Qu’un groupe financé à 100 % par les producteurs de vaccins serve de conseiller à la Ministre de la Santé est une incongruité qui devrait cesser, voire même être sanctionnée.
La stratégie du Ministère repose depuis le début sur l’hypothèse d’une épidémie touchant 30 % de la population et responsable de 0,4 % de décès (soit 250 000 morts). Il est stupéfiant que ce scénario puisse constituer encore aujourd’hui le scénario de référence alors même que le bilan de la grippe A dans l’hémisphère Sud montre que son impact est de loin inférieur à celui de la grippe saisonnière.
On comprend que l’industrie pharmaceutique ait intérêt à maintenir cette fiction pour justifier la diffusion de millions de doses mais pourquoi l’expertise publique est-elle muette sur le sujet ? Pourquoi aucun scénario autre que celui de la vaccination massive n’a été pris en considération ?
Il semble de plus en plus évident pourtant qu’un autre scénario plus protecteur et plus économe de l’argent public s’impose : celui ciblé sur la protection des groupes à risque et le renforcement des mesures d’hygiène.
Ces faits illustrent l’importance de l’indépendance et de la transparence dans l’expertise pour qu’elle soit fiable et reconnue par les populations.
Cette affaire d’expertise sous influence pour la grippe n’est pas un cas isolé. C’est la même logique qui explique que l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) ait rendu récemment deux avis d’expertise influencés par l’industrie et non protecteurs de la santé publique sur le Bisphénol A et sur le PFOA, comme l’a dénoncé le Réseau Environnement Santé.
Ce grave dysfonctionnement de l’expertise publique montre la nécessité de développer la capacité d’expertise dans les organismes de recherche publique en France et de rompre avec la logique d’une recherche publique de plus en plus mise au service des intérêts privés. La Fondation Sciences Citoyennes demande une loi de protection des lanceurs d’alerte et de l’expertise, reposant principalement sur la création d’une Haute Autorité de l’Alerte et de l’Expertise, chargée non pas de réaliser des expertises mais de définir une déontologie de l’expertise et de la faire respecter (en cas de conflits d’intérêts notamment). Le principe en a été acté lors du Grenelle de l’Environnement, mais la traduction dans la loi Grenelle 1 n’a retenu que l’engagement du gouvernement à présenter un rapport d’ici juillet 2010.
Le rapport attendu du gouvernement sur la Haute Autorité de l’Alerte et de l’Expertise devra tenir compte de ces derniers événements. »
(5 novembre 2009)
Contacts FSC et RES
- André Cicolella : 06 35 57 16 82
- Elena Pasca : 01 43 60 01 35
Si le rôle du GEIG, largement représenté au sein du Comité de lutte contre la grippe nommé par Roselyne Bachelot, doit être dénoncé, outre le Pr Lina, il faut aussi mettre en cause la présence au sein du Ministère de la Santé et aux côtés de Roselyne Bachelot du Pr Rosenheim, son conseiller technique pour les vaccinations. Venu du Comité technique des vaccinations, celui-ci a des liens d’intérêt avec Sanofi Aventis, Sanofi Pasteur et GSK, comme le signalent les déclarations publiques d’intérêts 2007/2008 du Haut Conseil de la Santé publique.
On peut craindre que sous ces multiples influences, notre Ministre ne tarde pas à innocenter le vaccin grippe A du syndrome de Guillain-Barré survenu après une vaccination d’un membre du personnel soignant. L’Afssaps parle d’ailleurs de « risque incertain » dans une note d’octobre sur le lien entre vaccination grippale et Syndrome de Guillain-Barré : http://www.afssaps.fr/Dossiers-thematiques/Pandemie-grippale/Surveillance-des-effets-indesirables-des-aniviraux-et-des-vaccins/
Régis Pluchet
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