Un médecin australien ose critiquer le Gardasil et se fait rappeler à l’ordre par l’université… financée par la firme qui commercialise le vaccin

Le Dr Andrew Gunn, enseignant en médecine générale à l’université de Queensland en Australie, a eu conflits d'intérêts,corruption,université,liberté d'expression,désinformation médicaledébut avril un blâme de l’université après avoir exprimé ses réserves vis-à-vis du Gardasil et de son marketing lors d’une émission d’ABC Radio. Et le comble : la faculté de médecine voulait qu’il adresse des excuses au fabricant du vaccin… Le blog Scientific Misconduct dit à juste titre que l’université du Queensland a signé ce jour-là son ticket de « sortie du monde scientifique civilisé ». Pour entrer, pourrions-nous ajouter, dans le monde du profit motus et bouche cousue, non, trop pleine de billets, repas, stylos et autres voyages.

Il se trouve que cette université est copropriétaire du brevet et « collabore » avec la firme CSL (équivalent australien de Sanofi Pasteur MSD) dans la fabrication et la commercialisation du Gardasil. Ce qui veut dire que la firme pharmaceutique finance, donc décide, contrôle et… réprimande…

Cujus regio, ejus religio… CSL a très mal pris les critiques, pourtant modérées et contenues dans une critique d’ensemble du marketing pharmaceutique. La firme CSL a fait ce que l’industrie sait si bien faire, à savoir demander des comptes au nom de l’argent qui a arrosé l’université pendant les « longues relations » avec celle-ci. Et le directeur administratif de la faculté de médecine a réagi comme CSL le voulait : il s’est fendu d’une lettre au Dr Gunn, lui reprochant de ne pas avoir dit qu’il parlait en son propre nom et ne représentait pas la faculté. Il aurait dû annoncer explicitement que son opinion ne cadrait pas avec la politique officielle de l’université ou alors ne même pas mentionner son activité au sein de cette dernière… Et, en plus du blâme, cette vénérable institution a fait pression pour que Gunn adresse des excuses écrites (!) à la firme CSL

Gunn a refusé. L’histoire, dont les détails sont exposés sur son blog, s’est ébruitée dans la blogosphère qui a vaillamment défendu la liberté d’expression, avant d’être amplifiée par un article paru dans le British Medical Journal. Et il y a eu une levée de boucliers quant à l’influence des financements privés – venant des firmes pharmaceutiques – sur l’information médicale et la liberté de pensée et d’expression des universitaires. L’université ferait-elle la police pour l’industrie pharmaceutique ?

Où est la frontière entre entreprise commerciale et liberté universitaire ? Où est la possibilité pour un médecin de faire ce que chacun devrait faire s’il respectait la déontologie, à savoir exprimer ses doutes quant à un vaccin dont on ne voit que mise en scène, communication et marketing ? C’est par critiques que la science médicale avance ; et tout médecin devrait avoir le droit de s’exprimer même si cela risque de causer un tort financier à la faculté de médecine, disent les intervenants successifs dans la polémique.

Andrew Gunn souligne quant à lui les effets des mélanges des genres : financements privés de la recherche universitaire et information médicale… Mixez, secouez, et vous vous retrouvez avec une pression et une influence qui bâillonnent la parole critique et produisent de la désinformation organisée.

L’université du Queensland a fini par admettre son erreur de jugement, affirmant qu’elle a « probablement surréagi » en demandant à ce médecin de s’excuser auprès de la firme CSL… Que son action aurait été disproportionnée et qu’elle ne tenterait rien contre Andrew Gunn si celui-ci ne considérait pas nécessaire de s’excuser. Mais le communiqué de presse contient une autre phrase qui montre que rien n’a changé : « afin d’éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir », la direction de l’université affirme vouloir définir les conditions de l’usage public des titres universitaires par des médecins non titulaires… Ce qui veut dire augmenter la pression hiérarchique pour censurer d’une autre façon, comme le remarque la journaliste Melissa Sweet sur ce site.

 

Elle ajoute que le même directeur administratif a cherché à discréditer les critiques du Dr Gunn à l’égard du Gardasil sous prétexte qu’il s’agit d’un médecin généraliste et non d’un immunologiste… Les commentaires dans l’article du British Medical Journal – écrit par la même journaliste et cité par le Dr Blumsohn sur son blog Scientific Misconduct – mettent en évidence à quel point les financements privés et les conflits d’intérêt qui en résultent entravent l’indépendance des universités et livrent, en fin de compte, la médecine à des intérêts privés. Melissa Sweet finit par évoquer le secret qui entoure le montant des sommes versées par CSL à l’université du Queensland : tout ce qu’on peut savoir, c’est qu’il s’agit de plusieurs millions de dollars par an

La transparence sur les conflits d’intérêts est à la hauteur de celle sur le Gardasil… Car, comme le rappelle le Dr Audrey Blumsohn, quelle preuve a-t-on que le Gardasil est efficace ? 

Et notre censure bien de chez nous? Saveur du terroir Sanofi? 

Cette histoire australienne d’affaires malsaines entre universités et industriels est un cas exemplaire de censure induite par les conflits d’intérêts, et elle est particulièrement forte concernant le Gardasil. On l’a bien constaté en France aussi, même si elle se fait d’une autre manière. Pas la peine d’interdire aux médecins français de critiquer ce vaccin, vu la publicité que lui font des équipes françaises financées par Sanofi Pasteur MSD. Plus la publicité dans les media de tous genres et la peur qu’elle véhicule… Plus le fait que personne, même pas Prescrire, ne s’est levé pour protester avec force contre un déballage d’affects primitifs qui cache l’absence de fondements scientifiques. La censure, des forumeurs l’ont constatée lorsqu’ils ont essayé de faire passer l’information… Discussions supprimées, par exemple lorsqu’il a été question de notre note « Gardasil : Hystérie vaccinale, titre un journal allemand… ».

Le mot « hystérie » toucherait-il un point sensible ? Et comment qualifier autrement ce que véhicule cette publicité ? N’est-ce pas pour cette même raison – l’appel aux affects les plus primitifs qui fait vendre et occulte le vide scientifique sidéral – que GSK s’est fait taper sur les doigts par l’agence du médicament de Singapour ? Nous en avons parlé dans cette note.

Touchez pas à la firme nationale!! 

Mais peut-être que les Français raisonnent-ils eux aussi selon cet autre mélange de genres dont parlait le Dr Gunn et qui relève de l’idéologie, habilement manipulée par les firmes pour créer un climat d’unanimisme conformiste et d’autocensure : en Australie, critiquer le Gardasil semblait… antipatriotique au départ… Puisque la firme CSL est australienne. Et que Sanofi Pasteur MSD est française… Enfin, à moitie, mais les gens oublient vite la moitié détenue par Merck. On entend dire qu’une firme française serait plus soucieuse de la santé qu’une américaine… Ben voyons… Il suffit de regarder l’histoire.

On a là un modèle de médecine-commerce, de pharmamarmelade où tout est confit, dissout dans ce solvant universel qu’est l’argent, qui se fiche de la santé des patients au nom de l’intérêt économique d’une firme qui représente un pays et qu’il ne faut donc pas discréditer… Le monde marche sur la tête! Le nationalisme économique décide de l’information médicale donnée au public! On pensait avoir tout vu…

Et autant profiter de l’occasion pour dire que le nationalisme est invoqué plus souvent qu’on ne le pense, quoique dans un contexte un peu différent : ainsi, Sanofi laissait entendre partout il y a quelque temps que son médicament contre l’obésité, Accomplia / Zimulti (rimonabant), a été refusé par l’agence américaine du médicament (FDA) parce qu’il était produit par une firme française et que les Américains voulaient limiter les parts de marché des firmes françaises aux Etats-Unis…

Le même argument a été invoqué par la firme suisse Novartis pour son anti-inflammatoire Prexige – de la classe des coxibs, qui n’a toujours pas été abandonné malgré les performances du Vioxx (rofécoxib) de Merck se chiffrant en centaines de milliers de crises cardiaques et de morts… Et ce, rien qu’aux Etats-Unis, parce qu’en Europe, la censure nous protège de ce genre de savoir désagréable et mauvais pour le commerce et l’industrie pharmaceutique en général.

L’Europe, elle, a tout approuvé, Accomplia, Prexige, Cervarix (le vaccin du britannique GSK, lui aussi refusé par la FDA), et ce par la voix de ce modèle de transparence et d’intégrité qu’est l’EMEA (agence européenne du médicament). Et on voit les effets secondaires pas très glorieux d’Accomplia, sans parler du retrait en catastrophe du Prexige…

Quant au Cervarix, on a pu voir les méthodes auxquelles doit recourir GSK pour le vendre… Remarquez, cette firme a elle aussi un palmarès bien garni, avec le Deroxat/ Seroxat/ Paxil et tout ce qu’elle a fait pour protéger les chiffres de vente… Tous ces efforts d’occultation des essais cliniques parlant des tentatives de suicide des enfants, par exemple. Décidément, les nationalistes peuvent dormir sur leurs deux oreilles, puisque les firmes européennes se montrent parfaitement à la hauteur des techniques marketing et autres mystifications les plus performantes, les plus sonnantes et trébuchantes…

Nationalisme… Décidément, on l’aura eu à toutes les sauces! Même s’il faut reconnaître que la sauce financière est classique, que dis-je, archaïque! Puisque c’est depuis que l’humanité existe que le nationalisme a mobilisé les masses pour servir les intérêts particuliers de quelques puissants et lancé des écrans de fumée pour adoucir un peu le message… Oui, oui, avant il s’appelait tribalisme, clanisme… Maintenant il peut s’appeler même communautarisme, ethnicisme… Est-ce vraiment le mot qui importe ?

Elena Pasca

2 réflexions au sujet de “Un médecin australien ose critiquer le Gardasil et se fait rappeler à l’ordre par l’université… financée par la firme qui commercialise le vaccin”

  1. Bravo.
    Quand commencerez-vous à vous intéresser à la vaccination contre l’hépatite B ?
    Vous pourrez y voir les études cliniques non faites, biaisées, la pharmacovigilance insexistante, les conflits d’intérêts financiers (l’influence des firmes), académiques (la conjuration des experts imbéciles), idéologiques (la vaccination comme progrés), et cetera…
    JCGRANGE

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  2. Je n’y connais rien sur les études faites en la matière.
    Mais, sans être antivaccinaliste pour autant, je me méfie de l’aluminium contenu dans les vaccins, comme j’ai eu l’occasion de le dire ici ou là.
    La simple prudence devrait imposer le remplacement de l’aluminium par des phosphates de calcium. Il faudrait une mobilisation générale – des usagers comme des milieux médicaux indépendants – pour arriver à ce résultat.

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