Business de l’endométriose chronicisée, à l’instar de l’industrie du cancer. Yellow-washing médico-industriel, psychanalytique, naturopathique, communicationnel…

Paru le 1er décembre 2008 sur l’ancien blog Pharmacritique. Mis à jour plusieurs fois, jusqu’à l’été 2017.

Une analyse des dimensions essentielles de l’industrie de l’endométriose, et surtout le complexe naturo-psycho-holistique, la maltraitance, les mauvais traitements et les violences psychiques infligés par des professionnels de santé et des coachs et guérisseurs sous emprise de la psychanalyse et d’autres sources de sexisme, misogynie et gynophobie.

L’histoire se répète, car les trois principales composantes des industries qui marchandisent les femmes, leur santé et leurs maladies, déploient des stratégies pour étendre leur marché à l’endométriose ainsi chronicisée et marchandisée, comme elles l’ont fait autour du dépistage organisé du cancer du sein. Analogie importante parce qu’il faut apprendre des erreurs passées, identifier et éviter les stratégies de la communication d’influence / marketing qui désinforment et culpabilisent sur chaque sujet.

30 ans après la mise en place du dépistage organisé, les voix critiques commencent à peine à se faire entendre. Les victimes du business de l’endométriose sont et seront beaucoup plus nombreuses encore.

Les trois complexes piliers de l’industrie de l’endométriose

Évidemment, chacun de ces complexes doit être pensé avec ses satellites et sachant qu’il y a des recoupements entre les trois:

  • Complexe médico-industriel et scientifique conventionnel, sous contrôle des industriels pharmaceutiques, fabricants de dispositifs médicaux, etc. 
  • Complexe naturo-psycho-holistique (autour des deux pôles majeurs que sont les pseudo-médecines douces genre naturopathie, et la psychanalyse. Les deux tout aussi arbitraires scientifiquement) 
  • Complexe communicationnel, médiatique, publicitaire et du lobbying

Autrement dit: les « industries de la santé » (sic), les marchands d’alternatives et de de nature ainsi que ceux qui font leur promotion, diffusent l’idéologie consumériste et l’individualisme néolibéral, fabriquent et manipulent l’opinion. Ils se font même passer pour des anti-système ou ses victimes, pour des « héros » qui « brisent des tabous », pour des journalistes qui enquêtent et combattent…

Les trois piliers collaborent parfaitement, et la situation désastreuse de l’immense majorité des femmes souffrant d’endométriose le prouve. Une iatrogénie invalidante et chronique, donc des traitements médico-pharmaceutiques et chirurgicaux plus des pratiques naturelles, homéopathiques et autres qui créent une chronicité pouvant être bien pire que la maladie et aller jusqu’au handicap. De quoi entretenir le business à vie. Et donner du travail à beaucoup de monde. Du lobbyiste au journaliste et au blogueur influenceur.

Les acteurs du marché  néolibéral de maladies féminines hormonodépendantes chronicisées et psychologisées 

Pour commencer, voici une caricature de Adams et Berger.

Elle montre à quel point le corps des femmes est médicalisé, devenu objet de commerce, marchandisé et pris en otage par ce que l’on peut appeler « l’industrie du cancer » ou « l’économie du cancer » (incluant les « alternatives »), entretenue par la globalisation d’une économie productiviste et par la pollution généralisée qu’elle engendre. A des fins de profit et à défaut d’une volonté politique forte qui s’attaquerait aux vraies causes – environnementales, chimiques… – du cancer du sein.

Ce sont les termes de Geneviève Barbier et Armand Farrachi, dans leur livre La Société cancérigène. Lutte-t-on vraiment contre le cancer? (La Martinière 2007), présenté dans mon article du 19 novembre 2008, avec des extraits.

Les auteurs soulignent eux aussi, les dégâts des dépistages trop rapprochés (mammographies, biopsies, procédures invasives dès la moindre anomalie histologique…). 

La caricature saisit l’essence des notes réunies sous la catégorie « Cancer, prévention, industrie du cancer ». Car cette « industrie du cancer » ne pourrait pas atteindre les proportions actuelles s’il n’y avait pas ce que j’appelle « abus de prévention« , à partir de la critique par David Sackett de la médecine préventive qu’il qualifie d’agressive, présomptueuse, paternaliste et autoritaire. (Voir David L Sackett. The Arrogance of Preventive Medicine. CMAJ. 2002 Aug 20;167(4):363-4).

J’ai décrit partout sur Pharmacritique et ailleurs, dans toutes les activités associatives, y compris celles avec Sciences Citoyennes (débats, colloques, auditions par le Parlement français, européen et belge, interventions médiatiques, interviews, articles dans la presse nationale, etc.), les principales dimensions de la marchandisation de la santé, de la médicalisation et surmédicalisation de l’existence, insistant sur la médicalisation des femmes, la réification de leur corps et leur psychisme comme de leurs comportements.

Les médecins sous l’influence de l’industrie pharmaceutique ne sont pas les seuls responsables, loin de là. Ils s’inscrivent dans la logique de l’individualisme néolibéral qui transforme tout en marchandise, comme la santé pour les “industries de santé” (sic), pour élargir le marché et la juridiction sans concurrence de la médecine (décrite dans les articles parlant du dévoiement de sa fonction sociale et de contrôle social; voir liens à la fin de l’article ou liste alphabétique des sujets dans la colonne de gauche).

Les pratiques commerciales appelées “médecines douces”,  complémentaires, alternatives,  profitent au maximum de cette marchandisation et l’entretiennent

Et puis, l’empire de la psychanalyse, omniprésent, instrument parfait de l’individualisme néolibéral, et à l’influence énorme sur toute la culture psy, la médecine et les soins en général, l’éducation, la pédiatrie, etc., cet empire formé de chapelles dont la pire est celle des épigones de Jacques Lacan, porte une énorme responsabilité pour le sexisme, la misogynie et la gynophobie manifesté partout envers les femmes. Et pour la maltraitance multiple que subissent les femmes en santé, le traitement différent selon les stéréotypes de genre recyclés par la psychanalyse, ainsi que le rejet, le retard, la méfiance envers les femmes malades traitées comme des menteuses, des douillettes, des hystériques voulant être victimes centre de l’attention, etc. “C’est dans la tête”, c’est psy, c’est “psychosomatique”, c’est le stress, c’est l’hystérie à cause d’un abus sexuel refoulé, voilà ce que les femmes entendent.

D’autant plus dans une maladie telle que l’endométriose, invisible, touchant au ventre… Pas seulement, bien sûr, mais les stéréotypes et clichés misogynes de la psychanalyse ne voient que l’utérus et le trou que serait toute femme… Refus de maternité, peur ou refus de la sexualité, conflits inconscients somatisés, conflits avec une féminité qui doit poser problème selon les psychanalystes, surtout au vu de la perversion et la dénégation inhérentes à la nature féminine, qui justifie que l’on se méfie d’elle, que l’on cherche toujours à montrer qu’elle ment, exagère, exprime et cherche autre chose, n’est jamais contente, se donne en spectacle, joue de l’émotion pour influencer et faire pitié, etc. Je détaille cela plus bas.

Il faut, à l’instar de la campagne que j’ai menée en 2007-2008, agir pour contrer tout cela en ciblant directement les textes misogynes, les articles psychologisants, les médecins et leurs organisations et revues qui les publient et les avalisent d’une façon ou d’une autre. D’autant plus que la psychanalysation s’accompagne de persuasion contre la chirurgie (surtout contre l’exérèse dénigré comme « mutilante » et inefficace), pour une prise de médicaments de longue durée, parfois sans diagnostic, à l’instar du « traitement empirique » préconisé par le Dr Jean Belaisch même sur une dizaine d’années sans regarder de près.

Mise à jour : lisez la confrontation très détaillée entre le Dr Jean Belaisch et moi qui a eu lieu en 2011 dans le cadre d’une bataille de 2007 à 2012 pour contrer son influence.

Les alternatives, les idéologues et les marchands qui composent le très large complexe naturo-psycho-holistique (incluant donc psychanalyse et d’autres pratiques psy tout aussi farfelues et pseudo-scientifiques), se basent elles aussi sur des catégorisations psychiques misogynes, mais qui ne sont pas mises en avant… Les humeurs, tempéraments, types, conformations, natures, constitutions, sont du même genre que la catégorisation névrose / psychose / perversion.

Tout repose sur la médicalisation: créer le besoin d’un recours au médecin ou guérisseur et l’entretenir. Car nous sommes conditionnées à faire confiance et à suivre, en croyant à chaque fois trouver le médicament ou le remède qui va marcher, et qui n’aura pas les mêmes effets indésirables sur nous, puisque tout le monde est différent, lit-on sur des groupes et des forums qui interdisent la critique ou le questionnement. A moins qu’ils soient faits par les figures d’autorité, qui dézinguent un médicament ou remède pour les remplacer par ceux qu’elles veulent vendre.

Traitements inefficaces veut dire cercle vicieux, pour les profits et l’excellente santé financière des marchands, promoteurs, publicitaires et autres intermédiaires dans le business tentaculaire. La femme souffrant d’endométriose est comme engluée dans une toile d’araignée de rubans jaunes, qui relient tous ceux qui ont quelque chose à gagner, sur le dos des femmes.

Car il faut les essayer tous, ces médicaments, techniques chirurgicales, thérapies, remèdes, coachings, relaxations, régimes… En désespoir de cause. Parce que les douleurs et autres symptômes peuvent être atroces et invalidants, donc les femmes sont prêtes à tout pour obtenir une amélioration. Essayer toute la centaine de contraceptifs, cycliques et en continu, puis les progestatifs de diverses classes (du Luteran à Androcur, en passant par Visanne, Esmya, le stérilet / dispositif intra-utérin Mirena, ou Cerazette, etc. Puis la gamme d’analogues agonistes de la GnRH, comme si Decapeptyl n’était pas la même chose que Zoladex ou Synarel ou Enantone / Lupron… Le choix dépend des conflits d’intérêt des médecins, et il en va de même pour la chirurgie (les instruments, les méthodes…).

Et c’est exactement le même problème avec les vendeurs d’alternatives, qui pullulent sur internet et partout. Chacun avec ses plantes, granules, tisanes, vitamines, jus, comprimés d’homéopathie, recettes de mode de vie et d’attitude positive, régimes sans (mais avec les produits des partenaires), magazines et programmes à acheter. Puis aromathérapie, yoga, médecine énergétique, nutrition, bains dérivatifs, toujours de la bonne marque. Un business sans fin. Plus le commerce de coaching, développement personnel, pensée positive, etc.

Et tout cela profite au complexe communicationnel et publicitaire: sur internet, les réseaux sociaux, les blogs, sites et pages pour le placement de produits et toute la publicité, par exemple dans les innombrables magazines de santé au naturel, nutrition, alimentation anti-inflammatoire, etc. Plus les journaux classiques, surtout ceux sur la santé. Plus les media audiovisuels, avec tous les journalistes et pigistes à l’affût d’un “coup”, d’un bon sujet, ou alors simplement écrivant des publi-reportages, c’est-à-dire des publicités déguisées, qui abordent l’endométriose ou un symptôme pour vendre les produits des industriels annonceurs (ou propriétaires des media).

Les magazines féminins sont ceux qui ont amené la marchandisation des femmes et de leur santé et maladie à un apogée d’arbitraire pour vendre n’importe quoi. Et promouvoir tous les leaders d’opinion (professionnels de la santé ou guérisseurs, acuponcteurs, vendeurs de régimes, sexologues, psys, etc.). Jouant sans vergogne avec la souffrance des femmes, pour les formater, les uniformiser, les exploiter, les rendre dépendantes d’une idéologie consumériste jusque dans leurs recoins les plus intimes (psychisme, sexualité et pratiques sexuelles, etc.).

Ces magazines sont les plus serviles avec les industriels (cela inclut les fabricants de nature, gélules, vitamines et les stars de diverses pratiques alternatives).

La même chose vaut pour tous les communicants, publicitaires et lobbyistes, sur lesquels j’ai souvent écrit pour décortiquer les stratégies de désinformation, d’influence, de publicité. La communication inclut évidemment les éditeurs, puisqu’on ne compte plus les livres de santé et de “bien-être”, avec injonctions de lifestyle par la consommation, donc l’achat de ce que chacun promeut. Les livres et journaux et blogs sont pleins de moyens de développement personnel, accomplissement de soi, accès au vrai soi, accès à l’essentiel et à ce qu’il faut faire pour aller mieux, etc.

Si l’endométriose guérit, et c’est possible par exérèse radicale et complète dans certaines conditions (il peut y avoir des cas inopérables, mais rarissimes), alors toute l’industrie et tout le business s’effondre… Tous ceux que j’ai nommé, ainsi que leurs satellites, vivent de l’industrie de l’endométriose et diffusent le marketing médico-pharmaceutique qui présente l’endométriose comme une maladie exclusivement féminine, liées aux règles qui reflueraient et donc forcément chronique. Tout cela est faux. Mais ce n’est que ce discours qui permet le business, de plus en plus étendu sous nos yeux, et à échelle industrielle. Déjà le nom est faux… Une mulleriose (restes embryonnaires résultant d’anomalies des canaux de Muller lors de leur développement), cela s’opère par des chirurgiens ultra-spécialisés et qui n’ont opéré que ça pendant au moins 20 ans, dans  certaines conditions et selon certaines techniques. Une intervention, deux tout au plus. Et basta.

Donc seuls des chirurgiens sont concernés. (A part les débuts, pour le diagnostic). Tout le reste, c’est du business. Intéressé à la chronicisation. Tous ont intérêt à dire que l’endométriose serait non seulement chronique, mais aussi systémique et allant de pair avec d’autres maladies inflammatoires, auto-immunes, etc. Et les naturopathes, la médecine chinoise, les homéopathes, etc. ont une infinité de remèdes et de régimes à vendre quant à l’immunité et l’effet anti-inflammatoire, profitant de la mode “nature”… J’y reviens en détail. Il s’agissait d’esquisser les principaux traits et nommer les principaux acteurs de ce business de la santé marchandisée.

– Complexe médico-industriel et scientifique conventionnel

– Complexe naturo-psycho-holistique

– Complexe communicationnel, médiatique, publicitaire et du lobbying

Réfléchissez à cela, comptez l’argent dépensé, par exemple pour des conseils de bon sens: faire de l’exercice adapté, apprendre à respirer profondément, observer les aliments qui conviennent ou pas, observer une bonne hygiène de vie (sommeil…), se faire plaisir, ne pas forcer, verbaliser la souffrance, etc. J’ai donné beaucoup de conseils (mais gratuitement) pendant toutes les années d’aide à des centaines de personnes malades. Et il y en a beaucoup, avec surtout des conseils pratiques quant à la maladie et à la prise en charge, dans les articles et dans les commentaires aux articles sur le blog Pharmacritique, sur les divers forums, groupes, listes où j’ai écrit.

Allons voir comment l’industrie de l’endométriose se met en place sur le modèle de celle autour du dépistage organisé du cancer du sein par mammographie, analogie d’autant plus évidente que les femmes souffrant d’un cancer du sein hormonodépendant se voient prescrire des analogues agonistes GnRH. Dans ma recherche d’informations, l’aide apportée aux victimes et les démarches auprès des autorités pour que les monographies et notices des Decapeptyl et Cie intègrent beaucoup plus d’effets indésirables (et cela a marché !), j’ai évidemment dû lire tout ce qui concerne toutes les indications de ces médicaments : endométriose, fibromes en préopératoire, en procréation médicalement assistée (PMA, par exemple en cas de FIV ou de don d’ovocytes), cancer de la prostate et cancer du sein hormonodépendants, puberté précoce centrale. Mais il y a aussi des usages hors AMM (autorisation de mise sur le marché), dont beaucoup d’essais cliniques.

Diverses stratégies de désinformations et d’invention ou réinvention de maladies afin d’élargir le marché 

Nombreux sont les auteurs anglo-saxons à avoir décrit les dérives de la médecine, qui, de moyen de soigner les malades (traiter les maladies), cherche à s’ériger en moyen de prévention, surtout pharmacologique, de maladies qui n’existent pas encore, quitte à nous pousser à vider les pharmacies… L’utilisation de plus en plus fréquente du préfixe « pré » est significative à ce titre: l’on parle de pré-ostéoporose, pré-hypertention, pré-diabète, pré-obésité et d’autres, sur la base de marqueurs biologiques dont les valeurs dites normales ont été baissées entre les années 90 et les années 2010 par consensus d’experts, c’est-à-dire par des médecins leaders d’opinion (key opinion leaders, appelés aussi dealers d’opinion). Ceux-ci sont placés dans les positions clé du système et pouvant le verrouiller et le faire fonctionner dans l’intérêt des acteurs économico-financiers qui paient les formations médicales continues, les recherches, les congrès,…

Bref, ces grands pontes sont en position de contrôle de l’ensemble des branches du système de formation, d’information et de recherche médicale. Ce sont eux qui vont aussi dans les media pour donner LA bonne approche de telle maladie, les bons traitements, sans déclarer leurs conflits d’intérêt. Il est étonnant que l’on ne se préoccupe pas, en France, de tous ces aspects, que l’on ne s’interroge pas sur les leaders d’opinion, sur les conflits d’intérêts, sur les biais qu’engendrent les financements industriels. Et pas non plus sur les stratégies de désinformation sur les maladies, qu’il s’agisse de ce que l’on appelle le disease mongering (façonnage, invention de maladie, réécriture de maladies, cf. les notes en descendant sur cette page), qu’il s’agisse des méthodes de publicité indirecte (puisque la DTCA: direct-to-consumer advertising est interdite en France), des financements industriels donnés à diverses sociétés savantes mais aussi à beaucoup d’associations de patients. L’on ne s’interroge pas non plus sur les objectifs réels, commerciaux, de la mise en place de campagnes de communication sur des maladies, qui sont en fait tout autant de campagnes publicitaires… 

Les mêmes auteurs anglo-saxons ont épinglé depuis longtemps le disease awareness campaign comme stratégie de médiatisation afin – non pas de sensibiliser à une maladie pour le bien des patients – mais d’élargir le marché et surtout de faire parler de la maladie en question sous l’angle des médicaments ou autres moyens thérapeutiques vendus par les laboratoires pharmaceutiques qui financent la campagne publicitaire. Et c’est cela qui peut échapper à l’interdiction des publicités. Des spots audiovisuels peuvent sensibiliser aux soi-disant dangers du cholestérol, dont la forme LDL est diabolisée, comme je l’ai montré dans les articles en descendant sur cette page, et rendue responsable de tous les maux, y compris sur des chaînes de radio et de télévision publiques, tout en disant: « Des solutions existent. Consultez votre médecin ».

Ces campagnes attrape-nigauds amènent les gens sur internet, sur les sites présentés comme des sources d’information, mis en place par les industriels pharmaceutiques qui vendent les médicaments anticholestérol. Les mêmes qui fabriquent les dépliants d’information que vous trouvez dans la salle d’attente de votre médecin… 

J’ai épinglé les incitations au dépistage organisé du cancer du sein par mammographie dans plusieurs notes, en citant des auteurs tels que Peter Gotzsche, Gilbert Welch, Per-Henrik Zahl, Fernand Turcotte, le Nordic Cochrane Center, Nortin M Hadler (The Last Well Person. How To Stay Well Despite the Health Care System, John Hopkins UP 2007) et d’autres. Ces auteurs mettent en évidence la désinformation en direction des femmes, passant la plupart du temps par des associations et des réseaux, qui bénéficient souvent de financements industriels, y compris pour leurs sites, leurs campagnes d’information, leurs réseaux et listes de discussion de « sororité » entre femmes survivantes et celles à la recherche d’informations supposées désintéressées, car émanant de militantes associatives à l’image de bénévolat et d’engagement par philanthropie.

Médicalisation des femmes

Les femmes sont les premières cibles de la médicalisation et de la marchandisation en général, pour des raisons exposées de façon disparate dans plusieurs articles. On voit les stratégies de marchandisation s’exercer y compris dans l’industrie de la communication et dans l’industrie de la culture et de la conscience (selon les termes de la Théorie critique), qui recoupent la « culture psy » issue d’un croisement de l’individualisme néolibéral et de la psychanalyse  et se servant de l’ensemble de « l’empire de la psychanalyse » (selon les termes du lacanien Gérard Pommier).

Entre ce complexe, puis les complexe médico-industriel et celui naturo-psycho-holistique, les femmes n’ont aucun moyen d’échapper à ce qui les englue comme dans une toile d’araignée qui se tisse autour d’elles. Tout est fait pour qu’elles ne sortent jamais de là et continuent à ne se mouvoir qu’à l’intérieur de cette toile, ou de ce cercle vicieux. Dans lequel elles consomment des médicaments et autres stratégies thérapeutiques et/ou des remèdes vendus par des naturopathes, des coachings vendus par des guides spirituels et autres « personnes inspirantes ».

La toile d’araignée est complétée par les offres des innombrables thérapeutes du psychisme (aussi sous l’angle soutien affectif, gestion du stress,…), tels que les psycholibérateurs, praticiens du décodage biologique des conflits inconscients, prêtres du féminin sacré blessé par la société et autres détenteurs de LA Vérité du psychisme. Chacun de ces libérateurs définit la Vérité en fonction des « correspondances » (entre tel symptôme et une interprétation psychosomatique) et des clés donnés par leur chapelle psy respective pour interpréter ce que « le mal a dit » : interpréter les émotions des femmes qu’ils ont eux-mêmes provoquées, orientées, canalisées. Et ils épinglent les femmes en fonction des catégorisations psychiques que l’on retrouve dans toutes les approches naturo-psycho-holistiques, malgré l’apparente diversité terminologique : névrose/ psychose, tempérament, constitution, humeur, terrain, etc.

Des femmes étiquetées névrosées / hystériques par des médecins tels que Claude Béraud, Jean Belaisch, Michèle Lachowsky et d’autres, se disent dégoûtées par la « médecine allopathique » et s’adressent aux alternopathes du complexe naturo-psycho-holistique. Qui les catégorisent tous en fonction des supposées particularités psychiques causant toutes les « mal a dit »…

Je reviendrai sur ces questions, à partir de plusieurs sources telles que Barbara Mintzes et Janet Curie, pour ce qui est de la marchandisation de la dépression chez les femmes. Et David Healy, Christopher Lasch, Ray Moynihan, Alan Cassels, Leonore Tiefer, Steven Woloshin, Jean-Claude St Onge et d’autres, pour la médicalisation des émotions (timidité, instabilité d’humeur, etc.) et les formes de disease mongering. Mais aussi la revue Arznei-Telegramm, Jörg Blech, Peter Weiss, Peter Conrad (The Medicalisation of Society. On the Transformation of Human Conditions into Treatable Disorders, John Hopkins UP 2007). 

Cet article contient une version élargie de ma critique du livre de l’historien républicain  Guy BechtelLes quatre femmes de Dieu : La putain, la sorcière, la sainte et Bécassine, montrant les sources religieuses de la misogynie et gynophobie, ainsi que l’alliance objective qui se crée entre les dignitaires religieux à tous les échelons et les praticiens de la médecine naissante. Ils se soutiennent mutuellement. Ils ont la même cible principale – la femme, son corps, son âme, sa sexualité – et le même objectif – la contrôler et faire en sorte qu’elle se comporte selon leurs prescriptions. Alors ils s’entendent pour soutenir mutuellement leurs initiatives et les moyens d’influence par lesquels ils formatent les femmes de façon à ce qu’elles pensent faire acte de liberté et en conformité avec sa prétrndue nature profonde, sa destinée et sa raison d’être spirituelle et biologique: la maternité et le rôle de ménagère, de maîtresse de maison. Ainsi que le rôle de première appelée à se sacrifier pour le bien du foyer, de par des qualités particulières qu’elle aurait par nature : dévouement, désintéressement, communication facile, aptitudes pour le travail domestique, abnégation, raisonnement par l’affect, solidarité, etc.

Toutes ces supposées valeurs et qualités intrinsèques à la nature féminine, formant « l’éternel féminin« , condamnent les femmes à être subordonnée à l’homme, doté, lui, des qualités nécessaires pour l’édification de la culture et le gouvernement de la cité.

La psychanalyse: sexisme, misogynie et gynophobie soi-disant scientifique qui renforce le sexisme médical

La psychanalyse viendra renforcer encore cette alliance objective qui scelle le sort des femmes et les enferme dans une nature féminine présentée par des couples d’opposées: nuit-jour, affect-raison, émotion-logique, humide-sec, ténébrès-lumières, intérieur-extérieur, maison-cité, intime-public, et ainsi de suite.  

La psychanalyse verra dans les femmes un trou – par l’absence d’organes sexuels externes, selon Freud et les autres, incapables de les voir, surtout le clitoris… Absence qui, selon leur dogme faisaint de l’anatomie le destin, rabaisse les femmes à un « trou dans la culture et la civilisation » (Jean-Michel Louka). Cette culture qui aurait été soigneusement bâtie exclusivement grâce aux hommes et à leurs mâles qualités de raison et d’abstraction. Et grâce aux autres capacités proprement humaines que les femmes n’ont pas. Mais les hommes/ mâles les possèdent de par la possession d’un pénis, qui garantit les facultés nécessaires à l’accès à l’ordre symbolique: celui de la Loi.

La loi du Nom-du-Père, placé selon l’équation de Lacan sur « le désir de la mère ». Raison versus affect; le premier se devant de dominer et contrôler le second.

Par ailleurs, le manque de pénis ferait aussi que les femmes ne possèdent qu’un surmoi rudimentaire, donc pas de base biologique pour le développement des capacités morales, éthiques, politiques, celles nécessaires au gouvernement de la cité et aux activités de raison à l’extérieur de la maisonnée…

L’hystérie structurelle et la perversité destructrice des femmes

Le féminin étant structuré en fonction des désirs incestueux inconscients des filles pour les pères, cela est l’une des principales sources de l’hystérie des femmes. Étant donné l’hystérie, la « mascarade » inévitable – mascarade qui définit l’être des femmes, car « derrière le masque, il n’y a rien » -, et puis la biologie insuffisante et la nature défectueuse et « perverse » (du point de vue spirituel comme psychique), l’on comprend que la sainte alliance curés-médecins-psychanalystes s’entend pour garder les femmes à leur place: la maison, la cuisine, les enfants, l’église. Et l’on repense aux 3K de la culture allemande – Kinder, Küche, Kirche (enfants, cuisine, église) – que les femmes ont le devoir d’intégrer et de pratiquer, aussi pour le bien de la patrie et même de l’humanité.

L’humanité, la Loi, la raison, bref, toute la construction humaine (mâle) serait en danger permanent à cause de la nature perverse et de la « chiennerie » des femmes (dixit Freud). Ces êtres dont le discours n’est d’ailleurs pas crédible, au vu de la dénégation… Et d’ailleurs ce mensonge perpétuel et la nature envieuse et perverse se conjuguent pour donner la définition même de la dénégation, à partir de celle de la castration. Les femmes ont toujours des désirs sexuels incestueux envers leurs pères, mais leur nature les pousse à (se) mentir là-dessus, d’où l’arrivée de l’hystérie. Avec le théatre, la théatralisation et mise en scène selon les freudiens; auxquels les psychanalystes lacaniens ajoutent la « mascarade » qu’est la femme. Non pas qu’elle se cacherait derrière ce masque. Non, elle est le masque.

On voit ici le même degré de consistance ontologique reconnue aux femmes que dans le cas des organes sexuels externes: zéro. Les femmes ne sont qu’absence, et cette absence, cette négativité et manque risquent à tout moment d’absorber l’humanité tout entière par le même trou qui a donné la vie.

La « mère chameau archaïque », la « mère crocodile », la « mère araignée » (selon Lacan et les lacaniens), cette mère peut à tout moment fermer son clapet sur l’humanité entière comme sur les enfants qu’elle domine. Enfants que sa perversion chercherait à détruire, si tant est que le foetus ait résisté et pu naître, grâce au placenta, qui représenterait le père et la protection qu’il confère au foetus contre la destructivité inhérente aux femmes… C’est Aldo Naouri qui reprend, développe et transpose en pédiatrie les thèses de Freud puis de Lacan là-dessus.

Mais la mère peut fermer son clapet sur l’ensemble de la civilisation patiemment forgée par les hommes parce qu’ils ont su maîtriser et dominer les femmes et ainsi éviter que la destructivité et la perversion s’exercent sur toute l’humanité… 

On l’aura compris: de Freud et Lacan à Aldo Naouri, Gérard Pommier, Gilbert Levet, Jean-Michel Louka, Jean Belaisch et d’autres, il est impératif pour l’humanité que la domination masculine s’exerce et que les femmes adoptent sans rechigner (« sans ressentiment »), « la position féminine » qui est aussi celle d' »objet a » pour les hommes. Qu’elles se déterminent en tant que sexe et en tant que psychisme seulement par rapport aux hommes et à leurs désirs, donc seulement en tant que sexualité génitale révélée en tant que réceptacle vaginal, au moment où les hommes en ont besoin et pratiquent la pénétration. Uniquement génitalité, parce que la sexualité clitoridienne serait dangereuse, car phallique, donc devant être occultée pour le bien de l’humanité, c’est-à-dire des désirs mâles et de la reproduction. D’où aussi l’image de trou, de néant sexuel externe. D’où aussi le seul apport des femmes à la culture, selon Freud : le tissage. Elles voulaient tisser quelque chose pour cacher le néant sexuel, donc leur infériorité anatomique qui fonde en nature leur infériorité psychique, morale, existentielle, etc. 

La sexualité et la destinée qui se dessinent seulement en fonction des désirs des hommes et de leur pénis, cela donne l’oedipe en symétrie inverse par rapport aux garçons, à partir des désirs incestueux pour les pères, donc une structuration névrotique « normale » des filles en tant que hystériques. (A cela s’ajouteront les « ravages » produits par la destructivité et la perversion maternelles sur les filles, autre signe de cette recherche inconsciente de destruction des enfants, par l’exercice aveugle du pouvoir sur plus faible qu’elle). 

On l’a vu avec le cas Dora: une jeune fille de 13 ans, harcelée et agressée sexuellement par le mari de la maîtresse de son père, et avec la complicité de son père, est décrétée hystérique par Freud parce qu’elle parle de ces agressions, qu’elle en parle avec dégoût et en garde un souvenir difficile au lieu d’en être simplement émoustillée et d’évoquer des souvenirs agréables d’excitation sexuelle… Dora n’a pas été excitée et n’a pas eu du plaisir, de ces expériences répétées, bien au contraire. Alors elle est forcément hystérique.

Emma Eckstein : endométriose probable étiquetée hystérie

Un autre cas d’hystérie diagnostiqué par Freud est celui d’Emma Eckstein. Cette jeune femme a souffert de douleurs pelviennes très fortes ainsi que de règles abondantes. Peut-être avait-elle aussi une endométriose. Quoi qu’il en soit, elle a fait une très longue analyse avec Freud, qui, aussi pour des raisons extérieures à ses conceptions, l’a cataloguée hystérique et l’a amenée à fabriquer des bouts de rêve et de souvenirs dans lesquels il y avait du sang, etc. Tout ce qu’il voulait pour étayer l’hystérie.

Freud était toujours très admiratif de son ami Fliess et des conceptions de celui-ci sur l’hystérie, qui serait liée à des détails de la conformation des cornets du nez et donc curable par une intervention chirurgicale à cet endroit. Le grand psychanalyste a envoyé Emma Eckstein se faire opérer par Fliess, lorsque les douleurs ont augmenté, au lieu de diminuer grâce au diagnostic d’hystérie… Mais cela s’est mal passé. Fliess a aussi oublié un très long bout de gaze, qui s’eest infecté. Alors qu’elle souffrait de douleurs atroces et d’une infection et avait un visage défiguré à vie par ces « traitements », Emma Eckstein a quand même accepté les interprétations de Freud. Il lui attribuait à elle et à son hystérie la responsabilité de l’échec et des complications de l’opération des cornets du nez par Fliess… 

Mais, terrassée par les douleurs, Emma Eckstein a quand même décidé de s’adresser à une chirurgienne pour se faire opérer afin de soigner ses douleurs pelviennes et ses règles hémorragiques. On n’a pas tous les détails pour savoir ce que la chirurgienne lui a enlevé. Au moins un volumineux fibrome. En tout cas, elle n’a plus eu de douleurs. Mais Freud n’a pas supporté que son diagnostic soit infirmé et que « sa » patiente guérisse par chirurgie… Il a tout fait pour la récupérer en analyse et la maltraiter, la casser, l’intimider, pour qu’elle ne raconte pas sa malheureuse histoire avec la psychanalyse et sa réussite avec la chirurgie. L’emprise psychologique de Freud est allée d’autant plus loin que Emma Eckstein était d’une famille aisée et qu’il a profité de tous ses clients aisés y compris en adaptant la théorie : « l’analyse infinie » et seul le psychanalyste légitimé à dire quand elle était finie, et insistance sur l’importance des tarifs très élevés : payer des sommes importantes pendant des années serait signe que le « patient » s’engage vraiment dans le processus et a une réelle volonté de connaître ses conflits inconscients et assimiler toutes les interprétations du seul sachant : l’analyste érigé en véritable gourou contrôlant toute la vie de l’analysé.

Freud et sa garde rapproché ont toujours contrôlé le mouvement psychanalytique et adoubé en tant qu’analystes seulement ceux qui adhéraient et reproduisaient sans moufter les dogmes, contribuaient au culte de la personnalité et aux desseins de Freud d’une « école » avec beaucoup de disciples formatés de façon sectaire par le gourou. Il faut payer pour faire une longue analyse, puis payer pour en faire une autre, en guise de formation à reproduire les dogmes. Payer une sorte d’adhésion et rester toujours au service de la cause (du maître gourou). Même une fois reconnu psychanalyste, il faut en permanence payer pour suivre une analyse par un « superviseur » bien placé dans la hiérarchie, afin de pouvoir se réclamer de l’aura héroïque du maître. La nature sectaire est évidente. Et cela est toujours valable de nos jours.

Emma Eckstein a fait partie des premières victimes d’une telle emprise complète puisqu’elle à payé pour toutes les étapes de la formation de psychanalyste. Freud lui a même donné l’impression de la valoriser en lui envoyant des analysants chez lesquels il disait qu’elle allait trouver de l’hystérie… Freud a soufflé chaud et froid jusqu’à l’avoir totalement sous contrôle. Et il a fait une telle mauvaise réputation à Emma Eckstein, il a lancé de telles rumeurs et histoires sur son compte, qu’il a fini par la casser, au point qu’elle ne sorte plus de la maison. Et Freud a évidemment pris cela pour une confirmation de son diagnostic d’hystérie et s’est même vanté d’avoir eu raison de persister même lorsque certains aspects semblaient infirmer ce diagnostic… 

Voilà un cas paradigmatique de ce que donne la psychanalyse appliquée aux douleurs pelviennes, à une probable endométriose.

Mauvais traitements par une médecine française sous influence de la psychosomatique

Alors à quoi s’attendre en France, où la psychanalyse lacanienne est omniprésente et toute-puissante, même quand elle ne s’appelle pas comme cela directement, mais « psychosomatique » ou « approche psychodynamique » ou autre? 

La situation des malades françaises est désastreuse, c’est une maltraitance psychique de tous les points de vue pour celles qui souffrent d’endométriose, en gynécologie / médecine comme partout. Car le syntagme « culture psy » renvoie à l’influence de la psychanalyse sur tous les domaines, sur les mentalités, etc. Donc aussi sur la pédiatrie, le monde de l’éducation, l’expertise médico-judiciaire, sur les soins au sens large.

La gynécologie française (mais aussi la sexologie, la procréation médicalement assistée et tout ce qui tourne autour) est sous la coupe de la psychanalyse à travers la psychosomatique. Celle-ci est l’un des nombreux termes de couverture, comme « approche psychodynamique », approche par le sujet, psychopathologie dynamique, psychologie analytique, sans oublier toutes les dénominations incluant « inconscient », « subconscient », « profond » comme dans la psychologie des profondeurs, etc.

Par exemple, la Société française de médecine psychosomatique détient la principale revue française et seule connue à l’étranger, appelée Gynécologie, Obstétrique et Fertilité, dirigée par Patrick Madelenat, qui est aussi directeur de La Lettre du gynécologue. Et le Dr Jean Belaisch fait partie du comité de rédaction. Il est très bien placé dans toutes les structures importantes dans ce domaine. De même que sa fille, Dr Joëlle Belaisch-Allart, et son gendre, Dr Jean-Pierre Allart, avec lequel il a co-signé un texte publié par l’association EndoFrance, même s’il est insultant pour les femmes et dit que l’endométriose aurait une cause psychologique et devrait être traitée par psychothérapie et par… des médicaments hormonaux à la longue. Tout seul, le Dr Jean Belaisch a signé deux textes pour EndoFrance, restés sur le site jusqu’en 2012. La fin a été précipitée par mes protestations.

Le texte de 2003 co-écrit avec le Dr Jean-Pierre Allart s’appelle Endométriose et vécu de l’adolescence.  Comme Jean-Michel Louka, le psychanalyste auquel il a ouvert toutes les portes et qu’il a présenté à EndoFrance, Jean Belaisch a une idée fixe sur les maladies des femmes: toutes malades psy, à cause de traumatismes psycho-sexuels, d’abandon par les parents ou même (remarquez les contorsions pour trouver quand même quelque chose) à cause d’une punition physique ou psychique ressentie comme injustifiée. Voilà une fessée comme cause de l’endométriose… Ou un séjour au coin, qu’une fillette de trois ans aurait ressenti comme injuste.

A ce rythme-là, la cause psychique se retrouve facilement, grâce à quelques questions bien orientées. L’on voit dans le livre de 2005, co-écrit par Belaisch avec Anne de Kervasdoué, Pourquoi les femmes souffrent-elles plus et vivent-elles plus longtemps, que c’est une véritable idée fixe, une obsession, et que Jean Belaisch pousse systématiquement les femmes à chercher dans leur passé un événement psychique qu’elles doivent relier à l’apparition des symptômes, à leur aggravation, etc.  

Voilà un exemple de leader d’opinion qui ne déclare pas ses liens d’intérêt… Car le Dr Jean Belaisch vante les mérites d’un traitement hormonal empirique de l’endométriose depuis un congrès appelé Gynovations, grande sauterie de formation médicale continue financée par des dizaines de laboratoires pharmaceutiques. Jean Belaisch a délivré ses préconisations lors de la session de 2007, sponsorisé par pas moins de 42 firmes de la pharmacie et fabricants de dispositifs médicaux. Le congrès était aussi doté d’un « programme social opulent », genre palace, golf, sorties, dîners et cocktails luxueux…

Mais vous ne trouverez nulle part une déclaration des conflits d’intérêt. L’association EndoFrance (de lutte contre l’endométriose) s’affiche partout avec Jean Belaisch, et ne déclare pas non plus ses liens d’intérêt. Mais l’on a appris, dans la Gazette, que c’est grâce à l’argent de l’industrie que l’association a organisé des événements au mois de mars 2007, pour faire connaître l’endométriose. Inutile de dire que l’industrie pharmaceutique ne finance pas quelque chose qui affirmerait l’efficacité de la chirurgie seule, sans médicaments; et encore moins s’agissant de parler des succès d’une ou deux interventions d’exérèse complète / exérèse radicale (excision surgery) telle que la pratique le Dr David Redwine aux Etat-Unis. 

J’ai informé sur les pratiques de David Redwine aussi sur le forum d’EndoFrance jusqu’à sa fermeture en 2006, sur des listes de discussion et sur des forums tels que Doctissimo. Pour essayer d’expliquer les risques des médicaments, dire qu’il fallait faire la chirurgie d’exérèse et pas d’ablation, qu’il fallait la faire sans médicaments, parce que le chirurgien ne voit pas tout sous Enantone ou Decapeptyl, comme le souligne l’autre expert cité maintes fois: le Pr Marc Possover. Qu’il fallait éviter les médicaments aussi à cause de leurs effets indésirables, etc.

Et j’ai expliqué aussi les dangers des plantes / phytothérapie sauvage et essayé de mettre en garde contre tous les marchands de plantes et méthodes exotiques, contre cet engouement pour la médecine chinoise et d’autres approches qui voient l’endométriose comme… une affection du foie.  

Effets indésirables des hormonothérapies: l’exemple des analogues agonistes GnRH

La question des effets indésirables graves, voire mortels des analogues agonistes GnRH (appelés aussi agonistes LHRH) n’est jamais posée dans les campagnes publicitaires. Or ces effets sont tellement dangereux chez les hommes traités pour un cancer de la prostate que la prescription d’Enantone et Cie ne doit être faite qu’en tout dernier recours, si rien d’autre ne marche et si le patient tient absolument à avoir un traitement, en évaluant soigneusement le rapport bénéfices/risques. Des études et des éditoriaux par dizaines appellent à la prudence depuis des années aux Etats-Unis, parce que les médicaments risquent de tuer plus que le cancer…

Mais les médecins français désinforment – et sont eux-mêmes désinformés entre autres à cause de l’absence de littérature médicale présentant cela en français. Les campagnes de l’Association Française d’Urologie et les autres leaders d’opinion faisant des formations médicales continues sur le sujet notent tout au plus des effets secondaires de sévérité légère à moyenne (prise de poids, fonte musculaire, fatigue, troubles gastro-intestinaux…). Ils oublient le diabète, l’infarctus du myocarde et autres affections cardiovasculaires, l’apoplexie hypophysaire ou l’adénome hypophysaire, les troubles neurologiques (neuropathies, paralysies…) et neuromusculaires, la dégradation très importante de la qualité de la vie à cause du déclin cognitif (mémoire, attention, concentration…), à cause de l’impuissance et parfois de l’incontinence, de la féminisation, etc.

Dans cet article abordant divers aspects liés à notre sujet, « Surdiagnostic des cancers: entre dépistage obligatoire en Pologne et surdépistage imposé en douce en France sous pressions diverses », j’ai parlé de l’amende de 875 millions de dollars que le laboratoire Takeda Abbott Pharmaceuticals (TAP, devenue AbbVie) a dû payer en 2001 pour des charges pénales et criminelles, notamment une « conspiration » (terme figurant dans les attendus du jugement) au niveau fédéral afin de mettre en place une campagne nationale de promotion tous azimuts incitant à la prescription de l’acétate de leuproréline (Enantone, appelé Lupron aux Etats-Unis, Lucrin ou Prostap ailleurs). Plusieurs urologues corrompus directement ont eux aussi été condamnés; mais beaucoup d’urologues ont simplement accepté des cadeaux et autres invitations, ou alors se sont laissés désinformer par la littérature médicale biaisée à ce sujet.

Dommage que les effets indésirables de cette classe de médicaments ne soient toujours pas discutés en public, et même pas dans une revue comme Prescrire, qui n’évoque que ceux légers ou moyens. Cela n’a pas changé depuis que je me suis intéressée à la question et ai commencé à en parler sur divers supports, dont le blog de l’association de victimes que j’ai fondée en 2006, puis Pharmacritique, à partir de 2008.

Les femmes aussi subissent des effets indésirables importants lors d’une prise de Decapeptyl de la firme IPSEN (ou Enantone ou Zoladex) pendant des années, sous prétexte – pourtant sans preuves scientifiques solides – que ce traitement antioestrogénique réduirait les récidives ou augmenterait la durée entre deux récidives d’un cancer du sein hormonodépendant. C’est pourtant important que les femmes qui n’ont aucun symptôme mais font une mammographie – pour répondre aux injonctions du complexe médico-politico-industriel bénéficiaire de l’industrie du cancer – sachent qu’elles risquent une ménopause définitive et des effets indésirables sévères avec un tel analogue agoniste GnRH. C’est un comble si une femme surdiagnostiquée, ayant une petite tumeur qui aurait régressé toute seule, etc. se retrouve dans l’engrenage des traitements (chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie pendant des années…) qui la transforme définitivement en malade chronique, à cause des effets indésirables de l’un ou l’autre des médicaments et de leurs effets cumulatifs.

Et si ce business autour du dépistage est si lucratif pour les fabricants de tout le matériel nécessaire, pour les laboratoires fabricant des médicaments très chers, pour les professionnels de santé (depuis les radiologues jusqu’aux cancérologues et aux médecins généralistes avec leur prime s’ils prescrivent le taux voulu de mammographies), c’est précisément à cause de la chronicisation, parce qu’il n’est jamais question d’une fin prévisible.

Les surtraitements induisent une cascade de prescription: un effet secondaire est traité par une autre prescription médicamenteuse (ou alors il est pris pour une comorbidité; en tout cas, il y a une nouvelle prescription, un nouveau médicament en plus des anciens et pour traiter leurs effets indésirables). Le deuxième médicament aura lui aussi des effets indésirables qui induiront une nouvelle prescription d’un médicament supplémentaire…

Un sketch du Groland sur le Perfector et la cascade de prescription qu’il induit par ses effets secondaires est édifiant à ce sujet, l’humour permettant d’être plus efficace que des traités savants. Le médicament Perfector est fictif, mais le scénario est parfaitement réaliste.

Marchandisation et extension du marché des agonistes GnRH. Application du modèle à l’ensemble des médicaments et autres produits grâce à la chronicisation de l’endométriose

Analyser les recettes mises en ouvre par l’industrie du cancer quant au dépistage organisé du cancer du sein par mammographie se révèle important aussi pour décrypter ce qui est un prototype… Au vu du succès des stratégies commerciales, qui incluent l’industrie de la communication et l’industrie de la culture, partie prenante de ce que j’appelle complexe naturo-psycho-communicationnel, les mêmes acteurs commerciaux ont appliqué les mêmes stratégies à d’autres maladies et symptômes. L’endométriose est un exemple fascinant, car c’est une industrie qui se déploie sous nos yeux. Une ascension résistible de tout un marché, à partir de la réécriture de l’endométriose en tant que maladie chronique et de son traitement chirurgical d’exérèse radicale en mesure de guérir ou d’améliorer fortement et à long terme, présentés désormais comme mutilants, donc à remplacer par des approches plus légères, mais partielles et inefficaces, donc à répéter et combiner avec des médicaments supprimant les règles à prendre à la longue…

Autorisation de l’Enantone basée sur une fraude et méthodes punies par la justice des États-Unis

Avec les analogues agonistes GnRH, l’industrie pharmaceutique a un réservoir inépuisable de profits, puisque ces médicaments très chers dont chaque firme a son me-too (sa variante égale aux autres) seront pris pendant des années, voire des dizaines d’années, même si leur efficacité n’a pas été suffisamment démontrée et si leur rapport bénéfices/risques est clairement défavorable chez les hommes – et pas encore assez évalué chez les femmes. De plus, les producteurs (Takeda Abbott / AbbVie, Ipsen, Pfizer, Astra Zeneca, Sanofi…) ont obtenu des extensions d’indications, et la promotion habituelle fait que les analogues agonistes GnRH sont prescrits larga manu dans des maladies bénignes telles que l’endométriose (ainsi chronicisée, voir cet article et les autres de la catégorie endométriose), les fibromes utérins (léiomyomes, en préopératoire), la puberté précoce centrale, etc.

J’ai évoqué dans plusieurs articles les risques dans ces autres indications et les conditions dans lesquelles ce sont faites certaines de ces extensions d’indication, par exemple la fraude du Dr Andrew Friedman, payé par le laboratoire Takeda Abbott Pharmaceuticals / AbbVie pour mener les essais cliniques prouvant l’efficacité de l’acétate de leuproréline (Enantone appelé Lupron aux États-Unis) en endométriose et dans les fibromes.

Les essais menés entre 1993 et 1996 ont été falsifiés en long et en large et jusqu’à 80% des données ont tout bonnement été fabriqués.

La fraude a été découverte trop tard car l’autorisation de mise sur le marché a été accordée par l’agence états-unienne du médicament FDA sur la base de ces essais cliniques dans lesquels le Dr Andrew Friedman avait été investigateur. Les détails et la réaction des NIH (National Institutes of Health) sont dans cet article qui évoque aussi la « conspiration au niveau national » (selon les termes de la justice des États-Unis) fomenté par Takeda Abbott / AbbVie pour obtenir une prescription massive de l’Enantone / Lupron. Il y a eu une action en justice intentée par l’Etat fédéral, une amende record, etc.

Ce risque et bien d’autres effets indésirables hormonaux, immunitaires, neurologiques, musculo-squelettiques,… sont détaillés dans les monographies anglophones des agonistes (Zoladex, Enantone/Lupron, Décapeptyl, Suprefact, Bigonist…), mais ne figurent pas dans les RCT français [résumé des caractéristiques du produit], et quasiment rien n’est dit dans les notices et dans les « informations » données aux femmes lors de campagnes promotionnelles tels que « octobre rose ». Probablement pour ne pas troubler la rositude.

Médecine paternaliste pour le bien des femmes dont la santé est marchandisée

Le Dr Jean Belaisch, qui préconise un traitement hormonal pendant des années, voire des dizaines d’années dans l’endométriose, un traitement qui serait empirique, donc sans diagnostic préalable et sans aucune chance de guérison et d’amélioration durable par la chirurgie, est allée jusqu’à me dire que ce ne serait pas responsable de parler en détail des effets indésirables d’Enantone et autres médicaments utilisés comme traitements hormonaux chez les femmes, et ce non pas parce qu’il nierait les effets indésirables, mais parce que « il y a des femmes qui en ont besoin » (il s’est même permis de m’appeler chez moi pour manifester longuement son mécontentement. Si l’on cherche à comprendre sa logique, cela doit être difficile à comprendre qu’une femme se permette d’informer d’autres femmes et ne laisse pas les hommes médecins leur donner une information sélective, donc épargner ces créatures fragiles à qui la médecine paternaliste doit protection.

Cette anecdote est symptomatique: on dit aux femmes ce qu’on pense qu’elles doivent savoir pour qu’elles fassent ce que l’on veut, ce qu’on attend d’elles, ce qu’on pense être le mieux pour elles. L’intention se veut même éthique, protectrice, préventive (prévenir l’inquiétude, l’anxiété qu’induirait la connaissance des risques d’un surtraitement): les désinformer pour leur propre bien-être.

Ce qui veut dire qu’on ne les pense pas capables de penser et de décider par elles-mêmes. C’est ce que j’ai répondu au Dr Jean Belaisch: il faut que toutes les informations soient disponibles à toutes les femmes concernées, pour qu’elles puissent décider en connaissance de cause de la thérapeutique à choisir librement, si elles en veulent une.

Et ce n’est pas un hasard si j’évoque l’endométriose parlant de ruban jaune qui englue dans les conflits d’intérêts, dans tout un monde structuré comme une toile d’araignée autour d’une femme qui a mis un premier pied dans l’engrenage et ne pourra plus sortir, parce que le cercle vicieux se déploie autour d’elle.

L’endométriose est elle aussi un business très lucratif, toute une industrie qui se déploie selon les mêmes méthodes que dans la construction sociale qu’est le dépistage organisé du cancer du sein par mammographie: le ruban jaune remplace le ruban rose, le  yellow-washing se fait comme le pinkwashing, par les mêmes entreprises et autres commerçants et communicants…

Et voilà l’industrie de la santé marchandisée des femmes – dont toutes les composantes, attitudes, pensées,… sont objet de marchandisation – se mettre en place selon les mêmes rouages. Le storytelling est fait par les mêmes spin doctors et les mêmes communicants. Et il passe par les mêmes canaux de désinformation, pour obtenir les mêmes types de conditionnements des femmes, par les mêmes méthodes d’influence, de persuasion et de manipulation, qui les amènent à intégrer le modèle d’endométriose réécrit, redéfini pour la marchandiser et pour garantir une expansion illimité du marché. Et pour une durée illimitée. 

Cela commence par prendre une explication causale (les règles inversées par reflux menstruel) qui, même si elle a été maintes fois invalidée, est toujours mise en avant et défendue bec et ongles. Parce que cette cause de l’endométriose est la seule qui implique une histoire naturelle de la maladie (son évolution par elle-même) qui la rendrait chronique, et même forcément évolutive, progressive et proliférative pour s’étendre et former de nouveaux foyers, invasive voire même formant des métastases comme « un cancer qui ne tue pas ».

Ce qui justifierait une prise chronique de médicaments pour supprimer les règles et baisser les taux d’oestrogènes ainsi que, au vu de l’inefficacité, le recours à d’autres produits et pratiques « naturels » : naturopathie, sophrologie, yoga, reiki, « médecines » énergétiques, pseudo-médecines douces et alternatives et leurs remèdes, développement personnel, coaching pour intégrer des stratégies de coping / faire face. Tous vendus avec leur cortège de produits dérivés.

L’on aura compris que si l’endométriose dépend des règles et que les lésions se reforment avec chaque menstruation (par le reflux menstruel, la régurgitation du sang menstruel par les trompes vers la cavité péritonéale), alors la seule façon de maîtriser cette maladie, c’est de supprimer les règles en prenant des médicaments: soit des contraceptifs oestroprogestatifs cycliques ou continus, soit des progestatifs macrodosés (Lutéran, Lutényl, Surgestone ou d’autres variantes me-too), soit un anti-androgène de type Androcur, soit du diénogest: Visanne, progestatif présenté comme nouveau et révolutionnaire, alors qu’il a été développé dans l’ex-Allemagne de l’Est il y a une trentaine d’années. Soit des dispositifs intra-utérins tels que le stérilet Mirena, diffusant le progestatif lévonorgestrel. Soit encore un analogue agoniste GnRH tel que la leuproréline Enantone/ Lupron / Lucrin / Prostap/ Gynecrin / Trenantone, ou la triptoréline Decapeptyl, vendue aussi sous d’autres noms tels que Diphereline, Gonapeptyl,… Ou encore le Zoladex, le Synarel ou d’autres.

En France, c’est AbbVie (précédemment TAP: Takeda Abbott Pharmaceuticals) qui payait le plus, donc l’Enantone était le plus prescrit. Mais cela a changé. Et comme c’est IPSEN qui paie les médecins, leurs organisations, les formations médicales continues, etc. et finance leurs activités et leurs congrès, sans oublier de sponsoriser la communication sur divers supports en direction du grand public et des associations de malades, eh bien, c’est le Decapeptyl qui est désormais le plus prescrit.

Avec d’autres laboratoires pharmaceutiques et fabricants de dispositifs médicaux, IPSEN finance une nouvelle structure de recherche publique sous contrôle privé appelée G4, composée d’établissements publics et privés de quatre villes: Amiens, Caen, Lille, Rouen et se voulant un « réseau de recherche à vocation industrielle ». Il y a une vingtaine de maladies qui sont au programme, parmi lesquelles l’endométriose, sous l’angle de la prise médicamenteuse de longue durée et de chirurgies répétitives et incomplètes. Un certain Pr Horace Roman semble mener les opérations de ce groupe, et les intentions ne présagent rien de bon. 

L’endométriose est refaçonnée selon les méthodes classiques de disease mongering (réécriture et réinvention de maladies)pour que la cause, l’origine et donc l’histoire naturelle mènent à la chronicisation, donc permette la marchandisation large et durable. Et il y a fort à parier que, si le G4 exploite bien l’argent mis à disposition par tous ces industriels, cette vision chronicisante se traduise dans une attaque contre l’exérèse complète et dans des programmes de traitement qui la remplacent par des interventions moins « mutilantes », voire par une médicamentation exclusive.

Et pourquoi pas un traitement hormonal empirique de longue durée (des années, voire des dizaines d’années), tel que préconisé par le Dr Jean Belaisch, à savoir dès qu’il y a des douleurs pelviennes, et sans attendre le diagnostic? Il envisageait aussi un traitement d’épreuve à l’aide de progestatifs et même à l’aide d’agonistes GnRH, dans des textes publiés entre 2002 et 2007 dans la revue Gynécologie, Obstétrique et Fertilité et sur le site de l’association EndoFrance. J’ai critiqué ses préconisations de traitement ainsi que ses vues sur la causalité psychique de l’endométriose (qui serait une maladie psychosomatique, voire une forme d’hystérie telle que décrite par le psychanalyste  Jean-Michel Louka.

Hystérie et syndrome des faux souvenirs de violences sexuelles

Jean-Michel Louka cherche à faire parler de lui en réutilisant la même explication d’hystérie partout; il décrit le psychisme des femmes souffrant d’endométriose exactement dans les mêmes termes que le psychisme des prostituées, elles aussi forcément victimes d’abus sexuels refoulés qui ont causé l’hystérie… Traumatismes psycho-sexuels refoulés, donc inconscients et à découvrir, même lorsque les femmes nient, par le biais d’une psychanalyse à laquelle toutes ces femmes devraient être soumises. Ce qui n’est qu’une forme de psychothérapie déviante connue sous le nom de (syndrome de) fausse mémoire, syndrome des faux souvenirs, fausse mémoire induite, etc.

Aux Etat-Unis, il y a eu une véritable épidémie de syndromes de fausse mémoire, induits par des psychanalystes qui ont influencé des femmes fragiles, malades, à la recherche d’une explication et d’une cause unique de leurs souffrances, à la recherche aussi d’une illusion d’agir et non plus seulement subir une maladie…

La psychanalyse est faite de façon à maximiser l’influence du thérapeute (analyste) sur la personne qui s’adresse à lui parce qu’elle croit à ce qu’elle connaît de la théorie.

La personne analysée cherche à faire plaisir, elle sélectionne ce qui va dans le sens des problématiques habituelles de la théorie psychanalytique (sexualité, désirs inconscients pour les parents, faute de la mère, incestualité, oedipe, etc.). La dépendance est majeure, donc la canalisation vers les thématiques voulues aussi, jusqu’à ce que le souvenir apparaisse…

Alors lorsqu’une femme entend dès la première séance que son endométriose est due forcément à un abus sexuel, à un traumatisme psychique, et notamment psycho-sexuel, et que si elle retrouve le souvenir, elle ira mieux, voire pourra résoudre ses douleurs, ses autres symptômes et son éventuelle hypofertilité ou infertilité, la tentation est grande d’aller dans ce sens.

© Copyright Elena Pasca

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