Sur le site de la HAS (Haute autorité de santé) on apprend les nouvelles nominations faites par Nicolas Sarkozy au mois de janvier, pour faire semblant de changer le système d’évaluation du médicament après le désastre du Médiator (benfluorex) de Servier, qui n’est qu’un épiphénomène d’une filière médicament biaisée de part en part :
« Le Pr Jean-Luc Harousseau a été nommé président du Collège de la Haute Autorité de Santé (HAS) par le Président de la République fin janvier. Ce dernier a également procédé à la nomination d’Alain Cordier et du Dr Jean-François Thébaut en tant que membres du Collège et a renouvelé le mandat du Dr Cédric Grouchka. Ces quatre personnalités complètent, avec Jean-Paul Guérin, président de la Commission certification des établissements de santé et les Prs Gilles Bouvenot, président de la Commission de la transparence, Jean-Michel Dubernard, président de la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé et Lise Rochaix, présidente de la Commission évaluation économique et de santé publique, le Collège de la HAS. »
« [A]lors que le paysage sanitaire connaît des mutations importantes », selon la HAS, on ne constate aucune mutation dans ces changements : plus ça change, plus c’est la même chose… Le Pr Jean-Luc Harousseau, hématologue, ancien président UMP du conseil régional des Pays de la Loire (photo du site HAS), inaugure sa présidence par des discours de langue de bois – et par un mensonge : dans sa déclaration d’intérêts du 31 janvier 2011, il dit n’avoir rien à déclarer, aucun lien.
Or le 21 février, il adresse un courrier à Muguette Dini, la présidente de la Commission des affaires sociales au Sénat, et un autre à Pierre Méhaignerie, président de la même Commission à l’Assemblée nationale, dans lesquels il affirme avoir tardé à répondre à la demande que les deux élus avaient formulé lors de son audition le 19 janvier parce que « le recueil des données a été plus long que prévu ». Il détaille « les liens d’intérêts » qu’il a « entretenu pendant les trois ans avant [s]a nomination » et affirme avoir cessé tout cela dès qu’il est devenu président de la HAS. Comme si on pouvait, d’un coup de baguette magique effacer ces liens financiers mais aussi personnels, les sommes d’argent et tous les privilèges…
68.456 euros en 2008 (de 16 laboratoires pharmaceutiques : Amgen, Cyclacel, Elios, Genzyme, Innovex, International Myeloma Foundation, Ipsen, Janssen Cilag, Kobe, Kiowa Hakko Bio, MSD [Merck], Pharmamed, Pharmion, Proteolis, Quintiles, Schering Plough)
85.724 euros en 2009 (de 12 compagnies pharmaceutiques : Amgen, BioInvent, BMS [Bristol Myers Squibb], Celgene, Janssen Cilag, Kyowa, Millenium, Mundi Pharma, Novartis, Novus Pharma, Otsuka, Proteolix)
51.662 euros en 2010 (de 10 firmes : Amgen, BMS, Celgene, Chugai, Janssen Cilag, Millenium, Novartis, Onyx, Proteolix Onyx, Seattle Genetics).
Cela fait un total de 205 482 euros rien qu’en honoraires personnels, sachant que le montant indiqué est celui qu’il a encaissé, donc « après paiement des taxes : TVA et URSSAF »… La déclaration (contenue dans les courriers) vaut le détour, car les conflits d’intérêts ne s’arrêtent pas à ces « honoraires ». Si l’on compte aussi les sommes perçues à titre institutionnel – et ce sont des conflits d’intérêts, même dans la compréhension très soft à la française -, le montant avoisine les 12 millions d’euros…
Parmi les prestations personnelles ainsi rémunérées figurent des conférences lors de réunions de formation médicale continue, financées à 98% par les firmes et qui sont rien d’autre que des supports publicitaires plus ou moins directs (voir ces notes)… Décidément, Jean-Luc Harousseau est un parfait exemple de leader d’opinion (key opinion leader, voir le dossier traduit du British Medical Journal), prêt à aller désinformer ses confrères médecins en vantant les mérites des médicaments des firmes qui le paient… Sans parler de sa « participation » à des « conseils scientifiques » de certains laboratoires, qui est un lien majeur avec la réussite de la stratégie d’un laboratoire et dont on ne se défait pas du jour au lendemain…
L’Express a publié une brève qui parle de cela sous le titre « La tardive transparence de la HAS ».
Elena Pasca
Copyright Pharmacritique
Bravo pour ces informations qui donnent du coeur à l’ouvrage.
Et dire qu’il y a encore des gens qui croient et aux Assises du Médicament et à l’HAS…
Sainte Irène qui pensait que Xavier Bertrand était l’homme de la situation.
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consternant, dégoûtant,
mais le contraire je n’y aurais pas cru,
personnellement je baisse les bras et vais m’occuper de moi-même et de mes plaisirs, sinon je ferais un massacre type meurtre de masse
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Pharmacritique,
d’accord, l’avertissement est dans le nom, pourtant, une bonne nouvelle de temps à autre ne serait pas de trop… . qu’en pensez-vous?
salutations
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docAt,
peut être il n’y a pas de bonnes nouvelles par ce temps ?!
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Quel message plein d’angélisme… Si je suis, certes, assez perturbé par le montant des sommes perçues par le Pr Harousseau (cela représente quand même 5000 euros par mois sur trois ans, quid de la légalité de ce type de revenu chez un « fonctionnaire » ???), en tant qu’hématologue, j’ai assisté à certaines de ces réunions (souvent appelées symposiums pour faire la différence avec les réunions de sessions éducationnelles) auxquelles participaient le Pr Harousseau (je ne pense pas que ce soit le cas de l’auteur du billet…). Je dois faire part du fait que je n’ai jamais entendu de propos partisans pour un labo ou un autre dans les présentation du Pr Harousseau (que je ne connais pas personnellement, je n’ai aucun conflit d’intérêt dans ce message ;-), d’ailleurs présentations toujours de grandes qualités et s’appuyant sur des données publiées.
Il est facile de taper en permanence sur les labo. Il faut rester vigilant, la visite médicale n’a dans 95 à 99% des cas aucune utilité réelle. En revanche, les laboratoires pharmaceutiques restent des interlocuteurs importants pour les essais cliniques, ils les financent en grande partie soit en espèces sonnantes et trébuchantes soit en fournissant leurs molécules onéreuses… C’est ce que signifie une partie des sommes versées au niveau institutionnel (il a été jusqu’à sa nomination président de ‘Institut Francophone du Myélome – IFM- un des groupes collaboratif les plus actifs sur cette maladie). Pour l’instant, aucune alternative n’existe pour monter de grands essais (en particulier au niveau subventions publiques qui sont ridicules par rapport aux fonds nécessaires), n’en déplaise à certains bien-pensant ou politicien…
C’est bien beau de dénoncer en permanence mais qu’on me donne des bouts de solution pour financer la recherche en particulier clinique en France et en Europe, la formation médicale continue (les congrès majeurs sont internationaux, ça coûte très cher entre l’inscription, l’hébergement et le vol)…
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une minute d’humour (noir) relevé sur le site de la HAS :
« Jean-Luc Harousseau et l’ensemble du Collège saluent le remarquable travail que François Romaneix a effectué, dès la mise en place de la Haute Autorité de Santé, puis pendant près de cinq ans à la direction de l’institution, notamment en adaptant l’organisation de la HAS aux défis qu’elle avait à relever. »
Au Dr Picorna : le rapport d’un professeur Grec (indépendant celui-là) montre que 90% des études médicales sont biaisées ou carrément truquées , rapport accepté par la communauté scientifique médicale… je refais un commentaire ultérieurement, pas le temps, car je me renseigne sur prise d’iodure de potassium en cas d’explosion des réacteurs japonais, vu le précédent Tchernobyl et l’explosion des maladies thyroïdiennes depuis…
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MGFranc : des preuves ?
Quant au iodure de potassium, son efficacité n’est prouvée que chez l’enfant…
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Au Dr Picorna,
Merci pour vos commentaires.
Non, je n’ai pas assisté à ces réunions. C’est ce qui me permet d’affirmer n’être sous aucune influence…
Vous parlez d’un symposium, distinct des réunions éducatives. Mais justement, s’il est distinct, c’est pour mieux marquer son financement par l’industrie pharmaceutique, par les laboratoires qui ont des médicaments à vendre en rapport avec la thématique du congrès formation médicale continue en question.
J’ai l’habitude de dire qu’il faudrait être schizophrène ou souffrir de personnalités multiples pour pouvoir affirmer qu’une telle participation et de telles sommes d’argent n’influencent pas les décisions, les comportements, etc.
L’esprit humain est ainsi fait: dès qu’on est exposé à une source de contamination, d’influence, on est sous influence. Plus on se pense invulnérable – et c’est le cas de la plupart des médecins – plus on est vulnérable, car on n’en est même pas conscient et on pense agir librement…
Regardez les études en psychologie sociale sur les moyens d’influence, de persuasion, de manipulation.
Bien entendu, le Pr jean-Luc Harousseau comme d’autres leaders d’opinion, bien éduqués par les laboratoires qui les paient, ne vont pas faire une publicité grossière, citant à tout-va les noms des commanditaires. Ce serait contre-productif, surtout aux yeux des médecins qui veulent garder leurs illusions et croire à la nature scientifique de ce qu’on leur livre là… Ces illusions – et les rationalisations et justifications qu’elles permettent de générer pour se donner bonne conscience en se mentant à soi-même -, leur permettent de ne pas débourser d’argent pour financer eux-mêmes leur formation continue et de ne pas cesser de profiter de l' »hospitalité » des firmes (voyages au soleil, repas, soirées…), des privilèges apportés par les visiteurs médicaux, etc.
Ces leaders d’opinion placés aux articulations stratégiques du système sont gérés par l’industrie pharmaceutique – qui n’est pas motivée par la philanthropie, quand même… – de façon à ce qu’ils amortissent l’investissement et génèrent des bénéfices. Si le Pr Harousseau n’avait pas rapporté gros aux laboratoires qui le paient, il n’aurait plus reçu grand-chose.
Il y a même des logiciels qui calculent le rendement de chaque « key opinion leader »: voir le dossier du British Medical Journal, dont j’ai traduit des extraits dans cet article: « Les médecins leaders d’opinion: pantins du commerce pharmaceutique »
http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2008/06/20/les-medecins-leaders-d-opinion-pantins-du-commerce-pharmaceu.html
Ce sont des VRP, des visiteurs médicaux de luxe, et leur emploi illustre la tendance actuelle dans le marketing pharmaceutique, mise en évidence par des analystes de ce secteur: le marketing relationnel, qui mise sur les leaders d’opinion (qu’ils soient professionnels de santé ou responsables d’associations de patients ou encore journalistes ou autres producteurs ou passeurs d’information).
Alors oui, vous êtes vous-même sous influence, d’autant plus que vous croyez ne pas l’être.
Même le sourire d’un visiteur médical crée une influence, une obligation de réciprocité plus ou moins consciente.
C’est un condensé de conflits d’intérêts, ce monsieur Harousseau… Sans oublier son appartenance politique, qui pose elle aussi problème lorsqu’il est à la tête d’une telle instance publique.
Plein de biais partout, comme s’il n’y en avait pas assez… Fouillez un peu sur ce site, vous trouverez plein d’exemples.
En tant qu’usager, c’est moi qui subis les conséquences de ses décisions – et des vôtres, cher docteur – c’est moi qui paie, dans tous les sens du terme. Y compris pour l’argent qu’empoche ce monsieur, qui sort de mes poches, à travers le prix des médicaments, par exemple. Raisons très fortes – et ce ne sont pas les seules – pour que j’aie un droit de regard.
Après des fonctions très lucratives, politiques comme économiques, le voilà qui veut se refaire maintenant une virginité médicale à coups de déclaration d’intérêts vierge (voir sa DPI de janvier, avant la demande des commissions sociales du Sénat et de l’Assemblée)…
Trop tard. La seule solution, s’il a le moindre sens de l’éthique – et un peu de dignité -, c’est la démission.
Bien à vous.
Elena Pasca / Pharmacritique
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Les mises en place des hautes autorités de contrôles devraient être subordonnées au moins à deux choses:
1) Aucune appartenance un groupe d’intérêt économique , aucun lien à un groupe pharmaceutique, aucun lien de subordination avec des groupes de recherches, etc …
2) Tous ces acteurs devrait être non pas désignés par des politiques ou autres entités mais devrait être tirés au sort parmi des personnes « éthiquements responsables ».
Bien à Vous !
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Moi je suis dégouté par cet homme, il propose par la HAS de reduire le remboursement des molécules qui ralentissent les effets d’Alzheimer… Un médecin qui enfonce des malades.
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Je suis malade d’une maladie hériditaire qui est Beta Thalassémie Hémozigote depuis ma naissance je pevois suivre men tiaitement en France je vous prie de m’arienté afin d’atténdre ce vœu_
Avec tems mes
Remuer çecment
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