Monsanto: nette augmentation des profits et forte croissance prévue grâce aux semences OGM

Monsanto n’en a cure des critiques et mises en cause, puisque les décideurs politiques et les agences de régulation sont acquis à sa cause (la cause de ses profits, faut-il le rappeler ?). On a vu que la Commission européenne devrait décider en faveur de ses nouveaux plants de maïs, pour l’alimentation humaine et animale. Tout sourit à Monsanto, qui revoit ses objectifs financiers nettement à la hausse, et pour la deuxième fois cette année

Mais quelles sont donc les stratégies donnant autant de profits? Monsanto aurait-il une recette infaillible? Il se trouve que oui: la pollution durable! Vous en aurez un (énième) exemple concret en lisant la traduction française de l’article du Guardian « Monsanto, la pollution durable », juste après la dépêche AFP annonçant les brillants résultats financiers.

Voici une dépêche AFP datant du 25 mars 2008, qui se passe de commentaires : « WASHINGTON (AFP) — Le groupe agrochimique américain Monsanto a révisé nettement à la hausse ses objectifs de résultats pour 2008, grâce à ses semences génétiquement modifiées et aux herbicides, et s’est dit en avance sur son plan stratégique à objectif 2012, selon un communiqué publié mardi. Monsanto vise désormais pour 2008 un bénéfice par action, hors exceptionnels, compris entre 3,15 et 3,25 dollars, contre une fourchette précédemment située entre 2,70 et 2,80 dollars. Monsanto précise que le bénéfice net par action effectivement publié intégrera un élément exceptionnel lié à la sortie du dépôt de bilan de son ancienne filiale Solutia. Il devrait augmenter le bénéfice par action de 23 cents, la fourchette de prévision pour le chiffre effectivement publié étant ainsi située entre 3,38 et 3,48 dollars.

Monsanto avait déjà revu à la hausse ses prévisions début février, passant d’une fourchette comprise entre 2,50 et 2,60 dollars à une cible située entre 2,70 et 2,80 dollars. Le groupe agrochimique estime désormais désormais que son activité de semences OGM devrait dégager en 2008 un bénéfice brut compris entre 3,6 et 3,7 milliards de dollars, en hausse de 20% par rapport à 2007.

Quant à son herbicide glyphosate, dont « la demande mondiale dépasse l’offre », Monsanto prévoit qu’il devrait générer un bénéfice brut situé entre 1,7 et 1,8 milliard de dollars, contre une fourchette comprise entre 1,3 et 1,4 milliard précédemment.

« A mesure que nous nous rapprochons de la saison des semailles dans l’hémisphère nord, nous sommes de plus en plus confiants non seulement dans les opportunités de 2008, mais aussi dans notre plan stratégique vers 2012 », a indiqué Hugh Grant, PDG de Monsanto, cité dans le communiqué. « Durant les cinq années à venir, notre croissance s’appuiera sur les semences OGM », a-t-il ajouté, précisant que le groupe était « en avance sur son plan visant à permettre une croissance soutenue et pérenne ». Monsanto estime ainsi désormais qu’il sera en mesure d’atteindre son objectif d’une marge brute située entre 52 et 54% dès 2010, soit deux ans avant l’objectif initial. Le marché accueillait très favorablement l’annonce, l’action Monsanto gagnant 9,34% à 114 dollars dans les échanges électroniques préalables à l’ouverture de la Bourse de New York. »

Quel est donc le secret de Monsanto pour obtenir tant de profits?

Le journal britannique The Guardian a mené enquête sur un site gallois où la pollution est catastrophique trente ans après le début du stockage de déchets produits par Monsanto. Voici des extraits de la traduction française. Texte intégral ici : Monsanto, la pollution durable.

« Il apparaît que l’entreprise de chimie Monsanto a payé des sous-traitants pour rejeter des milliers de tonnes de déchets hautement toxiques dans des décharges britanniques, tout en sachant que ses produits chimiques étaient susceptibles de contaminer faune et population. Hier, l’Agence pour l’Environnement a dit avoir lancé une enquête après qu’on se soit aperçu que les produits chimiques polluaient la nappe souterraine et l’atmosphère 30 ans après leur mise en décharge. D’après l’agence, il pourrait en coûter jusqu’à 150 millions d’euros pour dépolluer un site du sud du Pays de Galles qualifié de « l’un des plus contaminés » du pays.

Un précédent rapport au gouvernement passé inaperçu montre que 67 produits chimiques, incluant des dérivés d’agent Orange, des dioxines et des PCB qui n’ont pu être fabriqués que par Monsanto s’échappent d’une carrière non étanche qui n’a pas été homologuée pour recevoir des déchets chimiques. La carrière Brofiscin aux abord du village de Groesfaen, près de Cardiff, s’est mise à exhaler des vapeurs alentour, mais la communauté n’a guère été informée de la réalité de ce qui se trouvait enfoui. (…)

Douglas Gowan, expert en pollution, qui a produit le premier rapport officiel concernant la carrière Brofiscin en 1972 après l’empoisonnement de neuf vaches, a déclaré :« Les autorités connaissent la situation depuis des années mais n’ont rien fait. Il est évident qu’il y a eu non seulement négligence et incompétence totale, mais dissimulation, et le problème s’est développé, sans contrôle. »

Beaucoup de l’information récente concernant les activités de Monsanto en Grande Bretagne dans les années 60 et 70 provient de documents déclassés aux Etats-Unis et de documents internes à l’entreprise non publiés auparavant. Ils montrent que l’entreprise savait, à partir de 1965 que les PCB – utilisés comme retardateurs de flammes et isolants – fabriqués aux Etats-Unis et dans son usine de Newport, dans le sud du Pays de Galles, sous la marque Aroclor, se concentrent dans le lait maternel, les rivières, les poissons, les fruits de mer, la faune et la flore. Les documents montrent qu’en 1953, des chimistes de l’entreprise ont testé les PCB sur des rats et ont découvert que, en doses moyennes, ils tuaient plus de 50% des cobayes. Malgré cela, l’entreprise a continué à produire des PCB et a rejeté les déchets au Pays de Galles jusqu’en 1977, plus d’une décennie après qu’il soit établi que la contamination des populations et de l’environnement ne faisait aucun doute (…)

L’Agence pour l’Environnement du Pays de Galles a dit étudier le contenu du site. « C’est l’un des sites les plus contaminés du Pays de Galles et il est prioritaire d’y porter remède vu qu’il est très proche des habitations, » a déclaré John Harrison, le directeur de l’agence de la région de Taff/Ely. « Il y a une pollution de l’eau, mais nous ne pensons pas qu’il y ait, pour le moment, de danger pour la santé des hommes. Nous avons dépensé environ 1.200.000 euros jusqu’à présent à enquêter sur place. Notre équipe juridique rassemble les preuves et nous essayons d’évaluer les coûts. »

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