Ne rêvons pas, cela se passe à Singapour…
Le blog Marketing Overdose nous apprend que la firme GSK s’est fait taper sur les doigts pour une publicité effrayante pour son vaccin Cervarix, censé protéger contre le cancer du col de l’utérus. (Il s’agit en fait d’une possible protection contre l’infection par deux souches de papillomavirus). La pub met en scène un père et sa fille adolescente, regardant tristement une carte d’anniversaire posée sur la table devant eux. Le texte écrit est : « Chérie, tu nous manques tous les jours. Bon anniversaire ! ». Entre les lignes on doit lire que la mère est morte d’un cancer du col de l’utérus parce que le vaccin Cervarix n’existait pas encore… Les commentaires en bas de la page disent qu’à Singapour, « plus d’une femme meurt tous les 5 jours » d’un tel cancer… Puis vient le slogan incitant le père à protéger sa fille (« Protect her world »), pour qu’elle ne connaisse pas le même sort…
C’était la publicité de trop qui a poussé les autorités sanitaires à réagir. Elles ont reproché à GSK de faire peur pour vendre, et ce dans une annonce purement commerciale, sans aucun contenu factuel, sans aucune vertu informative sur le cancer du col de l’utérus.
Or la publicité, y compris pour les vaccins, est interdite à Singapour. (Contrairement à la France, où nous sommes littéralement bombardé(e)s par des publicités directes pour le Gardasil de Sanofi Pasteur MSD. En attendant que GSK renchérisse et que les deux se mettent à rivaliser dans l’horreur…)
GSK a répondu aux reproches en disant que l’annonce était tout à fait « équilibrée » (sic) et que les usagers pouvaient obtenir les informations « factuelles » sur le cancer du col de l’utérus en demandant à leurs médecins… La tactique habituelle…
Occasion de dire qu’on se fait souvent des illusions en pensant que l’interdiction de la publicité directe pour un médicament protège les usagers et surtout qu’elle contribue à réfréner les ardeurs commerciales de l’industrie pharmaceutique. C’est tout le contraire, puisque les campagnes dites « d’information santé » sur telle maladie (et non directement sur son traitement) leur permettent d’avoir beaucoup plus de liberté et d’être au moins tout aussi efficaces…
Pourquoi?
D’abord parce qu’elles mettent la pression en faisant peur à propos de telle maladie dont elles ne parleraient pas s’il n’y avait pas tel médicament à promouvoir. Vendre la maladie, c’est déjà vendre son traitement (ou le moyen de la prévenir). Et puis parce que cette publicité indirecte se fait – et c’est là le hic – sans aucune obligation de parler des effets secondaires, des précautions d’emploi, des interactions et contreindications… Aux médecins de le faire. Bon courage! s’ils essaient de parler à la raison d’usagers qui ont les tripes nouées et la pensée courtcircuitée par la peur des pires catastrophes (évitables ou traitables par un simple médicament)… Comme si les médecins pouvaient résister à une telle pression et avaient suffisamment d’habitudes critiques et d’informations de sources indépendantes pour contrebalancer la publicité et surtout l’affect qu’elle véhicule… Sachant qu’ils sont eux aussi la cible de publicités taillées sur mesure. Sans parler des « attentions » sur mesure que leur offrent les firmes.
Le journal allemand Der Kölner Stadtanzeiger parlait de l’hystérie vaccinale orchestrée par la publicité pour le Gardasil qui effraie tout le monde à propos du cancer du col de l’utérus. On voit que le qualificatif n’est pas exagéré… Et GSK se doit de rattraper le retard pris par le Cervarix et essayer de faire oublier que l’agence américaine du médicament (FDA) – qui a refusé d’autoriser ce vaccin – n’a toujours pas changé d’avis.
Selon le journal The Straits Times, qui a publié cette information, l’agence du médicament de Singapour (Health Science Authority) a demandé à l’ensemble des firmes pharmaceutiques d’arrêter les annonces médiatiques censées « éduquer » le public sur telle maladie, parce qu’elles sont tout sauf éducatives. Ce sont des publicités à peine voilées pour faire vendre les produits sous prétexte d’éducation. L’agence s’inquiète de la tournure de plus en plus « créative » de ces publicités qui franchissent la ligne jaune dans les tactiques alarmistes. Elles n’ont plus à voir avec les informations « objectives et impartiales sur une maladie » que l’industrie s’était engagée à diffuser lorsque l’agence du médicament avait autorisée de telles campagnes médiatiques en 2004. Selon les déclarations de la directrice adjointe de cette instance de régulation, la question devra être revue. Elle et la journaliste donnent plusieurs exemples de campagnes publicitaires et dénoncent les conséquences, à savoir une envolée de prescriptions injustifiées, dont le meilleur exemple est celui que nous avons donné dans la note précédente: la surconsommation d’antidépresseurs aux Etats-Unis…
Leçon à tirer: on voit bien que les deux stratégies marketing – campagnes d' »information » sur une maladie et publicité directe pour un médicament – atteignent leurs cibles et que les deux doivent être interdites. L’attente d’un retour sur investissement est trop forte pour que des entreprises commerciales puissent être soupçonnées d’information neutre… Mais vu le « bouclier » sanitaire (Afssaps, HAS, « députés sous influence », etc.) qui protège les usagers et les médecins français de toute information dérangeante – comme il les a protégé du nuage radioactif de Tchernobyl – le pharmacommerce de la peur a de beaux jours devant lui.
MERCI 1000 X POUR CETTE INFO DE SALUT PUBLIC DIFFUSEE ICI!
IL FAUDRAIT ENCORE + DE BLOGS DANS LE GENRE DE CELUI-CI ET CELA FERAIT MOINS DE MALHEURS ET DE DEFICIT POUR L’ASSURANCE MALADIE!
LA MALADIE C’EST PAYANT POUR EUX (BIG PHARMA)
LA SANTE C’EST PAYANT POUR NOUS
NE L’OUBLIONS JAMAIS….
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Mes excuses pour la réponse tardive. C’est ma « retardite chronique », malheureusement pas encore reconnue comme une maladie invalidante et nécessitant un traitement à vie 😉 Puisque je parlais de « disease mongering »…
Si cela ne tenait qu’à l’industrie pharmaceutique, on serait tous des malades chroniques… Y compris ceux qui n’ont rien mais auxquels l’industrie veut éviter de tomber malades de l’une des 25.000 maladies existantes… Imaginons un instant ce qu’on devrait avaler en prévention de tout ça…
Merci beaucoup, Caroube, pour ces mots très sympa! Le petit grain de sel qu’apporte Pharmacritique ne mérite certainement pas cet éloge. Mais, comme je le disais en répondant à « Dentiste fou », ça encourage à continuer quand on a juste envie de ne plus fouiller dans ce m****er, de ne plus entendre parler de tout ça!
Je pense moi aussi qu’instiller un peu de raison dans l’usage des médicaments et des vaccins et calmer les ardeurs commerciales des firmes profiterait pleinement à la fois à la Sécu et aux usagers… Il y a des exemples de maladies qui pourraient être guéries, mais ne le sont pas, parce que ce ne serait pas profitable… Je pense surtout à certaines maladies dont la solution est chirurgicale, mais qu’on « traite » à vie par des médicaments très chers… A la rigueur, ça n’a rien d’étonnant de la part de firmes pharmaceutiques à but lucratif, même si c’est ignoble. Par contre, que dire des médecins qui avalisent et légitiment ces ignominies par cupidité et autres « bénéfices »?
On oublie trop souvent que personne n’oblige les médecins à suivre les firmes sur le chemin du pharmacommerce… Mais nous (et d’autres) sommes là pour rappeler ça aussi 😉
Cordialement.
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De rien, ce que je dis est vrai!!
Plus de blogs comme le vôtre et on sera sur la bonne voie!
Ce blog est un blog de qualité ou fort heureusement on peut s’exprimer sans censure (franchement ça change des sites comme Doctissimo et e-sante qui bannissent et effacent à tout va ce qui est d’autant + criminel quand ils effacent les message d’appel à l’arrêt immdédiat de la vaccination antiHPV en cours chez des jeunes femmes présentant déjà des effets secondaires inquiétants en cours de route, ça c’est vraiment de la non assistance à personne en danger car il faut le rappeler la X° dose de vaccin peut très bien être celle qui fera d’une vie un enfer quotidien à jamais!!)
Quand je serai plus loins dans mes (nombreux) projets, c’est sur, je ne manquerai certainement pas de faire un lien vers votre blog et je remarque queson excellence est d’ores et déjà soulignée par de nombreux posts de forumeurs sur différentes interfaces surtout pour ce qui est de cette affaire des vaccins antiHPV…..
Bien à vous
PS: j’aurais bien aimé vous dire qqch en privé si c’était possible?
Quand vous avez une minute si vous pouvez, merci de me contactez à ka-roube@hotmail.com car moi je n’ai pas votre mail. Merci
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Merci Caroube!
Le mail figure dans la rubrique « A propos », mais il est vrai qu’il n’y en avait pas au départ. C’est
pharmacritique@voila.fr
Ne m’en voulez pas si je ne réponds pas tout de suite, parce que, comme je le disais plus tôt, je suis très fatiguée en ce moment. Et je cherche un moyen de refaire fonctionner mes neurones, pour arriver enfin à poster des informations sur le Gardasil et sur quelques autres sujets en souffrance…
Je vais essayer de me ressourcer avec quelque chose qui m’a donné pas mal d’énergie à chaque fois, une variante de musique assez étonnante et très peu connue: la transposition de tangos pour deux pianos… Pardon pour cette évocation sans rapport avec la médecine, mais j’ai eu l’occasion d’assister à un concert et en suis sortie émerveillée. Peut-être mes neurones se remettront-ils à … danser ;-)))
http://www.myspace.com/tangopuntodos
Merci pour tout autre conseil.
Cordialement.
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Rebonjour,
Ok merci c’est noté je vous écris aujourd’hui ou demain un mail!
Cordialement
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Bon, je vois que personne ne me conseille en matière de récupération 😦
Je rigole 😉
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La HAS recommandait le dépistage généralisé par frottis du cancer du col avant la commercialisation du Gardasil. En outre elle récusait la mise en vente du Cervarix en raison de son absence de protection vis à vis des condylomes ( HPV 6 et 11), des incertitudes concernant l’adjuvant SAO ( Dérivé d’un monophosphoryl lipide ) et du manque de puissance statistique des essais avec ce vaccin, notamment la protection vis à vis de HPV 18.
Comme on le voit, ces propositions très modérées ont été jetées à la corbeille, puisque ces 2 vaccins sont commercialisés sans qu’aucune des propositions n’ait été appliquée. En calculant d’après les données de l’HAS ( Recommandations de la commission de transparence en date du 17/04/2007 ), si toutes les jeunes femmes pour qui ce vaccin est indiqué le recevaient le coût serait de 787 640 000 € . Quels profits fabuleux pour les labos pour un gain dérisoire en matière de santé publique. Malheuresement rares sont les revues francophones ( Prescrire, Médecine, Minerva ) ou les sociétés savantes (SFTG ) qui sont indépendantes de l’industrie. Car le problème fondamental est là :les liens financiers ( donc vénaux ) que l’industrie entretient avec les médecins .
Alain Siary
Médecin Généraliste
Formateur à la SFTG
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Bonjour docteur,
Contente de vous retrouver! J’apprécie beaucoup vos commentaires et les informations que vous nous apportez.
Nous sommes parfaitement d’accord sur l’origine du problème, et je suis sidérée par l’absence française de préoccupation face aux conflits d’intérêts de toute nature et dans tous les domaines, pas seulement en médecine…
Quant aux revues indépendantes, ma principale référence reste la revue allemande « Arznei-Telegramm », que je trouve plus active, plus critique, ayant plus d’initiatives publiques et sachant comment ouvrir les yeux des usagers. Et force est de constater que si les attitudes des usagers ne changent pas, il y a peu de chances que quelques cercles indépendants de professionnels de santé y arrivent…
Bien entendu, quelques îlots de transparence, c’est mieux que rien, mais il faudrait trouver une façon de mobiliser les usagers. Or ce qui se passe en France, c’est que même les cercles indépendants leur ferment leurs portes s’ils ne sont pas des spectateurs passifs juste bons à applaudir…
« Arznei-Telegramm » et les trois autres revues allemandes indépendantes ont compris qu’il fallait trouver un moyen de communication et d’information des usagers, pour agir ensemble, et éditent depuis près de 3 ans la revue grand public « Gute Pillen, schlechte Pillen ». Il y a une véritable interaction et les usagers ne sont pas snobés, ni réduits à un rôle de galerie passive, loin de là.
L’autarcie médicale et la division entre médecins et usagers ne servent que les intérêts de l’industrie pharmaceutique; elles ne permettent pas une collaboration confiante… Et c’est bien dommage.
Parce qu’il faudrait répondre à l' »armement professionnel » dont parlait l’IGAS par un « armement » éthique/moral, et c’est sur ce terrain-là que les médecins devraient entrer, en laissant toute prétention paternaliste et d’omniscience à la porte.
Alors « Prescrire », oui, mais il faut la critiquer quand elle le mérite, et force est de constater que sur le Gardasil, elle s’est plantée. Espérons qu’elle saura remédier à ça. Et trouvera une ouverture vers les usagers.
Les articles, les initiatives et les interventions d' »Arznei-Telegramm » sur le Gardasil ont retourné une bonne partie de l’opinion publique allemande quant au Gardasil. Elle est désormais plus que mitigée face à ce vaccin.
Il y a quelques semaines, la revue a livré un supplément de 8-9 pages d’explications détaillées sur les sérotypes HPV, les infections, les dysplasies, le cancer, puis sur l’inutilité – et potentielle dangerosité – du Gardasil.
Ca, c’est ce que j’appelle du bon travail!!
C’était mon coup de gueule du matin ;-))) qui n’a rien à voir avec vous, inutile de le dire! J’ai parfois envie de secouer les cercles médicaux qui, drapés dans leur indépendance, se replient sur eux-mêmes. Ce n’est pas comme ça que les choses changeront durablement… Le problème ne se limite pas à la médecine, d’une part. Et l’éthique ne se divise pas, d’autre part. On ne peut pas choisir le morceau qui nous convient et ignorer le reste. Et comme on ne peut pas être spécialisé dans tout, la meilleure chose est de s’ouvrir à l’interdisciplinarité. A mon avis, du moins…
Qu’en pensez-vous?
Cordialement.
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