Voici un texte de Jean-Pierre Escaffre, enseignant à l’Université de Rennes I, chercheur au CREREG (Centre de recherche rennois en économie et gestion), intitulé « Hôpital public et Université, le même processus à l’œuvre« . L’article est paru dans la lettre de l’UFAL (Union des familles laïques) du 27 novembre.
La conférence donnée en avril 2007 dans le cadre d’Attac Bretagne, consacrée à la protection sociale, vaut elle aussi le détour.
Extrait : « Les « réformes » (…) ressortent toutes de la même technique : technocratisation / privatisation, le premier terme facilitant le second. (…) Les réformes Fillon et suivants sont la copie conforme des recommandations du MEDEF. Désormais, c’est le ministère de la santé qui détient tous les leviers : nomination directe de tous les postes stratégiques, directeur de la Haute Autorité en Santé « qui peut être consulté », directeur de l’UNCAM, directeurs des Agences Régionales de l’Hospitalisation (plus puissants qu’un préfet dans le domaine sanitaire)…
L’entrée dans le système technocratisé des assureurs complémentaires, dont les assureurs privés, positionne les loups dans la bergerie.
La réforme « hôpital 2007 » est une application exemplaire du couple infernal technocratisation / privatisation :
• Les ARH limitent autoritairement les moyens, essentiellement dans le secteur public (rôle des SROS, en particulier SROS 3ème génération).
• D’où l’installation de files d’attentes des soins et détérioration des conditions d’accueil dans les établissements publics.
• Ce qui encourage la dérive des patients vers le privé, se métamorphosant ainsi en clients sans pouvoir.
• Les clients n’ont plus de visibilité du système : la complication du système fait qu’au niveau régional pas moins de neuf structures différentes s’occupent de la santé !
La privatisation pousse inéluctablement à la hausse les prix hors remboursement Sécu, et donc elle accroît le rôle des assureurs privés complémentaires (les assureurs privés sont les plus gros spéculateurs boursiers après les fonds de pension). En même temps, le système mis en place met en concurrence les établissements publics et privés pour maintenir les coûts, ce qui revient à sélectionner les clientèles rentables. Dès lors qu’il y a concurrence, l’activité entre dans les critères de l’AGCS, principal moyen de siphonage de capitaux vers les Etats-Unis et les quelques autres transnationales d’origine européenne. Le tour est ainsi joué.
Il en est de même pour la médication : le gouvernement s’apprête à dérembourser de nouveaux médicaments, et à développer le marché de l’automédication. Le médecin sera ainsi dessaisi au profit de la publicité directe des laboratoires pharmaceutiques. L’expérience montre que les médicaments ne passant pas par des prix administrés ont vu leurs prix de vente s’envoler : c’est le cas du collyre à vitamine B12 (+ 400 % !). (…) »
Source complémentaire
Sur le thème de la santé et du système de soins, notons aussi le livre de Jean-Pierre Escaffre, « Le contrôle de gestion des unités de soins hospitaliers » (Economica 2007).
Photo : Wem gehört die Welt
Elena Pasca
Les clients n’ont plus de visibilité du système : la complication du système fait qu’au niveau régional pas moins de neuf structures différentes s’occupent de la santé !
La privatisation pousse inéluctablement à la hausse les prix hors remboursement Sécu, et donc elle accroît le rôle des assureurs privés
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