Champix et Pfizer: des experts payés pour faire du disease mongering et vendre la varénicline

La revue Business Week a publié le 26 juin un article détaillé intitulé Doctors Under The Influence ? Il revient sur l’affaire du Champix (Chantix 1304350866.jpgaux Etats-Unis), à partir de l’aspect évoqué dans ma note « La dépendance au tabac bombardée maladie chronique à traiter indéfiniment. Avec Champix, Zyban et les substituts nicotiniques en guise de méthadone ».

Mais la perspective de Business Week est bien plus large que le seul Champix (varénicline) : faut-il informer ou non les patients des liens financiers (et autres conflits d’intérêts) que les médecins entretiennent avec les firmes ?

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« Selling Sickness », documentaire sur le disease mongering ou façonnage de maladies. Médicaliser les bien-portants pour vendre plus de médicaments

Titre complet : “Selling Sickness. An Ill for Every Pill” (Vendre des maladies. Une maladie pour disease mongering,façonnage de maladies,profit,marketing,normalité,antidépresseurschaque médicament), 2005. Co-écrit par Ray Moynihan et inspiré du livre de Moynihan et Alan Cassels évoqué dans cette note.

Le documentaire peut être visionné sur cette page. A noter qu’une conférence internationale a eu lieu, sous le même titre (Selling Sickness), en avril 2006 à Newcastle (Australie).

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« Disease mongering »: façonner des maladies pour chaque médicament, médicaliser émotions, mal-être et bien-portants (Ray Moynihan, Alan Cassels)

La journaliste médicale Lynn Payer avait 1829358310.jpgidentifié et décrit ce phénomène dans son livre de 1992 Disease-Mongers, dont j’ai parlé dans cette note. Son auteure est décédée en 2001, mais le terme « disease mongering »  (façonnage/ invention/ fabrication de maladies) s’est imposé grâce à des auteurs tels Ray Moynihan. Ceux qui lisent l’anglais peuvent se référer aussi à l’un de ses premiers articles sur le sujet, Selling Sickness: the Pharmaceutical Industry and Disease Mongering, paru en 2002 dans le British Medical Journal. L’article pose les jalons du livre publié en 2005, co-écrit par Ray Moynihan et Alan Cassels, et dont le titre veut dire à peu près « Vendre des maladies [fabriquées par le service marketing]. Comment les plus grandes firmes pharmaceutiques nous transforment tous en patients ». 

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« Les exilés de l’intime »: Normalisation et uniformisation des comportements au profit du néolibéralisme

Roland Gori, Marie-José Del Volgo, « Exilés de l’intime : la médecine et la psychiatrie au service du nouvel ordre économique ». Denoël, 344 pages, 22 euros.

Pour illustrer les propos du livre, voici un entretien avec Roland Gori, professeur de psychopathologie, intitulé Norme psychiatrique en vue. Suivi d’une tribune libre par le psychiatre Hervé Hubert, de la présentation du livre par l’éditeur et des commentaires sur un site de psychologues.

Ces écrits illustrent ce dont on a souvent parlé dans ces pages : la tendance à faire de la psychiatrie un outil de contrôle social qui cherche à abraser chimiquement – par psychotropes – la subjectivité, les émotions, l’idiosyncrasie, les comportements et tempéraments ne se conformant pas à la moyenne, et ce au profit d’une « normalité » artificielle comprise comme une adaptation parfaite de l’individu aux rôles socio-économiques qu’impose le néolibéralisme. Le DSM est le levier parfait par lequel s’opère cet ajustement d’abord théorique, puis mis en pratique par des psychiatres asservis aux industriels, en conformité avec la tendance socio-historique dans le néolibéralisme.

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Les façonneurs de maladies, héritiers du Dr Knock, ancêtre du disease mongering…

Les firmes pharmaceutiques et les médecins qui en soignent les finances en appliquant la stratégie marketing dont fait partie le disease mongering (façonnage ou invention de maladies) sont les dignes héritiers du Dr Knock (personnage de Jules Romains), passé maître dans l’art d’amener un patient en bonne santé à se découvrir une vraie maladie à la place d’un désagrément occasionnel ou d’une parfaite santé… L’exagération des facteurs de risque, l’abus de prévention auquel on assiste de nos jours, la surmédicalisation et surmédicamentation, la médicalisation et marchandisation des états d’âme, les recettes publicitaires, le pharmacommerce de la peur… tout y était déjà. A voir ou à revoir…

Psychotropes dès le berceau ? Le façonnage de maladies (disease mongering) nous mène tout droit au traitement à vie par psychotropes. Conférence de Barbara Mintzes

Texte de la conférence – débat donnée le 17 janvier 2008 par Barbara MINTZES, chercheure en disease mongering,antidépresseurs surprescription surconsommation,trouble bipolaire médicament,hyperactivité ritaline,marketing pharmaceutique disease mongering,façonnage de maladies psychiatrie,psychotropes enfants,surdiagnostic surmédicalisation surmédicamentation,barbara mintzes,publicité directe pour les médicaments dtca,psychotropes effets indésirables,antipsychotiques trouble bipolaire effets indésirablessanté publique à Université de Colombie-Britannique (Canada), et organisée par la revue Prescrire. L’autre conférence a été donnée par la psychiatre Monique Debauche sous le titre « Marché des psychotropes : construction historique d’une dérive ».

Elles font partie des auteurs qui déconstruisent la médicalisation et le disease mongering comme formes de contrôle social, même sans utiliser directement le terme.

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Le façonnage de maladies / disease mongering légitimé par le DSM: médicalisation et marchandisation des émotions, pour le profit des pharmas

1015167843.gifL’« enchevêtrement » d’intérêts financiers entre psychiatrie, DSM et industrie, dont j’ai parlé dans plusieurs notes, pose encore plus de problèmes que dans d’autres spécialités médicales, dans la mesure où la définition de beaucoup de « troubles » mentaux, dysfonctions ou troubles de la personnalité n’est que descriptive, floue et sans critères vérifiables. Ce qui laisse beaucoup de place à l’arbitraire, à l’invention ou au façonnage de maladies (disease mongering). Une telle affirmation ne peut paraître exagérée qu’aux personnes qui ne sont pas familiarisées avec les dernières trouvailles de la psychiatrie, dont on ne sait souvent pas si ce sont des gags, des parodies ou alors des états que des experts considèrent sérieusement comme pathologiques et nécessitant traitement…

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Conflits d’intérêts: Les leçons du cas Daniel Carlat, psychiatre VRP des laboratoires pharmaceutiques pour les psychotropes

Un exemple de conflits d’intérêts dont les effets 1578371214.jpgont été longtemps ignorés par l’intéressé est le psychiatre américain Daniel Carlat, professeur à la réputée Tufts School of Medicine de Boston.

Il a longtemps servi la firme pharmaceutique Wyeth qui l’a payé pour diverses activités promotionnelles déguisées visant à convaincre ses collègues de prescrire l’Effexor plutôt qu’un autre antidépresseur. Carlat a lui aussi été épinglé par la blogosphère et rattrapé par l’éthique et la mauvaise conscience… au point de se repentir et de passer dans le camp des anti-corruption et dénonciateurs des combines par lesquelles les firmes influencent les médecins et en font des pantins du marketing.

Il a raconté son parcours vers le repentir dans un long article paru le 25 novembre dans le New York Times sous le titre Dr Drug Rep (Le Dr VRP des firmes). L’article Psychiatre ou représentant de commerce ? sur le site « Œdipe » en rend compte en français.

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La dépendance au tabac bombardée maladie chronique à traiter indéfiniment. Avec Champix et Zyban et les substituts nicotiniques pour méthadone…

D’autres preuves, si besoin était, pour voire à qui profite la politique hygiéniste de contrôle social qui cherche à tout normaliser, aseptiser, lisser, réglementer…

Deux médecins connus pour leurs attitudes critiques à l’égard de l’influence de l’industrie pharmaceutique, Adriane Fugh-Berman et Douglas Melnick, signent le 25 avril un article intitulé Smoke and Mirrors (« Fumée et écrans de fumée »). Ils dénoncent le dernier cas connu de « disease mongering », terme indiquant l’invention de toutes pièces d’une gamme de symptômes ou de caractéristiques qui sera médicalisé et déclaré « maladie », problème de santé publique, etc. Et ce rien qu’à des fins de marketing : pour vendre tel médicament ou élargir son marché.

La nouvelle invention nous est assenée par un article récent de la revue Annals of Internal Medicine : The Case for Treating Tobacco Dependence as a Chronic Disease : « Arguments en faveur du traitement de la dépendance tabagique comme une maladie chronique », même une fois que le fumeur a … arrêté de fumer. 

La dépendance au tabac serait une maladie comparable à l’asthme ou au diabète ( !!) et imposant donc des traitements de longue durée, voire à vie…

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Traitement médiatico-pharmaceutique de la dysfonction érectorale. La solution miracle des laboratoires Lagardère

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Montage figurant dans les pages de Sarkostique, qui illustre bien le fait que l’industrie pharmaceutique a réponse à toute question de style de vie ou de panne momentanée. C’est la fonction des « lifestyle drugs » que de soigner tout, y compris un dysfonctionnement érectoral. Que l’on peut comprendre comme une véritable maladie mentale, vu ses conséquences; maladie à codifier illico presto dans le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) et à traiter. Et puisqu’on parlait récemment du façonnage des maladies (disease mongering) et de la « publicité directe aux consommateurs » qui risque de nous arriver bientôt, autant donner un exemple bien de chez nous. Après tout, Pfizer fait de très bonnes affaires en France aussi avec son Viagra. Lagardère aussi avec d’autres choses. Impossible d’en énumérer le détail, parce que, comme on sait, une même multinationale peut vendre de tout et son contraire, alors…

Je me demande juste si je n’ai pas vu récemment une mise en garde de la FDA (agence américaine du médicament) à propos d’effets secondaires du Viagra genre troubles visuels, en plus des troubles cardiaques. Ce qui expliquerait certains aspects de la politique économique et sociale actuelle, par myopie (pas de vision à long terme), défaut de perception/vision des vrais problèmes… Et puis par une ankylose du palpitant dès lors qu’il s’agit d’autre chose que de largesses du coeur pour les plus fortunés et de pitié pour les pôvres multinationales, qui seraient embêtées par le droit des affaires français. Là encore, il doit y avoir un problème de vision, parce que moi, je n’ai vu aucun procès sérieux fait par l’Etat à une multinationale pharmaceutique, agrochimique, agroalimentaire, au nom de l’intérêt général et de la santé publique. Et ce, quelle que soit l’ampleur des catastrophes sanitaires et/ou environnementales qu’elles avaient provoquées.

Mais comment voir des catastrophes dans le monde fabuleux de Disney, véhiculé par Air Bolloré, servi tous les jours par Direct 8 (chaîne de Bolloré) et sonorisé par Europe 1 (radio de Lagardère) ? 

En attendant le Sonotone… Jacques, si tu m’entends, reviens!

« Disease mongering », élargir le marché de Big Pharma: un médicament pour chaque état d’âme, pour chaque maladie

 Il y a de nos jours un médicament pour tout ; c’est le rêve de ce PDG disant qu’en bon commercial, il doit faire en sorte que tout le monde prenne les médicaments de sa firme, pas seulement les malades… On y arrive peu à peu, en médicalisant tout, du moindre vague à l’âme aux étapes naturelles de la vie, comme la ménopause. Les firmes créent un médicament pour tout – à l’exemple des « lifestyle drugs », sorte de médicaments de confort ou plutôt de conformisme social. La médicalisation et le disease mongering sont faits grâce aux réseaux d’experts (médecins, chercheurs…) au service de l’industrie pharmaceutique et des autres « industries de santé » parce que payés par les firmes.

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