Non, l’endométriose n’est pas une maladie de règles à l’envers ! Le Dr David Redwine démonte le cercle vicieux de pseudo-traitements

Avec l’aimable permission du Dr David REDWINE, j’ai déjà traduit et publié deux textes en 2011 : l’un contre la psychologisation et l’autre, très synthétique et que tout le monde devrait lire, intitulé « Redéfinir l’endométriose à l’âge moderne ». Voici la traduction française de trois textes accessibles sur son site plein d’informations: Endopaedia.

La présentation du parcours du Dr David Redwine (plus détaillée dans d’autres articles), est suivie de deux textes critiquant la désinformation dans laquelle nous sommes maintenus quant à la cause de l’endométriose, qui serait le reflux menstruel tel qu’il a été théorisé par le Dr John Sampson en 1926.

Mise à jour du 10 juin : j’ai posté d’autres traductions de textes du Dr David Redwine, sur la cause réelle de l’endométriose, par mülleriose / restes embryonnaires et métaplasie coelomique, sur le système immunitaire et l’endométriose, sur divers autres dogmes courants. Puis les textes sur l’exérèse radicale conservant les organes, mais aussi sur la vaporisation et d’autres moyens peu efficaces largement utilisés de nos jours.

J’explique moi aussi depuis près de 20 ans, et en appliquant tout cela à l’endobusiness français et européen, pourquoi beaucoup tiennent à cette théorie, qui est le fondement de toute l’industrie de l’endométriose, de sa chronicisation et marchandisation. Voir les textes de la catégorie « endométriose », en descendant sur cette page, ceux parus sur le blog de l’association de victimes AVEAG, mais surtout mon « livre ouvert ».

Le livre en libre accès critique la marchandisation, la chronicisation, le yellow-washing, la psychologisation, etc. Mais il rassemble aussi les informations scientifiques sur l’endométriose et ses divers « traitements » chirurgicaux et médicamenteux, comparés et expliqués à l’aide de près de 300 références.

En gros, la théorie de Sampson, c’est la prétendue cause par menstruation rétrograde: des cellules viables d’endomètre arrivées par les trompes se fixeraient sur les surfaces pelviennes et s’implanteraient par un processus facilité par une défaillance immunitaire jamais prouvée. Ces implants s’activeraient sous l’action des œstrogènes, et ainsi de suite.

Le seul mérite de cette théorie est de favoriser tous les intérêts. Sauf l’intérêt des malades. Si cette théorie continue à être rabâchée malgré toutes les invalidations, c’est qu’elle fonde tout le système de dogmes (maladie des règles, féminine, immunitaire, proliférative et progressant dans le temps, récidivante après toute chirurgie, c’est-à-dire chronique et incurable…). Selon ce système de dogmes, la chronicité de l’endométriose due au reflux menstruel et sa nature proliférative rendraient indispensable une prise de médicaments hormonosupresseurs pour arrêter les règles jusqu’à la ménopause. Si cette théorie s’effondre, tous les dogmes qu’elle fondé tomberont comme des dominos.

Après la publication des deux traductions françaises des textes de David Redwine, en 2011, et compte tenu de leur influence, le Pr Horace ROMAN a immédiatement publié un texte dans la revue Gynécologie, Obstétrique et Fertilité (bastion de l’évangile en endométriose…) et l’a donné à l’association ENDOFRANCE pour une publication intégrale. Horace Roman cherche, dans ce texte et ailleurs, à contrecarrer chacun des arguments de Redwine (soutenus par d’autres spécialistes, d’ailleurs) et à renforcer les dogmes. Le titre en dit long: « Traitement médical de l’endométriose : pas une simple option mais une obligation! » Ses conceptions sont fortement médiatisées grâce aux financements industriels et aux réseaux d’influence – médico-pharmaceutique, communicationnel et naturo-psycho-holistique -, puisque beaucoup vivent de cette industrie de l’endométriose entérinée par la « stratégie de prise en charge multidisciplinaire à vie » dès que le diagnostic est posé. J’ai cité la Dr Isabella CHANAVAZ-LACHERAY.

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Nancy Petersen et d’autres militants sur l’endométriose et ses mauvais traitements

Note d’Elena Pasca : Nancy Petersen, évoquée dans l’un des textes, est infirmière désormais à la retraite, militante infatigable pour l’empowerment des femmes par la connaissance. Elle a fondé un groupe Facebook à visée éducative et informative appelé Nancy’s Nook.

Elle a travaillé avec le Dr David Redwine au St Charles Center de la ville de Bend (État de l’Oregon). Souffrant d’endométriose, elle s’est vue très vite proposer l’hystérectomie comme unique « solution ». Mais cette intervention n’a pas soulagé ses douleurs et symptômes. Puis, c’est le Dr David Redwine qui a pratiqué une exérèse complète de tous les foyers d’endométriose. Et Nancy Petersen ne souffre plus depuis plusieurs décennies. Ils ont fondé ensemble le programme de traitement chirurgical par exérèse radicale conservant les organes.

Nancy Petersen est bénévole pour l’association Endometriosis Research CENTER / ERC. Je les cite souvent, car c’est en dialoguant avec elles, avec des groupes anglophones de victimes du Lupron / Enantone et avec d’autres associations et professionnels de santé, d’abord anglophones puis de plusieurs pays, que j’ai auto-diagnostiqué mon endométriose en 2000 et que j’ai appris beaucoup de choses. Et donné en retour.

Le Dr David Redwine fait partie, avec Libby HOPTON (co-autrice de certains textes) des administrateurs d’un autre groupe Facebook, appelé EndoMetropolis.

Quant aux groupes de victimes des agonistes de la GnRH, qui étaient sur des groupes Yahoo à mes débuts, ils sont sur plusieurs groupes Facebook. Lynne MILLICAN, elle aussi infirmière et victime de Lupron / Enantone, continue son site Lupron Victims Hub. Je reparlerai d’elle (aussi) en postant des traductions. EP

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I. PRÉSENTATION DU DR DAVID REDWINE SUR SON SITE ENDOPAEDIA

En 2017, le Dr David Redwine a reçu un prix pour l’ensemble de son travail sur l’endométriose, décerné lors de la conférence annuelle de la Endometriosis Foundation of America. Son CV, ses livres et articles sont listés sur Endopaedia.

« Le Dr David Redwine a pris sa retraite récemment, en 2012, après avoir dirigé l’Institut d’endométriose de l’Oregon, au St. Charles Medical Center, à Bend (État de l’Oregon). C’est un institut primé et de renommée internationale, dans le cadre duquel il a traité des milliers de femmes atteintes d’endométriose venues de partout aux États-Unis, du Canada et d’ailleurs.

L’endométriose a pris une place centrale dans sa vie parce que Debra, sa première épouse, subissait les conséquences de cette même maladie. Ils se sont battus pour trouver un traitement efficace. Dans leur cheminement, ils ont connu les mêmes malentendus et le même rejet subis par tant d’autres qui ont fait appel à la communauté médicale. Cette expérience personnelle a été une motivation forte dans les efforts du Dr David Redwine pour que ces patientes soient mieux traitées. Il s’est mis à apprendre tout ce qu’il pouvait sur la maladie, à documenter la manière dont les lésions d’endométriose se forment ainsi que leurs aspects et leur comportement au fil du temps.

Il est très vite arrivé à la conclusion que ce qu’on lui avait enseigné à l’école de médecine n’avait que peu de rapport avec la réalité de l’endométriose et encore moins avec la façon optimale de la traiter. Une fois les manuels médicaux mis de côté, il a développé de nouvelles conceptions sur la maladie et sur son traitement efficace : l’exérèse complète de toutes les localisations partout dans le corps. À partir de sa petite pratique dans le Bend rural, son travail et ses idées ont lentement mais sûrement commencé à attirer l’attention de la communauté médicale au sens large, et ils sont aujourd’hui reconnus par les leaders du domaine en tant que référence en matière de traitement efficace de l’endométriose. (…)

Avec Nancy PETERSEN, infirmière diplômée d’Etat, qui travaillait à l’époque comme infirmière dans le même hôpital et qui souffrait également d’endométriose, l’Oregon Institute of Endometriosis a été fondé en 1987, et le Dr Redwine a commencé à recevoir des patients venant de l’extérieur de l’Oregon. En 1988, il recevait un tel volume de patientes atteintes d’endométriose qu’il a décidé d’abandonner complètement sa pratique d’obstétricien afin de se consacrer entièrement au traitement des femmes atteintes de cette maladie. L’institut a par la suite été salué dans le monde entier, (…) il a reçu de nombreuses distinctions et a été classé parmi les meilleurs programmes du pays en matière de santé des femmes ».

« Au cours de sa carrière, le Dr Redwine a publié plus de 110 articles, monographies, éditoriaux, chapitres de livres et ouvrages. Il a fait partie du comité de rédaction de nombreuses revues scientifiques et a été élu à divers postes de responsabilité au sein des conseils d’administration d’organisations nationales et internationales de laparoscopie et de gynécologie. Il a présenté son travail dans le monde entier et, au cours de ses voyages, a été invité à pratiquer des interventions chirurgicales sur certains des cas les plus difficiles et les plus complexes d’endométriose. Il a également reçu régulièrement dans son cabinet de Bend des chirurgiens qui venaient de loin pour observer ses techniques chirurgicales et en tirer des enseignements.

L’approche du Dr Redwine n’était nullement radicale, mais ses résultats offraient de l’espoir là où il n’y en avait souvent pas. Le fondement de son approche était simple : une meilleure identification des manifestations de l’endométriose et l’élimination méticuleuse de tous les tissus malades. L’objectif du travail du Dr Redwine était d’éliminer complètement et en toute sécurité l’endométriose du corps de chacune de ses patientes. Dans la grande majorité des cas, cet objectif a été atteint. Les recherches à long terme de l’institut ont montré un taux de récidive inférieur à 19 %, même cinq ans ou plus après l’opération. La majorité des patientes ont été guéries de leur maladie après une seule intervention chirurgicale.

Tous ceux qui connaissent le Dr David Redwine apprécient son sens de l’humour ironique et spirituel, ainsi que son intelligence épatante. Ses patientes se souviennent de sa chaleur et sa gentillesse envers elles et leurs familles pendant leur séjour à Bend. C’était un médecin vraiment dévoué, faisant tout ce qu’il pouvait pour offrir à chaque patient un résultat optimal, prenant tout le temps nécessaire pour leur parler et les écouter, et n’abandonnant jamais, quelles que soient les exigences et la complexité de leur cas. Il détient toujours le record de la plus longue intervention chirurgicale jamais réalisée au centre médical de Saint-Charles, ayant passé 11 heures à faire méticuleusement l’exérèse de l’endométriose d’une de ses patientes.

Le Dr Redwine a passé 35 ans à traiter l’endométriose, à changer la vie de milliers de femmes et à inspirer d’autres chirurgiens à poursuivre son héritage en faisant de même. (…) »

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II. QUI ÉTAIT SAMPSON ET QUELLE EST SA THÉORIE [sur les causes de l’endométriose] ?

Par le Dr David Redwine

L’original en anglais sur Endopaedia : Who Was Sampson and What Was His Theory?

« [John] Sampson, qui est-ce ?

Un gynécologue célibataire d’Albany, État de New York [1873 – 1946].

La théorie de Sampson, quelle est-elle ?

Il s’agit de la théorie la plus populaire et la plus répandue sur l’origine de l’endométriose, développée dans les années 1920.

Que dit cette théorie ?

Chaque mois, pendant les menstruations, tout le sang menstruel ne s’écoule pas par le vagin. Une partie du flux s’inverse et s’écoule [par le haut, en passant] par les extrémités des trompes de Fallope. Ce sang menstruel transporte avec lui des cellules viables de l’endomètre, qui est la muqueuse tapissant l’intérieur de l’utérus. Les cellules qui arrivent ainsi se déposent sur les surfaces pelviennes, elles s’y attachent, s’y implantent, s’y développent et se transforment en endométriose. Une version antérieure de la théorie postulait également que l’endométriose pouvait se produire par implantation suite à la rupture et à la propagation d’endométriomes (les kystes endométriosiques de l’ovaire).

Que prédit cette théorie ?

La théorie de Sampson prédit que l’endométriose se répandra progressivement dans le pelvis, au fil du temps, à l’instar des quelques pissenlits qui fertilisent peu à peu tout un champ. De plus en plus de surfaces pelviennes seront touchées par la maladie, et la récidive sera inéluctable après une intervention chirurgicale, dans 100 % des cas.

Existe-t-il des preuves scientifiques indéniables pour étayer cette théorie ?

Non. Et pourtant, il devrait y en avoir, depuis le temps… La littérature basée sur la théorie de Sampson détaille une variété de preuves circonstancielles qui semblent apporter des preuves en faveur de presque chaque étape de cette la théorie. [NdT: le Dr Redwine donne quelques exemples de telles « preuves », avec des critiques ironiques entre parenthèses: ] Du dialysat péritonéal sanguin a été retrouvé chez des femmes ayant leur flux menstruel alors qu’elles subissaient une dialyse péritonéale pour une maladie rénale (et pourtant, cette étude n’a pas cherché de véritables cellules endométriales).

Lors d’une laparoscopie effectuée pendant les règles, l’on a constaté que du liquide sanglant provenait de l’extrémité des trompes de Fallope (et pourtant, on sait que même lorsque l’on insère une tige rigide à l’intérieur de l’utérus, afin de pouvoir le manipuler [pendant la chirurgie], cela peut également provoquer des saignements qui peuvent être expulsés par les extrémités des trompes de Fallope). Des cellules endométriales ont été trouvées dans les trompes de Fallope, dans le liquide péritonéal ainsi que dans le sang menstruel.

Les cellules endométriales présentes dans le sang menstruel sont viables et peuvent être cultivées en laboratoire (et pourtant, elles ne se développent dans les tissus sous-cutanés que chez 11% des donneurs autologues). Sampson a montré que, au cas d’une hystérectomie pratiquée pendant le flux menstruel, si le chirurgien coupait la trompe de Fallope à côté de l’utérus et pressait le corps de l’utérus entre ses doigts, du sang pouvait sortir par l’extrémité de la trompe sectionnée. La répartition [des localisations] de l’endométriose dans le pelvis a été présentée comme une preuve supplémentaire de la théorie de Sampson.

L’on a affirmé que les ovaires seraient la zone pelvienne la plus fréquemment touchée parce que [leur position anatomique] les place au plus près des extrémités des trompes de Fallope et que, du fait de cette position, dans la plupart des cas, c’est au niveau des ovaires que la fixation et l’implantation des cellules endométriales régurgitées devraient commencer (et pourtant, Sampson lui-même à fini par comprendre que l’endroit le plus fréquemment touché, ce ne sont pas les ovaires mais la partie inférieure du pelvis).

Afin d’expliquer pourquoi le pelvis inférieur est la zone la plus touchée, il a été postulé que ce serait en raison des effets de la gravité. Celle-ci tirerait les cellules endométriales viables vers le cul-de-sac de Douglas (où l’on voit que la théorie originale de Sampson peut muter pour s’adapter aux informations disponibles).

Il a été suggéré que l’endométriose serait une maladie qui se propagerait progressivement en raison de cette fertilisation continue (et pourtant, les études de cartographie pelvienne n’ont pas retrouvé une extension importante de la maladie dans les groupes de patientes plus âgées n’ayant pas eu de traitement). Il a été avancé que le taux de récidive, supposé être de 100 % après l’opération, serait dû à cette refertilisation survenant chaque mois après l’opération, grâce au flux mesnstruel, donc au reflux (et pourtant, les taux de récidive après exérèse, évoqués dans les publications, se sont révélés être beaucoup plus faibles). Il a été postulé que le taux supposé aussi élevé de « récidive » serait simplement le signe de la persistance de la maladie, restée en place parce qu’elle n’a pas été détruite par une vaporisation superficielle au laser ou par l’électrocoagulation ou par un traitement médical [par médicaments].

Joseph Meigs, un éminent gynécologue du milieu du siècle, a écrit en 1953 que l’endométriose pouvait être guérie par une chirurgie conservatrice (oui, il a vraiment utilisé le mot en « g » [guérison]).

Si vous ne faites pas un examen très approfondi et critique de la théorie de Sampson et si vous ignorez les arguments placés entre parenthèses dans le texte ci-dessus, cette théorie peut paraître assez parfaite. Si seulement la réalité des femmes atteintes d’endométriose correspondait à la théorie, la vie serait parfaite ! Or ce n’est pas le cas. La vie est imparfaite parce que la théorie est fausse, et il existe des preuves scientifiques indéniables montrant qu’elle est fausse.

Pour comprendre la faille de la théorie de Sampson, il suffit de faire une analogie en visualisant [toutes les étapes de l’évolution d’] une forêt de pins. Lorsque vous marchez sur le sol de la forêt, quel est ce bruit de craquement sous vos pieds ? C’est le bruit des pommes de pin sous vos chaussures. En regardant le sol de la forêt, vous pouvez voir les pommes de pin que la gravité à fait descendre et fixer sur la surface du sol. Vous pouvez également voir des jeunes pousses de pin en même temps que des arbres plus jeunes parmi les arbres à des stades divers de maturité. Revenons maintenant à l’examen du plancher pelvien. La théorie de Sampson prédit qu’un assez grand nombre de cellules endométriales individuelles devraient être attachées aux surfaces du plancher pelvien. Ces cellules ne sont pas petites et devraient être facilement visibles au microscope optique. Il devrait être extrêmement facile de trouver ces cellules attachées ; on pourrait presque s’attendre à en trouver sous le microscope même en faisant des biopsies aléatoires et avec les yeux bandés. À l’heure actuelle, les manuels devraient être remplis de photomicrographies de dizaines ou de centaines d’exemples de ces cellules attachées aux surfaces pelviennes.

De plus, il devrait y avoir des preuves similaires et abondantes montrant l’invasion progressive de ces cellules attachées aux surfaces pelviennes, puis montrant l’évolution de ces cellules vers l’endométriose. Ce continuum allant de la toute première fixation des cellules endométriales, arrivées par reflux, jusqu’à leur transformation en endométriose devrait être une information facile à obtenir et à prouver par l’imagerie photographique. [Si la théorie de Sampson était vraie, nous aurions] tellement de preuves par l’image que les manuels de médecine seraient en mesure de les exhiber dans l’introduction de chaque discussion de la théorie de Sampson. Mais ce n’est pas le cas, car ces preuves abondantes n’existent pas ».

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III. LE PÉCHÉ ORIGINEL DE LA THÉORIE DE SAMPSON : S’AGIT-IL D’UNE THÉORIE OU D’UNE EXCUSE ?

Par le Dr David Redwine

L’original en anglais sur Endopaedia : The Problems with Sampson’s Theory : is it a theory or an excuse?

« Le concept d’attachement initial [des cellules endométriales refluant par les trompes dans la cavité pelvienne et se greffant sur les surfaces pelviennes pour s’y implanter, se greffer, se développer et se transformer en endométriose] pourrait être considéré comme le « Saint Graal » de l’endométriose. Trouvez-le et vous pourrez prouver la théorie de Sampson et convaincre les sceptiques comme moi qu’elle est vraie. Mais comment se fait-il que personne n’ait trouvé le Graal, depuis tout ce temps ? Même ceux qui ont étudié l’endométriose microscopique n’ont pas trouvé de preuves d’un attachement initial. Il n’y a que deux raisons possibles à l’absence persistante de preuves d’un attachement initial :

  1. Soit les partisans de la théorie de Sampson ne les ont pas cherchées.
  2. Soit l’attachement initial ne se produit pas parce que la théorie de Sampson est incorrecte.

La théorie de Sampson entraîne un sentiment de désespoir chez les patients et les médecins. Mais cela a des conséquences allant bien au-delà d’une incertitude scientifique concernant l’origine d’une maladie. Ce sentiment de futilité peut avoir un effet direct sur le traitement chirurgical de la maladie. Si un chirurgien est convaincu que la maladie « reviendra de toutes façons » après l’opération [NdT: grâce au reflux menstruel et à l’autogreffe inéluctables], il n’essaiera peut-être pas autant de chercher et exciser toutes [les formes et les localisations] de la maladie. Le résultat sera une endométriose laissée en place, persistante, une « récidive » qui ne manquera pas d’arriver à cause de cette prophétie auto-réalisatrice (self-fulfilling prophecy).

Si le chirurgien ne fait que brûler la partie supérieure de[s lésions d’] endométriose par laser ou électrocoagulation, tout en croyant avoir détruit toute la maladie, [le traitement inadapté sera exonéré] de toute responsabilité grâce à la théorie de Sampson, qui, en constatant ce qui passe pour une « récidive », permet de l’imputer à la chronicité de l’endométriose.

Le traitement médical [médicamenteux] peut être influencée de la même manière. Bien que personne n’ait jamais pris la peine de faire une étude prouvant que la grossesse ou la ménopause éradiquent l’endométriose, tous les traitements médicaux sont basés sur une logique de duplication, au moyen des médicaments, des effets bénéfiques supposés de ces deux états hormonaux. Or nous savons que le traitement médical n’éradique pas la maladie, mais si un médecin pense que c’est le cas, alors il pourra également imputer à la théorie de Sampson la « récidive » constatée après le traitement médical qu’il a prescrit sans succès. Comment ce [cercle vicieux d’excuses] pourrait-il être plus parfait ?

Avec la théorie de Sampson comme fondement, l’échec d’un traitement médical ou chirurgical n’est jamais dû à l’inefficacité du médicament ou de la chirurgie, non, il est dû au fait que le reflux menstruel fertilise à nouveau le pelvis avec de l’endométriose, le mois suivant la chirurgie puis les mois d’après et ainsi de suite. Ce n’est jamais la faute de tout un système car c’est la nature de la maladie.

Les médecins n’ont pas besoin d’autoréflexion critique quant à leurs méthodes de traitement, car l’échec est expliqué et programmé d’avance, et il n’est pas de leur faute. À mon avis, la théorie de Sampson est en fait l’excuse de Sampson pour [les échecs et l’immobilisme de] notre époque.

Dans tout ce débat, je ne blâme pas John Sampson pour quoi que ce soit, et je ne veux pas que quiconque pense que je lui manquerais de respect. Il était excellent dans l’étude de l’endométriose, et il a fait de son mieux pour développer sa théorie des origines avec les preuves disponibles à son époque. Je suis certain qu’il ne serait pas arrivé à la même théorie s’il avait eu tout le savoir que nous avons actuellement sur l’endométriose. Le problème réside dans le trait de l’esprit humain consistant à reprendre les choses du passé sans les remettre en question; et cela continue d’être notre problème aujourd’hui. Nous avons besoin d’une attitude plus saine de remise en question de l’autorité. »

© Copyright David Redwine et Elena Pasca pour les traductions françaises.

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