La députée Catherine Lemorton: influence malsaine du lobby pharmaceutique sur les élus, les journalistes, les médecins…

Résumé et liens :  

 

 

La députée PS Catherine Lemorton a présenté le « Rapport parlementaire sur la prescription, la consommation et la fiscalité des médicaments », que nous avons évoqué dans cette note. Alors même que le rapport est relativement modéré, l’industrie pharmaceutique a essayé d’en influencer la teneur et de saper le travail de la mission, par exemple en remettant en cause dans la presse médicale (financée par l’industrie, cf. notre note) les chiffres avancés, alors même qu’ils émanent de la Cour des comptes ou de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales).

 

Les lobbyistes des firmes ont essayé d’influencer les élus lors de discussions en dehors des auditions. D’autre part, et sans rapport avec une mission parlementaire précise, les élus sont très souvent invités à des repas, des congrès et des symposiums, et certains y vont et donnent leur caution parlementaire à ce qui s’y déroule et s’y décide. Il en va de même des journalistes – surtout ceux spécialisés en santé – qui reprennent le marketing des firmes comme si c’était de l’information objective et la font passer dans les media nationaux. Il en va de même des professeurs de médecine et autres leaders d’opinion, qui donnent leur caution médicale aux présentations faites par les firmes, alors que tous ces congrès et rencontres ne sont organisés que dans le but de vendre et faire vendre les produits présentés. [Cf. Les notes de la catégorie « Leaders d’opinion, pantins du pharmacommerce »].

 

« Tout cela n’est n’est pas sain, ni respectueux de la démocratie », constate la députée.

 

Un représentant d’une grande multinationale pharmaceutique, étonné par la résistance de Lemorton, lui a dit après une audition qu’auparavant, tout s’était bien passé, que ce soit avec les députés de droite ou de gauche…

 

Les lobbyistes infiltrent les institutions publiques, telles l’AFSSAPS, où ils font partie de la Comission d’AMM (autorisation de mise sur le marché), qui permet où non qu’un médicament soit commercialisé en France. Ils font certes une déclaration de conflits d’intérêts, mais elle ne change rien… Lemorton dit connaître des spécialistes en pharmacovigilance qui ont claqué la porte de l’AFSSAPS à cause de cette implication du lobby pharmaceutique.

 

Elle parle aussi de représentants de l’industrie pharmaceutique qui se font élire pour mieux imposer les intérêts privés, y compris sur les listes du PS. Ainsi, telle élue d’une ville dans laquelle est situé le siège social des laboratoires pour lesquels elle travaille, faisait partie de la commission santé du PS, mais aussi de celle du Nouveau Centre… Conflits d’intérêts habituels en France, malheureusement…

 

 

Pour approfondir la question

  • Regardez l’excellent documentaire belge « Les lobbies. L’Elysée sous influence? », portant sur l’activité des lobbies en France, y compris du lobby pharmaceutique qui convoque des élus et des ministres dans un château et obtient des choses… Nous avons repris ce documentaire dans la note « Politiques sous influence. Du lobby pharmaceutique au lobbying à l’Assemblée et à l’Elysée. Extraits vidéo » et avons cité des extraits de l’article de Marie Bénilde « Quand les lobbies (dé)font les lois. Parlementaires français et européens sous pression ».
  • D’autres notes sur le même thème sont réunies sous la catégorie « Hommes politiques & lobbies (conflits d’intérêts) ».
  • A lire aussi le rapport du Sénat de 2006 : « Les conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments – Médicament : restaurer la confiance », celui-là même contre lequel s’est insurgé Gérard Kouchner, puisque les sénateurs avaient osé dire que l’empire de presse médicale gratuite qu’il dirige n’est pas indépendant de l’industrie pharmaceutique (nous en avons parlé dans la note citée plus haut).
  •  Le blog de Catherine Lemorton reprend un article de France Soir intitulé « Les Français champions de la « surconsommation » de médicaments ».

  • Le site de la coalition européenne ALTER-EU (Alliance for Lobbying Transparency and Ethics Regulation), qui combat les conflits d’intérêts, lobbying, pantouflages, revolving doors (passages privé-public) et milite pour la transparence et pour un encadrement éthique et juridique
  • Le site de la Fondation Sciences Citoyennes, membre d’ALTER-EU et du réseau français ETAL (Encadrement et Transparence des activités de lobbying).
  • Les livres de Roger Lenglet, philosophe et journaliste, auteur de nombreux ouvrages d’investigation, qui expose parfaitement les méthodes des lobbyistes, en particulier du lobby du tabac (cigarettier) et du lobby alcoolier

Elena Pasca

copyright Pharmacritique

Une réflexion sur “La députée Catherine Lemorton: influence malsaine du lobby pharmaceutique sur les élus, les journalistes, les médecins…”

  1. Intoxication, vous avez dit « intox »?…Médecin spécialiste, élu PS localement, je trouve toujours très suspect ce genre d’exercice sorti du contexte d’une interview en bonne et due forme… Ceci dit il existe aussi des lobbyiste socialistes, pourquoi s’en étonner alors que les partis de droite sont coutumiers du fait. Seule l’hypocrisie bien française fait que la loi ne reconnait pas ces activités comme légales, au grand jour comme aux USA. Moralité: les couloirs des deux Assemblées du Parlement sont littéralement squattés par des « attachés » en tout genre qui font du lobbying sans en avoir les titres officiels. Notre monarque élu, qui a la démangette de légiférer en permanence, devrait s’en occuper. Chiche, il n’en fera rien, les cadavres pullullent trop…

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