Médecine et contrôle social. L’individualisme néolibéral marchandise les corps, normalise les esprits

Article paru dans le numéro 116 (février-mars 2018) de la revue « Nature et Progrès », dans un dossier intitulé « Technosciences et libertés ». L’espace étant limité, le texte est très condensé.

Mais l’on y retrouve certaines de mes thèses et références habituelles (biopolitique de Foucault, l’ère narcissique avec des penseurs tels que Richard Sennett, Zygmunt Bauman et les premières générations de la Théorie critique / Ecole de Francfort, courant interdisciplinaire dans lequel je me suis formée). Ces thèses sont abordées aussi dans les articles des catégories éponymes sur Pharmacritique : contrôle social, disease mongering, normalité…).

Il s’agit de décortiquer l’individualisme néolibéral aussi sous l’angle de la médicalisation et du marché du bien-être, incluant la psychologisation inhérente qui permet de culpabiliser l’individu pour les tares d’un système sur lequel il n’a aucune prise. Incluant aussi les coachings, l’injonction à la pensée positive et toutes les pseudo-médecines douces qui sont le contraire dialectique, interdépendant, du complexe médico-industriel.

Cette médicalisation est un symptôme du dévoiement de la fonction sociale de la médecine et de sa technicisation, avec de multiples conséquences sur les humains normalisés. Leur différence en est extirpée pour les formater, mettre au pas selon le conformisme consumériste qui marchandise aussi leurs corps, les réduit à des « autoentrepreneurs de soi » enjoints à fructifier leur « capital santé » en tant qu’actionnaires d’une médecine 4P menant peu à peu vers l’acceptation sociale des thèses du transhumanisme.

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