Big Pharma veut éliminer Therapeutics Initiative, groupe canadien pour l’EBM et un usage raisonnable du médicament

Le sort de cet organisme indépendant, qui n’excelle même pas dans la critique, mais fait son travail d’application d’une médecine fondée sur les preuves (evidence-based medicine) dans l’intérêt général de la santé et des finances de la population canadienne, sera décidé fin octobre. Un courriel peut être adressé au chef des inquisiteurs pour protester contre l’exécution programmée de Therapeutics Initivative par les sbires médicaux de l’industrie pharmaceutique.

Nous sommes complices si nous restons sans réagir alors que l’industrie pharmaceutique censure, discrédite et élimine un par un les groupes, les associations et les individus qui osent critiquer ou juste avoir un point de vue différent et penser par eux-mêmes.

Cette photo de guillotine est tirée du Wall Street Journal (dans un autre contexte).

La question s’est déjà posée au mois de mai, lorsqu’un groupe de travail a été créé à l’initiative du ministre de la santé de la Colombie Britannique, afin d’évaluer les modalités de mieux gérer les médicaments et de réduire les dépenses de l’assurance-maladie publique.

 

Curieusement, ce groupe, dont 5 membres sur 9 ont des liens financiers avec les firmes pharmaceutiques, s’en est pris à Therapeutics Initiative, un organisme indépendant, formé en 1994 à l’Université de Colombie Britannique, qui formule des recommandations pour un usage raisonnable du médicament, en accord avec la médecine fondée sur les preuves (EBM), et met en garde contre des produits dangereux, tels Vioxx ou Avandia. La première partie de l’histoire est racontée dans cette note d’Ed Silverman.

 

Le rapport de ce groupe de travail (cf. p. 25 sq.) préconise non pas de « réformer » – ce qui serait déjà mal venu -, mais carrément de remplacer Therapeutics Initiative par une autre formation, qui, elle, ne revendiquerait pas son indépendance et ne refuserait pas la participation d’actionnaires ou de parties prenantes venant de tous horizons, c’est-à-dire, en clair, de l’industrie pharmaceutique… Le rôle d’éducation des médecins et du public du TI devrait être confié à des organismes moins récalcitrants… Et si jamais Therapeutics Initiative devait subsister, par on ne sait quel miracle, ce ne serait que sous la forme d’un groupe ouvert aux financements industriels…

 

Autrement dit, à bas la transparence et l’indépendance et vive la collaboration avec ceux qui ont les plus grands intérêts – financiers – à ce que les dépenses en médicament augmentent, tout comme les prix de ceux-ci! Décidément, le ministre de la santé de Colombie Britannique est soit aveugle, soit – ce qui est plus probable – lui-même sous la coupe des laboratoires pharmaceutiques…

 

Silverman évoque un entretien dans lequel Alan Cassels – critique des dérapages de l’industrie et co-auteur avec Ray Moynihan du livre « Selling Sickness », présenté dans cette note – vole au secours du de TI et estime à 40 à 50 millions de dollars les économies faites en suivant ses recommandations.

 

L’histoire continue ; elle est racontée par Merrill Goozner, directeur de la section Integrity in Science du Center for Science in the Public Interest, dans cette note sur son blog : Support the Therapeutics Initiative!

 

Le 30 et 31 octobre aura lieu une « enquête » sur les activités de Therapeutics Initiative, menée par le Dr Bassam Masri, du département d’orthopédie de l’université de Colombie Britannique. Une lettre de protestation contre l’éviction de cet organisme circule déjà, et des cercles proches de TI ont fait savoir à Merrill Goozner qu’un courriel de protestation adressé au Dr Bassam Masri serait le bienvenu. Voici les coordonnées de ce médecin (qui devrait, a priori, comprendre aussi le français):

 

Bassam A. Masri, M.D.
Gordon & Leslie Diamond Health Care Centre
3rd Floor, 2775 Laurel Street
Vancouver, BC V5Z 1M9
Canada
bas.masri@vch.ca

 

D’autres liens 

 

• Un article du journal Times Colonist, qui ne mâche pas ses mots quant à ceux qui sont derrière cette « décapitation épouvantable ».
• La lettre de soutien à Therapeutics Initiative, envoyée en juin 2008 par le Canadian Women’s Health Network (Réseau canadien pour la santé des femmes) au ministre de la Santé de Colombie Britannique.
• Un court article dans le CMAJ de juillet déplore la démarche du ministre et lui reproche de céder aux pressions « féroces » de l’industrie pharmaceutique.

Le message de Pharmacritique

 

 

J’ai déjà envoyé un courriel de protestation au Dr Masri. Merci de faire de même! Ceux qui n’ont pas d’idées pourraient éventuellement prendre pour point de départ l’un des articles dont je donne les liens ci-dessus. Voici le contenu de mon message, posté aussi en commentaire sur Gooz News sous le titre « Don’t destroy Therapeutics Initiative! »

Dear Dr Masri,

I hope you’ll do your work independently and will not follow the instructions of the pharmaceutical industry and its desire to eliminate Therapeutics Initiative! Such groups are extremely valuable: they are the only sources we can trust as we look for an independent and objective medical information.
If Therapeutics Initiative disappears, you’ll be co-responsible for the triumph of Big Pharma and its methods in British Columbia!
I hope you’ll think about the consequences of eliminating one by one all the reliable medical instances which are able to think by themselves, without an opinion leader telling them what to say to please Big Pharma… They aren’t tainted and discredited by conflicts of interest. I hope you don’t have such financial ties yourself.

Regards,

 

 

 

 

Elena Pasca