Sanofi et Daiichi Sankyo retirent 13 lots de vaccins Act-Hib au Japon. Rappel des moyens de désinformation/ marketing pharmaceutique…

Une dépêche de Reuters nous informe que le laboratoire DAIICHI SANKYO, qui distribue au Japon le vaccin Act-HIB (de Sanofi-Pasteur) a annoncé aujourd’hui (11mars) le retrait de 13 lots de ce vaccin autorisé dans la prévention de certaines infections à heamophilus B.

Je rappelle les questions majeures posées quant aux vaccins de la grippe A H1N1, aux adjuvants et aux diverses stratégies de communication d’influence, marketing et désinformation, utilisées dans les actions de lobbying et de ghost management des industriels pharmaceutiques producteurs de vaccins. Le ghost management étant le management total, la gestion fantôme, invisible mais omniprésente visant à contrôler toutes les composantes de la recherche, de la formation et de l’information médicales.

La taille des lots varie de plusieurs dizaines de milliers à plusieurs centaines de milliers de doses. Cette décision fait suite à la découverte d’une « substance non identifiée » dans deux seringues préremplies d’Act-HIB, et notamment dans le solvant servant à reconstituer le vaccin.

Le communiqué de Daiichi Sankyo, qui énumère les numéros des lots et demande « la compréhension » du public, souligne que le contaminant en question n’est pas d’origine bactérienne et que le rappel est « volontaire ».

Le 7 mars, le ministère de la Santé japonais avait décidé de suspendre la commercialisation de ce vaccin ainsi que du vaccin Prevenar 7 de Pfizer (distribué par sa filiale Wyeth en France), après le décès de 4 enfants dans les deux jours suivant la vaccination. Sachant que deux enfants avaient eu en même temps une dose de vaccin mixte contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. Les doses de Prévenar 7 proviendraient de trois lots distincts.

Je rappelle que ce vaccin représente à lui tout seul 2,4 milliards de dollars de chiffres d’affaires par an pour Pfizer / Wyeth (selon Boursorama, qui notait aussi une forte baisse du cours de l’action de Sanofi suite à l’annonce japonaise du 7 mars).

Dès le lendemain (!), donc le 8 mars, un « panel d’experts » s’est prononcé contre un lien de causalité entre les vaccins et les décès. Toutefois, le ministère japonais maintient pour le moment sa décision, en attendant le résultat d’ »investigations complémentaires ». Le retrait des lots d’Act-HIB devrait être un argument supplémentaire.

Selon un point d’information de l’Afssaps /ANSM , daté d’aujourd’hui, il s’agit de 6 décès, et non plus 4. Voici quelques précisions:

« Six décès ont été rapportés au Japon chez des nourrissons âgés de 3 à 19 mois, quelques jours après leur vaccination. Trois d’entre eux ont été vaccinés avec Prevenar 7® et Act-Hib®, dont 2 avaient également reçu un vaccin combiné contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos (DTP) ; un enfant a reçu le vaccin Prevenar 7®  et le DTP ; un enfant a reçu le vaccin Act-Hib® et le BCG, et un enfant a reçu le vaccin Act-Hib® et le DTP. Quatre nourrissons sur six présentaient des pathologies cardiaques ou pulmonaires pré-existantes, et une infection sous-jacente. »

En Europe, la députée européenne Michèle Rivasi a demandé, lors d’un entretien avec le commissaire européen à la Santé John Dalli, l’annulation de l’aMM (autorisation de mise sur le marché) du vaccin Pandemrix (de GSK) suite à 162 cas de narcolepsie signalés dans plusieurs pays d’Europe (voir cet article). Il semblerait que ce soit le squalène, adjuvant contenu dans ce vaccin – de même que dans sa variante canadienne Arepanrix – qui soit soupçonné. L’on parle plus précisément de l’adjuvant AS03, composé de :

  • squalène (10,6 mg)
  • DL-alpha-tocophérol (11,8mg)
  • polysorbate 80 (4,8mg)

**

Je rappelle les mises en garde, dont Pharmacritique s’est fait l’écho dès l’été 2009 (voir la vingtaine d’articles de cette catégorie, en descendant sur la page), portant sur ces adjuvants sans évaluation digne de ce nom et pourtant inclus dans des vaccins administrés à des dizaines de millions d’Européens. Je rappelle aussi que les Etats-Unis n’ont pas pris ce risque, puisque tous les vaccins contre la grippe A H1N1 autorisés outre-Atlantique ont été fabriqués selon les technologies classiques antigrippe. Donc sans ces adjuvants nouveau, qu’il s’agisse du squalène, des cellules MDCK ou autres.

Sans vouloir être catastrophiste, il faut rappeler certaines choses, à commencer par la sous-notification chronique d’effets secondaires, puisque les estimations parlent de 1% à 10% (selon les auteurs) d’effets indésirables de médicaments et de vaccins signalés aux autorités de pharmacovigilance.

Il faut aussi dire que la revue allemande indépendante Arznei-Telegramm a eu raison – comme toujours depuis 40 ans qu’elle existe – en affirmant que l’Europe a permis aux laboratoires de faire une « expérimentation grandeur nature » avec les vaccins contre la grippe A H1N1 (Pandemrix, Focetria, avant de proposer des vaccins adjuvantés aux autorités sanitaires nord-américaines (FDA : Food and Drug Administration). Preuves à l’appui, puisque la revue a cité des études de marché, une en particulier, dans laquelle des analystes ont conseillé aux firmes pharmaceutiques cette façon de faire. Pour éviter un refus par la FDA, qui aurait été catastrophique en termes de communication. On sait que lorsque la FDA autorise un médicament / vaccin, les autres suivent. Pour un refus, ce n’est pas automatique, mais l’influence de la décision se fait quand même sentir et celle-ci peut être utilisée par les contestataires.

Nous sommes donc vraisemblablement en train de découvrir les effets des adjuvants – ou du moins ceux rapides. Il n’y a ici aucun catastrophisme de ma part, car je ne suis pas antivaccinaliste.

Cette dépêche de Reuters donne d’autres détails de l’annonce faite le 7 mars au Japon, concernant le Prévenar 7 et Act-HIB. S’agissant de détails différents, j’avoue faire plus confiance à Reuters – et en général aux sources anglo-saxonnes, qu’au journal Le Figaro

*

« Ghost management » : gestion invisible, complète et omniprésente

D’abord parce que le journalisme d’investigation est une espèce déjà disparue en France, car les journalistes se bornent à reprendre les communiqués de presse, qui émanent la plupart des laboratoires et autres industriels concernés. Ce sont ceux-ci – et les lobbyistes qui les représentent – qui ont les moyens de communication, à tous les sens du terme, à la fois parce qu’ils financent les supports médiatiques eux-mêmes et parce qu’ils paient une cohorte d’agences de communications, divisions marketing des laboratoires et/ou des sociétés de recherche sous contrat (SRC ; ou CRO en anglais: contract research organisations).

Les sociétés de recherche sous contrat fonctionnent comme de véritables sous-traitants à la fois pour la recherche et pour la rédaction d’articles – donc pour la production de l’information. J’ai donné un exemple français toujours d’actualité dans une autre expérimentation grandeur nature, à savoir le Gardasil. Voir la cinquantaine d’articles à partir des catégories de Pharmacritique consacrées à ce vaccin HPV et au Cervarix :

Pour la recherche française et la rédaction de l’ « information » sur le Gardasil, Sanofi-Pasteur MSD (50% de Sanofi-Aventis et 50% de Merck) a utilisé la société de recherche sous contrat Thérapharm, comme on peut le lire en détail dans ce billet qui rend compte des diverses techniques de contrôle et d’influence relevant du ghostwriting et du « ghost management » (Sergio Sismondo, 2007) : une gestion fantôme car exercée depuis les coulisses, mais non moins efficace car omniprésente. C’est un management total de toutes les composantes et des étapes de la vie d’un médicament ou d’un vaccin, depuis sa conception jusqu’à la recherche clinique, aux stratégies de marketing et communication d’influence (grâce aux leaders d’opinion, aux formes de publicité et d’influence…), sans oublier le contrôle exercé sur l’information quant au rapport bénéfices-risques et même sur la pharmacovigilance. Dans le cas d’école du Gardasil, la société de recherche sous contrat Constella Group a été chargée de quasiment toutes les étapes de la vie de ce vaccin anti HPV, y compris le recueil des effets indésirables à travers le système de pharmacovigilance vaccinale VAERS des États-Unis.

En France aussi, les articles conçus par les ghostwriters des sociétés de recherche sous contrat telles que Therapharm, sous contrôle des ghost managers de Sanofi-Pasteur MSD, ont été par la suite signés par des leaders d’opinion tels que le Pr Didier Riethmuller ou le Dr Jean-Luc Prétet. Sans que l’on sache s’il s’agit là d’auteurs au vrai sens du terme, ayant participé aux recherches et eu accès à toutes les données, ou alors simplement d’« auteurs invités » qui signent parce que c’est Sanofi pour lesquels ils sont consultant qui leur soumet une recherche et un article écrit peut-être par des « auteurs fantôme ». Recherche qui confirme étonnamment pour la France les chiffres donnés par la firme Merck pour un pays des plus pauvres tels que Haïti…

C’est de ce type de producteurs d’information – qui ont pour seul et unique client les laboratoires pharmaceutiques et font tout ce que leurs clients leur demandent (c’est dit sur leurs sites) – que résultent ce qu’on voudrait appeler « connaissances ». Et donc aussi le « savoir » scientifique systématisé, qui est biaisé de part en part.

On le voit pour chaque dimension de la recherche, de la formation et de l’information médicales: dès qu’il y a financement industriel, il s’agit d’une entreprise de désinformation, comme je le dis et répète dans les articles accessibles à partir de catégories telles que « Désinformation médicale » ; « Media, presse médicale, organes publicitaires lobbies » ; « Ghost writing, ghost management, auteurs fantôme », Gardasil conflits d’intérêt, etc.

Lire en particulier l’article de Sergio Sismondo, Ghost Management: How Much of the Medical Literature Is Shaped Behind the Scenes by the Pharmaceutical Industry? PLoS Med 2007, 4(9): e286. 

Elena Pasca

Copyright Pharmacritique

2 réflexions au sujet de “Sanofi et Daiichi Sankyo retirent 13 lots de vaccins Act-Hib au Japon. Rappel des moyens de désinformation/ marketing pharmaceutique…”

  1. “I think the Japanese Ministry of Health was foolish to suspend the HIB and pneumococcal programs,” says Paul Offit…..In all likelihood, Offit says, the four deaths are likely to be sudden infant death syndrome or another cause; he says two of the children had serious underlying health conditions. Any time a large number of people are given a vaccine, some of them will get sick and die just by chance…….
    cf http://blogs.forbes.com/matthewherper/2011/03/07/dont-be-frightened-by-japans-vaccine-scare/

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