
Farmacriticxs a vu le jour lors des « journées pharmacritiques » qui ont eu lieu le 17 et le 18 avril à l’université de Saragosse, avec la participation de l’association médicale indépendante No Gracias!, présentée dans cette note de Pharmacritique.
Des étudiants de cette université, membres de l’IFMSA (Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine), ont lancé une plateforme étendue à des étudiants en sciences de la santé de diverses universités espagnoles. Elle a pour objectifs l’accès aux médicaments essentiels ainsi que la promotion de l’éthique et de la transparence dans les relations entre médecine et industrie pharmaceutique. La mise en pratique de ces objectifs est une condition nécessaire de l’amélioration du système de soins dans son ensemble. L’association se propose aussi d’inventer des stratégies et des modèles novateurs de formation et de recherche médicales, pour remplacer ceux actuels, fortement teintés de conflits d’intérêts.
La vidéo de présentation nous en dit un peu plus.
La réalisation de ces objectifs part de la dénonciation du système médico-pharmaceutique actuel tel qu’il nous apparaît une fois qu’on a percé l’écran de fumée de la propagande. Il s’agit de dire la vérité sur : le marketing pharmaceutique ; la dé-formation d’une formation médicale continue sponsorisée par les laboratoires ; la médicalisation du quotidien, des bien portants ; les médicaments « me too » ; la publicité directe aux consommateurs (pour les médicaments d’ordonnance) ; les brevets des médicaments ; les maladies oubliées…
Il s’agit d’apprendre aux usagers pourquoi ils paient si cher les médicaments, entre autres. Leur coût se décompose en :
- Marketing : 32%
- R&D (recherche et développement) : 14%
- Distribution : 36%
- Bénéfices : 18%
Quelques autres points qui doivent être rendus publics ou rappelés à ceux qui voudraient continuer à fermer les yeux :
La publicité directe aux consommateurs représente 3.000 millions d’euros par an. Or le marché des médicaments n’est pas un marché comme les autres, et les patients ne sont pas des consommateurs. Aux Etats-Unis, seul pays avec la Nouvelle-Zélande où la publicité directe est autorisée, 47% des médecins affirment subir des pressions de la part des patients, pour qu’ils prescrivent les médicaments qui ont fait l’objet des publicités vues ou entendues par ces derniers.
Dans cette fuite en avant vers des profits immédiats, l’industrie veut des clients, et non des patients. Ce qui se traduit aussi par l’oubli des maladies qui ne sont pas profitables, et notamment des maladies qui sévissent dans les pays pauvres. Ainsi, la malaria tue un enfant toutes les 30 secondes, dans l’indifférence des firmes pharmaceutiques. En Amérique latine, 100 millions de personnes risquent de souffrir d’une maladie de Chagas : une maladie parasitaire transmise par un insecte, qui sévit dans les régions les plus pauvres et dont la forme chronique est invalidante, voire mortelle. 50.000 personnes en meurent chaque année. Et chaque année, deux millions de personnes sur les huit millions qui manifestent une tuberculose symptomatique en décèdent. 60 millions de personnes vivant en Afrique subsaharienne risquent de souffrir de la maladie du sommeil. Et ainsi de suite.
La médicalisation transforme les bien portants en malades, en suggérant que des phénomènes physiologiques ou anodins tels que la calvitie, la ménopause, la baisse de la libido et des capacités érectiles, la timidité, etc. sont des maladies qui doivent être traitées, et ce par les médicaments mis en avant par les laboratoires, bien entendu.
Les visiteurs médicaux distribuent 11.000 millions d’euros par an en échantillons gratuits de médicaments. Sans parler des cadeaux directs ou indirects que reçoivent les médecins ou encore de la formation médicale continue qui n’est trop souvent que du marketing déguisé. Ou encore de la presse médicale truffée de publicités directes ou indirectes.
Tout cela pour influencer la prescription des médicaments d’ordonnance, donc les chiffres de vente.
L’innovation et le progrès thérapeutiques sont en panne. L’agence américaine du médicament (FDA) estime que 78% des 487 médicaments mis sur le marché entre 1988 et 2003 n’ont pas apporté grand-chose par rapport aux traitements existants. 68% sont des médicaments anciens, présentés sous des formes ou dans des combinaisons nouvelles.
Farmacriticxs appelle les professionnels de santé comme le public à écouter, analyser, avoir un regard critique, penser par soi-même, mettre en doute, apprendre à contraster les sources d’information, dire son avis, débattre…
Pharmacritique souhaite bon vent à Farmacriticxs !
Merci à No gracias! pour l’information.
Elena Pasca
a propos des conflits d’interet lire l’editorial du New England Journal Medecine
http://content.nejm.org/cgi/content/full/360/21/2160?query=TOC
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