Quelques articles, tribunes et réactions tirés des media québécois. Parce que le Québec est lui aussi entraîne par des politiciens néolibéraux vers l’impasse de la privatisation du système de santé et qu’on peut apprendre beaucoup de la mobilisation citoyenne qui s’y organise.
Autant commencer par la réponse à la question essentielle : à qui profite le crime ? A ceux qui voient que – contrairement à ce qu’on veut nous faire croire – le système de santé public se porte très bien si on ne cherche pas à le saboter – en le privant des financements par les revenus du capital (stock options, etc.), par exemple – qu’il a un excellent potentiel de croissance et peut donc générer énormément de profits : « Mais qui veut du privé en santé ? Le système de santé public coûte 21 milliards $ annuellement au Québec. Si vous êtes propriétaire d’une compagnie d’assurance et que vous visez seulement 10 % du marché, cela vous donnera un petit 2 milliards $ de profit. Assez pour motiver bien du monde. », dit un syndicaliste québécois dans un article en date du 17 avril 2008 intitulé Non au privé en santé.
Illustration: Presse toi à gauche!
Tout bénéf’ donc pour les industriels et les assureurs, qui font un travail fructueux de lobbying pour que les hommes politiques nous présentent la situation comme catastrophique et l’intervention des profiteurs privés comme salvatrice et philanthrope. Rien que ça… A-t-on élu les politiciens pour être le perroquet des multinationales et des intérêts privés ?
La Fédération Interprofessionnelle de la santé au Québec (FIQ) propose un document détaillé intitulé Le Chemin du privé en santé.
Voici le Manifeste de la Coalition Solidarité Santé, composée d’une quarantaine d’associations, organisations et groupes mobilisés contre la destruction de la protection sociale par la marchandisation et la privatisation rampantes du système de santé et de la médecine. Extraits : « (…) La Coalition Solidarité Santé affirme son adhésion pleine et entière aux principes fondamentaux d’un système public de santé et de services sociaux : le caractère public, l’universalité, la transférabilité, l’intégralité, l’accessibilité et la gratuité (sans contribution directe des usagères et des usagers).
La Coalition Solidarité Santé exhorte le gouvernement québécois à intégrer ces principes fondamentaux dans la Loi québécoise de la Santé et des Services sociaux. La Coalition Solidarité Santé réaffirme la nécessité que les soins de santé et les services sociaux soient disponibles pour toutes les Québécoises et tous les Québécois et ce, sans discrimination aucune afin de garantir l’égalité et le droit à la santé.La Coalition Solidarité Santé réaffirme la nécessité de maintenir et d’élargir les espaces démocratiques qui permettent aux citoyennes et aux citoyens de faire entendre leur voix dans la gestion et les orientations quant à l’avenir du système québécois de santé et de services sociaux.
La Coalition Solidarité Santé s’oppose vigoureusement à tout rétrécissement du rôle social de l’État québécois dans le domaine de la santé et des services sociaux et exige que celui-ci assume pleinement ses responsabilités dans la prestation de services publics. La Coalition Solidarité Santé réaffirme qu’un système intégralement public, géré et financé publiquement, est la seule garantie que les Québécoises et les Québécois aient un système équitable et efficient. » (…)
La Coalition Solidarité Santé s’oppose à toute marchandisation des services sociaux et de santé, à toute privatisation active ou passive du système québécois de santé et à toute mesure qui aurait pour effet d’instaurer un système à deux vitesses. (…)
La Coalition Solidarité Santé constate que le paiement à l’acte génère plus d’effets pervers que d’avantages pour la population québécoise et exige une révision du mode de rémunération des médecins qui corresponde aux besoins de la population. (…)»
Le privé en santé : solution miracle ou mirage ? est le titre d’un tribune de Cyberpresse en date du 5 mai. Extraits: « (…) Souvent, on nous présente le système de santé américain comme un exemple suivre. Pourtant, l’ensemble des dépenses de santé (publiques et privées) représente 16 pour cent du produit intérieur brut (PIB0 aux États-Unis (6,697 $ par personne) par rapport à 9,8 pour cent au Canada (3,326 $ par personne). Un exemple parmi d’autres: le « scan » du cerveau coûte 882 $ dans l’hôpital public de San Francisco contre 6600 $ dans le centre privé « Doctors » de la même ville! Pire, plus de 40 millions de personnes n’ont aucune assurance aux États-Unis. Est-ce vraiment ce type de société que nous voulons?
Il serait bon de se rappeler que le privé est là pour « faire de l’argent », et ce, tant en santé que dans l’ensemble des secteurs économiques. Pour ce faire, il est prévisible que les établissements privés accueillent davantage les personnes coûtant moins cher à soigner (ou en moyen de payer…) et qu’ils laissent au secteur public les cas plus lourds. (…)
Juste un petit mot en terminant sur le manque de fonds pour soutenir le système de santé public (…). Depuis l’an 2000, les baisses d’impôts privent actuellement le gouvernement québécois d’environ neuf milliards de dollars par année. Et quand on sait que celles-ci bénéficient davantage aux plus fortunés… Bref, les gouvernements baissent les impôts, puis ils disent ne plus avoir les moyens et enfin, ils sortent de leur chapeau LA solution: le privé! Bof… »
Radio Canada, 4 mai : Ne touchez pas au réseau public! « Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Montréal, samedi, pour manifester leur appui au système de santé public. (…) La marche était organisée par une coalition regroupant une cinquantaine d’organismes provenant de
différents milieux, par exemple syndical, communautaire, étudiant et féministe. Selon la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), 50 000 personnes ont pris part à la marche (…). Les manifestants s’inquiètent de la place grandissante du privé dans le système de santé. Selon eux, cette situation mènera inévitablement à un système de santé à deux vitesses qui favorisera les riches au détriment des pauvres. Ils veulent aussi réitérer leur opposition à tout recours additionnel au secteur privé, aux assurances privées ou à l’introduction de tarifs ou de franchises pour financer le système de santé.
(…) Plus tôt cette semaine, les syndicats ont déposé une pétition de 80 000 noms demandant au gouvernement Charest d’empêcher l’instauration d’un système parallèle de santé. »
Images de la manifestation et commentaires, dans cette vidéo de Radio Canada
« Santé : non au privé« , par Michel Larose, Le Journal de Montréal du 4 mai 2008. Extraits: « La Fête internationale des travailleurs s’est traduite hier à Montréal par une vaste manifestation de solidarité et d’attachement au maintien du système de santé public, universel et gratuit à laquelle ont pris part des dizaines de milliers de gens. (…) Les ténors des grandes centrales syndicales ont ouvert cette marche en dénonçant le glissement vers la privatisation du réseau de santé. Pour une, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, a soutenu que les produits d’assurance couvrant les soins privés se multiplient pendant que les pénuries de personnel s’aggravent. « Le réseau public subit un pilonnage à chaque jour, a-t-elle lancé hier. La pénurie du personnel est savamment entretenue.» (…)
Pour sa part, le président de la FTQ [Fédération du Travail du Québec], Michel Arsenault, demande au ministre de la Santé, Philippe Couillard, de reculer au sujet des nouvelles dispositions de la loi 33, adoptée en décembre 2006, qui pourraient permettre aux médecins de se retirer du système public pour aller dans le secteur privé. « On veut garder le système de santé public qui coûte deux fois et demie moins cher que celui du privé selon l’OCDE », a-t-il soutenu. Parmi les manifestants, Jean-Marc Gauvin, un employé du fabricant de camions Paccar, où une lutte syndicale pour la survie de l’entreprise à Sainte-Thérèse a longtemps fait les manchettes, disait que « la solidarité des citoyens est la meilleure action pour contrer la privatisation du système de santé ». (…) »