Du 20 au 22 février 2013 aura lieu à Washington la conférence internationale « Selling sickness : People before profits » (Vendre des maladies. Pour que la santé l’emporte sur les profits). Le site décrit l’historique, les objectifs, les grands thèmes, les organisateurs… Il y a aussi un appel à contributions (à envoyer avant le 1er octobre 2012).
Elle s’inscrit dans la série qui a débuté en avril 2006 par la conférence « Selling Sickness » à Newcastle (Australie). Les actes sont accessibles dans la collection « Disease mongering » de la revue indépendante PLoS Medicine.
Puis, les 7 et 8 octobre 2010 à Amsterdam, il y a eu la conférence internationale sous le même titre, organisée par l’association néerlandaise Gezonde Scepsis, l’association internationale Healthy Skepticism et l’Institut néerlandais pour un usage rationnel des médicaments (annoncée en français ici).
« Selling sickness » veut dire à peu près vendre des maladies ; l’un des premiers écrits qui a popularisé le terme est un article de Ray Moynihan paru dans le British Medical Journal en 2002 sous le titre Selling Sickness: the Pharmaceutical Industry and Disease Mongering (Vendre des maladies: l’industrie pharmaceutique et le façonnage de maladies).
Le syntagme est devenu courant à partir du livre de Ray Moynihan et Alan Cassels, paru en 2005 sous le titre Selling Sickness: How the World’s Biggest Pharmaceutical Companies are Turning Us All into Patients (Vendre des maladies : comment les multinationales pharmaceutiques nous transforment tous en patients). J’en ai parlé en détail dans cette note.
Le livre a inspiré un documentaire appelé Selling Sickness. A Pill for Every Ill. (Vendre des maladies. Un médicament pour chaque bobo), dont le script a été écrit par Moynihan et Cassels (voir cette page).
A noter que le disease mongering a d’abord été décrit par la journaliste médicale Lynn Payer dans son livre de 1992 Disease-Mongers (présenté dans cette note).
Parmi les participants et principales figures de ce mouvement international figurent – outre les pionniers Lynn Payer, Ray Moynihan et Alan Cassels – Leonore Tiefer, Lisa M. Schwartz, Steven Woloshin, Iona Heath, Barbara Mintzes, David Henry, David Healy, Joel Lexchin et quelques autres. La plupart sont membres de l’association internationale Healthy Skepticism, qui n’a malheureusement que trois membres français…
N’oublions pas les autres auteurs de référence en matière de surmédicalisation, dont certains sont « spécialisés » dans la critique des dépistages inutiles des cancers (cancers de la prostate, cancers du sein…), d’autres dans la médicalisation des émotions et l’invention d’affections psychiatriques, etc. Parmi eux figurent Nortin M. Hadler, Robert Kaplan, H. Gilbert Welch, Christopher Lane, Irving Kirsch, Paula Caplan, Peter Conrad… Dans la longue série de livres et articles à ce sujet, notons aussi le livre qui vient de paraître: Seeking Sickness : Medical Screening and the Misguided Hunt for Disease (traduction libre: A la recherche de maladies: les dépistages organisés, forme dissimulée de chasse aux malades), par Alan Cassels et H. Gilbert Welch.
Sur Pharmacritique, il y a toute une série de notes et articles sur le disease mongering, accessibles en descendant sur cette page, qui donnent aussi d’autres références et présentent d’autres livres qui valent le détour, tel que Les Inventeurs de maladies de Jörg Blech. Le syntagme disease mongering a des traductions françaises diverses: façonnage de maladies, mais aussi invention de maladies, redéfinition de maladies, méthode du Dr Knock, vente de maladies… Les techniques de disease mongering sont l’une des principales façons de faire de la médicalisation et surmédicalisation, sous des prétextes et des légitimations très divers tels que la prévention, dans un sens déformé du terme, que l’on pourrait qualifier plutôt d’abus de prévention, abordé dans les notes à ce sujet. La référence classique pour dénoncer cet abus est l’article de David Sackett, The Arrogance of preventive medicine, paru en 2002 dans le CMAJ.
Ces techniques et méthodes ont pour conséquence de transformer de plus en plus de bien-portants en malades et donc vendre de plus en plus de médicaments, amener de plus en plus de gens dans les cabinets médicaux. (Car toutes les industries de la santé en profitent, et pas seulement l’industrie pharmaceutique. Elle ne pourrait pas imposer la médicalisation de nos existences, en faire un phénomène systémique, sans le concours des médecins et autres professionnels de santé, sans le changement des mentalités – qui nous amènent à envisager l’intervention médicale et le médicament comme producteurs de santé…-, et sans toutes les causes évoquées entre autres lors de l’atelier N° 2 du colloque sur la surmédicalisation (fin avril 2012 à la faculté de médecine de Bobigny). Les actes de l’atelier sont sur cette page, contenant aussi le powerpoint détaillé de l’exposé sur la surmédicalisation comme conséquence du dévoiement de la fonction sociale de la médecine.
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Voici l’annonce et l’appel à contributions pour la conférence de 2013, Selling Sickness. People Before Profits ».
Merci à Leonore Tiefer de m’en avoir parlé. Elle co-organise cette conférence avec Kim Witzack (toutes les deux sont présentées sur cette page; celle-ci énumère les membres du comité de pilotage, dont Shannon Brownlee, David Cohen, Anne Rochon Ford, Iona Heath, Joel Lexchin, David Healy, Dee Mangin…). J’ai eu le plaisir de rencontrer longuement Leonore Tiefer, suite à des échanges sur le forum de Healthy Skepticism, dont je fais partie depuis 2008. J’ai le plaisir d’échanger avec des auteurs engagés (et même de recontrer certains), venant d’horizons très différents et désireux d’agir et de réfléchir, d’apprendre les uns des autres (sans s’arrêter à l’appartenance professionnelle), de construire un réseau d’échange d’expériences et de savoirs… Une expérience qui complète celle que j’ai eue depuis les années 2002-2003 sur des listes anglophones et avec des professionnels de santé germanophones, hispanophones, candiens francophones et qui contraste avec certaines expériences avec des médecins français… Une « différence culturelle » ? Question rhétorique, car je n’ai pas d’explication.
Chapeau bas pour l’ensemble des activités de Leonore Tiefer (voir son site) et de tous les autres auteurs cités.
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CALL FOR PAPERS
SELLING SICKNESS, 2013: PEOPLE BEFORE PROFITS
Washington, D.C.
February 20-22, 2013
An independent international interdisciplinary conference will bring together academic scholars, healthcare reformers, progressive health journalists and consumer advocates to examine and challenge the global tide of disease-mongering and move towards A NEW HEALTH SOCIAL MOVEMENT. The conference is cosponsored by grassroots and established organizations.
Special aspects of the conference include:
- BOOKTIVISM workshops on disease-mongering reading groups, with start-up instructions and annotated reading and film lists.
- A FINAL STATEMENT to be released after the conference as a collaboration of academics, journalists and consumer advocates. It will be published in the British Medical Journal and other press outlets and disseminated by conference co-sponsors.
- A GOOD NEWS EXHIBIT HALL will feature progressive health/pharma-reform-centered projects, organizations, and groups from academic, journalist and consumer worlds, All registrants can apply for low-fee space in the GNEH.
- INTERACTIVE WORKSHOPS on using social media and developing curricula to challenge disease-mongering.
- PERSONAL NARRATIVES of grass-roots activists, whistleblowers, student organizers and crusaders within medicine
The CALL FOR PAPERS is now available on the conference website, including instructions for the four types of proposals being invited.
The DEADLINE for proposals is October 1, 2012.
Contact Jessica@sellingsickness.com with any questions.
Salutations chers internautes.
Je suis personnellement passionné par ce genre de conférences et tout le monde que l’on peut y rencontrer. J’espère sincèrement que cela rapportera quelque chose de très positif pour le monde de la pharmaceutique. Donnez-nous des nouvelles sur ce qui se passera.
Merci !
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je prends du fosamax depuis envriron 1o ans et depius ce printemps est apparu une douleur à la hanche droite au coucher douleur inconfortable pour briser mon sommeil.J.avais constaté quE LE JOUR QUE JE PRENAIS MON COMPRIMÉ DE FOSAMAX 70 MG. JE RESSENTAIS DES DOULEURS DANS LES JAMBES.
[NdR: Nom de famille effacé. Un prénom suffit sur internet, lorsqu’il s’agit de questions personnelles de santé]
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Bonjour Marie,
Vous trouverez plus d’informations dans les articles sur les bisphosphonates (classe de médicaments dont fait partie le fosamax), en descendant sur cette page
http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/traitements_de_l_osteoporose/
A la suite des articles, il y a aussi des témoignages d’autres personnes ayant eu des effets indésirables, tels que des douleurs musculaires, osseuses, articulaires, des nécroses de la mâchoire, des fractures atypiques du fémur, etc.
Voyez avec votre médecin ce qu’il en est, car ces douleurs ne doivent pas être prises à la légère.
Cordialement
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je viens par la presente note sollicite une inviation pour participée au conférence
je suis president de l’association humanitaire des sages femmes et infirmiers du congo
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