Gardasil: vaccin pour les pauvres, vendu aux riches… Les pauvres sont les plus exposées aux infections par des HPV à haut risque comme aux pathologies, rappelle une étude

J’ai parlé à plusieurs reprises de la prévalence inégale des génotypes HPV, mettant l’accent sur deux des HPV à haut risque – 16 et 18 – censés être une épée de Damoclès sur la tête de toutes nos jeunes filles… Or, comme je l’ai dit dans la note, au titre certes provoquant, Le vaccin Gardasil est là. Mais où sont les sérotypes HPV 16 et 18 ?, citant Arznei-Telegramm et le JAMA, la prévalence de ces deux derniers est très faible dans les pays industrialisés et donne, pris ensemble, 2,3% de toutes les femmes infectées par les papillomavirus aux Etats-Unis. Mais encore faudrait-il prendre en compte le fait que ce pourcentage ne se répartit pas uniformément dans la population féminine du pays en question…

Ce que nous disions dans un tout autre contexte se vérifie ici aussi: les inégalités en santé résultent d’inégalités socioéconomiques.

Cette étude américaine faite en 2007 a analysé les facteurs sociodémographiques, ethniques et économiques associés aux génotypes de papillomavirus à haut risque : Kahn et al, Sociodemographic factors associated with high-risk human papillomavirus infection

(« Facteurs sociodémographiques associés aux infections par des HPV à haut risque »). Obstetrics & Gynecology 2007 Jul;110(1):87-95.

37 génotypes HPV, incluant tous ceux à haut risque oncogène, ont été systématiquement recherchés dans les prélèvements effectués chez des femmes de 15 à 49 ans. 37 et non seulement les deux – 16 et 18 – qui sont tellement mis en avant par Sanofi Pasteur MSD et GSK dans le marketing effréné de leurs vaccins respectifs : Gardasil et Cervarix.L’étude confirme ce que l’on savait déjà : même à l’intérieur du même pays, la prévalence des infections par des papillomavirus humains à haut risque diffère d’une catégorie socioéconomique et ethnique à une autre. Les femmes pauvres sont beaucoup plus touchées. L’étude met en évidence une « fragilité » ethnique, elle aussi connue: le fait que, parmi les pauvres, les femmes d’origine mexicaine sont plus nombreuses à être infectées. Et la majoration des risques avec la multiplication des partenaires sexuels (les célibataires sont plus souvent infectées par des génotypes à haut risque). Parmi la population vivant au-dessus du seuil de pauvreté, le revenu reste quand même un indicateur pertinent. Les femmes noires et les célibataires sont plus touchées. Enfin, l’âge est lui aussi un facteur important, puisqu’on sait que le nombre d’infections atteint un pic à la vingtaine, pour diminuer naturellement après.

La conclusion des auteurs est qu’il faut mettre en place un programme éducatif à destination des femmes pauvres, assorti de mesures de dépistage auxquelles elles puissent avoir accès, y compris à l’ère des vaccins… Vaccins qu’elles ne peuvent pas se payer. Si de telles mesures ne sont pas mises en place, les disparités dans les dysplasies de haut grade et dans les cancers du col de l’utérus – causées par la pauvreté – pourraient s’aggraver.

C’est ce que disent tous les critiques de ce pharmacommerce de la peur qui fait vendre massivement le Gardasil (et le Cervarix) là où il n’y en a pas besoin, ce qui détourne encore plus des moyens financiers limités de ces femmes qui n’ont ni dépistage ni vaccin. Et ce pour le seul profit des firmes Merck, Sanofi Pasteur MSD et GSK…

La faible prévalence explique aussi la faible efficacité du Gardasil, lorsqu’on prend l’ensemble des jeunes filles ayant participé aux essais cliniques et l’ensemble des souches de papillomavirus: 17%… Si l’impact du Gardasil est de réduire de 17% les dysplasies apparues à 3 ans, le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas fameux du tout, surtout compte tenu de toutes les incertitudes qui demeurent… Il en irait tout autrement si les HPV 16 et 18 étaient effectivement aussi fréquents que le dit la propagande des laboratoires… On nous sérine à longueur de journée qu’ils sont partout et qu’ils sont impliqués dans 70% des cas de cancer du col de l’utérus… Mais si c’était le cas, le Gardasil aurait une efficacité bien plus importante déjà dans les essais cliniques, dont on sait de toute façon qu’ils sont rédigés de façon à faire apparaître le vaccin sous la lumière la plus favorable… (C’est le cas de tous les essais cliniques financés et contrôlés par les laboratoires, alors…)

Rappelons la traduction de l’analyse faite par Arznei-Telegramm (revue allemande indépendante), qui cite d’autres sources et pose aussi cette question de la prévalence des HPV 16 et 18:

Gardasil. La revue Arznei-Telegramm critique le vaccin: efficacité modeste, données incomplètes, désinformation… (juin 2007)

Mais aussi : Gardasil. Sanofi Pasteur MSD désinforme sur le taux de cancer du col de l’utérus, selon Arznei-Telegramm

Et l’étude des résultats des essais cliniques du Cervarix, toujours par cette excellente revue médicale allemande :

Cervarix : autorisé trop vite, sur une base scientifique encore plus faible que celle du Gardasil, rappelle la revue Arznei-Telegramm

Elena Pasca

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