Depuis 2011, j’ai publié une dizaine de traductions de textes du chirurgien états-unien Dr David Redwine, avec sa permission (catégorie « endométriose« ). D’autres sont dans les tiroirs. Ils abordent les informations indispensables sur l’endométriose que je diffuse depuis le début des années 2000. Les originaux ainsi que beaucoup d’autres écrits sont sur son site Endopaedia.
Ce texte détaille une dimension essentielle : l’inefficacité et les risques des différentes techniques (avec divers instruments) de chirurgie d’ablation. Outre l’électrocoagulation, il parle du laser, mais le raisonnement s’applique à tous les instruments, par exemple à l’ablation par PlasmaJet / chirurgie à l’énergie plasma au gaz argon.
Partant de la mülleriose, des restes embryonnaires, partant des incohérences théoriques et de l’inefficacité des traitements médicamenteux et chirurgicaux basés sur les fausses théories, le Dr David Redwine a tout remis en cause et passé sa vie au service de cette cause. En 1987, il écrivait déjà que l’endométriose devrait s’appeler mülleriose (Mülleriosis Instead of Endometriosis), puisqu’elle constitue l’une des anomalies congénitales rassemblées sous ce terme. Référence aux canaux de Müller: les voies de différenciation et de migration des cellules dans l’organogenèse du fœtus. « Mülleriose : la seule théorie cohérente de l’origine de l’endométriose », titrait David Redwine dans l’article historique de 1988, traduit sur cette page.
La conception de la cause – et donc de l’évolution / histoire naturelle de l’endométriose – détermine toute la suite. Le traitement proposé à chaque malade découle directement de la façon de chaque médecin de concevoir cela.
Si vous choisissez un gynécologue médical ayant les conceptions des Drs Jean Belaisch, Michèle Lachowsky, Pierobon et d’autres, vous serez culpabilisée et ramenée à chercher dans votre passé le traumatisme (surtout sexuel mais le Dr Jean Belaisch parle même d’une fessée ou d’un divorce) qui serait la cause de douleurs psychogènes, symptômes de somatisation. Ce qui renvoie directement aux théories psychosomatiques tirées des élucubrations sexistes, misogynes et gynophobes de la psychanalyse, culminant avec les inepties de névrose traumatique forme d’hystérie appliquées par le psychanalyste lacanien Jean-Michel Louka à l’endométriose comme à la prostitution (car la structure psychique serait la même) et à « un nombre potentiellement illimité de maladies » subies par les femmes.
Avec un tel gynécologue comme avec les généralistes et/ou les chirurgiens et autres médecins sous influence, vous aurez un « traitement empirique » jusqu’à la ménopause, empirique voulant dire médicamentation automatique sans chercher le diagnostic. Et après un diagnostic, même un chirurgien spécialisé ne cherchera pas à chercher toutes les localisations et les éradiquer par exérèse radicale conservant les organes, qui doit être pratiquée en dehors et à distance de tout traitement hormonal pour maximiser la visibilité donc les chances de succès. Un chirurgien adepte du reflux menstruel, il pratiquera ce que l’on appelle en France « chirurgie conservatrice », c’est-à-dire ablation des endométriomes (« kystes » des ovaires) et une ablation ou tout au plus une exérèse partielle par shaving ou exérèse discoïde qui sera affichée comme complète. Avec « traitement » hormonal préopératoire par un agoniste de la GnRH (Enantone / Lupron, Decapeptyl…) et avec soit un contraceptif continu soit un progestatif tel Luteran, Mirena, Visanne en post-opératoire. Une pause sera faite pour les hormones dans la procréation médicalement assistée, soit à nouveau Decapeptyl ou Enantone pour « assécher l’endométriose » et contrôler l’ovulation, suivi des autres médicaments.
La plupart des écrits du Dr David Redwine est très accessible. Les textes abordent toutes les dimensions essentielles de l’endométriose et ses traitements, dont le seul traitement efficace et offrant une chance de guérison, à savoir l’exérèse radicale conservant les organes. Cette chirurgie agressive que les profiteurs de l’endobusiness cherchent à discréditer pour les raisons et selon les modalités maintes fois exposées sur mes blogs.
Le Dr David Redwine démonte les dogmes fondamentaux composant l’évangile intangible de l’endométriose. Il faut les connaître parce qu’ils fondent toutes les formes de business, à commencer par le cercle vicieux de pseudo-traitements hormonaux, de chirurgies partielles, inadaptées et mal faites puis d’autres traitements de suppression des règles. Le texte traduit ici démonte la chirurgie d’ablation, qui comporte plusieurs techniques de destruction thermique inefficaces. Attention aux termes, car en France, l’exérèse conservatrice telle que prônée par le Pr Horace Roman est pratiquée sous médicaments (surtout le Decapeptyl, au vu des conflits d’intérêt avec IPSEN), associée systématiquement à l’ablation des « kystes » de l’ovaire, pratiquée par Plasma Jet qui est un instrument thermique très semblable au laser CO2 critiqué par le Dr David Redwine.
Cette « exérèse conservatrice » à la Horace Roman est censée réduire les risques de troubles fonctionnels, urinaires, sexuels et /ou digestifs ano-rectaux, par rapport à l’exérèse radicale défendue par David Redwine. Or toutes les études comparatives, et notamment des essais cliniques de bonne qualité, ont montré que les troubles fonctionnels ne diminuent pas avec l’exérèse conservatrice. Ils sont les mêmes qu’avec l’exérèse radicale conservant les organes. Par contre, les essais cliniques ont aussi prouvé à nouveau ce que l’on savait déjà : il y a nettement moins de « récidive » après une exérèse radicale. Il ne s’agit pas de « récidive » mais de persistance de l’endométriose laissée en place parce que moins visible à cause des médicaments pré-opératoires, parce que pas excisée en totalité, etc.
Tout cela, le Pr Horace Roman le savait parfaitement puisque ses propres travaux ont montré entre 2007 et 2009 que le shaving laisse en place des lésions d’endométriose dans plus de 89% des cas. Le shaving ne doit pas être diabolisé ni déformé. C’est bien une nodulectomie complète, et il n’a rien à voir avec les images véhiculées par Anne Steiger utilisant mon travail de façon erronée : le rasage d’un poil qui laisserait la racine en place, l’iceberg, etc. Il faut rectifier la désinformation amenée, sur cet aspect comme sur tant d’autres, par le livre de 2018 de Anne Steiger avec « relecture attentive » par Marie-Rose Galès qui le promeut massivement: « Une araignée dans le ventre. Mon combat contre l’endométriose » (Autrement 2018).
N’en déplaise à la fantaisie de ces deux autrices, le shaving est bien une forme d’exérèse et un progrès technique, une chance supplémentaire dans les mains d’un bon chirurgien. Le shaving tient ses promesses, et il n’aggrave ni ne renforce en rien l’endométriose. Faire peur avec de telles allégations est peu responsable. Surtout avec la multitude de détails donnés, qui sont en fait à l’opposé de la réalité. Par exemple, Anne Steiger / Marie-Rose Galès citent le chirurgien états-unien Dr John Dulemba contre le shaving alors que ce dernier est celui qui promeut le plus le shaving et ne fait que du shaving.
J’ai repris et développé mes critiques du shaving sur des dizaines de pages, avec des références, citations, traductions et arguments scientifiques, dans mon livre ouvert de janvier 2017. Il est question de la nature multifocale et multicentrique de l’endométriose. Une lésion a plusieurs centres et chaque centre est entouré de plusieurs foyers. Dans le shaving, le nodule est a priori complètement excisé sans ouvrir le côlon ou autre organe, mais s’il n’y a pas de résection segmentaire de tout un fragment de l’intestin ou de la paroi vésicale, etc., les nodules d’à côté restent en place.
C’est la résection segmentaire qui est l’exemple même de la chirurgie d’exérèse complète dont parle le Dr David Redwine. C’est la seule technique, radicale et agressive, en mesure d’éradiquer l’endométriose et de permettre la guérison évoquée.
Or Anne Steiger / Marie-Rose Galès excluent la résection segmentaire et la qualifient même d' »ablation ». Ce qui est un contre-sens et de la désinformation. La description qu’elles font de ce qu’elles pensent être l’exérèse complète à promouvoir, correspond en fait au shaving : « creuser délicatement » autour du nodule et l’exciser sans couper un fragment de l’organe concerné, pour pouvoir reconstruire facilement l’organe…
Non. L’exérèse complète à la David Redwine est agressive, et il la qualifie explicitement d’agressive. C’est cette chirurgie rejetée comme « mutilante » parce qu’elle est mal faite et que les influenceurs ne font pas la différence et contribuent à la perpétuation des informations incorrectes. Ce qui a favorisé la régression thérapeutique constatée en France et contre laquelle j’ai mis en garde en détail dans mon livre en libre accès, à partir du travail du Dr David Redwine et des autres références scientifiques.
Cette chirurgie ne « creuse pas délicatement » tout autour pour exciser seulement le foyer d’endométriose. Non, elle coupe autant que possible, non seulement la lésion mais aussi du tissu sain tout autour. C’est l’exérèse à marges saines inspirée de la chirurgie du cancer, comme je l’ai exposé maintes fois depuis au moins 15 ans, en reprenant les explications du Dr David Redwine, du Pr Marc Possover, des Drs Harry Reich, Tamer Seckin, Dan Martin et d’autres. J’ai cité des références issues de la chirurgie oncologique et d’autres interventions chirurgicales, sur la question des marges saines et sur d’autres questions tout aussi importantes telles que les plans de clivage, l’importance de l’inflammation en surface, l’impératif d’une opération en dehors et à distance de tout traitement hormonal, etc. En donnant les raisons qui expliquent pourquoi l’agressivité (exérèse radicale) est indispensable dans la chirurgie de l’endométriose, pourquoi il est indispensable de la faire sans médicaments préalables (même pas un contraceptif cyclique) et par un chirurgien très expérimenté, pourquoi toute prise d’hormones induit des risques que la chirurgie fasse des dégâts, surtout sur les ovaires, etc. Par exemple, sous médicaments, les plans de clivage sont moins nets, parce que les médicaments créent de l’atrophie (et accentuent la fibrose) donc les contours d’une lésion sont beaucoup moins visibles. Et la fibrose peut toucher des vaisseaux sanguins et/ou des nerfs et plexus nerveux, donnant des douleurs neuropathiques et symptômes neurologiques. À couper dansddes tissus peu différenciés, le chirurgien risque d’emporter soit trop soit pas assez. Il y a beaucoup d’autres problèmes impossibles à résumer ici mais qu’il faut connaître (voir les autres textes).
Il faut faire l’effort de lire et de comprendre, allant par-delà les vulgarisations et simplifications erronées et des absurdités véhiculées par des influenceurs qui n’ont à l’évidence pas les connaissances ne serait-ce qu’anatomiques de base et compensent par la fantaisie. Puis la machine publicitaire se met en marche et la promotion est faite carrément comme source scientifique, enquête, alerte (!) et militantisme pour l’émancipation par la connaissance. Anne Steiger illustre à merveille la puissance de l’industrie de l’endométriose qui recycle en militante pour les droits des femmes une journaliste de l’industrie pornographique ayant humilié femmes et hommes, épinglée pour misogynie par les féministes et qui ne dit pas un mot du passé consistant à pratiquer elle-même toutes les pratiques. Qu’elle ne commence à dénoncer que lorsqu’elle décide de vendre une nouvelle version de son histoire. Facile de « [s]’improviser technicienne ». Mais on voit ce que cela donne…
Et puis, il y a l’effet Duning Krüger que Anne Steiger dénonce chez d’autres influenceurs sans réaliser que son livre l’illustre très bien. C’est la prétention de connaissances et de critique, avec un massacre des informations scientifiques, dans les faits. Les erreurs, contradictions, absurdités et contre-sens sont tellement nombreux qu’il devient même impossible de corriger sans reprendre tout un livre. Il suffira de payer des avocats pour faire disparaître les écrits contredisant la nouvelle histoire. Avoir de l’influence sur les réseaux sociaux, bloquer quiconque rappellerait les faits, etc.
L’effet des erreurs et de l’imagination qui compense est carrément comique par endroits. Mais tragique pour les malades qui lisent des descriptions contraires à l’anatomie de base, aux sources (oubliées ou prises à contre-sens), contraires aux spécificités du système de santé et donc contraires aux critères de choix d’un chirurgien. La désinformation a des conséquences, par exemple quand les influenceurs disent que l’exérèse radicale conservant les organes ne serait ni pratiquée ni possible en France, que la fibrose serait la mort naturelle (!) de l’endométriose alors que la fibrose est une composante de base de toute lésion et en permet l’identification : glandes et stroma, tissu fibreux.
De telles erreurs et fantaisies sont nombreuses, et c’est l’une des raisons pour lesquelles, après avoir milité en donnant des informations depuis le début des années 2000, j’ai fait et posté directement des traductions de textes entiers et de fragments des travaux du Dr David Redwine, de la Cochrane Collaboration, Pr Marc Possover, Drs Harry Reich, Fedele, Busacca, Volpi, Martin, etc. Mon livre ouvert sur l’endométriose est en libre accès pour permettre l’accès aux informations, données en libre accès par Redwine, Possover et d’autres.
Acheter un programme et/ou un livre pour avoir une copie incorrecte des informations disponibles ouvertement sur internet, cela ne fait que renforcer l’industrie de l’endométriose.
Vendre à des personnes en souffrance est typique du complexe communicationnel / publicitaire que j’ai mentionné comme le troisième pilier de l’industrie de l’endométriose, avec le complexe médico-pharmaceutique et le complexe naturo-psycho-holistique.
Contrer la désinformation, voilà pourquoi j’ai affronté directement le Dr Jean Belaisch et l’association EndoFrance qui l’a promu de 2002 jusqu’en 2012. J’ai exposé en détail cette confrontation de 2007 à 2011, culminant par les longs échanges écrits (accessibles sur cette page) puisqu’elle donne accès aux deux positions opposées qui prédominent jusqu’à aujourd’hui : les positions du Dr David Redwine (reprises et développées par moi) versus les positions du Dr Jean Belaisch continuées à peu près par le Pr Horace Roman. Chaque position étant argumentée et référencée.
Les informations scientifiques correctes sont en libre accès, par la bonne douzaine de textes du Dr David Redwine traduits sur ce blog comme par les centaines de références scientifiques (environ 250 dans mon livre ouvert) et les centaines de pages en libre accès sur mes deux blogs et partout où j’ai posté.
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Tous les textes parlant exclusivement d’endométriose parus sur Pharmacritique sont accessibles en descendant sur cette page (catégorie « endométriose »). Les divers sujets tels que causes, symptômes, diagnostic, traitement par exérèse radicale conservant les organes, mauvais traitements, psychologisation, complexe naturo-psycho-holistique, conflits d’intérêt, etc. sont abordés aussi sur le blog de l’association de victimes AVEAG que j’ai fondée en 2006 (victimes d’Enantone, Decapeptyl et les autres agonistes de la GnRH, dans toutes les maladies). De même que sur les listes de discussion, les forums et partout où j’ai pu intervenir.
A la fin des années 90, il n’y avait en français aucune information scientifique indépendante. C’est en cherchant en anglais et en allemand que j’ai découvert les conceptions du Dr David Redwine et du Pr Marc Possover ainsi que les informations sur les effets indésirables des médicaments. C’est une fierté de n’avoir jamais diffusé les dogmes ni contribué à l’industrie de l’endométriose. Il fallait apporter l’information sur l’exérèse radicale conservant les organes, combattre la psychologisation et tous la les mauvais traitements, nommer les fautifs et analyser les stratégies de désinformation et de communication d’influence responsables de la marchandisation et de la chronicisation.
Sur Pharmacritique, il y a 813 articles actuellement dont une vingtaine à la catégorie « endométriose« . Mais cette catégorie fait environ 600 pages, sachant que certaines composantes de cette industrie et du yellow-washing sont souvent abordés et donnés comme exemples dans des textes d’autres catégories. Mon livre ouvert de 2017 (avec mises à jour jusqu’en février 2018) refait une synthèse des informations scientifiques, avec environ 250 références, ainsi que de mon approche globale de l’industrie de l’endométriose chronicisée. [Elena Pasca]
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Présentation du Dr David Redwine et de Nancy Petersen, les premières références qui m’ont ouvert les yeux
L’original en anglais est sur cette page du site Endopaedia, sous le titre Should laser vaporization and electrocoagulation of endometriosis be banned? Le site Endopaedia donne tous les travaux du Dr David Redwine en libre accès, organisés par thèmes.
J’ai fait une première présentation détaillée des conceptions et des écrits du Dr David Redwine dans l’introduction d’une traduction de 2011; puis j’ai traduit sur cette page la présentation détaillée figurant sur Endopaedia, suivie de deux textes critiquant la théorie de Sampson sur le reflux menstruel qui serait la cause d’une endométriose forcément chronique et progressive. Voici un extrait. Endopaedia publie une liste de livres dont il est auteur et co-auteur, ainsi qu’une liste des nombreux articles et prises de position.
« Il est très vite arrivé à la conclusion que ce qu’on lui avait enseigné à l’école de médecine n’avait que peu de rapport avec la réalité de l’endométriose et encore moins avec la façon optimale de la traiter. Une fois les manuels médicaux mis de côté, il a développé de nouvelles conceptions sur la maladie et sur son traitement efficace : l’exérèse complète de toutes les localisations partout dans le corps. À partir de sa petite pratique dans le Bend rural, son travail et ses idées ont lentement mais sûrement commencé à attirer l’attention de la communauté médicale au sens large, et ils sont aujourd’hui reconnus par les leaders du domaine en tant que référence en matière de traitement efficace de l’endométriose. (…)
Avec Nancy PETERSEN, infirmière diplômée d’Etat, qui travaillait à l’époque comme infirmière dans le même hôpital et qui souffrait également d’endométriose, l’Oregon Institute of Endometriosis a été fondé en 1987, et le Dr Redwine a commencé à recevoir des patients venant de l’extérieur de l’Oregon. En 1988, il recevait un tel volume de patientes atteintes d’endométriose qu’il a décidé d’abandonner complètement sa pratique d’obstétricien afin de se consacrer au traitement des femmes atteintes de cette maladie. L’institut a par la suite été salué dans le monde entier, (…) il a reçu de nombreuses distinctions et a été classé parmi les meilleurs programmes du pays en matière de santé des femmes ».
La dernière photo montre David Redwine aux côtés de l’excellente Nancy Petersen, qui a toujours été un modèle pour moi, depuis que j’ai commencé à échanger avec elle en 2002-2003. Infirmière de bloc aux côtés de David Redwine pendant ses chirurgies, elle a souffert elle-même d’endométriose. Après plusieurs pseudo-traitements et chirurgies inefficaces (incluant une hystérectomie), elle souffrait toujours, jusqu’à l’intervention pratiquée par le Dr David Redwine. Ils ont conçu ensemble le programme de traitement à l’Institut.
Nancy Petersen co-organise des événements tels que des rencontres avec des spécialistes, publie beaucoup sur les réseaux sociaux et tient un groupe Facebook appelé Nancy’s Nook, qui propose des informations pour nous éduquer nous-mêmes par la lecture. Elle est bénévole à Endometriosis Research Center, l’une des premières organisations internationales avec laquelle j’ai échangé au début des années 2000.
Elles m’ont apporté beaucoup de soutien moral au moment de ma campagne (très difficile) contre la psychologisation de l’endométriose, sous l’influence de la psychanalyse qui la réduit à l’hystérie, à travers une névrose traumatique due à des incestes refoulés. Voir cet article évoquant la campagne et les thèses du psychanalyste Jean-Michel Louka, qui contient la traduction d’un texte du Dr David Redwine appelé « Endométriose, politique et ignorance ou Le choix de Sophie ». Ou encore cet article relatant la longue bataille contre l’influence du Dr Jean Belaisch (y compris sur EndoFrance), contre les thèses sexistes, misogynes et gynophobes allant de la psychanalyse (et d’autres sources) vers une médecine à la misogynie fortement enracinée.
Grevés de préjugés et clichés venant souvent de la religion (comme l’explique Guy Bechtel), les médecins soumettent les femmes souffrant d’endométriose (et d’autres maladies) à des mauvais traitements, dans tous les sens du terme, rajoutant la maltraitance banalisée, donc une torture morale et psychique en plus des souffrances physiques dues à la maladie. Là encore, je défends et développe les conceptions du Dr Redwine et du Pr Marc Possover contre celles de l’influent Dr Jean Belaisch, et nous en débattons d’une façon qui montre ses préjugés et biais misogynes, paternalistes, mais aussi les techniques habituelles d’influence et d’infériorisation. Il renvoie lui aussi souvent à David Redwine mais incarne les positions totalement opposées, jusqu’à la caricature.
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FAUT-IL INTERDIRE LA VAPORISATION AU LASER ET L’ÉLECTROCOAGULATION DE L’ENDOMÉTRIOSE ?
Par le Dr David Redwine
« Cette question semble insensée. Pourquoi interdirait-on deux formes de traitement chirurgical utilisées dans le monde entier ? Les réponses sont simples et convaincantes :
1. Aucune des deux n’a été validée comme étant efficace dans l’éradication ou la diminution de l’endométriose.
Pour pouvoir valider l’efficacité dans l’éradication ou la diminution de l’endométriose, un examen systématique de l’étendue de la maladie est nécessaire avant et après chaque traitement chirurgical. En d’autres termes, au moins deux interventions chirurgicales sont nécessaires pour valider l’efficacité d’une méthode chirurgicale (ou d’un traitement médical, d’ailleurs). Lors de la première opération, l’étendue de la maladie est mesurée, puis la technique chirurgicale est appliquée. Lors de la deuxième opération, l’étendue de la maladie est mesurée et comparée à celle constatée lors de la première intervention.
La vaporisation au laser et l’électrocoagulation sont toutes deux utilisées depuis plus d’un quart de siècle, et pourtant, nous ne savons toujours pas quelle est leur efficacité respective dans l’éradication de l’endométriose. Il est scandaleux que ceux qui promeuvent ces traitements ignorent la question de l’efficacité. Les études publiées n’ont mesuré que la réponse aux symptômes, et non la réponse de l’endométriose elle-même.
2. Les deux sont contraires au bon sens chirurgical.
L’endométriose peut être une maladie très invasive. Dans certains cas, de l’endométriose fibrotique peut être localisée jusqu’à 3 cm sous la surface visible, avec des volumes sphériques nodulaires impressionnants à la clé. L’endométriose est capable d’envahir l’intestin, la vessie et l’uretère; elle peut être associée à une fibrose qui enveloppe des structures tubulaires dans le pelvis, y compris les artères, les veines et les uretères. Lors d’un traitement chirurgical, il est nécessaire de séparer les tissus sains des tissus malades. Il est inconcevable qu’un chirurgien puisse espérer traiter complètement et en toute sécurité une telle maladie en pointant [un faisceau de] lumière ou en pulvérisant des électrons sur sa surface. Cela va à l’encontre du simple bon sens.
3. Pour le chirurgien qui les utilise, les deux techniques ont pour résultat de [modifier la perception de l’endométriose] en convertissant toutes ses manifestations en une endométriose superficielle.
C’est un corollaire du n° 2. Le chirurgien qui utilise la vaporisation par laser ou l’électrocoagulation pour traiter l’endométriose a peut-être conscience de son potentiel invasif mais, voulant échapper au reproche de traitement incomplet de lésions profondes, ils se convaincront eux-mêmes, à tort, que la maladie qu’ils traitent est assez superficielle, en fin de compte, et qu’ils pourront la détruire en pointant un faisceau de lumière à sa surface ou en la pulvérisant d’électrons.
4. L’électrocoagulation n’a jamais été décrite dans la littérature médicale, donc personne ne peut la reproduire [pour en mesurer et comparer l’efficacité]
Pour qu’un chirurgien puisse utiliser l’électrocoagulation de manière reproductible, il devrait savoir plusieurs choses, notamment
- Le type de générateur électrochirurgical utilisé ;
- Les réglages de puissance ;
- Le type d’électrode active ;
- Le mode d’utilisation de l’électrode ;
- Le critère (endpoint) visuel final qui indique la complétion du traitement.
Aucun article sur l’électrocoagulation ne contient tous ces détails. Pour l’utiliser, un chirurgien doit soit bricoler lui-même une liste de spécifications, soit, plus communément, se mettre à faire de l’électrocoagulation en espérant que cela marche.
Même si la vaporisation au laser a été décrite de façon plus détaillée, il n’y a toujours pas de publication décrivant une technique de traitement complet de toutes les lésions profondes.
5. L’utilisation des deux dépend beaucoup trop des opinions des chirurgiens.
a. Qu’est-ce que l’on traite ?
Aucune des deux techniques consistant à pointer un faisceau de lumière sur la surface d’une lésion ou à la vaporiser d’électrons ne permettent d’extraire de quoi faire un examen anatomopathologique. Dans certains cas, la surface en question n’est pas de l’endométriose mais un cancer, ou [des résidus de] carbonisation ou du tissu cicatriciel provenant de traitements antérieurs.
b. Le traitement est-il complet ?
Les chirurgiens qui utilisent ces techniques n’ont aucun moyen objectif de s’assurer que les lésions d’endométriose ont été éradiquée en intégralité, quelles que soient leur étendue et la profondeur de l’infiltration. De façon occasionnelle, notamment s’agissant d’une lésion extrêmement superficielle, un chirurgien arrive à bien estimer la précision de ce traitement par photons ou électrons. Mais le jugement est beaucoup plus problématique en cas de lésions plus invasives des structures parenchymateuses telles que les ligaments utérosacrés ou la musculeuse de l’intestin ou de la vessie.
6. Les deux contribuent à étayer une théorie causale erronée, à savoir le reflux menstruel.
Le reflux menstruel n’est pas à l’origine de l’endométriose. S’il l’était, on n’en parlerait plus comme d’une théorie. Les règles refluées ne peuvent pas être à l’origine de l’endométriose pour plusieurs raisons:
a. L’endométriose et l’endomètre ne sont pas identiques.
Depuis plusieurs générations, la formation médicale enseigne à tort que l’endométriose serait identique à l’endomètre à cause de menstruations rétrogrades qui entraîneraient des autotransplantations pathologiques de cellules d’endomètre. Des études modernes ont illustré les dizaines de différences profondes existant entre l’endométriose et l’endomètre [1].
b. L’endométriose est curable par une chirurgie conservant les organes.
Depuis des générations, on a enseigné à tort que l’endométriose serait une maladie chronique, énigmatique et incurable. On la dit « incurable » à cause des reflux menstruels: donc même si le chirurgien détruit vraiment toute l’endométriose, elle revient forcément lors des flux menstruels suivants, puisque l’endomètre reflué fertilise à nouveau le pelvis. Et pourtant, on sait depuis plus d’un demi-siècle que l’endométriose peut être guérie par une exérèse [radicale] conservant les organes, sans qu’il soit nécessaire de recourir à un traitement médical [2]. Le taux minimal de guérison après une chirurgie conservant les organes est de 41 %. Après deux opérations d’exérèse, il est de 67 % (Redwine, données non publiées). Si jamais il reste de l’endométriose après une exérèse agressive, elle ne sera présente qu’en quantités beaucoup plus faibles [3].
c. Il n’existe pas de preuves photomicrographiques solides de l’adhésion initiale, ni de la prolifération et de l’invasion secondaires du péritoine par l’endomètre.
On estime que 10% des femmes souffrent d’une endométriose qui sera symptomatique à l’âge de procréation. Dans les pays industrialisés, il existe probablement au moins 25 millions de femmes atteintes simultanément d’endométriose. Ces femmes auront chaque mois des règles pendant au moins 10 à 20 ans. Si nous estimons prudemment que la vie menstruelle d’une femme dure 17 ans, alors chacune de ces femmes aura environ 200 cycles menstruels entre ses 13 et ses 30 ans.
Faisons une estimation : si les règles typiques durent quatre jours et que 10 cellules endométriales par jour de flux sont refluées dans la cavité pelvienne, alors chaque femme aura 8.000 cellules endométriales refluées dans son pelvis au cours de sa vie menstruelle. Si c’est vrai, alors pendant la vie menstruelle de notre cohorte de 25 millions de femmes atteintes d’endométriose, il y aura 8 x 103 x 2,5 x 107 ou 2 x 1011 cas de cellules endométriales refluées dans le pelvis de ces femmes. Même si le taux d’adhésion des cellules refluées pendant les règles n’est que de 1 %, il en résulte quand même 2 x 109 cas d’adhésion qui se seront produits pendant la carrière menstruelle de ces femmes; soit 0,2 x 109 cas d’adhésion par an. Les chiffres réels seraient plus élevés si l’on tenait compte des générations précédentes de femmes et des fluctuations : certaines femmes ont des flux menstruels pendant plus de 17 ans, certaines femmes ont des flux durant plus de 4 jours et certaines femmes ont des flux plus abondants. Certains objecteront que ces calculs restent prudemment dans la fourchette très basse. En tout état de cause, si de telles estimations prudentes indiquent que plusieurs centaines de milliards de cas possibles d’adhésion d’endomètre reflué se produiront dans cette cohorte au cours de toute la vie menstruelle des femmes, et si plus de cent millions de cas d’adhésion se produisent chaque année, n’est-il pas étrange qu’il n’existe pas de photomicrographies pour confirmer ce phénomène que l’on suppose être courant et omniprésent ? L’absence de preuve photomicrographique des deux premières étapes (adhésion et prolifération/ invasion) de la théorie des menstruations rétrogrades est la preuve la plus solide que celles-ci ne sont pas à l’origine de l’endométriose.
La théorie du reflux menstruel comme origine de l’endométriose et les traitements chirurgicaux inefficaces tels que la vaporisation au laser et l’électrocoagulation sont liés par une relation symbiotique. Aucun des deux ne peut exister sans l’autre. Tant que la théorie du reflux menstruel existe pour expliquer l’échec de tous les traitements, les chirurgiens n’ont pas à se demander si leurs traitements sont efficaces, puisqu’ils peuvent imputer tous les échecs à cette théorie de l’origine de l’endométriose. Tant que des traitements chirurgicaux inefficaces existent, la maladie persistante que les chirurgiens laissent en place peut être appelée « récidive » de l’endométriose, grâce à cette théorie. Et c’est toujours à cause d’elle que la chirurgie sera considérée comme inefficace ou futile. Par conséquent, de nombreux chirurgiens pallient à cela en prescrivent une thérapie médicale, dont on sait qu’elle n’éradique pas la maladie.
7. Les deux aggravent les problèmes induits par l’augmentation des coûts des soins de santé partout dans le monde.
Il est évident que les traitements inefficaces appliqués de manière répétée sont au final plus coûteux que les traitements efficaces appliqués une ou deux fois; surtout lorsqu’un tel traitement inefficace nécessite l’utilisation d’instruments coûteux.
8. Les deux réduisent les compétences du chirurgien.
Il est plus facile de pointer des faisceaux lumineux sur l’endométriose ou de pulvériser des électrons que de prendre le temps d’une dissection minutieuse permettant d’éliminer la maladie des aires pelviennes touchées. Par conséquent, les compétences chirurgicales s’érodent, car les techniques d’ablation thermique nécessitent moins de compétences. L’exérèse de la maladie, en revanche, nécessite des connaissances anatomiques et une dissection pelvienne méticuleuse; et le chirurgien doit avoir du courage et de l’endurance tant mentale que physique.
9. Le laser peut causer des douleurs par le carbone qu’il laisse derrière lui et qui peut provoquer une réaction douloureuse par granulome à corps étrangers (foreign body giant cell).
La vaporisation au laser laisse en place du carbone résiduel qui peut être pris pour une récidive d’endométriose. Mais ce qui est encore plus problématique, c’est que le carbone peut induire un granulome à corps étrangers, une réaction issue de cellules géantes à corps étrangers qui peut être cause de douleurs et de lymphadénopathie. Des tentatives supplémentaires de traitement par laser peuvent encore aggraver le problème.
10. « C’est ce que tout le monde fait ».
N’oubliez pas les sages paroles de vos parents, qui vous disaient que « Ce n’est pas parce que tout le monde fait quelque chose que c’est forcément bien. » Dans le cas d’une maladie telle que l’endométriose, qui semble être restée si mystérieuse ces 80 dernières années, si tout le monde pense de la même façon et traite de la même façon, [au vu des résultats] il est probable que tout le monde a tort. Sinon, si tout le monde avait raison, nous l’aurions bien vu, depuis le temps. Il n’y a pas de progrès sans changement.
11. Les deux contribuent à la dévalorisation et à l’oppression médicale des femmes.
En tant que professionnels de santé, comment pouvons-nous justifier de tels traitements qui ont à l’évidence tant de défauts, qui sont prodigués à tant de femmes, à tant de reprises et pendant tant d’années ? Nous ne pouvons pas nous cacher derrière l’idée que « l’endométriose est une maladie mystérieuse, énigmatique, chronique, hautement récidivante et difficile à traiter ». Nous ne pouvons pas continuer à ignorer les effets néfastes de ces traitements sur les femmes. Nous devons affronter ouvertement le fait que ces traitements sont [non pas des solutions] mais une grande partie du problème, à bien des égards. Tant qu’ils ne seront pas abandonnés, nos patientes ne seront pas libérées de nos préjugés et de nos erreurs.
La plupart de ceux qui liront les douze conditions abordées ci-dessus en comprendront de suite le sens et la portée; ils abandonneront de suite la vaporisation au laser ou l’électrocoagulation de l’endométriose, et ils adopteront de suite l’exérèse, qui est le traitement de choix de l’endométriose, reconnu comme tel. Bienvenue dans une voie thérapeutique meilleure pour vos patientes ! »
Références
Redwine, D. B. (2002). Was Sampson wrong? Fertility and Sterility, 78, 686-693.
Meigs, J. V. (1953). Endometriosis; etiologic role of marriage age and parity: conservative treatment. Obstetrics and Gynecology, 2, 46-53.
Redwine, D. B. (1991). Conservative laparoscopic excision of endometriosis by sharp dissection: life table analysis of reoperation and persistent or recurrent disease. Fertility and Sterility, 56, 628-634.
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© Copyright Dr David Redwine et Elena Pasca pour la version française
Merci Elena pour ce travail rigoureux unique en son genre.
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