Cette excellent documentaire d’à peine plus de 12 minutes croise des extraits de la conférence de Lorraine Guay au forum de la Coalition Solidarité Santé en mars 2008 et des images et discours poignants de la manifestation du 3 mai, à l’appel de cette même Coalition composée d’une quarantaine d’organismes réunis pour défendre le système public de santé et la protection sociale.
Je ne réussis plus à insérer des vidéos de Google, alors voici le lien: La lutte contre la privatisation du système de santé.
Des extraits de l’intervention de Lorraine Guay: « Mais pourquoi se mobiliser ? Parce que le retour en force du privé entraîne l’impossibilité d’un monde commun. La priorité du droit de propriété sur tous les autres droits humains façonne une société de plus en plus insupportable au point de rompre les équilibres de la vie en commun. La force aussi explosive, si on veut, du privé lucratif – on nomme pudiquement « privé lucratif » ce qui est en fait le capitalisme, la version dure du capitalisme – laissée à elle-même, ça entraîne une inégalité sociale irréparable de populations entières.
Quand on ne donne plus accès à la santé à des populations entières ou à des pans entiers de population, il y a des séquelles irréparables.»
(…) La solidarité, ce n’est pas inné. On n’est pas génétiquement programmé pour la solidarité. In n’est ni naturel ni inné de considérer les êtres humains comme égaux, d’affirmer que la liberté est le premier bien de l’humanité, et l’ouverture aux autres une condition privilégiée de sa propre existence. Pas de liberté individuelle sans solidarité humaine. Donc [il faut garder présent à l’esprit que] l’ouverture aux autres est une condition privilégiée de sa propre existence, que la solidarité reste une valeur et qu’elle ne se limite pas à son groupe, à son clan, à sa tribu, à sa communauté, à sa nation. Ce que fait le privé quand il introduit, entre autres, l’accès à des assurances privées pour ceux qui ont des moyens, c’est créer des clans dans la société ; [clans qui] vont se protéger. Et ce ne sera pas très long avant que ceux qui vont se munir d’assurances privées collectives ou individuelles aillent refuser de payer des impôts. C’est évident ! Pourquoi ils paieraient à deux places ? Plus les institutions privées pénètrent le champ de la santé, plus les aspirations à la participation citoyenne s’amenuisent. Pour le privé, les patients ne sont que des clients, des consommateurs de services, et leurs droits se limitent simplement à utiliser le service, point. (…)
L’incompatibilité entre la démocratie et le secteur privé a été très bien illustrée. Castonguay, vous savez, avant qu’il écrive son rapport, il avait déjà annoncé comment les choses se passeraient. Et il disait que déjà le jugement Chaouli avait permis que des préparatifs se fassent dans le secteur privé de façon importante. Il disait que la nouveauté de la situation consiste précisément dans le fait que des choses peuvent se produire sans l’appui des politiciens, sans la coopération des fonctionnaires et sans l’agrément des syndicats. C’est très clair, (…) à ce niveau-là, encore une fois, que la puissance de ce type de privé-là est anti-démocratique. Et la dernière raison, pour moi, pour laquelle il faut se mobiliser comme citoyenNes, c’est qu’il faut revenir à cette capacité extraordinaire que les Grecs ont eu de nous dire qu’il existe une compétence citoyenne. C’est-à-dire que toute personne, quel que soit son statut, sa couleur, etc. est présumée capable de s’occuper des affaires de la cité. Donc, ça veut dire mobiliser toutes les personnes de la société, tous les citoyens dans ce combat que j’appelle combat de recommencement et qui est le combat essentiel à l’heure actuelle »