Les firmes vont-elles s’emparer de l’enseignement de la thérapeutique et de la pharmacologie en Grande-Bretagne?

Une nouvelle publiée hier sur le site du British Medical Journal nous apprend comment les firmes pharmaceutiques investissent les facultés Loup mouton FunkyPix.jpgde médecine, non plus seulement à travers les visiteurs médicaux qui apportent des repas ou font des affaires avec les universitaires, mais carrément en dispensant des cours de pharmacologie… Cette spécialité médicale, dont l’enseignement est déjà très réduit, en France aussi, est une espèce menacée d’extinction. Triste constat, alors que l’information indépendante sur les médicaments, leur mode d’action, leurs effets secondaires, etc. devrait au contraire être une composante essentielle de la formation médicale initiale et continue. Surtout si l’on veut des praticiens dont l’exercice se conforme au principe exigeant d’abord de ne pas nuire…

On savait déjà que la formation médicale continue était dans les mains des firmes et que l’influence de celles-ci s’exerçait – par des chemins multiples et tortueux – aussi sur la formation initiale. Mais voici que l’industrie pharmaceutique est autorisée à enseigner la thérapeutique dans certaines facultés britanniques de médecine… Et demain en France ? Des économies de bouts de chandelle – puisque les firmes ne se font pas payer, du moins pas directement – qui seront payées par des dépenses ultérieures fortement augmentées, vu les mauvaises habitudes de prescription inculquées aux futurs médecins dès leur plus jeune âge… Là, les firmes n’y vont plus par quatre chemins, mais droit au but, profitant des défauts structurels du monde universitaire médical.

Pas besoin de gloser longuement… Remarquons juste que la lecture du texte donne des frissons aussi parce qu’on se rend compte que cette imposture ne date pas d’hier et qu’on se demande comment elle a pu s’implanter sans que les cercles médicaux indépendants protestent. Le pharmacologue interrogé ne semble pas non plus outré par les conflits d’intérêts évidents…

Pharmacritique vous propose une traduction rapide de l’article de Rebecca Coombes intitulé « Stepping into the therapeutics void » (Combler le vide thérapeutique, BMJ 2009;338:a3179). 

« Alors que le nombre de départements de pharmacologie et thérapeutique diminue dans les facultés de médecine, Rebecca Coombes se penche sur la façon dont l’industrie pharmaceutique s’engouffre dans cette brèche.

Le personnel des firmes pharmaceutiques qui dispense un enseignement direct aux étudiants en médecine du Royaume-Uni, voilà un modèle que l’industrie espère développer pour forger des liens avec les futurs médecins dès leur formation initiale. La manœuvre arrive alors que de nombreuses facultés de médecine déplacent leurs investissements et les concentrent sur la recherche, au détriment de la pharmacologie clinique.

Pfizer a signé un contrat pour un module destiné aux étudiants de premier cycle de la Brighton and Sussex Medical School, une nouvelle faculté qui ne dispose pas d’un département de pharmacologie clinique. Pfizer ne se fait pas payer pour ses services, et les étudiants se déplacent au siège de la firme à Walton Oaks, Surrey, pour une série de séminaires dirigés par des cadres du laboratoire.

Des représentants du syndicat britannique de l’industrie pharmaceutique (ABPI [équivalent du LEEM français, NdT]) font eux aussi des exposés à des étudiants de premier cycle de plusieurs écoles de médecine. Et Richard Tiner, directeur médical de l’ABPI, a déclaré qu’il était en pourparlers avec plusieurs hauts responsables chargés de cours, y compris à la faculté de médecine de l’université de Leeds, afin d’organiser une série d’exposés qui devraient en rester à des généralités sur l’industrie pharmaceutique, le développement de médicaments ou les effets indésirables de ceux-ci. Il estime que les centres médicaux universitaires du Royaume-Uni sont de plus en plus réceptifs aux offres d’aide de l’industrie.

« Il y a encore trois à quatre ans, nous n’aurions pu faire rien de semblable. Et puis le mois dernier, il y a eu deux exposés en l’espace d’une seule semaine », remarque Tiner. « L’enseignement de la pharmacologie clinique est en baisse dans les écoles de médecine, dont beaucoup n’ont pas de pharmacologues cliniques parmi les enseignants. [Cette situation permet] de se rendre compte que l’industrie possède une expertise dans des domaines dont l’enseignement n’est pas forcément assuré dans toutes les facultés de médecine du Royaume-Uni. »

 

Pfizer affirme que son expérience avec la faculté Brighton and Sussex a été couronnée de succès. Joanna Hahn, qui a dispensé le cours, est l’une des directrices médicales de la firme. Elle affirme qu’il s’agit d’un module au choix des étudiants, qui prend une demi-journée par semaine pendant deux mois. Même si le cours n’est pas soumis à validation, les étudiants doivent l’avoir suivi pour obtenir leur diplôme. Il couvre des thématiques allant de la découverte des médicaments jusqu’au marketing.

Selon Mme Hahn, il s’agit « d’offrir une vue d’ensemble sur les modalités concrètes de fonctionnement de l’industrie. Au départ, nous invitons des médecins qui font partie des équipes de recherche à parler des découvertes thérapeutiques et à aborder la question de l’évaluation de la sécurité et des risques. La seconde moitié du module est dédiée aux réglementations, à l’agence du médicament (Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency) et à la surveillance post commercialisation. Nous abordons aussi le marketing au vrai sens du terme, qui ne se réduit pas à la publicité ».

Le personnel chargé des affaires externes chez Pfizer informe les étudiants aussi sur sa stratégie en matière de relations avec tous les intervenants dans le domaine des soins, y compris les relations avec les associations de patients.

Mme Hahn affirme que les séminaires passés ont été très interactifs et dit ne pas méconnaître la nécessité d’être objective dans ses présentations. Selon elle, « Cela n’a aucun caractère promotionnel, ni dans la forme ni dans les modalités ». « Lorsque les étudiants ont commencé à venir, je faisais en sorte qu’il y ait toujours des boissons à leur disposition, et parfois aussi des repas. Mais j’ai arrêté, parce que cela renforçait l’image de la gratuité [the perception of free lunches]. Or l’essence du programme n’est pas la promotion ou la manipulation, mais la possibilité d’une discussion ouverte au cours de laquelle nous [industriels] puissions dire ‘Et voilà ce qui se passe dans notre monde’. « 

« Nous n’essayons pas de cacher quoi que ce soit. Si quelque chose nous concernant paraît dans les media, nous en débattons [et] trouvons les personnes les plus à même d’en parler ».

La faculté Brighton et Sussex a offert à Pfizer 500 livres sterling (510 € ou 720 $) pour assurer le cours, mais la firme a refusé cette rétribution.

Selon Mme Hahn, “le principal intérêt pour la firme réside dans l’opportunité d’interagir avec les futurs médecins de demain. Nous avons la possibilité de voir comment nous sommes perçus dans le monde extérieur et d’offrir certaines informations. Les étudiants commencent par être un peu sceptiques, mais nous avons des discussions de bonne qualité. Au départ, nous voyions des étudiants arriver en disant que nous ne faisions pas assez d’efforts dans les pays en voie de développement. Cela a changé, puisque les derniers nous disaient qu’ils voulaient se faire leur propre opinion là-dessus. « 

Martin Kendall, professeur émérite de pharmacologie clinique à l’université du Birmingham et conseiller médical du British National Formulary [instance officielle d’information sur les médicaments, NdT], considère que la disparition des départements de pharmacologie et de thérapeutique de beaucoup d’universités constitue un symptôme majeur de la crise de l’enseignement médical. Rien d’étonnant, selon lui, de voir des firmes telles Pfizer s’engouffrer dans les brèches.

« La thérapeutique est un sujet important, surtout s’agissant de l’activité des médecins : soigner d
es patients. Les médecins commencent à prescrire dès leur premier jour d’exercice. Et il faut se rappeler que 6,5% des hospitalisations sont dues à des effets indésirables des médicaments. Les nouvelles facultés de médecine ne sont pas les seules à ne pas avoir de département spécifique de thérapeutique, certaines des plus anciennes en manquent aussi. Il ne faut pas sous-estimer la gravité de la situation, et l’état de la pharmacologie clinique en est un révélateur majeur.

Je pense que cette situation est liée au changement du regard porté sur la recherche. Les facultés de médecine sont en compétition quant aux résultats de leurs recherches et on les évalue en fonction des fonds qu’elles arrivent à rassembler pour financer des recherches ainsi qu’en fonction des publications dans les revues les plus réputées pour leur qualité. Si j’étais doyen et que je voulais avoir du succès, la recette la plus évidente serait de soutenir la recherche et de réduire les efforts faits dans des domaines tels la psychiatrie, les modalités de soins des personnes âgées et la pharmacologie.

Maintenant, si cette évolution amène Pfizer à développer un module d’enseignement, cela n’est pas forcément une mauvaise chose. Il existe sans doute des cadres de l’industrie pharmaceutique ayant l’expertise et l’aptitude à enseigner à des étudiants en médecine certains aspects du développement des médicaments : comment créer un nouvel antihistaminique, par exemple. »

Cela dit, le Pr Kendall s’est dit soucieux quant à la question de l’objectivité de l’enseignement. Si une firme est chargée d’enseigner comment traiter une angine pectorale, il y a un fort risque qu’elle pousse en avant ses propres médicaments.

« Je dirais que ça va tant qu’il y a une surveillance correcte de ce qui s’y passe. Les modules proposés par des firmes doivent faire l’objet d’une surveillance par un examinateur externe ou par le comité clinique de la British Pharmacological Society, par exemple. « 

« Si la firme respective fait du bon travail lors de cet enseignement, l’étudiant en gardera une image favorable. Cela pourrait avoir un impact important sur sa réaction lorsque les visiteurs médicaux de la même firme viendront frapper à la porte de son cabinet. Cet enseignement ne relève pas du marketing actif de la part des firmes, mais de la construction d’une réputation de compétences scientifiques cohérentes. »

Richard Tiner du syndicat ABPI affirme que tout enseignement proposé par les firmes est soumis aux règles du code de bonnes pratiques de l’industrie : « cet enseignement vient des professionnels de santé travaillant pour l’industrie. Tout ce que nous faisons doit se conformer au code de bonnes pratiques de l’ABPI. Nous ne sommes pas en position de promouvoir des médicaments spécifiques. Il s’agit là d’exposés à caractère général plutôt que de choses spécifiques. Et un membre du personnel enseignant de la faculté assiste habituellement à ces cours. » »

*

Illustration : blog Funkypix2

 

Elena Pasca

12 réflexions au sujet de “Les firmes vont-elles s’emparer de l’enseignement de la thérapeutique et de la pharmacologie en Grande-Bretagne?”

  1. J’ai choisi le loup pour la parabole, mais la comparaison ne me plaît pas. C’est un animal qui fait ce que dame nature lui a appris à faire uniquement pour survivre, pas pour le profit. Il n’engraisse pas des actionnaires, lui, quitte à provoquer des catastrophes sanitaires.
    Et puisqu’on y est, les médecins ne sont pas non plus des agneaux innocents. Comme je l’ai dit à pluseurs reprises, aucune plainte n’a jamais été déposée par un médecin que des firmes auraient forcé à accepter des cadeaux, des visiteurs médicaux, etc. Ceux qui se font graisser les pattes sont consentants. Il en va un peu autrement des étudiants, c’est vrai; ils n’ont pas encore tous les repères pour choisir. Mais n’est-ce pas de la responsabilité de leurs aînés de les former?
    Si je trouve une belle image renard – poulailler, je change.

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  2. Effectivement Pfizer est un laboratoire qui a souvent fait preuve d’anticipation et d’originalité des ses initiatives d’influence à travers des efforts de promotion institutionnels cohérents et pérennes masquées sous un altruisme apparent. Sanofi s’y est mis avec un peu de retard mais de main de maître en organisant des examens blancs de fin de deuxième cycle (Examen Classant National) et des préparations au concours de l’internat…Et là cela concerne non pas seulement la pharmacologie et la thérapeutique mais quasiment toutes les facultés de médecines et toutes les disciplines. Il faut dire que Sanofi à une très large gamme de produits à promouvoir. Pour y parvenir… il faut avoir conquis les doyens ! Mais Pfizer avec le soutient de longue date de la lente évolution des associations de patients des ténèbres vers la reconnaissance nationale, n’a pas dit son dernier mot en fêtant en 2008 les 10 ans de son programme Patient Partenaire. L’idée est d’introduire dans l’enseignement des jeunes médecins des cours réalisés par les patients eux-mêmes – donc des patients formateurs, soit les sujets les mieux placés pour transmettre le vécu subjectif des pathologies et de leur prise en charge et légitimement rehausser le point de vue du patient en alter-ego du médecin. Excellente idée s’il en est mais qui pâtit du formatage Pfizer dans tous ces détails et qui suppose une forte proximité pour ne pas dire une quasi-intimité entre patient-médecin et industrie. (cf. Revue du Praticien, Tome 22, n° 805, p 704). D’ailleurs, la Professeure Euller-Ziegler met en valeur les avantages de cette méthode dans son article « Le patient, enseignant des professionnels de santé « , Le concours Médical, 2007, 129, 37, 1342-43. Conformément à sa politique éditoriale le journal précise que:  » L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts concernant les données publiées dans cet article ». Doit-on en conclure que la Professeure n’en avait pas ou qu’elle ne souhaitait pas les faire connaître ou qu’elle souhaitait couvrir le soutient du Laboratoire aux équipes médicales des treize centres hospitaliers ayant participés à l’opération? De fait, nous avons ici un bel exemple des pratiques actuelles et du degré de tolérance du système. Le Concours Médical ne devrait-il pas revoir sa charte éditoriale pour ne pas laisser fleurir sans sourcilier de telles mentions et comme les organes professionnels de presse anglo-saxons, n’accepter aucune publication sans l’indispensable déclaration des intérêts.
    Pour revenir à la formation des étudiants en médecine de deuxième cycle en pharmacologie, des alternatives à la participation de l’industrie existent. La bi-disciplinarité des enseignants telle quelle est praticable dans l’enseignement secondaire serait envisageable. Après tout les médecins y pensent tout seuls quand il s’agit de se faire nommer agrégé dans une discipline jouxtant la sienne, ils devraient aussi pouvoir y penser quand il y a des besoins pédagogiques….Rappelons nous que des cours, ça se prépare…que le niveau du deuxième cycle n’est pas celui de la spécialisation et que le diplôme de médecin se prévaut d’une relative polyvalence. Une deuxième option pourrait consister en l’organisation de séminaires de quelques jours avec déplacement d’un enseignant d’une autre faculté dans le cadre de partenariats inter-universitaires… cela s’est très bien fait pour l’Afrique par exemple…Mais dans notre cas, nos enseignants surchargés préféreraient peut-être quelques jours de congrès …avec hospitalité offerte par les laboratoires pharmaceutiques.
    Enfin, il faut comprendre que les étudiants en médecine, dans leur jeunesse, sont ambivalents vis-à-vis de l’industrie dans la mesure où celle-ci peut représenter un futur employeur potentiel. Alors qu’ils identifient le discours des visiteurs médicaux à des opérations clairement promotionnelles, ils se laisseraient plus volontiers raconter fleurette par le discours emprunt des attributs de la science des cadres cravatés et chanalisées de l’industrie pharmaceutique, légitimés de surcroit par l’institution dans le noble rôle de l’enseignant volant au secours d’une discipline menacée par les flots de l’imprévoyance de prévisions des planificateurs du numérus clausus !
    Rien de tel pour générer une dette morale inextinguible auprès de brebis en demande…Rien de tel pour préparer l’avenir à des relations courtoises et équilibrées entre médecins et industrie ! Mais n’oublions pas le présent, l’engagement de l’industrie est de ne pas faire de promotion directe de ses marques pendant les cours ne saurait difficilement s’étendre aux classes thérapeutiques…C’est comme si en visitant les caves d’un viticuleur de blancs mousseux, vous vous attendiez à y trouver du champagne ou du Bordeaux ! Je serai donc bien surprise qu’il n’y ait pas dans cet enseignement pur et sans reproches une survalorisation des classes thérapeutiques de prédilection des laboratoires impliqués… Et vous reprendrez bien un peu de glitazones, à moins que vous ne préfériez les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. ça tombe bien, on fait les deux ! Alors diriez-vous encore qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! Bonne journée. Sophia Emic.

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  3. Don Diego, je comprends votre réaction, mais la mienne n’est pas à l’opposé de la vôtre. Au contraire, je parle de tous les médecins qui devraient en avoir conscience, y compris ceux des organismes de formation et du conseil de l’ordre du désordre…
    Le problème étant que je ne peux pas être plus spécifique sur le désordre en question parce que je n’y connais rien, n’étant pas médecin et n’ayant donc pas à me soumettre à des ordres, pour faire un jeu de mots. De telles choses n’existent pas en philosophie. Il serait d’ailleurs certainement mieux pour la médecine et pour la santé des patients si la médecine devait se conformer plus à des principes moraux-déontologiques (et il y a mille exemples pour voir que ce n’est pas le cas), issus de la philosophie morale, qu’à un corporatisme, à des positions de pouvoir et à des intérêts d’une rare opacité.
    Eh oui, philosophie morale, c’est d’elle que découlent les principes moraux-déontologiques qui ont une force normative, au-delà des éthiques contextuelles, sélectives et concurrentielles – n’en déplaise aux médecins allergiques à tout concept et ne voulant pas entendre parler d’éthique, sauf pour se dire eux-mêmes éthiques…
    J’ai fait l’expérience de cette allergie-là, qui devrait se traiter sans médicaments, par des lectures et une ouverture à l’interdisciplinarité et… aux patients avec leurs expériences et leurs expressions différentes, justement. Il faut choisir délibérément un autre horizon que celui du corporatisme et des vieilles méthodes de la médecine; autrement, les prétentions au changement restent des prétentions. Et l’ordre reste le même.
    Une pression conjointe de médecins et de patients – non formatés, donc ayant une expression et une portée d’autant plus grande – qui se soutiennent au lieu de se tirer dans les pattes devrait pouvoir changer un tout petit peu les choses, même si c’est à long terme.
    Si des patients lassés par tout l’arsenal habituel se mettent à se rebeller contre la corruption, d’une façon ou d’une autre, même l’ordre ne peut pas rester insensible.
    mais votre responsabilité à vous, médecins, est aussi de passer une information que nous n’avons pas et ne pouvons pas avoir directement. Comment voulez-vous que je connaisse les entrailles du conseil de l’ordre ou des organismes de formation?
    Faites des notes, parlez-en publiquement, apprenez-nous! Sous la protection d’un pseudonyme, vous ne risquez rien.
    j’ai parlé du conseil de l’ordre allemand qui couvre la corruption à travers la formation continue, en reprenant un article de journal et ce qu’en dit la revue médicale indépendante Arznei-Telegramm.
    Et j’ai parlé – même souvent – de la formation médicale continue, dénonçant le financement par les firmes, qui la place à la botte de l’industrie pharmaceutique, puisque c’est celui qui paie qui décide, que les médecins en aient conscience ou non. Cujus regio, ejus religio.
    Il y a toute une catégorie de notes là-dessus, intitulée « Formation médicale continue… par les firmes ».
    http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/formation-medicale-continue-sous-la-coupe-des-firm/
    Mais comment parler de choses que je ne peux pas connaître?
    C’est là que vous, médecins, pourriez prendre la relève, non? Pour plus de précision, par exemple.
    Cordialement.

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  4. le conseil de l’ordre est là pour encourager la corruption par les firmes en déclarant déontologiques les repas au restaurant payés aux médecins par les labos, en déclarant déontologique la fmc labos, en ne mettant pas en garde déontologiquement contre la visite médicale.
    L’ordre fait tout pour que le marketing des labos ne soit pas gêné
    L’ordre est ainsi devenu, ou a toujours été le degré zéro de la déontologie médicale.
    J’ai proposé au conseil de l’ordre que la déontologie médicale soit gardée par les patients, c’est à dire par l’assurance maladie par exemple ou tout autre organisation de patients, vu l’incapacité d’une profession a se réguler elle même. Il n’y a qu’un regard extérieur à la profession pour faire cesser les dérives de cette profession.
    Tout les ordres ont été créés pour assurer l’impunité et couvrir les turpitudes inavouables de la profession concernée, pour se substituer à la justice et être au dessus des lois.
    c’est la Mafia avec son Code d’Honneur
    (toutes les professions sont des conspirations contre le profane disait GB Shaw)

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  5. Pour parler en toute franchise, j’ai été estomaquée par l’absence quasi totale de connaissances, de perspective et d’affinité avec l’éthique – pour utiliser le raccourci – de la plupart des médecins avec lesquels j’ai pu être en contact. Cela m’a même choqué s’agissant d’associations de médecins qui se proclament éthiques, mais aussi des spécialistes en éthique médicale qui fricotent avec les firmes. Sans parler des quelques philosophes vendus et qui créent des pseudo-concepts pour étayer la corruption médico-pharmaceutique.
    Je cite, comme dans la présentation de ce blog, Christian Vélot qui parle d’un enseignement philosophique indispensable dans les sciences « exactes », comme un apprentissage à la pensée critique. C’est toute l’approche insufflée par Jacques Testart à la Fondation Sciences Citoyennes, et on voit que cela fonctionne parfaitement, que chercheurs et philosophes ou scientifiques sociaux peuvent interagir, apprendre les uns des autres, et que l’expertise technique au-dessus de la critique et inaccessible aux citoyens n’existe pas. Ce n’est qu’un fonds de commerce jalousement gardé par des corporations qui veulent pouvoir mystifier les « profanes »… Ainsi lorsque des médecins prétendent qu’ils sont les seules à pouvoir parler santé…
    Vous voyez que la philosophie n’est pas un monopole, et que Jacques Testart, Christian Vélot et d’autres ont toute mon admiration pour leurs positions d’une rare lucidité.
    L’expertise citoyenne, réalisée en interdisciplinarité et qui dissout tout monopole, toute profession comprise au sens de corporatisme fermée, c’est cela qu’il faut prôner. Elle suppose, comme le disait Jürgen Habermas, l’acceptation du débat dans lequel on se départit de ses spécificités, de ses déformations, et on s’expose à la critique de l’autre, qui seule peut révéler les blocages de notre pensée.
    Comme vous dites, Diego, « seul un regard extérieur peut faire cesser les dérives de cette profession », seul un regard extérieur peut déjà les voir en totalité, y compris chez les médecins qui pensent pouvoir agir tous seuls, de l’intérieur, dans une autarcie médico-médicale dont je n’aurai de cesse de dénoncer l’aveuglement et les contradictions.
    J’insiste sur le côté débat, guidé par les principes, ouverture à la critique et à l’interdisciplinarité pour dire aussi que changer simplement de mains n’est pas forcément une solution.
    Pourquoi? Voudriez-vous confier la déontologie médicale à une association de patients financée par l’industrie pharmaceutique? N’oublions pas qu’à l’heure actuelle, la puissance numérique des associations peut soutenir des leaders vendus aux firmes ou du moins inconsciemment instrumentalisés par elles.
    C’est pourquoi je parle de partage et d’interdisciplinarité, et non pas d’une partie ou de l’autre qui aient seules le contrôle de la déontologie médicale. Surtout qu’on aurait du mal à trouver des gens qui connaissent la différence entre éthique et morale et puissent dire à laquelle appartient la déontologie et pourquoi…
    Oui, GB Shaw a raison, mille fois raison! Il faut que les profanes cassent les professions et tous les monopoles! L’expertise citoyenne, c’est précisément cela! Mais pas de façon anarchique, autrement, on risque de tomber dans le relativisme le plus total.
    Bonne journée à vous!

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  6. confier la garde de la déontologie à Prescrire (Association Mieux Prescrire) ou à Nofreelunch (mais c’est au USA) ou à l’assurance maladie ou à Que choisir
    amicalement

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  7. Non, à aucun tout seul! Ce ne serait pas raisonnable et ouvrirait la porte à d’autres monopoles.
    J’ai eu un échange avec un membre de Mieux Prescrire et d’une autre association de médecins, auquel je ne confierais jamais la moindre chose ayant un certain impact sur des personnes autres que lui-même. Alors lui confier des principes qu’il ne veut pas connaître, que dame nature nous garde !
    Bien entendu, je ne généralise pas cela à toute la revue Prescrire, que je viens par ailleurs de citer dans ma denrière note. Mais elle a, elle aussi, dans son passé des choses qu’un philosophe soucieux des principes moraux-déontologiques n’aurait jamais pu accepter.
    L’étiquette n’est pas tout, c’est comme le loup en habit d’agneau.
    Et puis, vous disiez vous-même qu’il fallait un regard extérieur… Je ne suis pas sûre du tout que Prescrire soit ouverte sur l’extérieur, et notamment sur le droit de regard des patients.
    Confions la déontologie à des représentants de tous ceux que vous nommez, mais aussi de ceux qui s’y connaissent en déontologie, quand même…
    C’est la société dans sa diversité qui doit décider, pas l’une ou l’autre de ses composantes. Et une société éclairée – ce qui n’est pas le cumul d’opinions obtenues par un sondage…
    Amicalement.

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  8. Confions la déontologie à des représentants de tous ceux que vous nommez, mais aussi de ceux qui s’y connaissent en déontologie, quand même…
    oui bien sûr
    amicalement

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  9. Ma propre expérience, quoique plus réduite, confirme cette absence d' »affinité » des médecins que j’ai rencontrés avec l’éthique. Et c’est bien dommage, parce qu’après tout, son respect est la seule véritable garantie pour les malades.

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  10. J’apprends que le British Medical Journal a un sondage en ligne, juste à côté du texte que j’ai traduit. Tout le monde peut voter, en répondant oui ou non à la question « Les firmes pharmaceutiques devraient-elles enseigner la thérapeutique aux étudiants des premiers cycles des facultés de médecine? ». En ce moment, le non est heureusement en tête, avec 78% contre 22% pour le oui.
    http://www.bmj.com/cgi/content/full/338/jan05_2/a3179
    Si ce lien ne marche pas, vous avez le même dans ma note ci-dessus (cliquez sur « Stepping into the therapeutics void »).

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