Endométriose, traitements, psychanalyse et hystérie : débat Dr Jean Belaisch – Elena Pasca

La polémique entre le Dr Jean Belaisch et moi a eu lieu en partie dans les commentaires de cet article, paru sur l’ancien blog Pharmacritique le 17 juillet 2011: « Endométriose : campagne contre la psychologisation, le traitement médicamenteux empirique et la chronicisation. Texte du Dr David Redwine sur les tortures psychologiques infligées aux femmes ».

Ce texte est une suite de mon opposition, depuis 2003, aux pratiques thérapeutiques chronicisantes et aux propos sexistes, misogynes et gynophobes dans la médecine française, sous influence surtout de la religion et de son avatar d’apparence laïque et progressiste, pour mieux soumettre les femmes : la psychanalyse. Ces aspects sont abordés à nouveau et sur plusieurs dizaines de pages dans le chapitre dédié de mon livre en libre accès sur l’endométriose, mis à jour jusqu’en février 2018.

La controverse entre le Dr Jean Belaisch et moi porte au départ sur la psychologisation, puis sur l’ensemble des traitements de l’endométriose, évoqués en détail, références à l’appui, dans les échanges qui ont eu lieu en juillet et août 2011 et qui sont toujours d’actualité. Les échanges ont continué bien au-delà. Le Dr Jean Belaisch, dont l’influence et les moyens d’action ont été fortement impactés par mes critiques, est allé jusqu’à m’appeler chez moi pour se plaindre et tenter de me faire changer d’avis. J’en parlerai ailleurs. Une fois que son influence a été contrecarrée, même EndoFrance a fini par retirer, en 2012 (!) les textes écrits par Jean Belaisch, seul ou avec son gendre, le Dr Jean-Pierre Allart, et effacer son nom du site.

Freud et la psychanalyse dans son ensemble sont misogynes; si l’on enlève l’avilissement des femmes, il ne reste plus grand-chose… Et les Françaises sont particulièrement mal loties à cause de l’influence et du pouvoir disproportionnés de la clique d’épigones du maître gourou Jacques Lacan.

Ce texte de 2011 reprend des critiques formulées depuis des années à l’égard de la psychologisation de l’endométriose et de la misogynie médicale comme à l’égard de ceux qui l’imposent en France, en référence à une vulgate psychanalytique plus ou moins conforme aux textes que j’ai étudiés en détail. Comme j’ai étudié les critiques de la psychanalyse, en particulier venant des femmes et des féministes françaises et surtout anglophones, telles que Barbara Ehrenreich, Deirdre English, Juliet Mitchell, Kate Millet, Andrea Dworkin, etc.

Ce texte de 2011 évoque longuement les tortures psychologiques et morales infligées aux femmes françaises. Mon texte donnant beaucoup d’arguments et relatant la campagne de protestation de 2007-2008 et ses suites, est suivi par la traduction d’un texte du Dr David Redwine. Il critique les pratiques des médecins consistant à attribuer les douleurs – et leur persistance malgré les médicaments et des chirurgies partielles – non pas à l’inefficacité de ces « traitements » mais aux femmes elles-mêmes, de façon directe ou indirecte. Elles seraient névrosées, hystériques, stressées, auraient des conflits inconscients ou des mauvaises relations avec la mère; elles auraient subi des viols ou d’autres formes d’abus et de violences physiques et/ou psychologiques qui, en tant que traumatisme psychique ou psycho-sexuel, auraient causé des problèmes physiques par la somatisation…

Mon engagement pour les droits des malades, et pour les droits des femmes en particulier, s’est traduit par la bataille de l’information depuis 2002-2003 et par la bataille que j’ai menée contre le Dr Jean BELAISCH et le psychanalyste qu’il a promu: Jean-Michel LOUKA. Il a fallu aller au-delà des critiques abstraites et protester, textes à l’appui, en les visant directement et en exposant les conséquences de leur promotion par l’association EndoFrance. Et il a fallu persévérer, faire appel aux réseaux des États-Unis (et je remercie Nancy Petersen, l’ERC / Endometriosis Research Center et tous les autres), croiser le fer avec la puisante maison d’édition Elsevier, jusqu’à obtenir justice au bout d’une campagne de huit mois. Pour que cesse la publication de textes sexistes, misogynes et gynophobes dans la revue « Gynécologie, Obstétrique et Fertilité« , éditée par Elsevier et dirigée par le Dr Patrick Madelenat.

Cette campagne menée en 2007-2008, y compris publiquement, sur des supports tels que Doctissimo, a abouti à ce que la revue (dont le comité de rédaction contient bon nombre de praticiens des plus connus en France : gynécologues- obstétriciens, gynécologues médicaux, psychosomaticiens,…) cesse d’ignorer mes critiques, fasse amende honorable et s’engage à ne plus se laisser influencer par le Dr Jean Belaisch et la Société de médecine psychosomatique, co-détentrice de la revue. Le Dr Patrick Madelenat a dû s’engager à ne plus publier de textes de Jean-Michel Louka ou d’autres qui psychologisent l’endométriose et d’autres maladies chroniques.

Autant le redire: la psychologisation (terme plus vaste et plus adéquat que la psychanalysation) inclut, outre les variations sur le thème psychanalytique endométriose = hystérie, aussi les inepties sur un « féminin sacré » et des problèmes avec notre féminité et son devenir dans un monde d’hommes, les inepties sur la causalité par des conflits inconscients (avec la mère ou l’arrière grand-mère) ; sans oublier les variations sur les vertus du décodage biologique des traumatismes « enkystés » et la prétendue nécessité de recourir à la thérapie (de psycho-libération, psychanalyse, coaching…) pour découvrir les racines d’un stress post-traumatique inconscient et somatisé dans la maladie (« mal a dit »).

La psychologisation inclut évidemment toute référence directe ou indirecte à un état physique et psychique dû à des viols, incestes et autres traumatismes psychologiques et psycho-sexuels. Le syndrome de stress post-traumatique serait le nom moderne de la névrose traumatique selon la psychanalyse (dont je note au passage qu’elle a été théorisée pour les hommes), qui serait elle-même l’une des nombreuses formes par lesquelles l’hystérie essaierait de se faire passer pour autre chose, pour que nous, hystériques car malades, puissions continuer notre « spectacle », notre « mascarade et derrière le masque, il n’y a rien », etc.

Et, sous le nom direct d’hystérie ou sous les noms plus politiquement corrects, l’hystérie serait LA cause de l’endométriose ainsi que d’un « nombre potentiellement illimité de maladies subies par les femmes. La citation est de Jean-Michel Louka, psychanalyste lacanien dont l’association GynéPsy a signé en 2005 un contrat avec EndoFrance… Il en parle dans deux textes : d’abord » Endométriose et inconscient » posté sur des forums (!), puis une version élargie au moyen de citations et de références donnant l’illusion d’érudition et d’argumentaires étayés: « Prolégomènes à toute approche psychanalytique de l’endométriose« . C’est ce dernier texte qui est paru en mars 2007 dans la revue Gynécologie, Obstétrique et Fertilité. Je l’ai découvert en juin 2007 et ai lancé la campagne pour son retrait et pour que la presse et les organisations médicales en finissent une fois pour toutes avec la psychologisation de l’endométriose et de n’importe quelle maladie subie par les femmes. La campagne a évidemment porté sur tous les mauvais traitements de l’endométriose. Mauvais traitements synonymes aussi de maltraitance. Au lieu de nous chercher des poux dans la tête, j’ai conseillé aux médecins français d’aller se former chez des chirurgiens tels que le Dr David Redwine et le Pr Marc Possover.

Cette campagne de protestation, détaillée dans les textes de 2011, a empêché la mise en place, prévue à l’automne 2007 au CHU Cochin de Paris, d’une consultation publique qui aurait été tenue par Jean-Michel Louka. C’est le Pr Charles Chapron qui a facilité cette consultation, qui devait être intégrée au programme de prise en charge de l’endométriose… Un psychanalyste pratiquant une version de psychothérapie déviante typique, avec l’évocation d’emblée d’un inceste comme cause et une « cure psychanalytique » qui devait prouver cette causalité dans chaque cas et retrouver le souvenir. C’est-à-dire une démarche d’induction de faux souvenirs, variante du false memory syndrome.

Évidemment, je joue le mauvais rôle, en critiquant tous les acteurs, depuis le complexe médico-industriel jusqu’à celui naturo-psycho-holistique, en passant par les associations et influenceurs qui reprennent sans recul critique les dogmes et les éléments de langage…

Réfléchissez lorsque l’on vous propose une « stratégie thérapeutique à vie » dès que le diagnostic est posé, selon les termes de la Dr Isabella Chanavaz-Lacheray parlant des préconisations du Pr Horace Roman… Cette prise en charge multidisciplinaire sonne bien, mais elle consiste en fait en la chronicisation de l’endométriose transformée en marché infini pour tous ceux qui vivent de cette industrie : médecins ayant des conflits d’intérêt, naturopathes, coachs, psycholibérateurs, psychanalystes et tous les autres marchands de remèdes et d’alternatives « naturelles », holistiques, de décodage des conflits, etc.

Si l’on renonce à vouloir traiter l’endométriose par la seule méthode efficace – la chirurgie d’exérèse radicale faite dans des conditions précises et sans médicaments hormonaux -, alors les femmes entrent dans un cercle vicieux infernal de torture psychologique rajoutée aux tortures physiques infligées par l’endométriose elle-même ainsi que par les pseudo-traitements médicamenteux et les (séquelles des) multiples chirurgies partielles et inadaptées, faites par des chirurgiens non experts qui camouflent la misère en prescrivant des traitements hormonaux de longue durée. Ce qui n’est pas sans effets indésirables, y compris gravissimes, tels que les méningiomes provoqués ou stimulés surtout par les progestatifs (Androcur, Lutéran, Lutényl et les autres). Sans oublier les effets indésirables graves, et parfois irréversibles, voire mortels, des pseudo-traitements d’hormonosuppression par les analogues agonistes de la GnRH : Enantone / Lupron, Decapeptyl, Zoladex, Synarel…

J’ai décrit cette industrie, basée sur le discours de chronicisation parlant d’une maladie due au reflux menstruel, donc chronique et nécessitant l’arrêt des règles par médicaments, dans de nombreux textes, posts, interventions et débats depuis 15 ans. Le plus détaillé étant mon livre ouvert posté début 2017 sur Pharmacritique.

Voilà les grandes lignes du contexte dans lequel le Dr Jean Belaisch et moi nous sommes affrontés. La discussion reprise ci-après fait partie de cette confrontation sur divers supports. Elle s’est déroulée dans les commentaires du texte de 2011, dans lequel j’ai exposé mon combat contre la psychologisation en critiquant les pratiques du Dr Jean Belaisch et auquel il a répondu. Dans les commentaires, cette polémique a été moins visible.

La campagne que j’ai menée en 2007-2008 a abouti aussi à une première : la prise de position par le CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français). Dans une lettre qu’ils m’ont envoyée en septembre 2007, ils ont clairement désavoué tous les auteurs de thèses psychologisantes, réfuté toute causalité psycho-sexuelle, souligné que ce genre de propos n’engageait que leurs auteurs et ne reflètait en rien les avis de la communauté médicale. Le CNGOF a aussi demandé que la revue Gynécologie, Obstétrique et Fertilité me donne un droit de réponse. Mais la revue l’a donné à EndoFrance, qui n’avait pourtant jamais protesté et qui avait contribué à la justification des thèses psychologisantes et psychanalytiques en publiant trois textes de ce genre sur son site, de 2003 à 2012…

La lettre du CNGOF est d’autant plus importante que la propre fille du Dr Jean Belaisch, la Dr Joëlle Belaisch-Allart, était alors vice-présidente de cet organisme officiel. Elle n’a pas signé. Mais le président et le secrétaire général du CNGOF l’ont fait: le Pr Jacques Lansac et le Pr Émile Darai. C’est à toutes ces réactions que je renvoie dans l’une de mes réponses au Dr Jean Belaisch.

Nos confrontations et mes diverses protestations ont mis un terme à l’énorme influence du Dr Jean Belaisch et des opportunistes tels que Jean-Michel Louka qu’il avait promus partout. Même l’association EndoFrance a fini par effacer les textes du Dr Jean Belaisch et de son gendre, le Dr Allart, qui étaient sur son site depuis 2002-2003…

Il y a beaucoup d’autres choses à dire sur l’histoire de mes batailles contre la psychologisation, partie importante de mon engagement pour les droits des femmes, pour l’empowerment et la mise à disposition d’informations scientifiques permettant un avis en connaissance de cause et une relation médecin-patiente sans sexisme, plus équilibré et menant à une décision médicale partagée (shared decision-making). Et la critique argumentée de la psychologisation et d’ une psychanalyse sexiste, misogyne, gynophobe et cause de dépendance et de maintien du statu quo patriarcal, est évidemment une dimension importante de mes alertes sur l’endométriose depuis plus de 15 ans.

Les communiquants qui s’érigent maintenant en lanceurs d’alerte sur la psychologisation, l’endométriose et ses pseudo-traitements, les conflits d’intérêt, etc., n’ont jamais répondu présent lorsque j’ai frappé à toutes les portes pour mobiliser et informer, pour obtenir le retrait des textes misogynes, le retrait du marché des médicaments agonistes de la GnRH dans les indications non cancéreuses et la révision des traitements de l’endométriose et des attitudes des professionnels de santé. Alors que je donne des informations permettant de prendre conscience de toutes les dimensions de l’industrie de l’endométriose pour en sortir, les produits commerciaux des communicants et marchands (blogs, groupes, livres, programmes, coachings, remèdes, conseils et « astuces »…) perpétuent le discours chronicisant et donc le marché de l’endométriose, extensible quasiment à l’infini. Dans sa variante médico-pharmaceutique comme dans sa variante naturo-psycho-holistique. Ces produits servent surtout les intérêts de ceux qui les vendent et les promeuvent. Ils illustrent parfaitement ce que j’ai appelé yellow-washing, à partir du ruban jaune qui relie tout le monde dans la toile d’araignée de la marchandisation de l’endométriose pour les profits.

J’ai fait de mon mieux pour décortiquer les stratégies de désinformation, sur divers sujets abordés dans les environ 800 articles de Pharmacritique et dans mes activités associatives. Pour que toutes les femmes cessent d’être maltraitées et mal traitées. L’information est là. Libre à chacun d’en tenir compte ou non.

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Remarques sur les critiques gentillettes ou contre-productives de l’hystérie / endométriose et sur les croyances qui entérinent la misogynie

J’ai écrit partout, pour essayer d’informer, alerter et mobiliser les femmes sur les comportements sexistes, misogynes et gynophobes des médecins, sur des démarches qui se retournent contre nous, par exemple les liens de l’association EndoFrance avec des médecins tels que le Dr Jean Belaisch, le Dr Alain Audebert, le psychanalyste Jean-Michel Louka et d’autres promoteurs de thèses psychanalytiques, et la promotion que l’association leur a fait. Déclenchant même une révolte interne. 

 J’ai alerté sur les risques des recours à la psychologie (quant à parler de cause). Et surtout, j’ai alerté sur les conséquences de l’influence de la psychanalyse sur la médecine et expliqué les diverses formes de cette influence puis appelé à la mobilisation. Ce type de démarche n’est pas facile, car beaucoup de femmes souffrant d’endométriose (et /ou d’autres maladies) ont grandi avec de telles conceptions reçues de partout plus ou moins directement, et il y en a qui veulent croire que l’endométriose serait due à un traumatisme psychique ou psychosexuel, à des particularités familiales, transgénérationnelles, à des « conflits inconscients », à des dysfonctionnements et maladaptations du « féminin » (genre perte de connexion à notre « féminin sacré »); elles veulent croire que l’endométriose serait effectivement une maladie de l’utérus et des significations symboliques qu’on lui prête.

Les versions du « mal a dit » sont nombreuses, et elles fleurissent plus que jamais parce que ces conceptions sont profondément ancrées dans toutes les variantes du complexe naturo-psycho-holistique, par-delà la psychanalyse. J’ai expliqué en détails dans beaucoup de textes, y compris les posts sur Facebook, comment l’homéopathie et les prétendues « médecines » douces se fondent sur les mêmes préjugés sexistes, misogynes et gynophobes que la psychanalyse, ce qui est logique, puisqu’elles ont les mêmes racines. Et ce à partir du même type de catégorisations en « terrain », tempérament, névrose / psychose / perversion, humeur, etc. 

« Travailler sur soi », chercher dans son passé, dans les rapports avec la mère, dans les rapports à la maternité et à la « féminité », faire le « décodage » de la maladie, du contexte précis de son arrivée, cela donne l’illusion de prendre le contrôle, d’agir au lieu de subir, et cela répond au besoin d’unifier des questions disparates, de trouver une cause unique et unifiant ce qui est ressenti comme trouble, maladie, etc. Le fonctionnement de l’esprit humain est ainsi, selon les biais cognitifs, les stéréotypes et les préjugés. Toute la socialisation des femmes les pousse à chercher d’elles-mêmes des liens chronologiques entre l’apparition d’une maladie et un événement mal vécu.

Évidemment, quand on cherche, on trouve. Et la coïncidence chronologique devient cause. La corrélation devient cause. J’ai largement expliqué tout cela dans les textes dédiés. Ici, je voudrais souligner à nouveau que même si les femmes rejettent l’étiquette « hystérie », elles acceptent et entérinent indirectement tout ce qui relève de cette conception, toutes les mystifications sexistes et misogynes appliquées à notre santé… Et elles le font en adhérant au complexe naturo-psycho-holistique, sans connaître les fondements de telles conceptions et en faisant l’éloge des traditions millénaires qui n’auraient donc pas besoin de validation scientifique. Mais ce sont ces mêmes traditions qui portent en elles les stéréotypes sur la féminité (le féminin sacré serait immuable) ou encore sur l’utérus, celui-là même qui se baladerait dans le corps en créant l’endométriose, qui aurait des puissances occultes définissant notre « féminité » et notre « moi profond » à retrouver, dans une harmonisation des énergies et un rétablissement de la totalité corps-esprit permettant le retour à l’ordre naturel. Celui sur lequel les idéologues et les marchands du complexe naturo-psycho-holistique détiendraient la Vérité et le sens. Partageable avec nous autres, pauvres extériorités qui avons occulté tout ce qui compte et qui nous permet de mobiliser les capacités d’auto-guérison du corps dès que le coach / psychanalyste / formateur en développement personnel nous aura montré, moyennant finances, le chemin à suivre et les produits à acheter. L’utérus symboliquement égaré ter retrouvera sa puissance guidant notre existence.

Si l’on n’utilise plus le terme « hystérie », tout passe. Des termes tels que « stress », « traumatisme », « vécu », « conflit », « dynamique émotionnelle » et d’autres mots-valise jouent le même rôle d’attracteur et d’étiquette, piégeant les femmes dans la toile d’araignée des mêmes traditions misogynes, sexistes, gynophobes, grâce aux approches dites alternatives, douces, complémentaires. Il suffit de regarder les présupposés sexistes et misogynes des « terrains » en homéopathie. Ou alors, lorsque l’on cite Hippocrate, il ne faudrait pas oublier qu’un bon mot sur l’alimentation comme premier médicament ne saurait occulter toutes les autres « vérités », notamment sur l’utérus et la supposée « nature » immuable des femmes, qui sont à l’origine de deux millénaires de souffrance des femmes.

Ma démarche critique de la psychologisation, psychanalysation de l’endométriose est donc particulièrement difficile, parce que je ne m’arrête pas à la seule critique du mot « hystérie » ni n’opère des simplifications de la théorie psychanalytique qui reviennent à rejeter juste ce qui est présenté comme la conception de Freud sur l’hystérie (et certains évoquent aussi Lacan), comme si cela était séparable du reste de la psychanalyse et de ce qu’elle véhicule. Il ne suffit pas non plus d’énoncer quelques généralités dénonçant l’hystérie. D’autant que ce qui est véhiculé et pris pour des références historiques est souvent faux, car dire que les hystériques ont été des malades d’endométriose dénote l’absence de connaissances sur la psychanalyse. Les raccourcis censés étayer des critiques gentillettes deviennent contre-productifs. Et, en permettant une telle assimilation entre hystérie et endométriose et/ou en ouvrant la porte aux pseudo-médecines traditionnelles, les critiques superficielles réintroduisent en sous-main les théorisations traditionnelles sexistes, misogynes et gynophobes, qu’elles soient directement religieuses ou psychanalytiques, ou alors en passant par le certificat de respectabilité que leur donnent les « médecines » douces (naturopathie, homéopathie, pratiques énergétiques genre reiki, « médecine traditionnelle chinoise, décodage biologique, libération émotionnelle, coachings sur la féminité, etc.). Toutes les traditions sont pourvoyeuses de discriminations sexistes des femmes, en référence à la nature, à un ordre naturel et immuable tout comme le seraient ces médecines exotiques.

Les difficultés auxquelles ma critique fait face, on les voit très vite, en lisant certaines réponses à mes alertes et appels à la mobilisation lancés en public. Lisez jusqu’au bout cette discussion sur Doctissimo, par exemple, que j’ai lancée en 2006-2007 sous le pseudonyme Livia, dans le cadre de ma bataille contre la psychologisation de l’endométriose, et plus précisément contre la publication par la presse médicale des textes du Dr Jean Belaisch et de Jean-Michel Louka, contre leurs liens avec EndoFrance et la promotion qu’elle leur fait, et en général contre toutes les thèses psychologisantes et misogynes, quels qu’en soient les auteurs. (Deux responsables d’EndoFrance s’en prennent à moi dans cette discussion, essaient de nier et porter des accusations…). 

La discussion sur Doctissimo s’est étendue sur plusieurs pages, sous le titre « Révoltant ! La cause de l’endométriose serait un traumatisme psycho-sexuel… » Et des femmes sont venues défendre la cause de l’endométriose par un traumatisme psychique ou psycho-sexuel, par un conflit inconscient qui serait au moins un déclencheur, un détonateur. Comme Anne Steiger qui pensait, jusqu’à ce que je passe beaucoup de temps à tout lui expliquer, que son endométriose était une sorte de punition pour une IVG très mal vécue, puisque c’est là où ses douleurs ont commencé. Bon, dans ses écrits, on a plusieurs versions différentes. Il y a d’autres discussions Doctissimo, lancées par moi, certaines portant directement contre la psychologisation et qui permettent de voir la persistance de croyances et l’efficacité de la vulgarisation psychanalytique…

Sur Facebook, j’ai posté des commentaires critiques sur la page de France Culture, à propos d’une émission émettant de telles thèses. Et il s’est trouvé des femmes pour venir défendre la psychanalyse, en balayant d’un revers de la main tous mes argumentaires avec références et explications… Une femme qui signe Alice Fenouil, par exemple. Le niveau des propos est affligeant. Je bataille pour que cesse l’influence de la psychanalyse sur la médecine, au vu des conséquences, et me voilà confrontée à des personnes qui veulent croire qu’elles pourraient guérir ou « prendre le contrôle » et agir grâce à une cure psychanalytique, si seulement elles trouvent le bon psychanalyste. L’éternel argument du complexe naturo-psycho-holistique : il faut tout essayer jusqu’à trouver la médecine douce, le coach, le psy qui convient.

Évidemment, chacun/ chacune est libre de recourir aux méthodes auxquelles il croit. Mais, s’agissant de théorisation et de stratégies thérapeutiques formalisées qui concernent toutes les femmes malades d’endométriose (et des autres maladies), s’agissant aussi d’implémenter tout cela à l’hôpital avec un remboursement par la solidarité nationale et une pression conformiste pour bannir toute critique, il me semble que nous avons, au contraire, un devoir de responsabilité et de recours à la validation scientifique. Ne serait-ce que pour minimiser les risques induits par l’introduction, dans les recommandations, à l’hôpital, etc., de pratiques basées sur des croyances qui ne sauraient être généralisées. C’est l’exercice de l’esprit critique qui est empêché et ce sont les préjugés et biais cognitifs qui sont entérinés. Dans le genre de la perception sélective, de l’autovalidation, ou encore de clichés tels que traditionnel = efficace = bon = dispensé des critères de jugement que l’on applique aux médicaments, dispositifs médicaux et autres produits industriels. C’est très bien de voir des naturopathes et des psychothérapeutes apporter des références scientifiques montrant qu’il n’y a pas de preuve scientifique de l’efficacité des médicaments en endométriose. Mais au nom de quoi refuser que les mêmes critères de validation scientifique s’applique à leurs théories et pratiques ?

D’autre part, au nom de quoi refuser un anti-inflammatoire industriel mais acheter des produits « naturels » ayant un tel effet, avec toutes les inconnues liées à l’absence de vérification de ces produits de phytothérapie et autres ?

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Voici les échanges dans les commentaires du texte décrivant ma campagne de 2007-2008, qui a visé aussi directement le Dr Jean Belaisch, source de toutes les idées psychologisantes en France, exposées dans divers textes, dont trois (sur les quatre) postés sur le site d’EndoFrance… C’est à mes propos et à ma traduction du texte du Dr David Redwine dans cet article qu’il se réfère.

Elena Pasca

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Écrit par : Docteur Jean BELAISCH 17h15 – jeudi 28 juillet 2011

Votre texte est parfaitement clair. Nous négligerons son ton polémique.
La femme atteinte d’endométriose a donc été opérée selon la méthode de l’exérèse radicale conservatrice, les conditions étaient idéales. Il n’en reste pas moins que 25% environ des patientes récidiveront par exemple, sur l’ovaire opposé à celui qui était porteur de l’endométriome et qui était parfaitement sain, lors de l’intervention.

Qu’allez-vous lui proposer ?
Pas de la plaindre ou de la faire aider, cela serait la psychologiser !
Pas de lui donner un traitement médical, ce serait la chroniciser –sans compter l’intérêt qu’y trouverait l’industrie pharmaceutique.
Il ne reste plus qu’à lui dire d’endurer ou de lui conseiller une réintervention. Et certaines de mes patientes ont ainsi été opérées jusqu’à 8 fois avec une moyenne de 3 interventions par patientes !
Et pourtant, des chirurgiens actifs, français et non français, de réputation internationale, ont conseillé de ne pas réopérer en raison de la formation d’adhérences spontanées et aggravées par le geste opératoire qui augmente le risque d’occlusion ultérieure et celui de réduire la réserve ovarienne en follicules!

J’ai rédigé, basé uniquement sur des articles parus dans des revues internationales à comité de lecture, un ensemble de suggestions thérapeutiques.
Si vous vouliez bien, après les avoir lues bien sûr, les publier sur votre site, je pense que vous rendriez service aux femmes atteintes d’endométriose, c’est à dire aux personnes dont le sort, à vous comme à moi, importe le plus dans le cadre de cette discussion.

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Écrit par : Elena Pasca, 18h50 – jeudi 28 juillet 2011

Au Dr Jean Belaisch

Merci pour votre réponse. Je vous répondrai point par point un peu plus tard, puisque je suis en train de revoir la traduction d’un autre texte du Dr David REDWINE, pour publication sur Pharmacritique.
Merci de m’envoyer les recommandations thérapeutiques que vous évoquez à l’adresse de contact du blog
pharmacritique@netc.fr

Je vous saurais gré de m’envoyer aussi votre intervention lors des Gynovations de 2007; il me sera ainsi plus facile de vous citer.

Je note, et c’est tout à votre honneur, que suite à la campagne de protestation, du rectificatif dans GOF et de la prise de position par le CNGOF, vous avez infléchi votre discours sur la soi-disant « cause » psycho-sexuelle. Dans un article sur l’endométriose paru en 2009 dans un journal médical gratuit – de la presse publicitaire financée par les laboratoires pharmaceutiques – vous n’évoquez plus du tout cet aspect. Il n’y est question (très marginalement) que du fait que des douleurs chroniques, le retard de diagnostic et de prise en charge, etc. peuvent avoir des conséquences psychiques.

C’est le contraire qui serait « anormal », non? Qu’il n’y ait pas de réaction à des douleurs chroniques et à tout ce que cela entraîne, cela pourrait relever d’un trouble d’ordre non pas névrotique, mais carrément psychotique…

Mon ton est-il polémique? Mais à quoi pouviez-vous vous attendre compte tenu de la violence des propos psychiatrisants (et cela va au-delà, parce qu’aucun psychiatre ne tient un tel discours, même pas de loin) et au fait que vous comme la revue Gynécologie, Obstétrique et Fertilité (GOF) avez donné une légitimation médicale aux inepties d’un psychanalyste aux méthodes charlatanesques, qui s’est moqué aussi de vous tous et vous a ridiculisés, comme nous vous l’avons dit dans divers mails?

A quoi pouviez-vous vous attendre de la part de parents mâles des femmes qui souffrent d’endométriose, qui se voient TOUS taxés de pédophiles et pères incestueux par le psychanalyste en question? (Et dans près de la moitié des cas, selon vous, je n’ignore pas la nuance. Etonnant pour une « cause »…). Comme je l’ai dit à ELSEVIER en termes polis, mais fermes: persistez à publier ce genre de choses et à ne pas rectifier, dans une revue qui se veut pourtant scientifique, et alors cela se jugera devant les tribunaux des Etats-Unis, car ce n’est pas que les Français qui sont insultés de la sorte. Et Elsevier aura aussi la publicité qu’il mérite. L’éditeur a fait marche arrière et obligé Patrick Madelenat à me répondre.

Facile d’utiliser une psychanalyse déformée (et ainsi niée, car inadaptée à de telles situations): si telle femme ne se rappelle pas qu’elle aurait été violée, c’est qu’elle aurait refoulé… C’est le discours de ce monsieur, vous ne l’ignorez pas. Ni les termes insultants sur « l’hystérique et son maître » (le chirurgien), j’en passe et des meilleures.

Je répète ce que les protestataires vous ont dit: c’est là une excroissance maligne de votre discours, excroissance à exciser net et sans « pitié » (allusion à un autre article de GOF). L’exérèse radicale est la seule solution, là aussi…

Des femmes violées, il y en a parmi celles qui souffrent d’endométriose, comme parmi celles qui souffrent d’autre chose – et comme parmi celles qui sont en bonne santé. De là à ouvrir à ce psychanalyste (qui se base sur une douzaine de cas, dont rien ne permet d’affirmer qu’il ne s’agit pas de faux souvenirs, compte tenu de sa méthode d’induction) une consultation publique à l’hôpital Cochin, obligeant toutes les femmes à passer entre les mains de Jean-Michel Louka, qui fait une idée fixe sur les femmes et voit des viols partout… C’est ce que le Pr Charles CHAPRON avait l’intention de faire (!), et le psychanalyste l’en remercie à la fin de son article de mars 2007 de la revue Gynécologie Obstétrique et Fertilité.

C’est du passé, mais pas grâce à vous, permettez-moi de le dire sans euphémismes.

Je pense qu’en particulier compte tenu de la violence de ces spéculations et compte tenu du mépris initial du Pr Patrick MADELENAT et de la revue GOF (avant l’intervention d’Elsevier), les protestataires ont fait preuve d’un calme, d’une politesse et d’une raison à toute épreuve. (J’ai l’intégralité des échanges, puisque j’ai été une sorte de chef d’orchestre).

La réponse détaillée sur les points évoqués suivra.
Bien à vous,
Elena Pasca / Pharmacritique

PS: Vous avez mis votre mail aussi dans le corps du texte. Dites-moi si vous voulez qu’il s’affiche, auquel cas je le remettrai.

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Écrit par : Elena Pasca à 03h10 – vendredi 29 juillet 2011

A Mélanie

(…) J’ai vu par hasard le texte du psychanalyste (pas nommé à dessein) et ai été tout de suite frappée par l’ineptie de ses propos et l’usage illégitime et déformé de la psychanalyse, qui n’a aucune utilité dans la prise en charge de telles maladies (et en médecine en général, d’ailleurs) et est au contraire très risquée. La première chose qu’on apprend dans une formation (la mienne est uniquement théorique, comprise dans le cursus classique de la Théorie critique), c’est de se rendre compte de ce qui peut relever ou non de la psychanalyse, pour ne pas faire courir de risques inutiles.

Si telle femme souhaite une aide psychologique pour les éventuelles conséquences psychiques de douleurs chroniques et même de la torture morale infligée par les médecins, cela relève de la psychothérapie habituelle (de préférence par un psychiatre qui a des notions médicales pour ne pas se hasarder dans des « interprétations » sauvages). En tous cas, je dconseille formellement la psychanalyse, que ce soit en endométriose ou ailleurs, parce qu’elle n’a rien à faire dans les soins et dans la médecine.
A bientôt par courriel!

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Elena Pasca : au Docteur Jean Belaisch,

Bonjour docteur.

Pour ne plus tarder, je vous réponds spontanément, donnant certains arguments de mémoire, mais si vous le souhaitez, nous pourrons approfondir la discussion.

Autant le dire d’emblée, ni moi ni les autres protestataires ne vous prêtons aucune intention mauvaise ou malsaine, contrairement au psychanalyste déviant en question. (Nous avons creusé et eu des informations sur les activités de JML qui permettent de l’affirmer. Preuves à l’appui).

Mais la question se pose de votre implication dans ce dérapage et du fait que cela pourrait se répéter tant que le discours psychologisant, dont vous êtes le seul tenant en France, continue à circuler.

Si EndoFrance continue à vous soutenir et à laisser deux textes psychologisants que vous avez signé (l’un avec votre gendre, le Dr Jean-Pierre Allart, de mémoire), quitte à payer le prix fort (divisions multiples, contestations internes et externes, critiques, fermeture de discussions et du forum, etc.), c’est qu’elles ont de bonnes raisons. Aussi pour publier et garder un texte du Dr Alain Audebert, La femme endométriosique est-elle différente? Il y parle de taux de dépression, d’anxiété et autres qui seraient des caractéristiques des femmes souffrant d’endométriose, sans dire un mot sur le fait qu’il a été investigateur dans l’usage d’un agoniste GnRH (Synarel) en endométriose et que la littérature médicale et même les monographies et notices officielles de tous ces médicaments parlent de taux astronomiques d’effets indésirables psychiatriques et neuropsychologiques. 31% de dépression sous Enantone, selon les essais cliniques évoqués dans la monographie officielle publiée par le fabricant lui-même (le laboratoire Takeda Abbott Pharmaceuticals), chez des femmes qui n’avaient pas souffert de dépression avant. Et ce n’est qu’un exemple.

Vous mettez en avant des qualités humaines, mais utilisées pour amener les femmes à parler psychologie, sous prétexte de l’écoute. Vous les orientez, posez des questions « par humanité », par empathie, pour dire par la suite qu’elles parlent « spontanément » de psychologie… Et vous êtes venu ici, dialoguer, mais humanité et persuasion par l’approche personnelle – lorsque vous parlez de dialogue et proposez de rencontrer les protestataires pour les convaincre de vos bonnes intentions – se confondent chez vous.

Selon les recettes psychologisantes que vous appliquez, vous ramenez toujours les femmes à l’affect. Si vous me rencontrez (comme vous me l’avez proposé), vous êtes sûr de me convaincre.

Mais vos arguments, exposez-les par écrit, publiquement, pas en évoquant l’humanité d’un dialogue jouant sur les affects.Vous êtes certainement convaincu d’avoir de bonnes intentions.

Mais, pour en venir à un point que vous abordez, l’EMPATHIE d’un médecin face aux patient(e)s et la compassion pour les souffrances est très, très loin de se confondre avec la psychologisation et la mnaipulation, et surtout avec la psychanalysation, comme le disait un correspondant. Regardez les activités de médecins qui s’adressent à la raison des femmes et leur donnent des arguments pour qu’elles exercent leur esprit critique, pas pour les convaincre de passer de l’obéissance à une théorie (et à un médecin) à une autre, selon le degré de persuasion. La distinction saute aux yeux.

La psychologisation est en elle-même un manque de respect élémentaire. Vous appliquez des recettes psychanalytiques qui sont faites pour avilir les femmes, les inférioriser, les rendre coupables de tout, y compris de leurs maladies. Dans votre livre de 2005, parlant de maladies plurifactorielles sans ccause unique bien connue, vous dites que « ce n’est pas dans la tête », mais que c’est… psychologique.

CONDITIONS D’UNE CHIRURGIE D’EXÉRÈSE RADICALE CONSERVANT LES ORGANES EFFICACE

Il faut que nous soyons sûrs d’utiliser les termes dans la même acception. Vous parlez des patientes opérées dans des CONDITIONS IDEALES. Qu’entendez-vous par là ? Exérèse (sans aucune autre technique) de toutes les lésions, en dehors et à distance de tout traitement hormonal, basé sur un examen clinique complet fait en période de visibilité maximale des lésions et sur une imagerie faite elle aussi dans les mêmes conditions, à distance de tout traitement hormonal ?

Mais cela n’existe pas en France. Aucun chirurgien ne fait d’exérèse radicale conservant des organes sans médicamentation préalable et chez des femmes dont l’étendue de l’endométriose aura été cartographiée soigneusement (sans médicaments). Ils ne font même pas correctement l’examen clinique nécessaire, là encore hors de tout traitement hormonal.

Je dispose de toutes les preuves pour l’affirmer, et cela ne me posera pas de problèmes de donner des noms de médecins et illustrer leurs méthodes : ce qu’ils font et ce qu’ils ne font pas.

Combien de nodules recto-vaginaux passent inaperçus parce que tel chirurgien gynécologue ne fait pas un TOUCHER RECTAL, pourtant indispensable, puisque les lésions digestives sont présentes dans plus de 40% des cas diagnostiqués ? Or beaucoup de lésions du côlon (rectum, sigmoïde) ne sont pas vues à l’imagerie, souvent à cause des médicaments qui les rendent temporairement moins visibles. Un toucher rectal (loin de tout médicament) permet de les sentir, et en poussée, le chirurgien peut sentir des lésions placées même plus haut.

Même chose pour des lésions invisibles à la radiologie (IRM, échographie, etc.) mais visibles à l’oeil nu à l’arrière du col de l’utérus, dans le cul de sac vaginal postérieur, là encore à condition de faire l’examen clinique à distance de toute prise de progestatifs, d’agonistes GnRH et d’autres, et de faire ce toucher vaginal juste avant ou pendant les premiers jours des règles. (Même chose pour le toucher rectal et pour la radiologie et la chirurgie; lorsque le cycle est régulier, il faut essayer autant que possible de fixer des dates en fonction du cycle). Je répète tout cela, en espérant que la répétition permette de mieux faire comprendre l’importance de tout cela pour que la chirurgie soit réussie. Elle n’est que le point final d’un long parcours, et même le meilleur chirurgien ne peut pas faire de miracles là où tout ce qui précède n’a pas été bien fait, s’il opère sous médicaments, etc.

Je souligne cela en réponse à toutes les demandes de noms de « bons chirurgiens ». Il ne faut pas attendre de la magie.

Et la préparation sert aussi à distinguer ce qui relève de l’endométriose et ce qui vient d’autres soucis causant des douleurs (et aussi distinguer l’endométriose de ses conséquences, qui peuvent s’autonomiser, et surtout les dégâts neurologiques).

Je ne parle que de cas diagnostiqués, bien entendu, ne voyant aucun intérêt à l’approche que vous préconisez: le « traitement empirique » à l’aveugle, qui traite lourdement exclusivement par médicaments pris pendant des années quelque chose qui n’a pas été diagnostiqué.

LESION NOUVELLE, RECIDIVE ou CONTINUATION?

Vous me parlez d’une endométriose excisée sur un ovaire et qui apparaît sur l’autre, quelle qu’en soit la forme. Etes-vous sûr qu’elle n’était pas déjà là, mais pas vue à cause des effets temporaires des médicaments sur les tissus (quels qu’il soient, d’ailleurs, ovariens ou autres) ?

Ayant parlé lors de mon enquête avec de très nombreuses femmes, je pourrais vous donner des exemples concrets d’endométriomes centimétriques vus à l’imagerie juste avant et juste après l’intervention (on parle de jours), mais laissés en place même lors de laparotomies, parce qu’elles sont faites par tels chirurgiens digestifs qui travaillent en toute vitesse et s’intéressent à leur morceaux à eux, pas tellement à ce qui est à côté.

C’est superbe de pouvoir dire dans un compte-rendu opératoire que l’on a enlevé des dizaines de cm de côlon et des morceaux de foie, etc. et remodelé l’ensemble en quelques heures. Un malheureux endométriome, peut-être caché par un kyste fonctionnel, reste souvent en place.

C’est une persistance de la maladie – comme dans tous les cas d’ablation et d’exérèse partielle, ainsi que de lésions rendues temporairement invisibles par les médicaments – et non pas une récidive. Mais, là encore, le discours médico-pharmaceutique intéressé mettra sur le dos de l’endométriose ce qui relève de mauvais traitements. Elle est chronique, donc elle revient… Sauf que des études montrent des taux astronomiques d’endométriose laissée en place par des techniques d’exérèse partielle, de l’ordre de plus de 80% des cas.

Vous parlez de la préservation de la RESERVE FOLLICULAIRE, dans la perspective d’une grossesse, je suppose.

Vous savez très bien que toutes les preuves scientifiques et les recommandations (même en France) disent que le traitement hormonal n’a AUCUNE UTILITE dans la fertilité, bien au contraire, et que la meilleure chance de tomber enceinte est après une exérèse sans traitement hormonal. Un tel « traitement » (agonistes GnRH tels Enantone, Decapeptyl ou progestatifs tels Androcur, Luteran, Lutenyl, Cerazette,…) ne traite temporairement que les symptômes et n’empêche pas la progression de l’endométriose. Par exemple sous forme fibrotique, par très bonne pour les ovaires…

La meilleure chance, parlant d’endométriomes, c’est la kystectomie, et l’exérèse en général, qui enlève soigneusement toute trace d’endométriose, en même temps que les parois des endométriomes, et avec ça disparaît l’une des sources mêmes des substances inflammatoires qui entravent la fertilité.

Combien d’INSUFFISANCES OVARIENNES dues aux agonistes GnRH (Décapeptyl, Enantone, Synarel)? Ou aux techniques chirurgicales inappropriées? L’usage des techniques thermiques (laser CO2, etc.) risque fort d’endommager l’ovaire, non?

Combien de MENOPAUSES DEFINITIVES ou de panhypopituitarisme [insuffisance de l’hypophyse nécessitant un traitement hormonal multiple pour remplacer la production naturelle d’hormones par cette glande] après une apoplexie hypophysaire ou à cause d’un adénome hypophysaire? Et tout cela peut être dû à Enantone, Decapeptyl, Synarel, Zoladex…

Pas besoin d’être médecin pour comprendre qu’une hypophyse endommagée totalement ou partiellement, ce n’est pas bon pour la réserve folliculaire…

Et que lorsque vous préconisez un traitement médical hormonal pendant des années, vous majorez encore tous ces risques – et ceux pour l’hypophyse existent dès la première heure après l’administration. C’est vrai qu’une tumeur hypophysaire bénigne (adénome hypophysaire) qui ne provoquerait « qu »‘une cécité en appuyant sur les nerfs optiques pourrait ne pas avoir des conséquences hormonales, sur la FSH et la LH, donc sur l’activité ovarienne, mais je pense que nous serons d’accord pour dire qu’être aveugle n’est pas un avantage s’agissant d’avoir des enfants…

De mémoire toujours, après un « traitement » par Enantone et Cie, il y a entre 15 et 41% (selon divers auteurs) de KYSTES OVARIENS FONCTIONNELS provoqués par les agonistes GnRH tels Enantone, Decapeptyl, Zoladex, Synarel, etc. Bien entendu, ce n’est pas la même chose que l’endométriose, mais vous savez que cela pose problème pour la fertilité.

Suite dans le prochain commentaire.

Elena Pasca

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(SUITE de la réponse de EP au Dr Belaisch)

QUELLE SATISFACTION SUITE A LA CHIRURGIE OU AUX MEDICAMENTS ?

Lors des échanges passés avec quelques protestataires, et surtout avec moi, vous avez affirmé que les patientes elles-mêmes seraient insatisfaites de la chirurgie, selon des enquêtes. Jusqu’à ce que je vous réponde que ce n’est pas le cas, prenant appui sur la plus grande enquête menée à l’échelle européenne, [présentée par Lone Hummelshoj] qui montrait un taux de satisfaction (et d’amélioration durable, sous tous les angles, y compris la fertilité) de 80% suite à la chirurgie; alors que le taux de satisfaction des femmes n’était que de 30% avec des traitements hormonaux.

Or les 80% seraient encore plus si les femmes étaient opérées par des équipes spécialisées, sans traitement hormonal préalable et uniquement par exérèse radicale conservant les organes. Or l’enquête ne faisait pas de distinction [entre les diverses techniques chirurgicales] et ne parlait pas non plus de chirurgie sans traitement hormonal préalable vs chirurgie sous agonistes de la GnRH. Pourquoi? Parce que les essais cliniques sont financées par les laboratoires pharmaceutiques, et qu’ils ne vont pas financer la chirurgie seule, pour apporter la preuve que leurs médicaments ne servent à rien…

Puisque ce sont les patientes qui comptent – et leur sort, comme vous le dites –, leur parole (satisfaction suite à certaines techniques, en l’occurrence) doit compter elle aussi.

Vous parlez des ADHERENCES, et en général des conséquences des interventions chirurgicales multiples. Mais personne ne dit qu’il faut opérer chaque année. Bien au contraire. Opérer une fois, deux fois, mais bien, par exérèse complète uniquement et dans des conditions idéales telles que les conçoit le Dr David REDWINE. Et ne pas hésiter à avoir recours à la LAPAROTOMIE, notamment en cas d’endométriose digestive et multifocale étendue, sévère, etc., pour ne pas y arriver en catastrophe, après dix ans de laparoscopies chaque année en faisant des exérèses partielles (exérèse superficielle dan le genre shaving, exérèse en pastille, etc. qui laisse persister l’endométriose) ou alors en appliquant des techniques d’ablation dont on sait qu’elles sont elles aussi incomplètes et laissent persister l’endométriose (exemples: laser CO2, Plasma Jet, coagulations et autres procédures de thermodestruction qui créent en elles-mêmes des dégâts, des inflammations et donc des adhérences aussi).

Une exérèse radicale conservant les organes qui excise toutes les lésions partout où elles sont. Eventuellement une deuxième, si une seule n’a pas permis de tout trouver donc de tout exciser. Il n’y aura pas beaucoup d’adhérences…

Les dix opérations partielles veulent dire aussi dix « cures » d’agoniste GnRH en France… Alors que même les recommandations françaises de bonne pratique (cf. AFSSAPS) disent qu’il faut limiter cela à une seule « cure » (sic) par vie de femme, de six mois (ou rarement un an grand maximum, avec une add-back therapy à partir du troisième mois). C’est déjà trop, puisque les laboratoires pharmaceutiques n’ont jamais apporté les preuves de l’utilité et de l’efficacité d’une opération sous traitement hormonal quel qu’il soit. Decapeptyl ou Enantone sont tout aussi inutiles qu’un progestatif en préopératoire. Et ils n’ont pas non plus démontré une utilité et une efficacité quelconque en post-opératoire, si l’endométriose a été excisée totalement.

Evidemment, si l’opération est incomplète – et c’est le cas dans l’immense majorité des cas (d’une part parce que les techniques utilisées sont partielles (ablation ou exérèse partielle genre shaving, exérèse en pastille, discoïde, etc.), d’autre part à cause des médicaments eux-mêmes, qui rendent les lésions temporairement moins visibles – alors on comprend que les douleurs persistent et nécessitent d’utiliser des médicaments pour les calmer.

Mais la logique serait d’extirper l’endométriose définitivement, ce qu’aucun médicament ne peut faire. Et aucune technique d’exérèse partielle ou d’ablation ne peut extirper totalement l’endométriose. L’ablation consistant à vaporiser, carboniser, bref, tenter de détruire telle lésion par des méthodes thermiques, avec le risque principal de ne pas pourvoir maîtriser l’étendue des dégâts thermiques. Chacun peut imaginer les dégâts sur des tissus très sensibles, comme les ovaires et leur contenu en follicules ou des plexus nerveux… Endommager les follicules entraîne des problèmes de fertilité, de même que certains médicaments, surtout les agonistes GnRH (Enantone / Lupron, Décapeptyl/ gonapeptyl/ Diphereline, Synarel, Zoladex…).

Mais le discours médico-pharmaceutique est parfaitement bien fait, de façon à désamorcer les critiques: il permet d’imputer les dégâts des mauvais traitements sur les organes à… l’endométriose elle-même.

Ce n’est pas le Décapeptyl qui a induit une fibrose dommageable pour les ovaires et pour la fertilité (entre autres dégâts de ces médicaments sur la fertilité), mais c’est l’endométriose elle-même qui en serait responsable…

Même chose pour les autres effets indésirables.

Je suis étonnée de voir les contradictions dans ce que vous dites, Dr Jean Belaisch. Et en voici une : vous souhaitez éviter la chirurgie, mais préconisez, dans l’un des textes publiés sur le site d’EndoFrance, de proposer une chirurgie placebo à telle femme dont vous estimez que l’endométriose aurait une « cause » psychique, pour qu’elle ne perde pas la face…

J’avoue ne pas comprendre.

Et je ne comprends pas non plus que l’association qui s’appelle EndoFrance ait publié vos textes et continue de les garder malgré les protestations. Un texte en 2003, un autre signé par vous et votre gendre (Jean-Pierre Allart) en 2006, plus un texte d’Alain Audebert. C’est honteux.

Quant à moi: Je ne « préconise » rien, n’étant pas médecin, mais ne fais qu’appliquer mon esprit critique, qui me dit que c’est le Dr Redwine dont la technique d’exérèse radicale conservant les organes s’est imposée partout dans le monde comme étant la meilleure et la seule capable de GUERIR l’endométriose. Sans oublier la description que David Redwine a faite de la maladie (notamment ses formes subtiles, atypiques) et de ses causes.

Par exemple en faisant des AUTOPSIES DE FOETUS de sexe féminin chez lesquels il a trouvé des lésions d’endométriose dans les localisations habituelles.

Dites-moi, Dr Belaisch: ces foetus ne sont même pas nés, alors comment pourraient-ils avoir une endométriose à cause d’un traumatisme psychologique, dans le genre souffrance causée par le divorce des parents? Peut-être est-ce une forme de réaction à l’abandon par les parents avant même de naître?
Quels traumatismes sexuels ces foetus pas encore nés ont-ils pu subir?

Ces foetus n’ont pas non plus eu de règles, alors vos théories, franchement…

Comment les foetus auraient-ils pu subir des « viols répétés pendant l’enfance » et refoulés, comme le dit le charlatan Jean-Michel Louka que vous avez mis sur le devant de la scène, l’introduisant auprès des médecins, des revues médicales et des sociétés savantes ainsi qu’auprès des associations?

Les revues médicales qui ont publié vos inepties et celles de Jean-Michel Louka, les voici: La lettre du gynécologue (en 2006; elle était dirigée par Patrick MADELENAT); la revue Gynécologie, Obstétrique et Fertilité en 2007 (dirigée elle aussi par Patrick Madelenat, avec vous, Dr Jean Belaisch comme membre du comité de rédaction. Et vous êtes tous les deux membres du comité scientifique de l’association EndoFrance). Puis les « Cahiers du Syngof » en 2008, dirigés à l’époque par le Pr Philippe DESCAMPS, ont publié une version remaniée et édulcorée du texte de JML, et ce malgré les protestations.

Et puis n’oublions pas le Pr Charles CHAPRON, qui a envoyé des patientes au psychothérapeute déviant et doublement charlatan Jean-Michel Louka (doublement parce que la psychanalyse est en elle-même déjà un charlatanisme, surtout appliquée à la médecine). N’oublions pas que Charles CHAPRON a même organisé une consultation publique pour JML à l’hôital Ccochin, qui devait commencer à la rentrée 2007 et qui n’a pas bu le jour que parce que la protestation que j’ai menée a fait tellement de vagues que même le CNGOF s’en est mêlé, au point de désavouer tous les auteurs émettant des thèses psychologisantes et de dire que les propos publiés dans la revue Gynécologie, Obstétrique et fertilité n’engagent que leurs auteurs et ne sont pas du tout partagés par la communauté médicale (on parle donc non seulement de Jean-Michel Louka, mais aussi de tous ceux qui ont écrit de tels propos, donc de vous-même, Dr Jean Belaisch, de votre gendre Jean-Pierre Allart ainsi que du Dr Alain Audebert).

LA MAUVAISE APPLICATION DE LA CHIRURGIE (ablation et exérèse superficielle et partielle) dans l’immense majorité des cas et l’usage de techniques partielles sous médicaments hormonaux ne doit pas justifier un rejet de la chirurgie, mais entraîner une meilleure formation.

En tant que philosophe, je constate très souvent une confusion entre les PRINCIPES et leurs APPLICATIONS. Le principe de la chirurgie d’exérèse complète, seule capable de guérir si elle est bien faite, ne doit pas être jeté parce que les chirurgiens français l’appliquent mal et que les internes – qui assurent le gros du travail dans les services publics de gynécologie- obstétrique ne savent forcément pas la pratiquer, au vu de sa complexité…

Les chirurgiens déjà chevronnés dans la chirurgie gynécologique générale doivent se spécialiser en endométriose et apprendre à pratiquer l’exérèse radicale conservant les organes, pas à rejeter le principe, ni à les « adapter » à leurs pratiques qui déforment les principes.

L’appât du gain fait aussi beaucoup dans la facilité avec laquelle les chirurgiens se laissent instrumentaliser par les laboratoires pharmaceutiques et par les fabricants d’instruments chirurgicaux, parce que l’exérèse complète non seulement ne rapporte rien, mais en plus prend beaucoup de temps et doit se faire sans aucun médicament pour avoir les meilleures chances de succès.

J’espère avoir abordé tous les points de votre message, même si c’est de façon superficielle et de mémoire, et tiendrai mes promesses de faire d’autres articles à ce sujet, sur le traitement empirique, sur les conflits d’intérêts, sur les pratiques françaises, sur les dangers des traitements hormonaux, en particulier ceux des analogues agonistes GnRH, etc. Mais les progestatifs (Lutéran, Lutényl, surgestone, …) entraînent eux aussi un état d’hypoestrogénie avec des effets indésirables dont certains sont communs avec ceux d’un Décapeptyl ou Enantone.

Ce ne sera pas tout de suite, parce que j’ai plusieurs choses en cours.

Merci de votre attention.

Bien à vous,
Elena Pasca / Pharmacritique

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Écrit par : Elena Pasca, 02h15 – mercredi 03 août 2011

[Texte reçu par mail du Dr Jean Belaisch et posté par moi, puisqu’il n’a pas réussi à poster lui-même]

Docteur Jean BELAISCH
Ancien Interne des Hôpitaux de Paris
36, rue de Tocqueville
75017 PARIS
tél 01 42 27 95 59
fax 01 43 80 27 55
mail : jean.belaisch@wanadoo.fr
 
A madame Elena Pasca
 
Paris, le 21 juillet 2011
 

Chère Madame,
 

J’ai lu avec l’intérêt que vous imaginez les pages que vous consacrez à l’endométriose et les jugements que vous portez sur ma façon de pratiquer la médecine.
Comme je vous l’avais annonce je vous adresse cette fois ma réponse étayée par une bibliographie venant de bons auteurs

Je me permets donc de venir vous répondre en 3 points :

– Le traitement chirurgical
– Le traitement médical
– la psychologisation
– avec un mot sur les PMA
 
1 Le traitement chirurgical

Je suis parfaitement d’accord qu’après des interventions effectuées par un chirurgien compétent et attentif  l’évolution peut être parfaite, avec une guérison définitive des douleurs endométriosiques et une grossesse quand le couple l’aura désirée. Et j’ai rencontré de très nombreux cas de cette évolution merveilleusement satisfaisante pour les patientes .

Cependant, ce que ni le professeur Redwine, ni vous même,  n’avez mentionné, c’est que l’exérèse radicale conservatrice est soumise à l’habituelle balance : si le chirurgien est trop radical, il augmente les risques de complications, entre autres la survenue des épouvantables fistules, et s’il est trop prudent, son opération ne sera pas radicale.

Or les récidives, en matière d’endométriose opérée, sont beaucoup  plus fréquentes qu’on ne le pense, surtout lorsque le suivi est prolongé sur 5 ou 10 ans.  Et dans de nombreuses statistiques d’éminents spécialistes elles peuvent atteindre 50% des cas. Et cependant  les grands chirurgiens tels que le Pr Chapron  et d’autres autorités internationales considérées  comme l’élite, déconseillent la réintervention ! (1) (1bis).

Monsieur le Pr Redwine est un chirurgien et un chercheur réputé et écouté en matière d’endométriose. Or, ni lui, ni vous, n’avez évoqué les complications qui peuvent survenir à la suite d’une intervention. Des chirurgiens français de grande réputation internationale, comme le Professeur Madelenat (2)  et le Professeur Darai (3), ont, dans des revues à comité de lecture, publié leurs travaux sur les complications qui sont survenus dans environ 10% des cas et insisté sur la nécessité d’en tenir compte dans la prise d’une décision chirurgicale.

Plus encore, vous ne pouvez pas ignorer que deux des meilleurs chirurgiens français de l’endométriose,  les professeurs Mage et Canis (4), ont publié  un éditorial qu’ils ont intitulé : «  Chirurgiens, pitié pour les femmes atteintes d’endométriose », tellement ils avaient été frappés par les vécus des femmes qui venaient les consulter à Clermont Ferrand, après des parcours d’interventions répétées à plusieurs reprises et qui n’avaient fait qu’aggraver leur état.

Ces résultats ne sont pas la preuve d’une inaptitude des chirurgiens français. Au contraire ils ont plutôt moins de récidives.  Et vous aurez  les résultats des chirurgiens du monde entier, en allant sur  le site de Madame Hummelshoj (5) , qui a réalisé la plus solide enquête mondiale a ce jour: enquête à travers  52 pays du globe et sur 7025 patientes. Après chirurgie, les malades se sont senties dans un état « bien pire », ou « pire » dans  respectivement  17 et 29 % des cas (en revanche lorsque le chirurgien était expert 80 % des femmes étaient satisfaites. Comme vous le verrez en utilisant le lien, (5) le traitement médical ne fait pas mieux avec à  peu près les mêmes chiffres ce qui témoigne vraisemblablement qu’il n’était pas correctement appliqué.

Pour finir vous avez lu ou lirez sûrement, le remarquable et récent travail de Seracchioli (6) , paru encore dans Fertility and Sterility et qui montre l’impressionnante différence de fréquence des récidives, si, après intervention pour endométriome ovarien, la malade recourt au traitement hormonal post-opératoire (c’est à dire à la prise de pilule)ou non ( et ce travail est conforté par bien d’autres). Les chiffres parlent d’eux-mêmes  : sur 36 mois de suivi 94% des utilisatrices régulières n’ont pas eu de  récidive tandis que 51 % des « never users » ont récidivé.  

Tout dernier point concernant les interventions : l’endométriose est une maladie qui en elle même cause des adhérences dans la cavité péritonéale et toute opération est susceptible d’en provoquer et d’aggraver celles déjà présentes c’est à dire d’augmenter  les risques d’une occlusion intestinale et cela les Prs Killick  et Redwine sont très loin de l’ignorer.


 2 – Le traitement médical

L’endométriose a une particularité : elle est faite de lésions hormono-sensibles. Le fait de ne pas tenir compte de cette exceptionnelle caractéristique pourrait relever d’un dogmatisme. En revanche, de mettre en œuvre un traitement d’essai (je souligne ce mot) témoigne du désir de rendre service aux malades.

En ce qui concerne le traitement hormonal et tous les maux, dont il est parfois accusé, je me permets de vous renvoyer à l’article tout récent et fondamental de Vercellini (7), paru sous un titre étonnant pour un article médical, mais qui révèle bien l’importance « existentielle » du sujet. Vous y trouverez une réflexion approfondie sur les raisons pour lesquelles il est important de recourir au traitement hormonal et vous y trouverez aussi des raisons majeures pour comprendre les avantages de la suppression des oestrogènes sur les implants de l’endométriose.
Vous citez le Professeur Killick (8), c’est un des hommes  dont j’admire les travaux que je cite lors de presque toutes mes conférences.

Il a montré que 3 à 4 jours après l’arrêt de pilule, l’ensemble hypothalamo-hypophyso- ovarien se remet en marche comme s’il n’avait jamais été freiné et c’est le cas même lorsque la prise a été de très longue durée.  Cette immédiate reprise témoigne de la puissance du système reproductif parce que la logique du vivant c’est de se reproduire comme l’a écrit François Jacob.

Et j’en viens donc au traitement hormonal que je défends (9), c’est celui d’un freinage continu par la pilule ou les progestatifs sans aucune interruption car celle-ci laisserait les ovaires reprendre leurs sécrétions nocives d’oestrogènes. Les agonistes de la LHRH sont également une arme puissante mais qu il faut bien connaitre pour les manipuler correctement.
Ce traitement peut en effet, durer 10 ans voire plus, mais il évite à certaines patientes des complications parfois terribles.

Et si vous êtes  au contact de femmes endométriosiques, vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu parler de ces calvaires.

REFERENCES

1 Chapron C. Vercellini P. Barakat H. Vieira M. Dubuisson JB. Management of ovarian endometriomas. Hum Reprod Update. 2002 Nov-Dec;8(6):591-7.
 
1bis Vercellini P, Barbara G, Abbiati A, Somigliana E, Viganò P, Fedele L. Repetitive surgery for recurrent symptomatic endometriosis: what to do? Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2009 Sep;146(1):15-21.

2 Camagna O, Dhainaut C, Dupuis O, Soncini E, Martin B, Palazzo L, Chosidow D, Madelenat P Surgical management of rectovaginal septum endometriosis from a continuous series of 50 cases. Gynecol Obstet Fertil. 2004 Mar;32(3):199-209.
 
3) Dubernard G, Rouzier R, David-Montefiore E, Bazot M, Daraï E. Urinary complications after surgery for posterior deep infiltrating endometriosis are related to the extent of dissection and to uterosacral ligaments resection. J Minim Invasive Gynecol. 2008 Mar-Apr;15(2):235-40.
 
4) Mage G. Canis M. Chirurgiens : pitié pour les patientes atteintes d’endométriose !  Gynecol Obstet   Fertil.2006 ;34 :1-2
 
5) Hummelshoj Lone conférence à Maastricht.   http://www.endometriosis.org/press15sept2005.html
 
6)  Seracchioli R, Mabrouk M, Frascà C, Manuzzi L, Savelli L, Venturoli S. Long-term oral contraceptive pills and postoperative pain management after laparoscopic excision of ovarian endometrioma: a randomized controlled trial. Fertil Steril 2010 Jul;94(2):464-71.

6 bis)  Roman H. L’aménorrhée postopératoire prolongée prévient les récidives de l’endométriose : enfin des preuves !! Gynec Obstet Fertil 2009; 37 N°10 : 771
 
7) Vercellini P, Crosignani P, Somigliana E, Viganò P, Frattaruolo MP, Fedele L. ‘Waiting for Godot’: a commonsense approach to the medical treatment of endometriosis. Hum Reprod. 2010 Nov 11. [Epub ahead of print
 
8) Killick, S. Eyong, E. Elstein, M. Ovarian follicular development in oral contraceptive cycles. Fertil. Steril 1987.; 48: 409-13.
 
9)  Belaisch J. Progestins and medical treatment of endometriosis – physiology, history and society. Gynecol Endocrinol. 2009 Nov;25(11):751-6

3 – La psychologisation

En ce qui concerne la psychologisation dont vous m’accusez, elle était déjà le fait d’un des chirurgiens gynécologues le plus respecté des Etats Unis, John Rock (10) , qui déjà en 1993, dans la revue Fertility and Sterility, avait parlé de l’antécédent de viols chez les jeunes femmes souffrant d’endométriose.

Je permets aussi de vous proposer de lire en entier l’article de Harrison (11), qui montre l’importance de facteurs familiaux et des réactions du système nerveux végétatif chez les femmes endométriosiques.
Après cette lecture vous pourrez vous faire une idée fondée sur les aspects psychologiques de l’endométriose.
Comment, est-ce que de déclarer qu’une personne a vécu des années dans un état émotionnellement  insupportable (et que ce vécu malheureux pourrait avoir favorisé le développement de son endométriose) pourrait être  considérée comme  une critique vis-à-vis des femmes ayant souffert de cette maladie, je me le demande avec étonnement.

Enfin quand on sait l’immense développement du cerveau humain et la richesse de ses élaborations intellectuelles et émotionnelles, est-il possible de penser que le vécu n’a aucune importance sur la santé !

Je suis certain que le meilleur traitement est celui qui est discuté entre la malade et le chirurgien. Si la malade préfère ne pas prendre un traitement qui risque d’être très prolongé et qu’elle  a choisi la chirurgie, pourquoi pas. Mais il faut qu’elle sache, par exemple, que si elle est opérée d’un endométriome ovarien droit et que son ovaire gauche paraît sain à l’opération, ( et que bien entendu il l’etait aussi en IRM et a l’echographie sinon le chirurgien ne meriterait pas sa qualification) cela n’empêchera pas, que chez certaines, un endométriome se développe sur l’ovaire gauche 6 mois à 5 ans plus tard.

Enfin et ce sont là des notions récentes dont peut-être le professeur Redwine n’a pas mesuré l’importance, il est désormais certain grâce à l’échographie et à l’IRM que l’adénomyose utérine s’associe à l’endométriose dans environ 25% des cas. Or la chirurgie conservatrice ne peut être radicale dans ces cas que si on enlève ou l’utérus ou les ovaires (et en créant un état de ménopause artificielle définitive qui est assez mal supportée par les femmes jeunes !)
 
Je n’aborderai que très rapidement  la question des PMA malgré son rôle  désormais majeur dans le traitement de l’infertilité chez ces patientes  et malgré les critiques sévères que vous lui consacrez  !

Sur ce point un travail français d’une remarquable significativité est paru : il montre que lorsque, à l’IRM, la zone jonctionnelle est très épaissie (signe d’adénomyose) les chances d’implantation de l’embryon transféré sont « dramatiquement » réduites (Maubon) (12 et 12 bis)  en d’autres termes que le meilleur traitement alors ne peut être -sauf exceptions où la chirurgie peut être salvatrice- qu’hormonal.

Vous avez aussi appris que de faire précéder par une prise de 6 semaines de pilule la PMA des femmes endométriosique améliore notablement ses résultats (de Ziegler… Chapron (13).
 
Ainsi, et de façon tout à fait logique, seule une collaboration équilibrée entre chirurgie, médecine endocrinienne, spécialiste de la PMA et avec l’aide des médecins de l’âme, permettra que les femmes souffrant d’endométriose soient traitées au mieux.
 
J’espère que mes arguments  vous auront convaincue de la complexité de la question.

Et si vous le croyez utile, je vous serai reconnaissant de transmettre ces réflexions aux professeurs Killick  et Redwine  dont je recevrais les réponses avec un immense plaisir quelles qu’elles soient. Comme je vous l’ai écrit je vais sans doute en parler a Montpellier avec le Pr Redwine.

Je termine souvent une conférence en montrant le ventre magnifique et impeccable de la Venus d’Urbino. Il est vrai que la cœlio-chirurgie ( progrès majeur du à la tenacité de notre maître le chirurgien français Raoul Palmer et de nos amis Maurice Bruhat et Hubert Manhes) a diminué miraculeusement les séquelles esthétiques des interventions sur le pelvis, mais il n’est pas toujours possible d’éviter la laparotomie et ces professeurs ne l’ignorent pas.

Je vous remercie de l’attention que vous aurez portée à ces données objectives. Je garde lespoir que vous les publierez sur votre site et je ne répondrais pas à vos amabilités sur ma pratique quotidienne. Néanmoins si la chance veut qu’un jour nos relations soient pacifiées, je vous parlerai de mon bref séjour a Monaco et vs pourrez par vous même juger de la réalité de vos assertions a leur sujet.

Je vous prie de croire, comme vous avez pu le lire, à mes sentiments les meilleurs.
 
Jean Belaisch
 
 
10) Rock J. Endometriosis and pelvic pain. Fertil Steril. 1993 Dec;60(6):950-1.
 
11)  Harrison V, Rowan K, Mathias J. Stress reactivity and family relationships in the development and treatment of endometriosis.
Fertil Steril. Apr;83(4):857-64. 2005
 
12) Maubon A, Faury A, Kapella M, Pouquet M, Piver P. Uterine junctional zone at magnetic resonance imaging: a predictor of in vitro fertilization implantation failure. J obstet Gynaecol Res 2010nJun; 36b (3):611-8 

12bis Daraï E, Carbonnel M, Dubernard G, Lavoué V, Coutant C, Bazot M, Ballester M. Determinant factors of fertility outcomes after laparoscopic colorectal resection for endometriosis. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2010 Apr;149(2):210-4.

13 de Ziegler D, Gayet V, Aubriot FX, Fauque P, Streuli I, Wolf JP, de Mouzon J, Chapron C. Use of oral contraceptives in women with endometriosis before assisted reproduction treatment improves outcomes. Fertil Steril. 2010 Dec;94(7):2796-9.
 
 

Je voudrais préciser que je n’ai aucun conflit d’intérêt.

Et je redonne mes coordonnées pour cette seconde partie du commentaire
Dr Jean BELAISCH.
36 rue de Tocqueville 75017 Paris
0142279559
 
 Écrit par : belaisch 21h30 – mardi 09 août 2011

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Dr Jean Belaisch, 21h50 – mardi 09 août 2011

J ai envoyé et confirme deux fois mon commentaire certes long sans succès
Si vous pouvez mieux faire je vous en serai tres reconnaissant
Je rappelle que je n ai aucun conflit d’intérêt
Et que mes coordonnées sont a publier pour démontrer que j’assume pleinement le texte
Merci d avance et bien cordialement
Jean BELAISCH

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Écrit par Elena Pasca, le 10 août 2011:

Bonjour docteur Belaisch,

Merci de votre réponse. Je redis à quel point j’apprécie votre ouverture et la volonté de dialogue, mais constate toutefois que vous abordez certains points et apportez des références autres, mais sans répondre à propos d’un certain nombre de points que j’ai abordés. Il me semblerait préférable de tout aborder, point par point, avant d’introduire d’autres références. Je les commenterai et vous répondrai volontiers, mais aimerais que tout soit discuté. Pourquoi ne pas commencer par votre rôle dans les activités du psychanalyste en question (que je vous demanderais de ne pas nommer, ne souhaitant pas lui faire de la publicité) et dans ce dérapage de mars 2007 de la revue Gynécologie, Obstétrique et Fertilité? Est-ce que vous cautionnez ces spéculations?

J’attends aussi une réponse à propos des agonistes GnRH et des autres aspects abordés dans les trois articles et les commentaires. Les agonistes GnRH sont au coeur du sujet, s’agissant d’endométriose, de sa chronicisation au profit de l’industrie pharmaceutique, au mépris de tous les risques.

Mes réponses viendront au fur et à mesure, car j’ai beaucoup de choses en cours, qui n’ont rien à voir..

Si vous êtes d’accord, nous voilà partis pour une longue discussion.

Cela dit, merci de ne pas me prêter des intentions d’ordre personnel. Vous parlez de relations que nous pourrions « pacifier », ce qui laisserait entendre que nous serions en guerre… Je ne vous connais pas autrement que par ce que vous écrivez et faites publiquement, et la critique porte là-dessus, bien évidemment.

Je continuerai de toutes façons à aborder le sujet des analogues agonistes GnRH et des conflits d’intérêts autour de l’endométriose, car c’est cela qui pose le problème majeur, sous l’angle de vue de Pharmacritique.

Si vous avez un peu de temps, regardez un peu dans les pages de ce blog, et vous verrez que je ne fais pas de discrimination ;)) tous les médicaments risqués et inutiles y passent 😉 C’est juste une question de temps et de disponibilité. La formation médicale continue sponsorisée par les firmes (dans le genre des Gynovations) a droit à mes égards aussi, comme les leaders d’opinion, les hommes politiques et leurs conflits d’intérêts, etc. J’espère que vous ne me prêtez pas d’intentions belliqueuses à l’égard de tout ce monde 😉

Peut-être est-ce là aussi une façon de psychologiser que de déplacer la discussion du terrain des idées et des arguments vers celui des intentions (supposées). D’autre part, il va de soi que je ne parle que de ce que je pense, et en mon nom. C’est un préalable à toute discussion que de reconnaître cette capacité des usagers à se forger un avis critique et à l’exposer – et ne pas se borner à reproduire, si je puis faire un jeu de mots facile 😉 Ces deux aspects, qui relèvent du respect d’autrui, me paraissent être des conditions nécessaires pour toute discussion.

Je lisais le dernier numéro du JAMA et me suis dit qu’il devrait vous intéresser, parce qu’il y a plusieurs articles sur le stress post-traumatique, etc., même s’il n’y a pas de rapport avec l’endométriose (puisqu’un tel rapport n’aurait aucune justification scientifique). Il y a entre autres un compte rendu d’un livre qui vous intéressera certainement, alors je suis allée chercher les références précises:

« The Impact of Early Life Trauma on Health and Disease. The Hidden Epidemic », Cambridge 2010, sous la direction de Ruth A. Lanius, Eric Vermetten et Clare Pain.

http://www.cambridge.org/gb/knowledge/isbn/item2709685/?site_locale=en_GB

Bien à vous, 

Elena Pasca / Pharmacritique 

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Elena Pasca au docteur Jean Belaisch

[Suite de ma réponse sur les divers points abordés]


« TRAITEMENT » HORMONAL EN POST-OPERATOIRE

Autant commencer par les études que j’ai déjà lues et qui sont données comme références, parmi d’autres, dans les recommandations de bonne pratique un peu partout, pour dire que, sur la base du niveau de preuve le plus fort (grade A), le « traitement » hormonal n’a aucun intérêt en post-opératoire, SI tout a été opéré par exérèse.


On sait cela depuis longtemps, et le « traitement » post-opératoire est le premier qui a sauté (par rapport à ce qui était prévu initialement dans les recommandations: traitement hormonal – chirurgie – traitement hormonal et ainsi de suite, dans un cercle vicieux infernal).
A été éliminée aussi l’utilisation en hypofertilité et infertilité, car ces « traitements homonaux » n’ont aucun intérêt, mais causent une perte de temps considérable, en particulier les agonistes GnRH…


Outre les recommandations (groupe de travail dirigé en France par le Pr Emile DARAI, que vous citez, par ailleurs), qu’est-ce que vous faites par exemple des études de BUSACCA et de celle de FEDELE sur l’inutilité des analogues agonistes GnRH (Enantone, Décapeptyl) en post-opératoire?


FEDELE: »Gonadotropin-releasing hormone agonist treatment for endometriosis of the rectovaginal septum ». Am J Obstet Gynecol. 2000 Dec;183(6):1462-7

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11120511

Dans 87% des cas, 6 mois d’agonistes n’entraînent pas de diminution significative de la douleur sur un an, et ces patientes auront besoin d’un nouveau traitement… Chronicisation, donc…
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11120511

(Pour les autres lecteurs, autant préciser que l’effet d’Enantone/Lupron/Prostap/Lucrin et Cie en pratique est bien plus long que les six mois théoriques, car l’aménorrhée persiste bien au-delà. Une injection d’Enantone 11,25 mg ou de Décapeptyl 10 mg – en libération prolongée pour trois mois, en théorie – induisent une aménorrhée d’au moins 6 mois).

Toujours Fedele:
au bout de six mois après la dernière injection, les nodules (qui avaient diminué légèrement de taille sous agonistes) retrouvent TOUS leur taille initiale.



Combien de lésions plus petites – par exemple les vésicules péritonéales et autres formes « subtiles » – seront temporairement devenues invisibles à cause des agonistes GnRH (Enantone, Decapeptyl,…) et auront été laissées en place par le chirurgien qui ne pouvait pas les voir?

Qu’est-ce que vous, médecins prescripteurs de ces médicaments, faites là? Vous exposez vos patientes à des traitements inutiles, mais fort risqués, qui n’induisent même pas une diminution temporaire de la douleur, en particulier au-delà du stade III. Et ce pour les seuls profits de l’industrie pharmaceutique et de leurs satellites en blouse blanche?



L’ETUDE DE BUSACCA

« Post-operative GnRH analogue treatment after conservative surgery for symptomatic endometriosis stage III-IV: a randomized controlled trial. »
Hum Reprod. 2001 Nov;16(11):2399-402.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11679528

Résultats: « Pendant le suivi, qui allait de 6 à 36 mois, cinq (33%) des 15 femmes qui souhaitaient un enfant et prenaient un analogue agoniste de la GnRH et six (40%) des 15 femmes sans traitement sont tombées enceintes (taux significatif [pour démontrer un effet du traitement hormonal]). Des douleurs modérées à sévères sont réapparues pendant le suivi chez 10 (23%) des femmes dans le groupe prenant l’analogue agoniste GnRH ainsi que chez 11 (24%) des femmes sans traitement ; le taux cumulatif de récidive de la douleur à 18 mois était de 23% versus 29%, ce qui n’est pas statistiquement significatif pour montrer un effet du médicament. Quatre (9%) des femmes traités par agoniste GnRH et quatre (9%) parmi celles sans traitement médical ont eu une récidive de l’endométriose objectivée par l’examen clinique et/ou l’échographie pelvienne. »

Conclusions:

« Cette étude ne recommande pas l’usage de routine post-opératoire d’un traitement de trois mois par agoniste de la GnRH chez des femmes souffrant d’une endométriose symptomatique de stade III-IV. »

Sans « traitement » par Enantone (acétate de leuproréline ou leuprolide, Lupron aux USA), le taux de grossesse comme le taux de douleur en endométriose est le même.



Conclusion logique : aucun intérêt d’un traitement post-opératoire, quel que soit le critère.

Alors pourquoi prendre des RISQUES INUTILES pour la santé de ces femmes? 

Car ils sont bel et bien là, même si le risque d’un adénome hypophysaire, d’une apoplexie hypophysaire, de douleurs neuropathiques, de thyroïdite auto-immune, de ménopause définitive, d’ostéoporose, de troubles neuropsychologiques, etc. semble vous laisser de marbre, puisque vous ne dites pas un mot là-dessus, malgré mes demandes répétées.

***********

Suite de la réponse de Elena Pasca au Dr Belaisch, après la question du « traitement » hormonal post-opératoire)


DEPRESSION, IDEATION SUICIDAIRE, etc. CAUSEES PAR ENANTONE, DECAPEPTYL… chez hommes, femmes et enfants confondus

Vous qui vous intéressez au côté psychologique, connaissez-vous les études des effets neuropsychologiques des analogues agonistes GnRH, particulièrement de l’Enantone (Lupron), qui est le plus étudié?

Mais que faites-vous? Au lieu de vous intéresser à la cause, et à la responsabilité des médicaments et des médecins qui les prescrivent, vous inversez cause et effets et dites qu’il y a de la dépression chez les femmes endométriosiques… Alors qu’elle est iatrogène. Et elle est induite par l’hypoestrogénie chez les femmes, par agonistes GnRH tout comme par progestatifs, sauf que les premiers y arrivent plus vite…

Mêmes effets indésirables neurologiques et neuropsychologiques CHEZ LES HOMMES traités par Enantone, Décapepytl (ou autre agoniste GnRH) pour un cancer de la prostate… C’est étonnant que ni vous ni le psychanalyste aux méthodes charlatanesques que vous avez encouragé n’alliez pas chercher des poux dans la tête des hommes… Ce Monsieur qui se fait appeler « docteur » ne s’intéresse qu’aux femmes, on se demande bien pourquoi. Si vous aviez fait juste une toute petite recherche avant de le mettre en selle et en scène, vous auriez pris la mesure de ses méthodes…



ENDOMETRIOSE CHEZ LES HOMMES

Parlant des hommes, que faites-vous de l’ENDOMETRIOSE MASCULINE, qui apparaît en cas de traitement par fortes doses d’oestrogènes, par exemple pour un cancer de la prostate? (Le Distilbène DES est toujours utilisé dans une telle indication et peut provoquer une endométriose chez les hommes).

Quelle « explication » psychologique donnez-vous à cela? Et quelle théorie sur la cause de cette endométriose? Pensez-vous qu’un utérus a poussé chez ces hommes-là et qu’ils auraient un reflux menstruel? Peut-être du fait d’un traumatisme psychologique qu’ils auraient eu 50, 60 ou 70 ans auparavant? Leurs parents les auraient abandonnés et ils s’en souviendraient 60 ans après, comme par un miracle induit par un « traitement » hormonal ou par une « psychanalyse » déformée (comme celle du Monsieur en question) ?

Il y a 31% de cas de dépression selon le RCP (la notice détaillée) américain de l’Enantone (Lupron) et d’autres, toutes pathologies prises ensemble, donc chez hommes, femmes et enfants.

44% de cas de dépression causée par l’Enantone / Lupron chez les femmes souffrant d’endométriose, qui n’avaient aucun signe de dépression auparavant, selon une étude canadienne menée par une autre référence (lui aussi opposé à l’usage d’agonistes GnRH): le Pr Togas TULANDI (Canada).

Presque toutes les notices étrangères parlent d’IDEATION SUICIDAIRE, tentative de suicide et suicides réussis… Les troubles psychiques peuvent aussi inclure des EPISODES PSYCHOTIQUES, par exemple des épisodes maniaques…

Qu’allez vous faire dans un tel cas? Envoyer ces personnes chez le Monsieur en question, pour qu’il leur dise dès la première séance qu’elles /ils ont été violé(e)s mais ne s’en souviennent pas (refoulement, qui a bon dos) ?

Toutes les notices, tous les RCP étrangers en parlent, mais aucun médecin prescripteur ne met en garde les patients (ou leurs parents, s’agissant d’enfants traités pour puberté précoce).

Et vous venez parler du psychisme de ces personnes, hommes ou femmes (sans parler des enfants traités pour puberté précoce) ? Les chiffres sont partout les mêmes, et la cause majeure, c’est les « traitements » hormonaux que vous préconisez, avec un risque forcément majoré en cas de traitement de longue durée (jusqu’à 10 ans (!!))… Mais aussi le retentissement des douleurs chroniques, auxquelles nul être ne peut rester insensible, à moins d’être psychotique. Et la « torture morale » que j’ai évoquée (et qu’évoque aussi le Dr David Redwine), par des médecins qui font des erreurs de diagnostic et avancent toutes sortent d’hypothèses, d’où un retard de diagnostic de 7 à 10 ans (selon les sources).

Vous provoquez, à travers les médicaments, ce que vous imputez par la suite aux patient(e)s. Désolée, pour cette façon spontanée de l’exprimer, mais il n’y a pas d’autre façon de le dire clairement, ni d’exprimer mon indignation.

Vous, médecins prescripteurs de ces « traitements » hormonaux des symptômes d’une maladie, INDUISEZ DES TROUBLES PSYCHIQUES IATROGENES. Et lorsque ces « traitements » ne marchent pas, ce qui est logique, vous évoquez ces troubles comme une « cause » (sic) de la maladie, pour justifier l’échec et en donner la responsabilité aux patient(e)s. N’est-ce pas ce que dit aussi le Dr Philippe COLLINET dans Gynécologie, Obstétrique et Fertilité, dans la réponse à l’article du psychanalyste Jean-Michel Louka ? Et vous rajoutez encore une « cure » hormonale… Comme si ce qui n’a pas marché une première, une troisième fois, marchera la dixième fois…

En plus des « traitements hormonaux », il y aura aussi des antidépresseurs et autres psychotropes, des antiépileptiques à la mode, du genre Lyrica et Neurontin, qui auront à leur tour des effets psychiques et neuropsychologiques (entre autres), renforçant les clichés…

C’est cela qui s’appelle « science » et evidence-based medicine EBM? Sans parler de l’obligation de moyens, inscrite dans le Code de déontologie…

C’est la vérité toute nue, et c’est elle qui est cruelle, pas le fait de la dire.

Et par le « traitement empirique », vous privez d’emblée ces femmes de la seule possibilité de guérir, qui est la chirurgie bien faite, comme vous l’avez vous-même reconnu dès le départ dans votre réponse. Là-dessus, je vous répondrai aussi d’un point de vue moral, qui sera encore plus dur, je le crains.

J’attends vos réactions sur tous les aspects évoqués dans les textes et dans mes réponses.
Bien à vous,
Elena Pasca

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[Note de Pharmacritique: Il semble que depuis deux-trois jours il y ait à nouveau un problème technique avec les commentaires. Voici la réponse du Dr Belaisch, telle que reçue par mail, en quatre parties. Pardon pour ce contre-temps. Si d’autres ont posté récemment des commentaires qui ne sont pas parus, merci de les envoyer au mail de contact du blog: pharmacritique@netc.fr

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COMMENTAIRE 1 du dr Jean BELAISCH

Chère Madame

Vous avez écrit : Etonnement, personne n’a jamais pris la peine de mener les études élémentaires qui prouveraient que ces deux états hormonaux naturels seraient capables d’éradiquer la maladie

A la lecture de cette phrase il ne semble pas que votre vision de l’endométriose soit la même que celle des gynécologues du monde entier qui étudient cette maladie depuis des années.

En particulier la preuve que la ménopause guérit l’endométriose a été apportée par des milliers de cas. Comment serait-il possible de le prouver de façon plus démonstrative? Tenez vous donc à ce que l’on fasse subir une cœlioscopie à une femme ménopausée qui ne souffre plus d’aucun trouble pour voir que les lésions se sont effacées ou sclérosées ?

1) pourquoi la maladie a-t-elle été appelée ENDOMETRIOSE?

A cause de la parenté histologique et physiologique des lésions avec le tissu endométrial normal intra-utérin.

Vous savez comme tout le monde que l’endométre après la ménopause lorsqu’il est privé d’œstrogènes s’atrophie et que les règles disparaissent. Et vous savez aussi qu’il suffit de redonner artificiellement de œstrogènes à une femme ménopausée pour qu’elle se remette à saigner même si ell a 80 ans. Bien entendu les lésions ne sont pas strictement analogues à l’endomètre mais elles en ont la sensibilité hormonale et d’ailleurs même après la ménopause l’endomètre tout comme les lésions d’endométriose se réveillent lorsque la femme recoit des oestrogènes.

2) C’est exactement ce qui se passe avec la maladie. Ce qui fait que aucun médecins digne de ce nom n’a pu dire ou même penser que les antihormones guérissent la maladie. Ils la tiennent en laisse. Dès que les ovaires recommencent à sécréter leurs hormones les lésions se développent à nouveau et se remettent à saigner. C’est tout.

Néanmoins Kistner en donnant de fortes doses d’hormones oestroprogestatives a observé que certaines lésions endométriosiques s’étaient nécrosées. Mais ces fortes doses provoquaient phlébites et embolies on ne les a donc plus prescrites.

Et d’autre part de nombreuses observations ont montré qu’en effet après la grossesse il était arrivé que les lésions d’endométriose disparaissent. Si vous ne voulez pas prendre ces observations en compte, libre à vous évidemment.

COMMENTAIRE 2 du dr Jean BELAISCH

3) Notion qui vous donne à la fois entièrement raison et entièrement tort, mon ami le Professeur I Brosens a fait remarquer que, pour juger de l’effet d’un traitement par agoniste de la LHRH (les agonistes de la LHRH, médicament résultant d’une fantastique recherche de physiologie animale puis de chimie de transformation moléculaire couronnée par 2 prix Nobel dont un à mon maître Roger Guillemin, sont un puissant moyen de freinage de l’actvité des testicules et des ovaires dont le bon maniement exige cependant des connaissances endocrinologiques que tous ne possèdent pas) il était déraisonnable d’effectuer une cœlioscopie de contrôle tout de suite après la fin d’une cure, car à cette période, du fait de l’absence d’œstrogènes, les lésions d’endométriose ne sont plus visibles. C’est seulement quelques semaines plus tard qu’il faut la faire.

Ce qui prouve deux choses d’une part l’efficacité du traitement et d’autre part son caractère transitoire. Et c’est bien naturel puisque dès que les ovaires reprennent leur fonction les lésions sont à nouveau stimulées et au bout de 6 mois environ – parfois bien plus selon les circonstances- les douleurs reprennent.

4) Et vous n’avez qu’à reprendre tous les textes écrits par des chirurgiens gynécologues pour trouver des les premières lignes que le traitement médical n’a un effet que transitoire et qu’on ne peut donc lui faire confiance. C’est d’ailleurs pour cela que j’insiste sur la nécessité d’un traitement continu et très prolongé, mais par les progestatifs car les agonistes sont très coûteux.

COMMENTAIRE 3 du Dr Jean BELAISCH 
Or et vous l’écrivez vous même admirablement, tout en le niant, l’endométriose est une maladie chronique. Quelle maladie chronique n’exige pas un traitement au long cours? Pour ma part je prends avec bonheur tous les matins deux produits de l’industrie pharmaceutique : une statine et un bétabloquant. Et je serai mort ou paralysé depuis longtemps si celle-ci n’avait pas mis au point ces deux molécules. Je ne parlerai pas des diabétiques, des insuffisants thyroidiens et surrenaliens et de toutes les maladies auto-immunes. Pourquoi certains ont-ils décidé que l’endométriose sort de ce cadre reste pour moi un mystère.

Vous avez votre argument : la preuve que ce n’est pas une maladie chronique est qu’elle guérit quand les lésions sont radicalement enlevées. Très bien mais alors pourquoi les résultats mondiaux sont-ils si insuffisants dans l’étude gigantesque et mondiale de Lone Hummelshoj avec des états « pires et bien pires » dépassant un tiers des femmes opérées ? Je vous redirai que les chirurgiens experts ont eux, d’excellents résultats,. En particulier parce que vous le citez, mon ami Charles Koh. Et je pense que vous pourriez lui demander ce qu’il pense de ma façon de traiter l’endométriose. Je suis sur que vous seriez très surprise aussi bien vous même que vos lecteurs.

J’accepte volontiers que vous mettiez dans le même panier l’industrie pharmaceutique, les psychiatres et psychanalystes, les chirurgiens dans leur ensemble, les endocrinologues et bien entendu les gynécologues. Ce serait votre décision et votre site serait plein de critiques dont je ne discute en aucune façon la justesse. Et je confirme que tous sont en effet un jour ou l’autre critiquables et imparfaits. Mais pourquoi attaquez vous certains plus vivement que d’autres?

Je suis persuadé que c’est votre « vécu » qui en est la cause. Et comme disait parfaitement Dale Carnegie « Si j’étais à votre place je penserai comme vous » Cependant je persiste à dire qu’une personne qui semble intelligente comme vous puisse penser que tous les traumatismes qu’ont pu vivre des jeunes femmes n’ont aucun effet sur les sensations douloureuses et que c’est insulter les malades que de faire allusion à ces traumatismes y compris sexuels… quand on sait qu’un sourire ou une grimace d’une personne que l’on estime vont faire rayonner ou assombrir toute une journée pour de très nombreux êtres humains,

D’entendre dire ou sous-entendre que ces traumatismes y compris sexuels, n’ont aucun effet sur le ressenti des douleurs, ( et peut-être par le biais de mécanismes immunitaires dans le developpement même de la maladie) me trouble énormément et je serai très heureux de vous entendre vous exprimer de façon approfondie sur cette question.

COMMENTAIRE 4 du dr Jean BELAISCH

Pour moi, ce n’est ni son gynécologue, ni vous, ni même le pr Redwine qui doivent décider du traitement à appliquer. C’est le dialogue entre la patiente et un groupe de médecins lui donnant le maximum d’informations objectives sur sa maladie et sur les risques que peuvent faire courir les différents traitements, qui permettra de choisir celui qui sera le mieux adapté à sa forme d’endométriose et à sa personnalité.

Croyez à me sentiments réellement les meilleurs

Enfin et il me semble que c’est un point essentiel que toute patiente devrait entendre : le traitement médical peut être interrompu à tout instant ce qui n’est pas le cas pour tous les autres. Certes le pr Redwine déclare que la chirurgie est moins efficace quand elle a été précédée par une suppression hormonale et je suis certain qu’il a de bonnes raisons pour l’affirmer. Mais il y a suffisamment de travaux de grandes équipes qui affirment l’inverse pour qu’on puisse considérer que la question est discutée, comme, si j’en ai la chance et s’il traverse l’Atlantique, j’espère pouvoir le lui dire au congrès mondial sur l’endométriose à Montpellier en septembre !

Dr Jean Belaisch

×****** » ***********

Écrit par : Elena Pasca, 18h40 – mercredi 24 août 2011

Bonjour Docteur Belaisch,

En continuité avec mon dernier commentaire, sur la psychologisation et la confusion entre cause et conséquence, cause et corrélation, etc. et sur les effets indésirables des traitements médicamenteux:

Outre ceux que j’ai déjà signalés, il y a aussi d’autres effets indésirables des analogues agonistes GnRH (vous savez qu’il s’agit de GnRH, et pas seulement de LHRH), tels que Enantone/Lupron, Décapeptyl, Zoladex, etc., qui peuvent entraîner des confusions chez les praticiens, quant à des supposés troubles psychiques (chez les hommes, les femmes et les enfants).

J’en cite deux, de mémoire et à la va-vite:

1) les troubles thyroïdiens (hypothyroïdie, hyperthyroïdie, mais aussi thyroïdite auto-immune, dite de Hashimoto)

2) les états épileptiques (états d’absence, diverses formes d’épilepsie du lobe temporal, mais aussi des formes « grand mal », etc.)

1) Il y a de nombreux signalements, et je vous invite à parcourir la liste de signalements de tels effets indésirables aux Etats-Unis, pour l’Enantone (Lupron) de Takeda Abbott Pharmaceuticals, qui est le plus vendu là-bas et en général.

Je ne vous apprends rien en disant que les troubles de la thyroïde peuvent avoir des conséquences attribuées à tort à la dépression, à l’anxiété ou à d’autres troubles psychiques: fatigue, asthénie, dépression, anxiété, troubles du sommeil, changement du comportement alimentaire et du poids, troubles de concentration et de la mémoire, tremblements, engourdissements…

2) Un hasard fait que j’ai été à l’origine de la détection et du signalement de plusieurs cas français de troubles épileptiques dus aux agonistes GnRH. (Faut-il encore dire que je ne suis pas concernée personnellement ?) On m’a demandé quoi penser d’un cas concret, où une personne qui n’avait aucun souci psychiatrique ou trouble du comportement, évanouissements, etc. avant de prendre des agonistes GnRH en a développé très vite sous traitement. Des médecins ont pris cela comme étant des troubles psychiatriques. Pas moi. J’ai eu tout de suite des soupçons, vu la nature même des symptômes décrits, et posé des questions, demandant à la personne de me décrire en détail tout cela (dans quelles situations ça arrive, depuis quand, quels facteurs provoquent quoi, etc.) 

La description a confirmé mes soupçons d’épilepsie du lobe temporal. Du coup, j’ai demandé à ce qu’elle fasse un électroencéphalogramme (EEG). Elle n’y croyait pas et le médecin qui l’a prise en charge n’avait pas prévu cet examen. J’ai insisté, décrit les raisons, et demandé aussi directement au médecin, à qui j’ai exposé les raisons. Bref, c’était effectivement une forme d’épilepsie du lobe temporal. 

A la suite, j’ai fait des recherches et trouvé des descriptions de cas dans la littérature médicale, trouvé de nombreux signalements d’épilepsie sous Enantone/Lupron – et trouvé aussi l’explication scientifique.

Il suffit de chercher. Après, j’ai demandé à ce médecin d’inclure l’EEG dans la liste d’examens à faire en cas d’effets indésirables d’agonistes GnRH, même lorsque les symptômes sont moins prononcés. Et il y en a eu d’autres, fréquents par rapport au nombre total des cas. Tous ont été dûment signalés à l’AFSSAPS. Mais, curieusement, malgré la documentation précise, aucun n’apparaît dans la liste détaillée des signalements d’effets indésirables de l’Enantone. D’autres effets indésirables graves, dont le signalement m’a pourtant été confirmé par les médecins qui les ont faits, n’apparaissent pas non plus.(Pas d’inquiétude, le secret médical a été respecté; j’ai eu connaissance de tout cela par les personnes elles-mêmes, la communication avec les médecins concernés restant sur des généralités (nombre de cas de tel effet secondaire…). La transmission d’informations s’est faite dans un seul sens: de moi à eux.)

Cela a bien évidemment éveillé mon intérêt, alors j’ai creusé plus dans la littérature médicale – et trouvé bien d’autres effets secondaires. Les Enantone et Cie ont un palmarès impressionnant. A mon avis, un scandale éclatera, et il sera de taille. (Je rappelle que certaines risques sont semblables à ceux du Distilbène, comme il est dit dans l’article). 

Je ne saurais pas vous dire si ces formes d’épilepsie sont temporaires et réversibles, par contre, je sais qu’il y a des formes encore plus graves (avec des crises tonico-clonique, etc.), qui durent depuis des années, voire depuis une dizaines d’années dans certains cas étrangers dont j’ai eu connaissance par les personnes elles-mêmes et par des associations.

Les états d’absence sous agonistes sont très fréquents, et habituellement confondus avec de la confusion mentale d’origine psychique, et en général avec des troubles psychiatriques.

Avis aux médecins qui lisent: Il faut prendre en compte l’épilepsie aussi, en cas de changement de comportement de telle personne – homme, femme ou enfant – pendant ou après un traitement par Enantone/ Lupron/ Lucrin, Décapeptyl /Gonapeptyl, Zoladex, Synarel, Bigonist, Supréfact. De plus, l’épilepsie fait partie des effets indésirables qui peuvent survenir dès la première heure après l’administration, comme l’apoplexie hypophysaire. La durée du traitement n’est donc pas la seule en cause. 

Et je commence à peine à parler des effets indésirables…

Dr Belaisch, n’hésitez pas à dire ce que vous pensez être mon « vécu », mes raisons et mes intentions dans la critique et l’indignation contre la psychologisation, psychanalysation… Ca m’intéresse de savoir ce qui, selon vous, biaiserait mes positions ;)) Parce que vous avez soit trop dit, soit pas assez.

Donc soit vous retirez ces dires, soit vous argumentez un minimum. Vous avez constaté par vous-même déjà en 2007 que je ne me contente pas de paroles sans arguments, qu’elles soient prononcées par des médecins ou par qui que ce soit. L’argument d’autorité, auquel vous avez très souvent recours, ne fait pas autorité pour moi. C’est un sophisme parmi d’autres.

Bien à vous

*********’***’*****

Elena Pasca au Dr Jean Belaisch (suite)

 J’ai noté, juste à première vue, au moins une vingtaine de biais, raisonnements fallacieux, illusions d’optique et contradictions dans vos commentaires. Bon nombre de travers habituels de la médecine paternaliste et de clichés traduisant la misogynie habituelle y sont aussi. J’en ferai la liste lorsque j’aurai le temps.

Vous êtes un bon communicateur, faisant en permanence l’appel aux affects, aux fausses évidences, à ce qui semble être du bon sens, etc.

Vous savez aussi créer l’illusion que vos idées seraient largement partagées, ce qui n’est pas du tout le cas.

N’oubliez pas que vos opinions ont été clairement rejetées par TOUS les acteurs impliqués de près ou de loin. Y compris par ceux qui ont participé à ce dérapage dans la revue « Gynécologie, Obstétrique et Fertilité » (ou l’on facilité ou ont laissé faire). Eux au moins, ils ont compris qu’ils ont fait une erreur et ont fait le nécessaire pour se rattraper.

Vous avez perdu, mais ne voulez pas – ou ne pouvez pas, je n’en sais rien – le reconnaître.

LE DESAVEU PAR LE CNGOF

La présence d’un membre de votre famille à la direction du CNGOF (Conseil national des gynécologues et obstétriciens français) n’a pas empêché cet organisme, qui est représentatif, lui, de désavouer totalement toute opinion de ce genre, et pas seulement celle du psychanalyste [Jean-Michel Louka] aux méthodes charlatanesques que vous avez encouragé.

Dans une lettre de septembre 2007, que je publierai dès que j’aurais le temps de faire une introduction, signée par le président et les deux secrétaires généraux, le CNGOF souligne qu’il réfute totalement tout ce qui relève de près ou de loin d’une telle opinion, que des articles qui évoqueraient des thèses psychologisantes n’engagent que leurs auteurs. Prenant soin de souligner qu’il ne désavoue pas que le psychanalyste, mais « tous les auteurs ».

Le CNGOF souligne aussi que ces vues-là, dont personne n’ignore que vous êtes le seul tenant, ne sont en rien partagées par la « communauté médicale ».

Vous noterez qu’il ne parle pas que des professions gynécologiques. La profession médicale dans son ensemble réfute toute opinion de ce type, qui n’a pas de fondement.

Les autres acteurs et parties prenantes ont fait de même.

Vous pourrez toujours poster des commentaires laissant entendre le contraire.

Le désaveu est total et sans ambages, sans même une petite porte de sortie ou ambiguïté. 

C’est une affaire classée. Il fallait néanmoins que je l’évoque en public, parce que le psychanalyste [Jean-Michel Louka] et vous-même pourriez essayer de faire passer ce type de thèses ailleurs, sous forme atténuée et à travers des gens qui n’ont pas entendu parler de cette histoire et de ce désaveu.

Votre recours à un psychanalyste aux méthodes charlatanesques montre que vous êtes prêt à accepter bon nombre d’entorses à tout ce qu’on veut (éthique médicale, science, respect des patients…) pour faire « école » et ne plus rester seul tenant de telles idées.

Bien à vous,

Elena Pasca

PS: Vous pouvez toujours tenter de psychologiser les membres du CNGOF et la communauté médicale au nom de laquelle il s’exprime, de même que les parties prenantes, qui ont toutes pris position contre vous… (C’est ce que vous avez tenté de faire avec moi, en exprimant votre conviction que mes positions viendraient d’un « vécu » (?), sans plus de précisions).

Vous êtes seul et vous avez perdu, Dr Belaisch. 

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