La société cancérigène: le productivisme et la pollution généralisée entretiennent une très profitable industrie du cancer

L’ouvrage La société cancérigène: Lutte-t-on vraiment contre le cancer ? par Geneviève Barbier et Cancer livre Barbier.jpgArmand Farrachi, paru en 2004, n’a rien perdu de son actualité. Si vous ne l’avez pas encore lu, c’est le moment! Il est parfaitement documenté et n’a rien d’une litanie passéiste coupée de la réalité.

Il faut qu’on s’habitue à ce terme – industrie du cancer – aussi difficile à accepter soit-il, parce qu’il désigne une réalité : ce cercle vicieux entre pollutions de toute sorte (substances toxiques dans l’environnement, dans l’alimentation et le cadre de vie et de travail en général, effets délétères des médicaments, etc.) et le choix collectif consistant à sacrifier des centaines de milliers d’individus plutôt que de remettre en question la moindre parcelle de nos activités industrielles, agro-chimiques et autres et d’écorner ainsi les profits des lobbies qui s’enrichissent sur la souffrance des gens.

Barbier et Farrachi parlent à juste titre d’un « crabe aux pinces d’or », et la moitié du livre décrit très bien les mécanismes régissant « l’économie du cancer » : un réseau de secteurs d’activité qui font système et sont soumis à des « jeux d’influence et de lobbying ».

(Pharmacritique reviendra sur cet aspect, puisque c’est ce système d’intérêts économiques et de conflits d’intérêts qui est la raison première du désastre civilisationnel dont le cancer est l’un des symptômes les plus évidents : l’autodestruction de l’humanité (et de la nature) au moyen de ses propres produits technoscientifiques non encadrés par des normes morales traduites en règles éthiques).

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Cancer: seul un essai clinique sur cinq est publié. L’industrie pharmaceutique occulte ses ratages

L’ESMO (Société européenne d’oncologie médicale) rend compte le 9 octobre d’un rapport  de Ramsey et Scoggins publié dans la dernière livraison du journal The Oncologist, qui arrive à la conclusion d’un fort biais de sélection des essais cliniques, qui mène à ne publier en majorité et en intégralité que ceux qui ont des résultats positifs, à savoir en moyenne 1 sur 5. (Le rapport prend PubMed pour source de publications). C’est ce qu’on appelle un « biais de publication« , qui induit de la désinformation, parce que l’état des connaissances est déformé si l’on ne connaît pas l’issue de recherches cliniques défavorables (négatifs) pour tel ou tel médicament, mais seulement ceux favorables (ou arrangés pour paraître positifs ou plus positifs qu’ils ne le sont).

 

De tous les essais cliniques financés par l’industrie pharmaceutique, moins de 6% sont publiés, et sur ces 6%, 75% arrivent à des conclusions favorables pour les médicaments étudiés.

Vu les résultats plus que limités du règlement actuel du registre des essais cliniques, qui exige la publication de tous les résultats, un groupe de travail a proposé à l’Institut National du Cancer états-unien (National Cancer Institute) de mettre en place sa propre base de données des essais cliniques, pour en suivre la progression du début jusqu’à la fin.

 

Il faut avoir accès à ces informations, puisqu’on apprend aussi des erreurs et qu’on évite de refaire les mêmes.

 

D’autre part, ce  nombre très élevé d’essais non concluants montrent bien qu’il faut essayer d’agir non pas toujours dans le sens de ce symbole_toxique.jpgqu’on a appelé « industrie du cancer » – où chaque nouvelle molécule est vendue à prix d’or par les firmes et présentée comme révolutionnaire à des malades désespérés, mais en amont – sur les causes du cancer. Il faut oser s’en prendre aux causes environnementales, chimiques, industrielles, bref, aux agents cancérogènes produits par l’homme et les technosciences qu’il adule.  C’était aussi le sens de ma note « Investissez dans l’industrie du cancer ! Son avenir en bourse s’annonce radieux, note Marianne . »

 

Un autre problème qui se pose est celui de certains dépistages réguliers, par exemple du cancer de la prostate et du cancer du sein, en fait des surdépistages qui participent de la surmédicalisation et surmédicamentation ambiante, avec des conséquences dramatiques (faux diagnostics, biopsies et traitements inutiles et risqués, etc.). Beaucoup de monde vit de l’industrie du cancer…

 

Elena Pasca

 

 

Dépistage du cancer de la prostate remis en cause par l’USPSTF: pas de bénéfices et risque de surdiagnostics et traitements inutiles

Une dépêche AFP résume les conclusions du groupe de travail chargé de formuler les cancer prostate dépistage,dosage psa dépistage cancer prostate,traitement cancer prostate effets indésirables,espérance de vie cancer prostate,surdépistage surdiagnostic cancers,cancer prostate âge dépistage psa,cancer prostate enantone décapeptyl effets indésirables,cancer prostate traitement hormonal,enantone agonistes gnrh cancer effets indésirables,surdiagnostic cancer prostate,surmédicalisation cancer,cancer dépistage surdiagnostic,disease mongering cancer,cancer du sein surdiagnostic dépistage,cancer prostate recommandations dépistagerecommandations de bonne pratique en matière de dépistage du cancer de la prostate (USPSTF: United States Preventative Services Task Force) : USA: des experts contre des tests anti-cancer de la prostate après 75 ans.

 

Les examens composant le dépistage sont « plus néfastes que bénéfiques » pour la santé de ces hommes. D’autre part,

« Dans la mesure où ce cancer évolue généralement très lentement, dans 29 à 44% des cas chez les hommes les plus âgés, il n’affectera pas leur santé et leur espérance de vie. En revanche un traitement peut affecter leur qualité de vie en les rendant impuissants ou incontinents ». Le même groupe de travail précise même que les preuves actuelles sont insuffisantes pour étayer la nécessité d’un dépistage chez les hommes de moins de 75 ans.

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Médecines alternatives douteuses et cancer: peines de prison en Allemagne pour le Galavit

Gare à l’arnaque ! 782232595.jpg

Une autre facette de l’industrie du cancer consiste à proposer des remèdes-miracle à des patients désespérés.

La justice allemande vient de condamner un médecin, un homme d’affaires et un journaliste à des peines de plusieurs années de prison ferme (5 ans et 8 mois pour le médecin), pour avoir organisé un réseau de vente d’un complément alimentaire appelé Galavit, censé avoir des effets immunomodulateurs et lutter contre le cancer. Ce pseudo-remède a été vendu 8.500 euros la cure à 150 malades en stade terminal, tous morts par la suite. Il avait bénéficié d’une large couverture sur les sites de médecine alternative et dans la presse populaire. Et ce malgré les mises en garde des autorités sanitaires et des associations médicales, nous dit le British Medical Journal du 26 juillet (BMJ 2008; 337: a875).

 

Elena Pasca

Investissez dans l’industrie du cancer ! Son avenir en bourse s’annonce radieux, note « Marianne »

L’industrie pharmaceutique est l’une des plus profitables au monde, malgré l’absence presque totale d’innovation, et donc en contradiction 1445056070.jpgavec les postulats du néolibéralisme. Mais passons, puisque celui-ci n’est pas à une contradiction près, ni ne s’effondre à cause de ses contradictions (comme le pensait Marx). Je reprends ce cliché uniquement pour dire qu’il peut être judicieux de suivre la tactique boursière de l’industrie, pour déchiffrer les tendances et voir ce que nous réserve l’avenir…

Et puis, allez savoir, il y a peut-être des investisseurs parmi les lecteurs de Pharmacritique… Ils seront contents d’apprendre que miser sur d’éventuelles techniques de prévention du cancer, qui élimineraient par exemple les causes environnementales de cancers, relève toujours de la perte assurée, alors que l’industrie du cancer, elle, se porte comme un charme. De nos jours, il est beaucoup plus rpfitable d’organiser un surdépistage des cancers, dans ce qu’on peut appeler un « abus de prévention », et de surmédicaliser et surmédicamenter des bien-portants chez lesquels des techniques radiologiques très performantes découvriraient une lésion non problématique, non symptomatique.

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