Une étude suédoise estime à 3% le taux de décès par effets indésirables des médicaments. Les antidépresseurs arrivent en troisième position

L’incidence des effets indésirables mortels des médicaments est estimée à 5% parmi les patients hospitalisés dans les pays occidentaux. 1800579362.jpgMais il n’y a pas de données sur la mortalité par iatrogénie médicamenteuse dans la population générale. Une équipe suédoise et norvégienne s’est penchée sur le sujet en étudiant le registre des causes de décès pour l’année 2001 dans trois départements de Suède. Les résultats sont parus sous le titre Incidence of fatal adverse drug reactions: a population based study. Karin Wester et al, British Journal of Clinical Pharmacology, Volume 65 Issue 4 Page 573-579, April 2008.

Après une sélection randomisée de chaque septième cas de décès, les cas suspects ont été analysés en détail à l’aide des dossiers médicaux de ces personnes, depuis la médecine générale jusqu’à l’hôpital. Les résultats estiment à 3% le taux de décès par un effet secondaire mortel dans la population générale et à 6,4% parmi les patients hospitalisés.

Les chiffres détaillés :

Sur les 1574 personnes décédées dont le cas a été étudié, 49 (3.1%; 95% CI 2.2%, 4.0%) le sont probablement par suite d’un effet indésirable fatal. Il s’agit, par ordre de fréquence, de hémorragies gastro-intestinales (n = 18; 37%), hémorragies du système nerveux central (n = 14; 29%), accidents cardiovasculaires (n = 5; 10%), autres hémorragies (n = 4; 8%), défaillance rénale (n = 3; 6%).

Les médicaments impliqués le plus souvent sont : les antithrombotiques (appelés aussi anticoagulants ou antiagrégants) (n = 31; 63%), suivis par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (n = 9; 18%), les antidépresseurs (n = 7; 14%) et les médicaments utilisés dans le traitement des maladies cardiovasculaires (n = 4; 8%). Sur les 639 décès survenus à l’hôpital, 41 (6.4%; 95% CI 4.5%, 8.3%) sont probablement dus à des effets indésirables mortels.

Et en France??

On peut se demander à quoi ressembleraient les estimations françaises, sachant que nous consommons beaucoup plus de médicaments que les patients des pays scandinaves. Si les antidépresseurs arrivent en troisième position en Suède, les chiffres français doivent être astronomiques, puisque nous faisons partie des plus gros consommateurs au monde. Dans les pays anglo-saxons, les effets secondaires des antidépresseurs sont discutés publiquement et font l’objet de procès étatiques et de recours collectifs en justice, à l’exemple du Déroxat/ Seroxat/ Paxil de la firme GSK, incriminé dans le suicide d’enfants et d’adolescents comme dans des actes de violence meurtrière.

En France, c’est motus et bouche cousue. Et on prescrit des antidépresseurs pour le moindre vague à l’âme… Ca va de l’insomnie passagère à l’anxiété, à la timidité, aux troubles prémenstruels, aux troubles paniques, aux problèmes sociaux et économiques, à la non adéquation aux standards de « normalité » dominants dans notre société, aux douleurs chroniques et aux soucis de santé non diagnostiqués, dont beaucoup de médecins français supposent trop vite qu’ils sont psychosomatiques et à traiter par des psychotropes sans autre forme d’écoute ou d’investigation.

Cette surprescription d’antidépresseurs colle parfaitement avec la médicalisation de chaque dimension de l’existence, avec la perversion de la médecine en un instrument de normalisation et de contrôle social, sans parler de l’enjeu commercial… Bien décrit dans les papiers parlant de marchandisation de la dépression comme de l’invention de nouvelles maladies (disease mongering) pour transformer toute personne en consommateur de psychotropes censés compenser les difficultés socioéconomiques, abraser chimiquement les dilemmes de l’existence et servir d’ersatz d’un bonheur illusoire vendu à tous les coins de rue par tous les supports de l’industrie culturelle.

L’industrie pharmaceutique, elle, se porte très bien. Pas de suicides, pas de dilemmes, pas de soucis existentiels.

Nous avons parlé en détail de ces aspects dans les notes réunies dans plusieurs catégories :

Rappelons qu’aux Etats-Unis, les antidépresseurs sont même arrivés en première position des médicaments les plus prescrits, selon le rapport du CDC pour l’année 2005.

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Mise à jour en date du 17 mars 2011:

Pour les antidépresseurs et leurs effets secondaires cardiovasculaires, voir l’article « Les antidépresseurs augmentent le risque d’accident vasculaire cérébral » qui rend compte de deux études (de 2009 et de 2011) à ce sujet.

Elena Pasca

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3 réflexions au sujet de “Une étude suédoise estime à 3% le taux de décès par effets indésirables des médicaments. Les antidépresseurs arrivent en troisième position”

  1. Bonjour,
    Toute ma vie jusqu’à 60 ans pas d’alcool pas de cigarette , suite à une petite pércardite
    le médecin de famille de ma mére en qui j’avais confiance m’a prescrit ( pour vous un petit remontant qui vous fera du bien ) n’ayant jamais pris de médicament des les 1er jours difficulté pour dormir il me donne du xanax 0.50 x 3/j et noctran ( le 1er était du séropram Ne connaissant rien dans les medocs c’est quelques mois aprés forte douleurs dans les cervicales ( effets indésirable il fallait le savoir) il m’envoit chez un de ces collegues ostéopathes qui me fit craquer les vertebres avec une forte rotation
    le lendemain j’avais des douleurs insupportables fourmies dans les jambes et mains , irm 2 volumineux hernies , opération loupée acouphene et perte de motricité et systeme digestif bloqué je prend laxatif et lavement , je souffre de partout . alors que jusqu’à ma retraite sport musculation guitare , animateurs bénévola cours de math etc
    certain medecin méritéraient la corde , ce médecin m’a dit aprés je ne peux rien faire pour vous aller voir un guerisseur et ce dernier m’a jeté .
    voila mon histoire .

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