Pour ceux qui ne parlent pas anglais, voici les grandes lignes de l’intervention de Gwen Olsen, visiteuse médicale pendant 15 ans:
Son expérience est détaillée dans le livre de 2005 « Confessions of An Rx Drug Pusher » (« Confessions d’un dealer de médicaments sur ordonnance »). Au cours du temps, les firmes pharmaceutiques ont essayé de plus en plus d’occulter les informations sur les effets secondaires de leurs médicaments et de privilégier une « communication » sur les seuls aspects susceptibles d’augmenter le nombre de prescriptions. Et donc les chiffres de vente. Les visiteurs médicaux devaient se conformer, pratiquement au mot près, aux directives du service marketing/ promotion. Ils jouaient en permanence en marge de la légalité lorsqu’ils informaient les médecins.
Gwen Olsen dit la même chose que Shahram Ahari, le visiteur médical d’Eli Lilly parlant du Zyprexa, (cf. la vidéo et les commentaires dans cette note): les statistiques et les études médicales dans leur ensemble ne sont pas fiables en tant que telles ; elles sont réécrites jusqu’à ce qu’elles disent ce que le service marketing veut entendre : à savoir très grande efficacité et effets secondaires à peine existants… La visiteuse médicale explique comment il est possible de faire disparaître des effets indésirables touchant (par exemple) le système nerveux central et potentiellement sévères ou très sévères, en les divisant en sous-catégories édulcorées et banalisées qui renvoient à des états courants pouvant être causés par n’importe quoi : par le stress quotidien qui a bon dos, par exemple. Plus les effets secondaires reconnus sont vagues et non spécifiques, plus cela innocente le médicament… C’est juste un exemple de la stratégie mise en place pour désinformer et manipuler.
Et les conséquences de cette désinformation ont été des cas concrets où des patients ont subi des effets indésirables sévères allant jusqu’au décès. C’est ce qui a poussé Gwen Olsen à abandonner le métier et à dire la vérité. En épinglant aussi une agence de médicament dont la fonction ne semble plus être de protéger la santé des personnes, mais celle financière des firmes, par exemple à travers les modalités douteuses d’homologation d’un médicament (autorisation de mise sur la marché ou AMM). Olsen a entendu plus d’une fois des représentants des firmes pharmaceutiques parler de « leurs amis » ou de « leurs hommes » à la FDA (agence américaine du médicament / de sécurité sanitaire).
Une chose très intéressante qui montre le cercle vicieux dans lequel nous enferme l’industrie pharmaceutique : Gwen Olsen a vendu aussi toutes sortes de médicaments utilisés en psychiatrie, des antidépresseurs aux antipsychotiques. Et elle a dû se rendre à l’évidence : beaucoup de troubles comportementaux, d’états dits « anormaux », d’anxiété, de dépression, de tendances suicidaires, etc. étaient en fait des effets indésirables des psychotropes prescrits au départ. Et ces troubles entraînaient à leur tour la prescription d’autres psychotropes, dans une escalade perpétuelle, associée à des diagnostics de maladies de plus en plus sévères…
Quant aux patients hospitalisés et traités par des médications psychiatriques plus lourdes, Olsen se rend compte qu’elle contribue à induire et à entretenir ce qu’on appelle un « revolving door syndrome », une sorte de va-et-vient dans la récidive, avec une escalade médicamenteuse. Elle apprend l’existence du phénomène lors de son « éducation » par la firme McNeil Pharmaceuticals, c’est dire à quel point les laboratoires n’ignorent rien de ce qui se passe en réalité… Puis elle constate la réalité de ce syndrome en pratique, lors des visites médicales faites dans des établissements psychiatriques. Les patients en internement psychiatrique ne guérissent pas, ne vont pas considérablement mieux, mais reviennent souvent. Et à chaque nouvelle hospitalisation, ils sont plus diminués que lors de l’admission précédente. Et la visiteuse médicale ne se ment plus à elle-même lorsqu’elle voit ces personnes perdre de plus en plus de fonctions et de capacités neuropsychologiques : les médicaments en question endommagent les fonctions cérébrales. (On peut supposer qu’il s’agit surtout des antipsychotiques et des neuroleptiques, mais la même Gwen Olsen incrimine – dans une autre intervention – certains effets indésirables des antidépresseurs, tellement bien occultés que les médecins n’en connaissent (ou reconnaissent) pas l’existence et disent que cela ne peut pas arriver… On reviendra plus tard là-dessus.)
Gwen Olsen raconte aussi comment les firmes éduquent les visiteurs médicaux à faire du profilage : Bristol Myers Squibb lui a appris, par exemple, à dresser le profil des médecins qu’elle avait pour clients en fonction de leurs traits de personnalité. Et ce pour savoir quelle est l’approche la plus fructueuse, celle qui les amènera à prescrire les médicaments voulus. Certains veulent penser que toute idée leur appartient, d’autres attendent des flatteries, d’autres encore ont une approche plutôt « analytique » et demandent les études et les statistiques… D’autres encore veulent simplement faire plaisir et feront ce qu’on leur demandera gentiment de faire… Etc. Tous se pensent supérieurs à la visiteuse médicale et/ou indépendants dans leurs décisions. Et quasiment tous font ce qu’elle leur suggère plus ou moins directement, en employant la méthode d’influence qui correspond le mieux à leur profil.
Olsen nous confirme que l’industrie pharmaceutique discrédite toute personne et toute association ou initiative qui tentent de lever un coin du voile de désinformation concernant les psychtotropes: ainsi, les employeurs de Gwen Olsen lui répètent à chaque fois que les critiques – souvent des victimes et leurs familles et les médecins qui les soutiennent – font tous partie de la secte des scientologues qui veut détruire la psychiatrie dans son ensemble. Ou alors les critiques sont tout simplement des fous…
A dompter par une camisole chimique, peut-être? Pour créer cette « normalité artificielle » qui uniformise, met tout le monde au pas et étouffe d’emblée toute pensée critique, comme nous l’avons dit dans les notes rassemblées sous la catégorie « Normalité, contrôle social, culture psy« ?
A voir ou à revoir aussi les catégories connexes: « Dépression, antidépresseurs« , « Psychiatrie, psychotropes, culture psy, dérapages« ; mais aussi « Surmédicamentation » et « Conflits d’intérêts en psychiatrie; DSM« .
Bravo, m’autorisez vous à citer une partie de votre billet ?
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Bonjour Fanette et merci!
Bien entendu! Plus l’info circule, et mieux c’est! Si vous voulez juste mentionner le lien, parce que j’avoue qu’il m’est arrivé de lire à certains endroits des fragments ou des infos repris sans indication des sources, et ce n’est pas une démarche très correcte. (Je ne parle pas de votre blog)
En fait, je ne fais que résumer les propos de Gwen Olsen, et donner quelques détails. Le site qui a posté la vidéo est mentionné à la fin.
J’ai d’ailleurs rajouté quelques petites choses dans le texte et fait un lien que j’avais oublié au départ. je suis incapable de me relire pour le moment, alors les fautes d’orthographes et la forme, ce sera pour plus tard…
Cordialement.
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