitez notre intelligence dans cette obscurité pesante où nous ont plongés les autorités sanitaires. Il y a juste votre approche des médecines douces qui me laisse sur ma faim … car pas assez poussée ! Mais l’impression d’ensemble n’en demeure pas moins excellente ! J’en redemande…
NB. Aucun lien d’intérêt n’existent entre l’auteure de la note encensée et l’auteur du commentaire dithyrambique !!! 😉
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Bel exposé !
Je me prépare psychologiquement à entendre Roselyne Bachelot nous dire que « grâce au formidable engouement pour la vaccination, à la responsabilité et au sens civique des Français, le pire a pu être évité. C’est un succès presque total. Je dis presque car ma pensée va bien sur aux proches des personnes décédées faute de n’avoir pu être vaccinées à temps. »
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Mercredi 2 décembre ,Bernard Dugué signait sur Agoravox un article intitulé « Pandémiegate H1N1 : la Russie pourrait se retourner contre l’OMS »
Je n’ai pas entendu parler de cela ( certes je me suis mis …en quarantaine médiatique)!? (Jamais lu encore Bernard Dugué non plus )
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Excellent article.
Cependant je suis étonné d’y voir citer Jane Bürgermeister comme étant une grande journaliste d’investigation. Mon étonnement vient du fait que si l’on recherche sur Internet n’importe quel clampin (doit moi), on arrive presque toujours à un résultat ; or là, on ne trouve référence à cette personne qu’en ce qui concerne cette pseudo-plainte (le FBI est une institution 100% américaine et ne saurait avoir d’antenne en Autriche). J’en suis donc arrivé à la conclusion que cette « journaliste » n’existait que dans l’esprit des complotistes.
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Dans le Virology Journal publié le 24 November 2009 Adrian J Gibbs qui avait déclaré en mai dernier que le virus H1N1 avait pu s’échapper d’un laboratoire…remet le couvert ( http://www.virologyj.com/content/6/1/207 ) .
Il envisage plusieurs scénarios ,en regardant avec insistance vers des vaccins vétérinaires multivalents :
« Multivalent ‘killed’ vaccines are widely used to control swine influenzas, particularly in North American piggeries [29], indeed one of the viruses identified by us and others (e.g. [30]) as closest to S-OIV, A/swine/Indiana/P12439/2000 (H1N2), seems to be the « 2000 Indiana strain » used in commercial vaccines in North America … »
Afin de restaurer la confiance du Public dans la recherche sur la grippe , et dans l’industrie agroalimentaire , il émet le voeux de « Measures that might restore confidence include establishing a unified international administrative framework coordinating surveillance, research and commercial work with this virus, and maintaining a registry of all influenza isolates. »
Ca c’est en Australie. Les russes eux, font mine de vouloir quitter l’OMS
[lien supprimé par Pharmacritique]
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Voici un papier très récent dans une très bonne revue qu’on ne peut soupçonner de lien avec l’industrie. Il parle de mortalité de la grippe aux USA.
http://www.plosmedicine.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pmed.1000207
Elle n’est pas très élevée: We have estimated, using data from two cities on tiered levels of severity and self-reported rates of seeking medical attention, that approximately 1.44% of symptomatic pH1N1 patients during the spring in the US were hospitalized; 0.239% required intensive care or mechanical ventilation; and 0.048% died.
Bonne soirée
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A propos des médecines diverses , je voudrais faire deux ou trois considérations :
– je ne demande pas à la médecine d’être scientifique mais de m’aider à aller le mieux possible, de préférence grâce à de la prévention
– je ne demande pas à l’homéopathie de me prouver que le traitement qu’on me prescrit agit scientifiquement ; j’en attends que l’acte thérapeutique m’apporte le résultat escompté.
– si je retourne chez un homéopathe, c’est probablement parce qu’il m’arrive dans certains cas d’en être satisfait ; et vu l’engouement pour cette forme de médecine, je ne suis pas le seul !
– les médecines existaient bien avant la science ; je ne dis pas qu’elles étaient aussi efficaces bien sûr ; je dis juste que la médecine scientifique est une médecine parmi d’autres, avec ses atouts et ses faiblesses. A chacun de faire son choix selon les circonstances.
– en tout état de cause, il y a moins de risques de complications dues aux effets iatrogènes avec l’homéopathie qu’avec l’allopathie
Aussi la perfection n’étant pas de ce monde, ni les allopathes, ni les médecins non conventionnels ne peuvent s’en réclamer. Les uns et les autres essaient de soigner et les patients jugent de la qualité des soins qu’ils reçoivent. je ne pense pas que les fidèles des médecines douces soient plus stupides ou masos que les autres. D’ailleurs, ils arrivent souvent qu’avant de visiter un homéopathe ou acupuncteur ils soient passés chez plusieurs allopathes.
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Merci pour ces commentaires et précisions.
A Stéphane
Ces liens sont précieux, comme tous ceux que vous donnez. Je suis allée faire une copie de l’éditorial en question (qui n’est pas en libre accès) et lirai le texte attentivement. (J’ai une traduction et d’autres lectures en cours pour le moment). Sans vouloir jouer aux devinettes, cela m’intéresserait beaucoup de savoir pourquoi vous pensez que je pourrais ne pas apprécier. Quoi exactement?
A Trente7cinq
j’ai supprimé un lien, parce qu’il s’agit d’une intox véhiculée par des sites conspirationnistes. J’en ai eu connaissance il y a quelques jours et suis allée vérifier dans les journaux cités comme source. Il ne s’agit pas d’une position officielle, mais juste de deux articles qui posaient la question des liens entre experts de l’OMS et industrie pharmaceutique… De façon très modérée et sans citer de noms, par ailleurs.
Alors soit l’information existe mais elle est ailleurs et ces gens se sont trompés de sources, soit elle a été tellement gonflée d’un relais à l’autre que ce qui était une vague critique dans un canard est devenu… affaire d’Etat.
L’auteur de cet article sur AgoraVox, qui fait de la publicité à un bouquin paru dans une obscure maison d’édition suisse, se dit scientifique, ingénieur, chercheur, docteur en pharmacologie et docteur en philosophie. Il a un blog ou il évoque des textes par ailleurs inexistants (ou du moins inaccessibles), et les quelques considérations prétendument philosophiques sont du verbiage sans aucun sens, ni plus ni moins. Comme n’importe qui pourrait en faire, en prenant juste des termes pompeux tels ontologie, métaphysique, etc. Une « ontologie de la nature » se demandant pourquoi la matière existe, si cela est un PROJET philosophique actuel, c’est que le penseur en question vient tout juste de débarquer de la planète Mars et n’a aucune idée des débuts de la philosophie…
Comment des gens sensés peuvent-ils tomber dans le panneau?
Je n’ai pas eu le temps d’aller voir l’article que vous citez, mais le fragment donné ne cadre pas avec votre affirmation.
Jean-Marc,
Vous dites en parlant de ma note: « Cependant je suis étonné d’y voir citer Jane Bürgermeister comme étant une grande journaliste d’investigation. »
ce n’est certainement pas moi qui la présente comme telle!! Je la citais en disant qu’elle et ses affidés inondent le web et donnant le titre de son site web comme exemple, disant qu’elle utilise des outils tirés de l’éternel registre de la manipulation xénophobe / antisémite, etc.
Je vous saurais gré de ne pas me prêter des propos que je n’ai pas tenus.
Je voudrais dire encore une fois que Pharmacritique ne servira pas de relais aux thèses conspirationnistes / complotistes et/ou qui diabolisent médecine et science, vendent des choses et des idées
Critique, oui, mais fondée en raison, sourcée, argumentée, etc. Coups de gueule aussi, bien sûr, je suis la première à les pratiquer ;-)), mais avec quelques arguments, quand même…
Merci donc à chacun qui poste des liens, infos, etc. de faire un tri.
Cela nous éviterait à tous de perdre du temps.
De toute façon, les mails qui ne contiennent que trois mots et des liens sont supprimés automatiquement. Ils ne servent que pour faire de la pub à leurs auteurs et / ou à des thèses douteuses. Ce blog N’EST PAS une machine publicitaire, ni un forum, ni un relais de rumeurs, ni un journal qui signale chaque parution d’un article de tel auteur ou les difficultés techniques de tel site…
Merci à tous de tenir compte de cela.
Elena / Pharmacritique
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A Pascal:
Le terme « allopathie » est déjà en lui-même un jugement en bloc et une prise de position. De même que les appellations de type « médecines douces ».
La science n’est pas que la science moderne, expérimentale…
Gare aux dérives!
Comme il n’est pas question de discuter en termes de pro et contre vaccins en bloc, il n’est pas non plus question de discuter de médecine occidentale versus homéopathie / méthodes alternatives.
Ce que je remets en question, ce sont les dérives et les produits dangereux et non testés, l’apologie du « tout naturel » en bloc, le rejet en bloc des sciences, de la médecine, etc.
Si vous avez envie de prendre de l’homéopathie, de voir un homéopathe, libre à vous. Tant que la Sécurité sociale ne la rembourse pas et que le discours n’est pas dangereux pour la santé des autres.
Par contre, s’il s’agit de dire que l’homéopathie, c’est de la science, alors ça change. Et surtout, la critique est de mise face à ceux qui affirment que la vitamine C ou tel homéopathe guérissent le cancer et le SIDA, que tout ce qui est naturel ou non technique est bon, etc.
Ce débat-là – pour ou contre – n’aura pas lieu ici, ce n’est pas le sujet du blog, et je sais parfaitement qu’un tel débat ne sert à rien.
Bonne fin de soirée!
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je voudrais savoir si les enfants qui ont été vaccinés risquent quelque chose merci de me répondre.
Nadine M.
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Bonjour Elena, ton article est remarquable et j’en conseille la lecture. Je te rejoins sur les dégâts irrémédiables de ce désastre sur l’image de la Science auprès du public. A propos du Web 2.0 je te signale que tu en fais partie. Le Web 2.0, c’est aussi la possibilité pour quelqu’un comme toi d’écrire des choses justes et d’être lue, très lue même, grâce au web et à des outils 2.0 comme Google qui se fichent de savoir si l’auteur est « bien pensant ». Certes, le web 2.0 génère un « bruit » phénoménal », mais il contient une musique de grande qualité pour qui sait l’écouter.
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Bonjour,
En guise de pandémie, « il se pourrait » bien que le nombre des malades cette grippe A soit bien en deça des fameuses statistiques très officielles et particulièrement de la grippe saisonnière.
Parmi les lecteurs de ce blog pourra t-il y avoir quelques experts pour nous donner leur avis éclairé…
J’y vois deux raisons toutes simples :
– La première est la météo fort clémente pour la saison; des températures bien en dessous des normales saisonnières. L’an dernier l’hiver a duré près de 5 mois même en Provence.
– La seconde est tellement simple qu’elle est peut-être sujette à caution. Pourtant, je vois bien que les habitudes de la famille, amis et collègues de travail ont changé. Tout le monde se lave les mains plus que la normale et donc contribue à la non-prolifération des virus, bactéries et autres « cochonneries » en tout genre.
Je voyage pas mal entre la provence et la région parisienne. D’habitude, dans le train en cette saison, des nez se mouchent, des bouches toussent… Là, rien ou si peu, tellement peu que cela en est même surprenant !
Coïncidences ? Pourquoi pas…
Mais en période pandémique on en est à se poser pas mal de questions sur les fondements de tout ce tapage médiatique et politique autour de l’interrogation : « Bon sang mais, comment vont-ils faire pour écouler tout ce stock de vaccins pour 90 million de personnes? »
Bonne journée.
Emmanuel.
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Je ferai donc mon Mea culpa à propos de l’article d’Agoravox : j’ai posté l’information un peu vite sans prendre le temps de vérifier .
Ce que dit l’article , tant concernant l’initiative supposée d’Igor Barinov, que les éventuelles investigations que le gouvernement néerlandais s’apprêterait à conduire à l’encontre du Dr Ab Osterhaus ne me semblaient pas tendancieux .
L’auteur ne cachait pas ses réserves par rapport à l’information qu’il relayait et développait : « Certes, on prendra avec prudence cette annonce, relayée du reste par nombre de « sites conspirationnistes ». De plus, la Russie enquêtant sur une corruption, cela prête à sourire. » Position tactique,sincère ? Innocence irresponsable ……? Je ne saurais dire . En ce qui concerne le coeur de l’info : » un député a « demandé qu’une investigation fasse la lumière sur les liens financiers entre les experts de l’OMS en charge de la pandémie grippale et les firmes pharmaceutiques » …une recherche matinale ne mène effectivement à aucun site fiable .
Concernant Albertus Dominicus Marcellinus Erasmus [sic?] Osterhaus et la procédure envisagée par le gouvernement hollandais, là encore , je n’ai rien trouvé . En octobre le Parisien rapportait que des députés avaient demandé à ce qu’il soit entendu par une commission d’enquête : je n’arrive pas à savoir si cette demande a abouti .
Mais ce qui aura motivé le plus votre décision c’est la promotion indirecte de son livre par un auteur dont les partis pris ( qui ne me semblent pas évidents dans le texte) et les qualifications ne vous semblent pas gage de crédibilité . Pour une information plus pointue, avec des enjeux certains ,sans doute aurais-je réagi comme vous; en la matière cela ne m’a pas arrêté .[Mais s’il n’y avait pas d’enjeux, fallait-il poster…?]
Concernant le site de Mr Girard -si vous pensiez à moi à ce propos -il m’avait semblé important d’apporter justement une réponse raisonnable à quelqu’un qui criait à la censure d’Etat !
Mais ma présente intervention ressemble à un fil de forum : des vacances me feront du bien .
Cordialement
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Quel magnifique travail de documentation.
Si utile quand il devient si difficile de défendre une vérité lorsque la panique déclenchée par le matraquage médiatique inoui que nous subissons pousse les premiers moutons à se jeter à la mer.
Merci.
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L’intérêt d’un vaccin efficace, c’est d’avoir un bénéfice avec une probabilité de plusieurs ordres de grandeur supérieur aux risques de la maladie, et de la vaccination. Pour la grippe 2009 et les vaccins proposés en masse selon des procédures exceptionnelles, des objections pertinentes, rationnelles, et argumentées ont étés formulées tant par des experts que par cet excellent blog qu’est « pharmacritique ». Mieux, même les pires sites conspirationistes de « fadas » ont joué un rôle utile en compilant indifféremment des liens pertinents et d’autres qui ne l’étaient pas. Indépendamment des théories qu’ils prônent, ils ont répercutés des informations qui autrement seraient le plus souvent passées inaperçus dans l’hystérie médiatique ambiante. Non, le vrai problème NE vient PAS d’Internet : le vrai problème est l’abolition de tout discernement critique et de tout raisonnement scientifique dans l’immense majorité des médias AUTRES qu’Internet !!! Loin d’avoir été néfaste, Internet aura permis à nombre de citoyen de vous lire, vous et d’autres sites qui prennent eux aussi la peine de savoir de quoi ils parlent, de vérifier et recouper leurs sources, et enfin de les citer correctement. N’était-ce pas là, naguère, les bases du journalisme ? Alors si Internet peut ainsi prendre la relève d’un « quatrième pouvoir » défaillant, tant mieux ! Et ce ne sont pas quelques sites de fadas qui empêcheront qui que ce soit d’apprendre à retrouver le chemin du rationalisme scientifique, avec ses doutes et ses méthodes, pour s’informer là où la qualité de l’information n’est pas oubliée au profit d’états d’âme de « journalistes ». C’est peut-être inquiétant pour les personnels de médias traditionnels, mais c’est plutôt rassurant que la diversité de l’Internet, avec ses excès qui sont ceux de la vie, ni plus ni moins, ait permis aux données de l’hémisphère sud de circuler largement quand le Pr Flahaut envisageait encore publiquement (au début de l’été) un taux d’attaque de 50% de la population, par exemple …
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Pas bien compris cette info, pas trouvé de traduction du pdf ni aucune info sur le Paul-Ehrlich-Institut.
* * *
15 décès survenues en rapport temporaire avec Pandemrix en Allemagne
(…) « A la période annonce (NB semaine 44 jusqu’à 48) ont été annoncés à PEI à 658 personés avec des des réactions indésirables probables après la vaccination avec Pandemrix et une annonce après la vaccination avec Celvapan
PES a reçu dans la période du 26.10.2009 jusqu’à 26.11.2009 des annonces concernant le décès de 15 patients, en âge de 21 mois jusqu’z 92 ans, décès survenues en rapport (liaison) temporaire avec une vaccination avec Pandemrix. »
Source :http://www.pei.de/cln_180/nn_1721690/SharedDocs/Downloads/verdachtsfallbericht-4,templateId=raw,property=publicationFile.pdf/verdachtsfallbericht-4.pdf
Mais pour quoi ne parle-t-on de ces effets indésirables ici, en France ?
http://sinformeravantvaccination.blogspot.com/
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En transit, j’interromps brièvement mes vacances, pour attirer votre attention sur l’European Scientific Working group on Influenza , un groupe de scientifiques travaillant donc sur la grippe et qui se présentent comme indépendants ( de l’industrie ) :
On gagnera à lire leur site, et particulièrement : http://www.eswi.org/who-are-we/eswi-a-partnership …où je relève d’abord :
« ESWI is a partnership organisation of 20 not-for-profit organisations, institutes and public health authorities (including WHO, ECDC, Robert Koch Institut, ERS, WONCA and many universities) and the pharmaceutical sector involved in influenza (manufacturers of influenza vaccines and antiviral drugs). »
Comme garantie d’indépendance vis à vis de l’industrie , un code de bonne conduite est mis en avant, dont j’ignore l’efficacité en la matière :
As a matter of fact all sponsoring companies operate according to the IFPMA Code of Pharmaceutical Marketing Practices which imposes strict and clear requirements on pharmaceutical companies, to ensure the ethical promotion of their products to health care professionals.( Pharmacritique ou ses lecteurs porraient éclairer ce point ?)
On peut aussi relever :
public health authorities like WHO and ECDC have established an intense collaboration with ESWI.
[le ECDC Centre Européen pour la Prévention et le Controle des Maladies : http://www.ecdc.europa.eu/en/Pages/home.aspx « WHO Regional Office for Europe (WHO/EURO), have tasks and responsibilities bordering the mandate of ECDC, »]
Enfin , cerise sur le gâteau :
« Today, European media tend to ‘downgrade’ the pandemic to a normal seasonal flu epidemic in terms of morbidity and death. As a consequence, many ESWI members are being criticized. However….Therefore ESWI and its members will continue to advise public health authorities to prepare for the worst. »
Comment comprendre cette déclaration ? Faut-il lire que l’ESWI travaille sur plusieurs scénarios , envisageant les situations des plus banales aux plus dramatiques – comme il est du devoir de toute institution responsable- ou bien ne travaille-t-elle qu’à préparer les autorités au pire des scénarios …?
A la tête de l’ESWI se trouve…Dr A.D.M.E. Osterhaus .
Mon attention avait été attirée vers l’ESWI en cherchant des infos sur le Dr Roman Prymula ( membre du ECDC management board, président du Central European Vaccine Advisory Board (CEVAG)) à propos de l’article suivant http://gulfnews.com/life-style/health/paracetamol-dampens-infant-vaccine-effect-1.515643 « Giving paracetamol to babies to prevent fever after routine vaccinations may reduce the effect of the shots themselves, »…
Mon avion a du retard, alors un dernier pour la route :
Sur le CEVAG cf: http://www.cevag.org/about.php ; on peut consulter la liste des participants où l’on trouve , comme external consultant ,le Dr Francis André : »Towards the end of his career, he became a senior medical adviser and scientific ambassador on new vaccines being developed by GSK. »
bye bye
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Des chercheurs de l’université de Cornell (John Moore en particulier) défendent le discours du Pr. Montagnier en indiquant qu’il n’est pas subversif.
http://snoutworld.blogspot.com/2009/12/more-lies-from-brent-leung.html
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Bonjour Pharmacritique,
J’apprécie beaucoup vos articles, et la documentation pointue et très bien référencée qui les étaye habituellement; dans le cas de l’impressionnante flambée conspirationniste qui fleurit sur le web, je suis un peu déçue que vous ne citiez pas l’incident de février 2009 qui est à son origine, c’est-à-dire l’envoi par Baxter à une firme autrichienne puis à des sous-traitants tchèques, slovènes et allemands de 72 kg de matériel viral contenant le virus saisonnier H3N2 associé à du H5N1 vivant. Il est impossible de contester que ce mélange viral constitue un moyen optimal d’obtenir un H5N1 transmissible à l’homme par réassortiment, et donc de produire une pandémie grippale aviaire aux conséquences redoutables.
Heureusement, ce matériel a été testé en Tchéquie, et son résultat un peu affolant est paru fugitivement dans la presse, tchèque et canadienne principalement; le porte-parole de Baxter a admis le fait, précisant qu’il s’agissait d’une erreur humaine, que les 13 personnes ayant été au contact du matériel contaminé étaient indemnes, traitées et surveillées et que le secret industriel lui interdisait de donner plus de précisions.
Bien que les autorités européennes de santé (ECDC) soient chargées d’étudier ce dossier, nous ne savons rien de plus à ce jour de ce qui a pu permettre qu’un laboratoire de niveau 3 commette une erreur aux conséquences aussi redoutables, d’autant que ce fait se trouve amalgamé et enfoui dans le délire conspirationniste, et donc assimilé à un hoax pour quiconque le lirait et ne se donnerait pas la peine de l’approfondir.
Quelques liens sur le sujet:
http://scienceblogs.com/effectmeasure/2009/02/questions_about_bird_flu_conta.php
http://socioecohistory.wordpress.com/2009/03/07/live-avian-flu-virus-placed-in-baxter-vaccine-materials-sent-to-18-countries/
http://www.pandemiedegrippe.com/2009/03/01/le-vaccin-contre-la-grippe-de-baxter-contenait-les-virus-h5n1-et-h3n2/
Je serais très intéressée par votre analyse de cette invraisemblable erreur et la façon dont elle a été traitée, car je suis totalement perplexe..
Je trouve en tout cas très inquiétant que des laboratoires manipulent des matériels aussi dangereux et puissent commettre de semblables bourdes sans avoir de comptes à rendre..
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En réponse à votre commentaire suivant:
« Que l’on pense aux foules déchaînées de parents d’enfants autistes soutenant le Dr Andrew Wakefield, qui s’est fendu d’une théorie selon laquelle le vaccin contre la rougeole serait responsable de l’autisme, et ce sur la base de 12 cas… Ca alors, c’est de la science, un vrai modèle d’evidence-based medicine (médecine fondée sur le niveau de preuve) !
Il semblerait que le bon docteur Wakefield ait arrangé un peu les dossiers des enfants, mais c’était pour la bonne cause. Parler de biais, c’est être dans le registre de la science, qui n’a pas cours dans ce déchaînement d’affects. Et pourtant, il s’agit pour le moins d’un biais d’autoconfirmation ou de validation d’hypothèse: inconsciemment, les chercheurs aident un peu les résultats qui s’entêtent à ne pas pointer dans la bonne direction. »
Je me permets de vous mettre le lien suivant –
http://goldenhawkprojects.blogspot.com/2010/04/dr-andrew-wakefield-in-his-own-words.html
La presse a beaucoup parlé à la place du Dr Wakefield – en terme négatifs préférablement – sur le lien ci-dessus plusieurs vidéos vont être postées tout au long du mois d’avril, dans lesquelles il répond à des questions concernant son audience face au GMC et les différents forfaits dont il est accusé.
Sur ce lien, je recommande aussi de visionner « Brian Deer and the GMC (Selective Hearing) » – Brian Deer, un journaliste au Sunday Times (dont le propriétaire James Murdoch est membre de la direction de GSK) était l’unique accusateur et plaignant auprès du GMC. Il est le journaliste qui en 2004 avait été chargé de trouver quelque chose de « gros » sur le MMR par l’éditeur à l’époque du Sunday Times, Paul Nuki. Le père de ce dernier, le Professeur George Nuki faisait partie du groupe décisionnel qui avait choisi en 87 d’imposer le vaccin MMR de GSK, Pluserix alors qu’il était déjà retiré de la circulation dans d’autres pays parce que dangereux.
Hier, le Dr Wakefield a été radié du registre des médecins et a perdu son permis d’exercer la médecine ainsi qu’un de ces collègues, J Walker-Smith.
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il y a deux choses qui m’interpellent tout de même :
1) qu’on ne parlent pas des victimes du vaccin de l’hépatite b reconnu a l’origine de scléroses en plaques .
2) qu’il y ai des pays comme l’Allemagne qui propose un vaccin différent pour la population et un autre pour pour les militaires et l’administration.
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