« Aucun bébé ne doit naître pré-pollué »! La prévention passe par la dissolution des corporations asservies aux industriels

Le Réseau Environnement Santé et Sciences Citoyennes viennent de lancer une pétition appelée « Aucun bébé ne doit naître pré-pollué », adressée à tous les candidats à l’élection présidentielle, reprise plus bas.

Le sujet est évidemment en lien avec d’autres articles, et surtout les deux derniers, parus sur Pharmacritique le 27 février 2017, qui contiennent beaucoup de détails et des liens vers d’autres sites, pour des informations indispensables:

  •  « Pétition et lettre exigeant une expertise européenne indépendante sur les agents cancérigènes. Liens dénonçant les conflits d’intérêts des experts et l’industrie du cancer » (sur cette page)
  • « Rébellion contre l’ordre des médecins. Soutien au Dr Dominique Huez. Manifeste pour la santé, la sécurité au travail et la justice sociale » (cette page)

Il faut comprendre l’interdépendance de tout cela et nous mobiliser sur des sujets qui semblaient jusqu’ici ne pas nous concerner, comme l’Ordre des médecins et les appels des médecins de travail, de médecins de santé publique, concrétisé dans des prises de position de lanceurs d’alerte tels que le Dr Dominique Huez. Car le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) est un pilier du système, co-responsable de chacune des tares du système dont les conséquences s’inscrivent dans nos corps en les rendant malades. J’ai parlé maintes fois de son rôle dans le maintien de l’influence totale de l’industrie pharmaceutique sur la médecine, entre autres. Et c’est l’Ordre des médecins qui fait en sorte que rien ne soit imputable aux industriels.

On ne s’en rend pas compte, mais il est vital pour chacun d’entre nous – du point de vue de la santé individuelle et publique -, comme pour les médecins d’agir pour que l’Ordre des médecins disparaisse, que l’on remette à plat la profession médicale dans ses dépendances des industriels et d’intérêts économico-financiers et autres, qui entrent en conflit avec les intérêts de la santé des patients!

Pour le dire brièvement: dans cette « société cancérigène », dominée par une économie structurée dans l’intérêt de tous les industriels, nous sommes exposés depuis notre conception à des perturbateurs endocriniens, à des agents cancérogènes et mutagènes. Partout dans notre cadre de vie, partout dans la « nature » polluée, sans oublier le travail. Nous avons été exposés dans le ventre de nos mères au travail, et ainsi de suite.

Il est d’autant plus important de nous mobiliser lorsque mêmes les dernières digues – déjà très fragiles – sautent, puisque les industriels sont en passe d’obtenir des normes basées sur des seuils d’exposition encore plus bas, à travers des expertises faites par des comités d’experts payés par les multinationales qui fabriquent les substances à risque… Conséquences? Plus d’expositions et plus de difficulté à faire reconnaître une maladie comme professionnelle par un médecin du travail, par l’employeur, par la société…

Il est essentiel de se mobiliser pour qu’il y ait un débat public sur la santé au travail, prendre conscience du fait que les industriels étouffent tout début de prise de conscience – par l’influence sur les politiciens et sur les media qu’ils détiennent – au sujet des risques encourus au travail, au sujet des maladies professionnelles en général. La médecine du travail et la médecine de santé publique sont en passe de disparaître. Or la médecine du travail est le dernier rempart contre l’arbitraire total des industriels, des employeurs en général.

Il faut savoir que l’Ordre des médecins est le bras armé des industriels et poursuit systématiquement les médecins (du travail comme les autres, principalement les médecins généralistes) qui rédigent des certificats attestant de la causalité professionnelle de tel symptôme ou de telle maladie chez un salarié. Il suffit qu’un employeur porte plainte auprès de l’Ordre des médecins pour que la pression s’installe. Au mépris du secret médical, au mépris de la déontologie en général. Dans 70% des cas, les médecins ainsi intimidés par leur propre Ordre des médecins reviennent sur leur diagnostic, refont le certificat et dédouanent donc les industriels de toute responsabilité dans les maladies professionnelles. Ce qui veut dire qu’aucune mesure n’est prise pour que les conditions de travail changent; les salariés continueront d’être exposés et d’autres le seront aussi.

D’où l’importance du mouvement d’insubordination à l’Ordre des médecins, que j’ai relayé dans cet article. Ce n’est pas une question de corporation qui ne nous regarderait pas. Au contraire. Il faut que l’organisation des médecins en corporation (ordre) disparaisse, pour que seule la déontologie s’applique, dans le cadre de la loi républicaine qui interdit les corporations depuis 1791.

D’où mon appel à soutenir le Dr Dominique Huez, qui s’est publiquement exprimé sur ces questions de santé au travail et des entraves de plus en plus nombreuses, questions essentielles pour nous tous. Dans des livres, des articles et des prises de position associatives, le Dr Dominique Huez tente de lancer un débat public, de lutter contre l’aveuglement des citoyens, des syndicats, des associations.

Notre inconscience est totale quant à la santé au travail en général, comprenant donc l’exposition à des substances cancérigènes, mutagènes, bref, à des toxiques. Et, grâce à la permissivité des ordres corporatistes qui échappent à la loi commune et se soumettent donc à des impératifs autres que ceux de la santé individuelle et publique, du respect de l’environnement, les autres corporations industrielles multinationales font pression pour faire sauter tous les faibles obstacles qui existent encore, baisser les seuils d’exposition à des toxiques, maintenir des conceptions toxicologiques manifestement obsolètes, car parlant toujours d’effets linéaires et dose-dépendants et ne tenant pas compte de l’effet cocktail, du renforcement des effets indésirables des toxiques, même à faible dose.

J’ai évoqué ces questions en détail dans l’article qui reprend la pétition lancée par Annie Thébaud Mony et donné beaucoup de liens et d’explications. Il est urgent d’agir, en diffusant les informations et en signant les pétitions, afin qu’il y ait une prise de conscience sur l’interdépendance de questions qui sont morcelées, isolées justement pour garantir le statu quo, voire permettre la dégradation de l’état actuel, donc des protections contre les risques d’exposition à des reprotoxiques, à des perturbateurs endocriniens, qu’il s’agisse de substances mutagènes, de cancérigènes en général ou d’autres types de polluants qui détruisent les hommes et toutes les formes de vie, sur la planète entière. [Elena Pasca]

Voici la pétition lancée par le Réseau Environnement Santé et Sciences Citoyennes. Le RES devrait lui aussi prendre en compte le contexte socio-économique, notamment le néolibéralisme et ses justifications idéologiques qui permettent à toutes les pollutions de continuer sans susciter une résistance massive de la part des citoyens:

« Aucun bébé ne doit naître pré-pollué »

« [A signer sur cette page] Les bébés naissent aujourd’hui avec plusieurs dizaines de substances chimiques toxiques dans leur organisme. Un grand nombre d’entre elles sont des perturbateurs endocriniens.

La récente étude de l’agence Santé Publique France, menée auprès de plus de 4000 femmes enceintes, montre une imprégnation généralisée : 70% pour le Bisphénol A, 99,6 % pour les phtalates, 100% pour les pesticides pyréthrinoïdes, 50 % pour les pesticides organophosphorés, 100 % pour les PCB, dioxines et furannes, 100 % pour les retardateurs de flamme bromés, 100 % pour les perfluorés.

Nous savons que ce cocktail augmente le risque d’avoir une maladie chronique pendant l’enfance mais aussi à l’âge adulte : obésité, diabète, cancer du sein et de la prostate, troubles du comportement (hyperactivité, déficit d’attention, autisme…), baisse du QI, troubles de la reproduction (baisse de la qualité du sperme, infertilité, cancer du testicule, malformations génitales, abaissement de l’âge de la puberté). On sait que pour une substance comme le bisphénol A le risque d’infertilité et de baisse de la qualité du sperme peut être transmis aux petits-enfants et aux arrière-petits-enfants.

Pour faire face à ce problème majeur de santé publique, nous demandons aux candidats à la présidentielle de s’engager à promulguer une grande Loi de Santé Environnementale et d’organiser un Grenelle de la Santé Environnementale pour débattre avec la société civile de la meilleure façon de mettre fin à cet héritage toxique. »

Les matériaux contribuant à la rédaction d’une « loi santé environnementale » sont disponibles sur le site du Réseau Environnement Santé, à partir de cette page.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s