L’équipe de de Kok et al de l’Erasmus Medical Center – le centre hospitalier universitaire de Rotterdam – a publié en septembre un article dans la Nederlands tijdschrift voor geneeskunde (Revue néerlandaise de sciences de la santé) qui conteste l’utilité des vaccins Gardasil et Cervarix aux Pays-Bas : [Insufficient basis for the inclusion of Human papillomavirus vaccination in the National Immunisation Programme in The Netherlands] (Pas de fondements suffisants pour inclure la vaccination contre [certains types de] papillomavirus dans le programme national néerlandais de vaccination).
Le ministère néerlandais de la Santé envisage de vacciner à partir de septembre 2009 les jeunes filles de 12 ans et de proposer un rattrapage pour les filles de 13 à 16 ans. « Cependant, grâce à un programme de dépistage bien organisé, le cancer du col de l’utérus n’est plus un problème significatif de santé publique aux Pays-Bas, ce qui limite l’impact possible des vaccins contre [certains types de] HPV.
A ce jour, les essais cliniques ont inclus relativement peu de participants, suivis pendant une durée limitée, ce qui fait que l’efficacité des vaccins dans la prévention du cancer du col cervical n’est pas encore connue. Il n’existe pas de données sur la fréquence et la sévérité des effets secondaires possibles, et les vaccins n’ont pas encore été testés dans la population cible, à savoir les jeunes filles de 12 ans.
Et même à supposer qu’une seule vaccination, [sans rappels], suffise pour conférer une immunité de longue durée et prévenir le cancer du col de l’utérus lié aux génotypes HPV 16, le rapport coût / efficacité est défavorable, selon les estimations.
En conclusion, vacciner contre [certains types de] HPV n’a rien d’urgent aux Pays-Bas. Par conséquent, nous conseillons d’étudier d’abord le profil de sécurité [les effets secondaires, le rapport bénéfice – risque] des vaccins chez les jeunes filles de 12 ans, ainsi que d’attendre les résultats de certains essais cliniques en cours qui incluent un suivi de longue durée » des groupes vaccinés et non vaccinés.
Commentaires de Pharmacritique
Les auteurs font allusion – comme d’autres critiques, d’ailleurs, aux essais cliniques menés au Danemark, qui donneront des résultats fiables sur l’efficacité comme sur les effets secondaires à partir de 2020. Pharmacritique en a parlé dans cette note : « Cervarix et Gardasil sont-ils efficaces? On verra en 2020, grâce à une étude finlandaise. Il est urgent d’attendre ».
Il est rassurant de voir de plus en plus de voix critiques européennes (cf. la catégorie Gardasil, très critiqué à l’étranger) s’élever pour souligner le manque de données scientifiques quant à l’utilité et aux effets secondaires, et contester l’inclusion dans les programmes nationaux de vaccination. Surtout compte tenu du fait qu’aucune intervention de santé publique de cette ampleur – adressée à des jeunes filles en parfaite santé – ne devrait se faire sans des bases scientifiques solides et non controversées. Les pays qui le font se livrent à une expérimentation grandeur nature prenant des millions de jeunes filles pour cobayes, ce qui est contraire à toute éthique, comme le soulignait le Pr Carlos Alvarez-Dardet dans cette interview dont Pharmacritique a traduit les fragments essentiels. Interview qui vaut le détour, tout comme les autres notes réunies sous la catégorie « Gardasil, conflits d’intérêts », qui montrent qu’il ne s’agit pas d’une question de santé publique, mais d’une affaire dont les firmes Merck et Sanofi Pasteur MSD ainsi que les co-détenteurs des divers brevets peuvent tirer d’énormes profits, ce pourquoi ils déploient un gigantesque réseau de conflits d’intérêts et de vassalités de toute sorte.
Espérons que l’appel à la raison de ces voix critiques finira par atteindre les politiques, comme cela a été le cas en Autriche. Là, les autorités de santé ont d’abord commandité une modélisation qui a montré l’inutilité du Gardasil sur le long terme, puisque même si on vaccinait 85% des jeunes filles de 12 ans par Gardasil jusqu’en 2060 – et ce en supposant qu’il est efficace à 100% et immunise à vie – on n’atteindrait au bout de 52 ans qu’une diminution de 10% des cas de cancer du col de l’utérus. Et la mortalité ne baisserait que de 13%… Compte tenu de ces maigres résultats, le coût / efficacité est défavorable, comme le souligne aussi l’équipe néerlandaise, surtout si jamais il y a besoin d’un rappel. Par conséquent, la ministre de la santé, la Dre Andrea Kdolsky, a décidé de ne pas introduire le vaccin dans le programme national et de ne pas le rembourser (cf. cette note).
Cette modélisation a été faite selon le meilleur scénario possible, or on est loin des conditions idéales lorsqu’on sait que l’efficacité globale – celle qui compte lorsque des médecins vaccinent en pratique des populations contrastées et non soigneusement sélectionnées comme dans les essais cliniques – n’est que de 17% comme l’ont rappelé le NEJM (Sawaya, G.F., Smith-McCune, K.: N. Engl. J. Med. 2007; 356:1991-3 et cet éditorial traduit par nous) et Arznei-Telegramm (traduction ici) ou encore tout récemment l’éditorial de Gynecologic Oncology dont nous avons traduit des extraits dans cette note.
Rappelons que vous pouvez toujours signer la pétition espagnole – qui en est à près de 8.000 signatures – réclamant un moratoire dans l’administration du Gardasil et dont les raisons sont exposées dans cette note.
Elena Pasca