Des milliards gaspillés pour une qualité de soins moins bonne. D’autres articles de l’UFC Que choisir sur l’irrationalité des prescriptions

Voici des extraits de quelques autres documents de l’UFC – Que choisir, chiffrant les conséquences des prescriptions irrationnelles à des milliards d’euros. Un milliard d’euros sur cinq ans, rien que pour cinq classes de médicaments représentant à peine 14% des prescriptions des médecins de ville… Sans aucune amélioration de la qualité de soins, au contraire.

Les extraits sont suivis d’un lien vers les propositions faites par l’association et de liens vers des articles plus anciens, mais qui ont gardé toute leur actualité. A lire pour avoir une image de plus en plus claire de ce qui se passe dans le meilleur système de santé du monde…

« Prescriptions de médicaments : Le gâchis encore et toujours« . Communiqué « UFC – Que choisir », 15 janvier 2008. Voici un extrait: « Les résultats de notre nouvelle étude confirment l’irrationalité des prescriptions de médicaments en ville, déjà constatée dans une étude diffusée au mois de septembre : les médecins ne prescrivent pas toujours les médicaments les moins chers, voire même les plus efficaces. Au total, sur seulement 5 classes de médicaments (14 % des prescriptions de ville) et à qualité de soins au moins équivalente, 1 milliard d’euros aurait pu être économisé de 2002 à 2006, soit 200 millions par an. »

Les conclusions de l’étude sont à la fin de cette page: « Globalement, l’analyse montre que les prescriptions dans les cinq classes de médicaments étudiées sont en partie irrationnelles, si la norme de prescription est la recherche de la meilleure qualité de soin possible au meilleur coût. Plusieurs constats s’imposent :

  • Cette irrationalité est observée dans toutes les classes. Il ne s’agit donc pas d’un phénomène marginal ou accidentel.
  • Cette irrationalité peut prendre des formes diverses : la prescription en masse indépendamment de critères de santé publique, de médicaments non innovants également efficaces et plus onéreux que les génériques, la nette préférence des prescripteurs pour un médicament jugé moins efficace et plus onéreux qu’un autre médicament.
  • Cette irrationalité est à l’origine d’une croissance des volumes (effet volume) consommés sans justification et/ou d’une croissance du coût des traitements (effets prix) sans justification. Ces croissances annulent complètement l’effet à la baisse des dépenses liées à l’arrivée des génériques.
  • Cette irrationalité explique enfin l’inflation nette des dépenses remboursables de médicaments dans ces classes entre 2002 et 2006 : sur seulement 14 % des prescripteurs de ville, l’irrationalité a engendré un surcoût évalué à 1.013 millions d’ euro sur cinq ans. Soit 250 millions d’euros par an. Et il ne s’agit là que d’une estimation minimum, sur la base des données réellement observées. L’estimation ne prend pas en compte par exemple le surcoût engendré par la pénétration anormalement basse des génériques dans certaines classes. »

Les propositions de l’ »UFC – Que choisir » se concentrent sur la meilleure façon d’apporter une information plus transparente et plus objective aux médecins, afin que ceux-ci puissent faire des prescriptions plus rationnelles. L’association propose de jouer sur deux leviers : une visite médicale publique, placée sous la tutelle de la Haute Autorité de Santé (HAS) et assurée par les délégués de l’assurance-maladie (DAM) et la réduction conséquente de l’influence du marketing des laboratoires, à travers la réduction de la visite médicale payée par l’industrie.

« Lobby pharmaceutique : Médecins sous perfusion », décembre 2006. Un extrait: « L’indépendance des médecins n’est pas pour tout de suite. Sous couvert d’un « Code de bonnes pratiques », le ministère de la Santé vient de conforter la place des laboratoires dans la formation médicale continue. Le lobby du médicament a fait du bon boulot. Signé le 22 novembre avec le ministère de la Santé, le « Code de bonnes pratiques » censé organiser l’intervention des laboratoires dans la formation continue des médecins laisse délibérément l’essentiel de côté : le financement de cette formation. Les firmes, de longue date investies dans ce domaine, vont pouvoir continuer à subventionner massivement les organismes de formation, y compris agréés. Une carte blanche bienvenue dans un marché en pleine expansion : la formation continue s’impose peu à peu à chaque médecin, notamment pour valider les pratiques professionnelles. Et la contribution publique est très faible : dans un rapport daté d’avril dernier, l’Inspection générale des affaires sociales l’a estimée à 70 millions d’euros par an… contre 300 à 600 millions d’euros côté labos. Qui ne sont donc pas près de perdre leur emprise sur le corps médical. »

« Médicaments : prescriptions sous influence », juin 2006. Cet article commente « Le rapport d’information sur les médicaments, publié le 14 juin par le Sénat, [qui] pointe la main-mise des laboratoires sur l’information des médecins et la formation continue en pharmacologie. Ce texte dénon
ce aussi le manque d’indépendance des experts chargés de la mise sur le marché et du suivi des médicaments. »
 

« Transposition de la Directive Médicament : Le gouvernement soigne les firmes pharmaceutiques », janvier 2007

 « Médicaments 2005 : Le bilan de Prescrire », mars 2006. Voici un extrait : « Plus grave, un certain nombre de nouvelles spécialités représentent une régression. La proportion ayant une balance bénéfices-risques défavorable a beaucoup augmenté. De 1 à 1,5 % pour la période 1990-1995, les chiffres sont passés à 10 % en 2004 et 22 % en 2005. Parallèlement à cette dérive, Prescrire note que l’Afssaps (Agence de sécurité sanitaire des produits de santé) continue d’effectuer des retraits de médicaments très tardivement. (…) Autres griefs contre les pouvoirs publics : la publicité pour les médicaments auprès des professionnels mal contrôlée, celle à destination du grand public théoriquement interdite mais souvent déguisée en information, prix des nouveaux médicaments qui s’envolent »… 

Conclusion de la revue : «Tout se passe comme si les pouvoirs publics étaient avant tout surtout soucieux de la compétitivité des firmes qui commercialisent des médicaments et des biens de santé. Patients et soignants ont grand besoin que les pouvoirs publics redressent le cap vers l’intérêt général.»

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