Le 24 février, la journaliste et documentariste Stéphane Horel – auteure du documentaire et du livre Les Médicamenteurs ainsi que d’autres documentaires et articles sur les toxiques environnementaux – a publié dans Le Monde une enquête sur les conflits d’intérêts des comités d’experts chargés de l’évaluation des substances cancérogènes en vue de la révision de la réglementation européenne.
A la suite de cet article, une pétition vient d’être lancée par Annie Thébaud Mony (photo), sociologue de la santé, directrice de recherche honoraire à l’INSERM et porte-parole de l’association Ban Asbestos France (Interdire l’amiante). Plusieurs sources, liens, exemples sont donnés.

Annie Thébaud Mony a dirigé le Groupement d’Intérêt Scientifique sur les Cancers d’Origine Professionnelle à l’INSERM. Elle a consacré la plupart de son travail à la mise en évidence des risques pour la santé encourus au travail, soulignant le déni par les employeurs comme par les autorités publiques. En 2012, elle a refusé la Légion d’honneur pour « dénoncer l’indifférence qui touche la santé au travail et l’impunité des crimes industriels », protester contre le manque de financements et attirer l’attention sur le sort des victimes de l’amiante et de toutes les maladies professionnelles.
Annie Thébaud-Mony est l’auteure ou co-auteure de plusieurs livres parus aux Editions La Découverte, dont Science Asservie. Santé publique: les collusions mortifères entre industriels et chercheurs, ainsi que Les Risques du travail: Pour ne pas perdre sa vie à la gagner, et Travailler peut nuire gravement à votre santé. Sous-traitance des risques, mise en danger d’autrui, atteinte à la dignité, violences physiques et morales, cancers professionnels ».
Je reprends le texte de la pétition plus bas, après des liens, des conseils de lecture et des commentaires mettant en garde contre deux classes de médicaments. Je reprends aussi une lettre-type que vous pouvez envoyer à votre député.e européen.ne, afin de lui demander de faire le nécessaire pour révoquer ces experts, assainir les comités d’experts, éviter que les seuils d’exposition soient abaissés arbitrairement par ces experts grevés de conflits d’intérêts. (La lettre n’est pas sur la page de la pétition, car je l’ai reçue par mail et l’ai modifiée et complétée. Après la lettre, je reprends le début de l’article du Monde).
Ces scientifiques experts – des leaders d’opinion aux activités et aux rôles parfaitement décrits sur cette page – œuvrent pour satisfaire non pas l’intérêt général et des impératifs éthiques et scientifiques, mais les demandes des industriels qui font un lobbying omniprésent auprès des instances européennes et nationales. Sans oublier les agences de régulation dans lesquelles officient ces scientifiques, dont les expertises biaisées suscitent régulièrement des protestations.
Les quelques instruments partiels de transparence qui existent déjà (tel que le registre volontaire de déclaration des lobbyistes) permettent d’imaginer l’étendue réelle de l’influence, par exemple en lisant les résultats des récentes analyses chiffrées faites par le réseau européen anti-lobbying ALTER-Eu (Alliance for Lobbying Transparency and Ethics Regulation), qui milite pour la mise en place d’instruments de transparence meilleurs et obligatoires. Ces résultats sont mentionnés entre autres sur le site et dans la pétition de l’association allemande Lobby Control (en français sur cette page), demandant des mesures de transparence sur les institutions européennes et les structures subalternes en général, et évidemment sur leurs relations incestueuses avec les industriels et le monde de la finance.
Les conflits d’intérêts en général ont été abordés maintes fois sur Pharmacritique, de même que ceux des diverses instances de l’Union européenne, spécifiquement ou dans le cadre d’analyses des formes de lobbying, de pantouflage, de mélanges de genres entre public et privé, etc. Sans oublier le fait que la direction générale DG Sanco (santé et protection des consommateurs) est soumise à la toute-puissante DG Entreprises et Industrie, avec toutes les conséquences que l’on connaît sur la santé individuelle et publique.
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Il existe une véritable industrie du cancer et, contrairement aux prétentions, aucune volonté de lutter contre les causes, ni de faire de la prévention. Car la seule prévention qui vaille, ce serait d’éviter l’exposition aux agents – perturbateurs endocriniens et substances chimiques mutagènes – qui causent les cancers. On connaît des centaines, ne seraient-ce que ceux reconnus comme cancérigènes par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), dont la liste est loin d’être exhaustive. Mais, au niveau européen comme au niveau national, il n’existe aucune volonté politique de reconnaître les causes environnementales, pour des raisons économico-financiers aisément imaginables.
Nous vivons dans ce que Geneviève Barbier et Armand Farrachi appellent La société cancérigène, dans le livre homonyme que j’ai commenté et dont j’ai retranscrit quelques extraits sur cette page. Le productivisme, la course effrénée à la « croissance », au nom de la compétitivité dans la bataille de tous contre tous qu’est la globalisation néolibérale, créent et entretiennent une véritable industrie du cancer. L’on sacrifie des centaines de milliers d’individus plutôt que de remettre en question la moindre parcelle des activités industrielles (agriculture chimique, chimie et pétrochimie, industrie alimentaire, etc.) et d’écorner ainsi les profits des multinationales qui s’enrichissent en causant les cancers, mais aussi en les traitant et en communiquant sur eux…
C’est un cercle vicieux que décrivent Barbier et Farrachi en décortiquant les mécanismes qui régissent « l’économie du cancer », ce « crabe aux pinces d’or » : un réseau de secteurs d’activité privés et publics dévoyés qui font système et sont soumis à des jeux d’influence de la décision politico-administrative afin de maintenir ce cercle vicieux.
Il y a encore quelques années, tous ceux – scientifiques, victimes ou simples citoyens – qui parlaient environnement, crise écologique, causalité environnementale des cancers et d’autres maladies, risques professionnels par exposition à des toxiques environnementaux, bref, tous ceux qui pointaient les risques induits par les perturbateurs endocriniens étaient traités comme des illuminés anti-science, anti-« progrès ». Ils étaient fortement dénigrés, y compris par l’immense majorité des professionnels de santé, pourtant confrontés au quotidien aux conséquences des expositions professionnelles et de celles, incontournables, aux agents cancérigènes présents partout dans notre cadre de vie, l’alimentation, etc.
Après tout, le dépistage du cancer, le traitement et la prévention des récidives sont en eux-mêmes une véritable industrie, très profitable pour tous les vendeurs de tout ce que l’on peut inventer dans une approche qui marchandise tout: depuis les fabricants de dispositifs médicaux jusqu’aux laboratoires pharmaceutiques. Ceux-ci voient leurs produits mis sur le marché très facilement, s’il s’agit d’une indication « cancer », sous la pression des associations de patients manipulées par les industriels et la pression de la communication d’influence à large échelle qu’ils financent. Beaucoup de ces médicaments n’apportent aucun bénéfice clinique par rapport à ceux qui existent déjà, puisque la plupart des ASMR (amélioration du service médical rendu) reconnu par la (pourtant très généreuse) Haute autorité de santé sont nuls ou très faibles. Le progrès thérapeutique est quasiment inexistant, et c’est un autre thème souvent abordé dans ces pages. Tout comme les conflits d’intérêts, la fraude et les biais induits par les financements industriels des essais cliniques sur les cancers, dont on a vu que la plupart ne sont pas preproductibles, sont fortement biaisés, etc. J’ai décrit maintes fois les méthodes de manipulation et de falsification de la recherche médicale, par exemple dans cet article traduisant Arznei-Telegramm et dans celui-ci, traduisant Marcia Angell, assez synthétiques.
Maladies hormonodépendantes dues aux perturbateurs endocriniens et traitées par des perturbateurs endocriniens…
J’ai souvent parlé de l’aberration consistant à maintenir une économie productiviste qui, par l’omniprésence des perturbateurs endocriniens, provoque des cancers, des maladies hormonodépendantes et des changements dans la physiologie, tels que la puberté précoce, traités par… des perturbateurs endocriniens et toxiques de la reproduction fabriqués par une autre industrie: celle pharmaceutique… Ainsi, les enfants souffrant de puberté précoce centrale sont soumis à un autre perturbateur endocrinien, afin de retarder la puberté…
Je suis étonnée de voir les médecins critiques de la pollution chimique (par exemple le Pr Charles Sultan) prescrire de tels médicaments perturbateurs endocriniens (surtout le Décapeptyl en France, puisque IPSEN paie le plus), la plupart du temps parce que les parents ont peur que les enfants soient plus petits que les autres et veulent leur faire gagner 3 cm en moyenne (si cela marche)… Je suis surtout étonnée de les voir prescrits au-delà des limites d’âge définissant la puberté précoce centrale (8 ans chez les filles, 10 ans chez les garçons). Un article à venir décrira les effets indésirables dans cette indication-là.
Il faut bien réfléchir lorsque l’on se voit prescrire ces médicaments de la classe des analogues agonistes GnRH (Décapeptyl, Enantone, Zoladex, Synarel), mis sur le marché dans les indications « cancer de la prostate hormonodépendant », mais qui ont très facilement obtenu des extensions d’indication au cancer du sein, puis à des maladies hormonodépendantes bénignes, telles que la puberté précoce centrale et l’endométriose, elles aussi en constante augmentation. L’extension d’indication se fait sans réels tests supplémentaires, et pourtant le rapport bénéfices-risques n’est pas du tout le même… Dans l’endométriose et les fibromes utérins, l’extension d’indication a été obtenue par la fraude commise par le Dr Andrew Friedman, payé par le fabricant de l’Enantone/Lupron, Takeda Abbott devenu AbbVie, qui a inventé et falsifié autour de 80% des données.
Je ne cesse de mettre en garde contre toute la classe de médicaments analogues agonistes de la GnRH, surtout au vu d’une énorme offensive lancée par IPSEN, vendeur du Décapeptyl, dans le cadre plus large d’une chronicisation et d’une marchandisation de l’endométriose qui fera de ces femmes (1 femme sur 10 en âge de se reproduire) des otages à vie de l’industrie pharmaceutique et des fabricants de dispositifs médicaux.
L’offensive industrielle est portée par les promoteurs médicaux, à commencer par le Pr Horace Roman du CHU de Rouen, à l’origine du groupement G4 incluant d’autres établissements de Caen, Lille, Amiens. J’ai décrit – dans cet article qui fait environ 90 pages et que je complète toujours – les conflits d’intérêts ahurissants, les dérives extrêmes dans la recherche médicale et la soumission des équipes publiques à l’industrie pharmaceutique, bref, les méthodes de ce complexe médico-pharmaceutique du Nord-Ouest (le G4) qui a réussi à s’imposer comme une référence régionale dans l’approche de plusieurs maladies. Concernant l’endométriose, Horace Roman, Pierre Collinet et les autres du G4 ont réussi à promouvoir dans les media (et partout) des méthodes anachroniques et très risquées de traitement chirurgical et médicamenteux, pour le compte de la trentaine d’industriels et d’agences de lobbying dont ils reçoivent des rémunérations personnelles non déclarées dans la base de données Transparence Santé, qui ne contient « que » les très nombreux « avantages » en termes d’hospitalité (sic), à savoir repas, hébergements, etc., souvent de l’ordre de plusieurs milliers d’euros, ainsi que les versements à l’association de formation médicale continue RouEndométriose (visant à influencer les autres médecins), mais aussi des paiements faits directement à des hôpitaux, cliniques, services, etc.
Les laboratoires pharmaceutiques veulent voir leurs contraceptifs et autres médicaments hormonaux (progestatifs, analogues de la GnRH, etc.) – qui arrivent sur un marché saturé – promus et prescrits pendant des dizaines d’années à des femmes vivant un cercle vicieux fait d’opérations d’ablation inadéquates et incomplètes et de médicaments inutiles. Alors que l’endométriose pourrait être guérie par une ou deux interventions de chirurgie d’exérèse radicale faite sans aucun médicament, selon une technique et dans des conditions bien précises…
Voir à ce sujet l’article « Redéfinir l’endométriose à l’âge moderne« , contenant la traduction d’un texte d’une référence mondiale en la matière, le Dr David B. Redwine, et pourvu d’une introduction dans laquelle je décris le cercle vicieux des femmes françaises atteintes d’endométriose.
Mais arrêter le cercle vicieux n’arrange pas les affaires des laboratoires pharmaceutiques et des fabricants d’instruments chirurgicaux me-too (nouvelles versions de ce qui existe déjà), puisque c’est la chronicisation des maladies, et non leur guérison, qui rapporte, comme le soulignait le prix Nobel Richard Roberts. Cet exemple de l’endométriose chronicisée et de la puberté précoce centrale montre les conséquences sans fin de la société cancérigène qui nous expose aux perturbateurs endocriniens de l’industrie chimique, agro-alimentaire, etc. et traite les maladies ainsi causées au moyen d’autres perturbateurs endocriniens vendues par l’industrie pharmaceutique… Toutes les industries peuvent ainsi en profiter.
Décapeptyl et les autres analogues agonistes de la GnRH sont inutiles, trop risqués et même contre-productifs dans les traitements des maladies non cancéreuses. Ils sont remis en cause même dans le cancer de la prostate, à cause d’effets indésirables très sévères, irréversibles, voire immédiatement mortels. (Les détails sur les effets indésirables sont dans les articles sur l’endométriose et les autres articles sur les cancers, accessibles à partir de la liste alphabétique des sujets, à gauche de la page. D’autres informations peuvent être lues sur le blog de l’association AVEAG (victimes d’Enantone, Décapeptyl et des autres agonistes de la GnRH).
Je n’ai cessé de critiquer une autre classe de médicaments mis sur le marché dans des indications cancer, qui ont obtenu tout aussi facilement des extensions d’indication à des maladies chroniques: les anticorps monoclonaux et anti TNF alpha (Avastin, Herceptin, Humira, Enbrel, Tysabri et les autres, dont les effets indésirables communs (effets secondaires de classe) sont abordés dans les nombreuses notes en descendant sur cette page.
Puisque le dépistage organisé du cancer du sein a souvent été critiqué sur ce blog (cf. la catégorie cancer, industrie du cancer, prévention), je conseille aussi le livre du toxicologue André Cicolella, Cancer du sein, en finir avec l’épidémie (Les Petits Matins, 2016). Il explique très bien les causes environnementales à l’origine d’une augmentation exponentielle des cancers et des maladies hormonodépendantes. Le livre présente d’une façon accessible les données scientifiques et les analyses chiffrées prouvant l’augmentation des cancers du sein par-delà les surdiagnostics dus au surdépistage.
L’on comprend pourquoi les perturbateurs endocriniens et les substances chimiques mutagènes imposent un changement de paradigme, une révision des conceptions toxicologiques et des explications réductionnistes, afin de tenir compte de l’effet cocktail, des effets transgénérationnels, etc. André Cicolella expose le concept introduit par Robert Barker sous l’acronyme DOHAD: Developmental Origins of Health and Disease, soulignant l’importance de l’épigénétique.
Une autre dimension essentielle est celle de la santé au travail et des conséquences d’une attaque en règle contre toutes les garanties juridiques et toutes les réglementations protégeant les salariés, attaque menée par les industriels et encouragées par l’idéologie néolibérale d’une droite désormais décomplexée.
Les médecins du travail sont de plus en plus menacés, et je reviendrai sur ce sujet, à partir du cas du Dr Dominique Huez, visé par la plainte d’un employeur et par le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). [Mise à jour du 2 mars: voir cet article]. Cette institution vichyste contraire à l’esprit même de la République, édifiée en mettant un terme aux ordres de l’Ancien régime, n’est décidément pas à une soumission près, notamment aux intérêts industriels. C’est le CNOM qui gère les conventions liant les médecins à l’industrie pharmaceutique, selon des barèmes tenus secrets, et qui refuse de renoncer au financement de la formation médicale continue par cette même industrie, à 95%, à travers des associations et autres sociétés savantes telles que RouEndométriose. Celle-ci met en scène des professionnels de santé tels que le Dr Isabella Chanavaz-Lacheray, qui dit à ses confrères comme aux media qu’il faudrait « une stratégie thérapeutique à vie » pour les femmes souffrant d’endométriose, dès le moment où le diagnostic est posé. Sachant que certaines formes sont très légères et ne posent pas de problèmes, la médicamentation à vie est encore} ppplus aberrante (pour les patientes).
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« Travail et santé » est le titre du numéro de janvier 2017 de la revue Pratiques. Cahiers de la médecine utopique, proche du Syndicat de la médecine générale (SMG), qui soutient le Dr Dominique Huez et est à l’origine d’un mouvement d’insubordination partielle à l’ordre des médecins.
Afin de maintenir cette industrie du cancer très lucrative, les industriels paient d’énormes sommes pour le marketing et la communication d’influence, ainsi que pour entretenir des réseaux tentaculaires de conflits d’intérêts. En fin de compte, c’est la solidarité nationale qui paie ces sommes exorbitantes à travers les prix astronomiques des médicaments, prix qui ne sont nullement justifiés par les coûts de production, ni par les coûts de la recherche et développement des médicaments. Il suffit, pour s’en convaincre, de relire l’excellente analyse de la revue allemande indépendante Arznei-Telegramm, traduite sur cette page, qui balaye le mythe du médicament à 800 millions, voire à un milliard de dollars (selon les industriels, repris par les media, par exemple dans cet article récent du Figaro). Arznei-Telegramm décortique tout et chiffre le coût de la recherche et développement d’un médicament à à peu près 18 fois moins que la somme évoquée…
Le dossier de 2003 de la revue Prescrire vaut lui aussi le détour: « Cout de recherche et développement du médicament: la grande illusion ». Ce même que l’éditorial de mai 2015 soulignant que, contrairement à la propagande de l’industrie pharmaceutique, les prix exorbitants nuisent en fait à la recherche médicale.
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Cancer au travail : la Commission européenne complice de l’industrie
Voici la pétition lancée par Annie Thébaud-Mony, fondatrice d’une association de victimes de cancers dus à l’amiante.
Contre un permis de tuer accordé aux entreprises : Conflits d'intérêt dans l'expertise européenne sur les cancérogènes
D'après une enquête parue le 24 février 2017 dans Le Monde, un comité d'experts qui conseille la Commission européenne en vue de fixer des valeurs limites d'exposition professionnelle est dominé par des experts liés à l'industrie.
Selon le quotidien français, quinze des 22 experts du Comité scientifique en matière de limites d’exposition professionnelle (Scœl) entretiennent des liens avec les entreprises de secteurs concernés par des substances pour lesquelles la Commission envisage d’adopter des valeurs limites d’exposition professionnelles. Ce processus a lieu dans le cadre de la révision en cours d’une directive assurant la protection des travailleurs contre les agents cancérogènes et mutagènes.
Des valeurs limites très élevées conduisent au désastre que l’on connaît avec l’amiante. Le 28 février prochain, le Parlement européen doit débattre des valeurs limites proposées dans la nouvelle directive présentée par la Commission.
Nous, signataires de cette pétition, demandons à la Commission européenne le renvoi de ces experts et la mise en place d’une expertise réellement indépendante sur les risques toxiques dans le travail.
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Modèle de lettre à envoyer aux députés européens
Madame la Députée Européenne, Monsieur le Député Européen,Suite à la parution de l’article du Monde du 24 février sur les cancers professionnels, je me permets de vous transmettre la lettre de Annie Thebaud Mony aux parlementaires, que je partage pleinement.Ce courrier alerte sur la prochaine discussion et le prochain vote parlementaire de l’UE sur les seuils limites d’exposition aux particules générant des cancers professionnels.100 000 personnes meurent chaque année de cancers dus à des expositions professionnelles. Ces cancers génèrent des couts considérables pour la sécurité sociale (alors que les profits générés par l’activité des salariés profitent aux entreprises).
L’association que préside Mme Thébaud Mony est reconnue, historiquement, pour son action dans le cadre de sa lutte pour faire reconnaitre la nocivité de l’amiante. Le journal Le Monde a rapporté, ce 24 février, le cynisme de la Commission Européenne qui, pour composer le SCOEL (conseil devant proposer et surveiller les seuils limite d’exposition des salariés), a nommé une quinzaine d’experts en plein conflits d’intérêt, la plupart travaillant pour des grandes firmes ou des agences d’expertise travaillant pour les entreprises…
Aussi, je vous informe que j’ai signé, ce jour, la pétition qui témoigne de cette mobilisation citoyenne grandissante. J’espère que vous ferez tout ce qui est dans votre pouvoir afin de promouvoir l’intérêt général, prévenir les conséquences d’expertises biaisées traduisant les intérêts des industriels et afin d’assainir les comités d’experts européens et lutter contre les conflits d’intérêts et le lobbying.En vous remerciant de votre attention, je vous prie de recevoir l’expression de mes salutations distinguées.**
**Article de Stéphane Horel paru le 24 février dans le journal Le Monde
(première partie, le reste étant réservé aux abonnés et soumis au copyright) : Cancer au travail : la Commission européenne complice de l’industrie
« Pour fixer les normes limitant l’exposition des travailleurs aux substances cancérogènes, responsables chaque année de 100 000 décès, Bruxelles s’appuie sur des experts majoritairement liés aux industriels.
Travailler à en mourir. Chaque année en Europe, 100 000 personnes meurent d’avoir été exposées à des produits qui leur ont causé un cancer tandis qu’elles exerçaient leur métier. Poumons, cavité nasale, vessie, prostate, larynx, maladie de Hodgkin, lymphomes, etc. : 100 000 cancers professionnels si bien documentés qu’ils sont dits « évitables ». Pour réduire le risque au maximum, voire l’éliminer totalement, les employeurs sont tenus d’adapter les conditions de travail de leurs employés en fonction de normes appelées « valeurs limites d’exposition ». Encore faut-il que ces normes, fixées substance par substance, soient suffisamment protectrices. Qui en décide ?
Dans l’Union européenne (UE), la détermination de ces valeurs limites découle des recommandations d’un comité officiel largement inconnu, le Comité scientifique en matière de limites d’exposition professionnelle (Scoel). Or la majorité de ses experts (15 sur 22) entretiennent des liens avec les secteurs industriels directement concernés par les substances soumises à leur évaluation.
Des liens on ne peut plus étroits pour trois d’entre eux, directement employés par les groupes BASF (chimie) et Shell (pétrole et gaz). Mais surtout, l’enquête du Monde démontre que c’est en toute connaissance de cause que la Commission européenne a choisi de confier à ces experts l’intégrité physique de plusieurs millions de travailleurs. « Les travailleurs ont l’illusion d’être protégés »
Si le sujet prend un relief particulier aujourd’hui, c’est parce que l’Union européenne a entrepris de réviser sa « directive sur la protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à des agents cancérogènes ou mutagènes au travail ». Le Parlement européen examinera mardi 28 février ses propositions. Elles concernent une quinzaine de substances : chlorure de vinyle, chrome hexavalent, différents types de fibres minérales (des isolants qui ont remplacé l’amiante et posent également question), poussières de bois, etc. Pas moins de 20 millions de personnes y sont exposées.
Mais les valeurs limites d’exposition proposées par la Commission sont « beaucoup trop élevées », déplore Laurent Vogel, juriste, chercheur à l’Institut syndical européen (ETUI), un centre de recherche et de formation de la Confédération européenne des syndicats. La valeur proposée pour le chrome hexavalent, par exemple, est vingt-cinq fois supérieure à celle appliquée… » (…)
Bonjour,
Ma lettre aux députés européens est prête. Mais, je ne trouve nulle part la lettre de Annie Thebaud Mony à transmettre.
J’ai recherché sur le site de l’Association Henri Pezenat. Il y a un article, mais pas de lettre non plus.
http://www.asso-henri-pezerat.org/plaidoyer-pour-un-plan-mondial-de-lutte-contre-les-cancers-professionnels/
Je garde le tout sous le coude en espérant une réponse rapide. D’avance merci.
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Bonjour Chantal,
Merci pour vos réactions.
Comme je le disais dans l’introduction à l’article, j’ai reçu un début de lettre dans le mail qui annonçait le lancement de la pétition et l’ai modifiée et complétée. Elle n’est publiée nulle part et ne fait pas partie de la pétition.
Il ne s’agissait pas d’une lettre à transmettre telle quelle, mais d’un embryon de lettre, si vous voulez, pour inciter les destinataires du mail à en écrire une à leurs députés, donc à prendre des initiatives sur le sujet. C’est ce que j’ai fait en la complétant et en la publiant, mais sans guillemets, parce qu’elle n’est pas « d’origine ».
Vous pouvez donc la modifier aussi à votre guise – ou envoyer une totalement différente.
Bonne journée!
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