Avastin augmente de 33% le risque relatif de thromboembolisme veineux (caillots sanguins), selon une méta-analyse parue dans JAMA

Décidément, l’Avastin (bevacizumab) de la firme Roche est un sujet récurrent dans les pages de Pharmacritique. Pour un médicament qui coûte les yeux de la tête pour prolonger éventuellement de quelques semaines la vie des malades et dont on a déjà décrit pas mal d’effets secondaires, cela commence à sentir de plus en plus mauvais…

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Ses propriétés d’inhibiteur d’angiogenèse (angiogenèse veut dire croissance de vaisseaux sanguins qui nourrissent les tumeurs) font qu’il augmente de 33% le risque relatif de thromboembolisme veineux.

Or les caillots sanguins sont l’une des principales causes de morbidité et de décès des patients souffrant d’un cancer…

Shobha Rani Nalluri et ses collègues de l’Université Stony Brook à New York sont arrivés à ce résultat à la suite d’une méta-analyse de 15 études contrôlées randomisées incluant 7.956 patients souffrant de cancers avancés du colon, du poumon, du rein et du sein. L’article est paru le 19 novembre dans le Journal of the American Medical Association (JAMA 2008;300[19]:2277-2285) ; le résumé est disponible sur cette page.

Le risque de développer des maladies thromboemboliques augmente de 33% chez les malades traités par Avastin à haute comme à faible doses par rapport à ceux du groupe de contrôle, avec 11,9% pour tous les degrés de gravité et 6,3% pour les cas les plus graves.

« The summary RR [relative risk] of all-grade venous thromboembolism was 1.29 (95% CI, 1.03–1.63; P = .03), suggesting a 29% greater risk for developing all-grade venous thromboembolism with bevacizumab compared with a control. (…) [T]he summary RR of high-grade venous thromboembolism was 1.38 (95% CI, 1.12–1.70; P = .002), suggesting a 38% greater risk for developing high-grade venous thromboembolism with bevacizumab compared with a control.”

La fréquence des caillots sanguins varie selon le type de cancer : 19,1% dans le cancer colo-rectal, 14,9% dans le cancer du poumon, 7,3% dans le cancer du sein et 3% dans le cancer du rein.

Les auteurs détaillent les hypothèses qui expliquent un tel effet indésirable :

« Le développement du thromboembolisme veineux peut résulter de l’effet anti-VEGF du bevacizumab. Celui-ci peut exposer les phospholipides sous-endothéliales procoagulantes causant la thrombose par inhibition de la régénération endothéliale induite par le VEGF. [31] De même, le bévacizumab peut diminuer la production d’oxyde nitrique et de prostacycline, ce qui prédispose à la survenue d’événements thromboemboliques [32]. L’inhibition du VEGF peut aussi augmenter le risque de thrombose par l’augmentation de l’hématocrite et de la viscosité du sang par le biais d’une surproduction d’érythropoiétine [33]. De plus, à cause de l’effet cytotoxique renforcé, le bévacizumab peut augmenter la libération dans la circulation sanguine de procoagulant provenant de la la tumeur. Le bévacizumab peut augmenter l’expression des cytokines proinflammatoires, provoquant des dégâts et la formation de thrombus in situ. [34] De façon alternative, le risque accru de thromboembolisme veineux peut être secondaire à une survie prolongé par le bévacizumab. Toutefois, le bénéfice en termes de survie n’a été observé à ce jour que chez les patients souffrant d’un cancer colorectal et de NSCLC (carcinome non à petites cellules.

Remarquez la dernière phrase sur le bénéfice en termes de survie des patients. Le carcinome non à petites cellules (NSCLC) est la forme la plus commune de cancer du poumon.

Les auteurs conseillent l’ajout d’un label noir (degré le plus fort de mise en garde) dans le RCP (résumé des caractéristiques du produit) et attirent l’attention sur le fait que la combinaison avec le thalidomide peut augmenter encore plus le risque de formation de caillots sanguins.

Décidément, les pays qui ont beaucoup hésité – ou ont carrément refusé – d’autoriser l’Avastin n’avaient pas tort… Aux Etats-Unis, le sénateur Charles Grassley, qui a protesté contre la multiplication de ce genre de pseudo-traitements extrêmement onéreux, a été carrément accusé par l’industrie pharmaceutique de mener une guerre contre les malades de cancer… Bien entendu, les firmes ne se sont pas exprimées directement de cette façon, mais ont instrumentalisé des associations de malades et des leaders d’opinion – qu’elles paient pour ça…

L’image est tirée de Healthcare ZDnet, où elle est assortie d’un commentaire acide sur le fait que la FDA (agence états-unienne du médicament) a autorisé l’Avastin alors qu’il réduit des tumeurs mais n’a aucun bénéfice en termes de survie, ce qui pose problème vu son prix…

C’est aussi l’opinion de Pharmacritique. De plus, cela semble être une tare définissant toute la classe d’anticorps monoclonaux présentés comme révolutionnaires par les firmes de biotechnologies censées remplir les pipelines des grosses firmes pharmaceutiques… C’est le cas avec l’Avastin, produit par Genentech, qui a été rachété par Roche pour 43,7 milliards de dollars, comme nous le disions dans cette note.

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MISE A JOUR

D’autres articles reviennent sur les effets secondaires de toute la classe de médicaments dont fait partie Avastin (anticorps monoclonaux), tels que la leucoencéphalopathie multifocale (LEMP) et traitent de l’absence de l’évaluation rigoureuse en termes bénéfices – risques, de l’autorisation de mise sur le marché trop rapide et non argumentée de tels médicaments par les agences du médicament et de la nécessité d’une évaluation globale. Ils sont réunis sous la catégorie « Avastin, Enbrel, anticorps monoclonaux, anti TNF« .

Elena Pasca

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11 réflexions au sujet de “Avastin augmente de 33% le risque relatif de thromboembolisme veineux (caillots sanguins), selon une méta-analyse parue dans JAMA”

  1. L’avastin c’est pas bon pour les reins en plus, protéinurie, HTA, insuffisance rénale, microangiopathie thrombotique.
    Les HTA sont souvent sévères avec ce médicament.
    La CAT concernant les complications rénales des antiangiogéniques est détaillée dans une mise à jour de la société française de néphro (disponible sur son site)

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  2. Bonjour, ma maman est atteinte d’un cancer diagnostiqué en octobre 2009 (tumeur de 10 cm de diamétre, située sur les tissus du promontoire de la colonne vèrtébrale). Selon les médecins cela serait une recidive probable de son premier cancer (coloréctal)d’ il y a 1 an et demi.
    Elle a donc commencer une chimiothérapie (folfox+avastin) le lundi 23 novembre 2009. Trois jours plus tard, elle fut prise de violentes douleurs à l’abdomen et a été conduite aux urgences. Cinq jours plus tard, ils ont fini par voire que son ganglion et son côlon avaient éclaté (je vous passe les details sur la souffrance endurée ).Elle s’est faite opérée en urgence car sinon risque de péritonite. Maintenant elle est toujours à l’hôpital et les médecins nous ont dit qu’il fallait vivre les choses au jour le jour,que ses jours n’étaient pas comptés mais que son cas était très grave.Les médecins nous ont également dit qu’elle devra garder sa poche toute sa vie.Tout cela ne serait jamais arrivé sans l’avastin, qui, selon les dires d’ un des médecins aurait trop bien fonctionné, provoquant ainsi l’éclatement de la tumeur et du côlon.J’aimerais savoir si d’autres personnes sont concernées par les effets terribles que peut avoir l’avastin sur la santé.En attendant merci pour l’interêt que vous aurez porté à notre histoire.

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  3. Bonsoir, je suis tombé par hasard sur vitre site, puis de fil en aiguille sur cet article , ma mère est décédée en décembre 2007 des suites d’un cancer du colon, diagnostiqué semble t’il a un stade avancé, elle n’a pas pu être opérée, après un premier traitement (j’ai peur de me tromper ms je crois qu’il s’agissait du cetuximab) il lui a été proposé début 2007 de « tester » un médicament proposé a titre encore expérimental (son consentement avait été recueilli par écrit) l’avastin… D’après les premières analyses, la taille de la tumeur avait sensiblement diminué, j’ai même l’impression que son état général était meilleur. Pourtant un jour, lors d’une hospitalisation de contrôle, elle a été victime d’une hémorragie, au niveau de la tumeur, il ns a été expliqué que cela était du à un effet lié a l’action de l’avastin. Ce traitement a alors été interrompu, puis repris avec le même traitement qu’au début. Meme si c’est purement empirique, je me dis que peut être, quel qu’ait été l’effet non désiré, cela a permis d’allonger ne serait ce qu’un peu sa vie, elle aura pu voir ses petites filles jusqu’à leurs 4 mois… Merci pour votre démarche et pour ce site.

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  4. Bonsoir, mon compagnon est décédé mi aout 2011, en cours de sa 2è chimio folfox et avastin, pour une récidive aux poumons de son cancer colorectal,
    après 3 jours de souffrance, avec une HTA a 20/12 violents maux de tête, , siagnements de nez , gros caillots, il est décédé d’un hématome massif au cerveau, cela confirme mon analyse de la necessité d’intervenir rapidement face aux effets secondaires de ce produit, malheureusement pour lui personne n’a semblé s’inquieter malgré mes appels au secours dans le service concerné, une enquête est en cours…merci pour ces infos et témoignages,
    qui m’aide dans mes demarches, pour connaitre la vérité sur sa mort brutale !
    [Note de Pharmacritique: Nom de famille effacé, car il s’agit d’informations très personnelles. Sur internet, il suffit d’utiliser un prénom ou un pseudonyme, par prudence]

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  5. Bonjour,
    Mon conjoint, après une chimio de près de 9 mois (débutée en janvier 2011), avec ajout de Zoometa plus EPO occasionnellement lorsque son hémoglobine était trop basse, a été mis sous Avastin car il ne supportait plus la première chimio. Il recoit une perfusion d’Avastin au 15 jours depuis septembre dernier. Je ne peux dire que les choses que je constate et, comme il est conscient que ce médicament ne fait que prolonger sa vie et non guérir son cancer (poumon + métastases) et qu’heureusement il n’a pas d’effets secondaires indésirables (la facon dont le protocole d’administration est respecté y contribut peut-être) me fait dire que, tout ce qui pour une personne à qui l’on peut donner un peu de « vie » et avec une certaine qualité et à qui on a donné le choix, seulement ces personnes devraient témoigner. Ils n’ont que la volonté de survivre, de profiter encore un peu de nous qui les aimons tant. Alors oui, ce médicament est coûteux, non il ne guérit pas, mais si il peut nous permettre de passer encore quelques semaines ou mois ensembles, QUI N’Y SOUSCRIRAIT PAS? La polémique dépasse ici la politique, le lobying etc… je sais que ce médicament prolonge nos moments ensembles, Merci

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  6. bonjour
    ayant été ateint dune tumeur du colon; operé depuis 1 an biopsie faite les 2 extremités sont seines, chimio standard faite rien de special, guérrie. je me sent comme un lion .
    pendant un control de routine le medecin me dit il y a un recidive au niveau du peritonal et metastaze; grand dieu! il ma dit de faire un pet-CT urgent pour voir plus claire et apres il ma prescris avastin, il ma dit commence le traitement, sans attendre le résultat du pet-ct ?? bizzare non?
    jai eu des doutes, pourquoi il ma dit de faire un pet-ct ? maintenant il me dit directement la terapie avec avastin. je me suis deplacer dans un autre pays , et bein les medecins mon dit de quel metastaze parle ce medecin, tu te porte comme un charme et cet avastin fait plus de mal que du bien; en plus j’ai un probleme du rein que le premier le medecin a deja observer mais il ne ma pas dit que c’est déconseiller d’utiliser avastin quand il y a un probleme du rien; noter que c’est un souci qui na rien de tumoral
    j’ai commencer a faire des recherche sur internet source medicament et c’est vrai son utilisation n’est pas encouragée vue ces effets secondaires desastreux et a long terme aucun ne sait ce que ce truck peut provoquer ; daileur au USA il a été retirer en ce qui concerne la tumeur du sein, ca ils ont vu qu’il ne fait rien de bien .
    donc je suis en atante de voir plus clair et j’ai refuser de faire ce traitement. je ne désire pas étre le cobai ou le rat de laboratoire surtout que je me sent trés bien. la contre visite ma dit je n’ai rien ni recidive ni metastaze. donc prenez le temps de consulter plusieurs medecins et de croire en la guerrison; dieu soit avec nous tous.

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  7. Maman, 60 ans, a un cancer de l ovaire stade tres avancé peritoine touché et poumon, traitée depuis 45 jours au folfox 4 et avastin, avant hier elle a fait une peritonite complication rare liée à l’avastin. Elle a été opérée mais les douleurs sont vives. Il faut attendre pour etre certain qu’ il n’ y a pas de complication post op…

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  8. Bonjour,
    Merci pour toutes les informations, pour tous les témoignages. Toute ma sympathie à celles et ceux qui souffrent, eux-mêmes et/ou leurs entourages.
    Comme dit Messi, prenez le temps de demander plusieurs avis. Prenez le temps de vous informer aussi de sources indépendantes, pour pouvoir prendre une décision en connaissance de cause – une décision médicale partagée et non pas juste l’exécution de ce que tel médecin a décidé pour vous, pour des raisons de conflits d’intérêts, de manque de temps ou autre.
    Je l’ai souvent dit: « consentement éclairé », cela ne veut pas dire décision partagée (shared decision making) et responsabilité partagée, en connaissance de cause. Non, car surtout selon les habitudes françaises, cela veut dire que le médecin vous amène à consentir à ce qu’il a décidé à votre place.
    Cela ne changera que lorsque nous tous ferons ce qu’il faut pour que la santé en soit plus la chasse gardée des corporations qui veulent maintenir leur emprise et leurs intérêts d’abord commerciaux. Lorsque nous ferons ce qu’il faut pour que la corporation médicale ne soit plus au-dessus des lois de la République (il suffit de penser à l’immense pouvoir du conseil de l’ordre d’abord sur les médecins eux-mêmes, puis à la plupart des syndicats et à leur lobbying).
    Il nous faut renoncer à l’ignorance confortable, au statut de victimes éternelles d’un énième médicament (et des mêmes pratiques médicales…) et prendre nos responsabilités, agir pour que l’ensemble du système surmédicalisé change. Cela veut dire aussi un changement complet de la relation médecin/patient. Si actuellement, c’est le médecin qui décide et que les victimes d’erreurs médicales et de médicaments ont peur de parler parce (ils craignent les représailles), c’est parce que cette relation médecin/malade est toujours fondée sur des rapports de pouvoir plus ou moins explicites, sur un paternalisme bien enraciné dans notre culture.
    Cette décision en connaissance de cause est d’autant plus importante que le risque est grand de faire des complications sévères.
    Prendre nos responsabilités veut aussi dire ne pas demander et ne pas accepter une prescription, un médicament ou toute autre intervention médicale, à moins que cet acte soit vraiment indispensable.
    Car on sait qu’en médecine, il n’y a pas de risque zéro, il n’y a pas non plus de superflu (un acte injustifié, par exemple) qui serait anodin; tout acte médical superflu, sans justification médicale, peut entraîner un risque plus ou moins important, un effet indésirable de sévérité variable.
    Bon courage à toutes et à tous!
    Cordialement,
    Elena Pasca

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  9. ma mere est decedee il y a quelques semaines des effets secondaires de l’avastin. Elle a fait une peritonite et etant dans l’impossibilite de reprendre la chimio le cancer s’est répandu à vitesse grand v elle est décédée 15 jours apres sa peritonite.

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  10. vois vos avis sur xolair et son second medoc !!!!!!! DANGER !!! je dois faire la 1 inject demain vendredi pendant 6mois en 600 !!!! a avis svp ENVIE D ANNULER RDV AVIS AVIS TRES PEUR MAIL URGENT MERCI

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