L’« enchevêtrement » d’intérêts financiers entre psychiatrie, DSM et industrie, dont j’ai parlé dans plusieurs notes, pose encore plus de problèmes que dans d’autres spécialités médicales, dans la mesure où la définition de beaucoup de « troubles » mentaux, dysfonctions ou troubles de la personnalité n’est que descriptive, floue et sans critères vérifiables. Ce qui laisse beaucoup de place à l’arbitraire, à l’invention ou au façonnage de maladies (disease mongering). Une telle affirmation ne peut paraître exagérée qu’aux personnes qui ne sont pas familiarisées avec les dernières trouvailles de la psychiatrie, dont on ne sait souvent pas si ce sont des gags, des parodies ou alors des états que des experts considèrent sérieusement comme pathologiques et nécessitant traitement…
Catégorie : Antidépresseurs, dépression marchandisée, DSM
Les antidépresseurs sont-ils réellement efficaces ? Où est-ce plutôt la publicité des firmes, la suggestion et la pression conformiste qui font de l’effet ?
Il s’agit d’un bon résumé paru dans le Figaro et qui a deux sources principales :
-
une étude par Erik H. Turner et al, intitulée Selective Publication of AntidepressantTrials and Its Influence on Apparent Efficacy (Publication sélective des essais cliniques sur les antidépresseurs et l’influence de cette sélectivité sur l’apparente efficacité de ces derniers), parue dans le New England Journal of Medecine, Volume 358:252-260
- le débat organisé par la revue Prescrire le 17 janvier 2008, sur le thème Marché des médicaments psychotropes : la dérive.
Le pouvoir des antidépresseurs remis en cause, par Catherine Petitnicolas, Le Figaro, 21 Janvier 2008
A lire aussi l’article du Nouvel Obs : Antidépresseurs : peu efficaces et dangereux. Les ISRS, comme le Prozac, ne seraient pas plus efficaces qu’un placebo, qui rend compte d’une autre méta-analyse: Initial Severity and Antidepressant Benefits: A Meta-Analysis of Data Submitted to the Food and Drug Administration. [Sévérité initiale de la dépression et bénéfices des antidépresseurs]. Kirsch I, Deacon B. et al., PLoS Medicine 2008, 5(2): e45, 26.02. 2008. Avec plein de références à la fin.
Conflits d’intérêts: Les leçons du cas Daniel Carlat, psychiatre VRP des laboratoires pharmaceutiques pour les psychotropes
Un exemple de conflits d’intérêts dont les effets ont été longtemps ignorés par l’intéressé est le psychiatre américain Daniel Carlat, professeur à la réputée Tufts School of Medicine de Boston.
Il a longtemps servi la firme pharmaceutique Wyeth qui l’a payé pour diverses activités promotionnelles déguisées visant à convaincre ses collègues de prescrire l’Effexor plutôt qu’un autre antidépresseur. Carlat a lui aussi été épinglé par la blogosphère et rattrapé par l’éthique et la mauvaise conscience… au point de se repentir et de passer dans le camp des anti-corruption et dénonciateurs des combines par lesquelles les firmes influencent les médecins et en font des pantins du marketing.
Il a raconté son parcours vers le repentir dans un long article paru le 25 novembre dans le New York Times sous le titre Dr Drug Rep (Le Dr VRP des firmes). L’article Psychiatre ou représentant de commerce ? sur le site « Œdipe » en rend compte en français.