Un article d’hier du New York Times – 8-Year-Olds on Statins? (« Des enfants de 8 ans sous statines?) – rend compte assez bien de la controverse qui commence à faire rage aux Etats-Unis depuis que le public a appris, il y a deux jours à peine, le contenu des nouvelles recommandations de l’Académie américaine de pédiatrie (American Academy of Pediatrics).
Cette société savante lourdement sponsorisée par l’industrie pharmaceutique préconise le traitement médicamenteux agressif de l’excès de cholestérol dès l’âge de 8 ans, de préférence par statines et/ou par des inhibiteurs de l’absorption intestinale du cholestérol, tels l’Ezétrol (ézétimibe). Un dépistage est préconisé dès l’âge de deux ans. J’en ai parlé en détail dans cette note.
L’obésite infantile devient une épidémie en France aussi. A qui la faute? Lire la note
« La politique de santé publique face au lobby agro-alimentaire… La prévention de l’obésité infantile ne pèse pas lourd face aux intérêts privés ». Avec une vidéo qui montre Jean-René Buisson (président de l’Association nationale des entreprises de l’agroalimentaire) en train de remonter les bretelles de Xavier Bertrand, alors ministre de la santé. Laissons faire et nous aurons bientôt le lobby pharmaceutique qui voudra tirer profit de ce marché médical en France aussi.
Statines pendant 40 ou 50 ans? Avec quels effets secondaires? Qu’est-ce qu’on sait sur leur sécurité d’emploi comme sur leur efficacité à prévenir des maladies cardiovasculaires des dizaines d’années plus tard? Combien d’enfants faudra-t-il traiter, donc exposer aux effets indésirables, pour éviter un seul souci cardiovasculaire? Ce sont là juste quelques questions que se posent des médecins interrogés par le journal. Comme le dit un médecin:
« Franchement, je suis embarrassé par ce que vient de faire l’Académie américaine de pédiatrie. (…) Des traitements médicamenteux en l’absence de toute donnée médicale claire? J’espère qu’ils se sont préparés aux représailles publiques ».
Et le journal de s’interroger sur les conflits d’intérêts, comme je l’ai fait dans ma note. Sachant que l’explication majeure est de cet ordre-là… Elargir un marché déjà très juteux. Pourquoi se restreindre aux enfants souffrant d’hypercholestérolémie familiale si les firmes peuvent vendre les médicaments les plus profitables à tous les enfants obèses?
Vous pouvez lire près de 200 commentaires à la fin de cette autre brève du même journal. Qui s’ajoutent à d’autres… Les commentateurs pestent contre Big Pharma et les industriels agro-alimentaires, dont la malbouffe grasse, sucrée et salée est la vraie cause de la plupart des cas d’obésité infantile et donc de l’excès de cholestérol, triglycérides et sucre. Mais tout est fait pour maintenir le cerce vicieux: une industrie produit des désastres sanitaires, une autre produit des remèdes qui entraînent eux-mêmes des désastres s’ils sont utilisés en excès et de façon irrationnelle… Sans parler des jeux vidéo et autres media qui clouent les enfants toute la journée sur une chaise.
On pensait avoir tout vu en matière de « prévention » médicamenteuse, ou plutôt de l’abus de prévention, de la surmédicamentation irrationnelle.
Elena Pasca
bon article
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