Bisphénol A: le Réseau Environnement Santé dénonce l’immobilisme et les conflits d’intérêts des autorités sanitaires françaises. Pétition

Pharmacritique avait traduit dans cette note des fragments du rapport du National Toxicology Programm (Etats-Unis) sur la toxicité du bisphénol A (BPA) et rendu compte de quelques initiatives Réseau environnement santé RES.jpgpour l’élimination de cette composante chimique des récipients alimentaires, par exemple au Canada.

Un communiqué du Réseau Environnement Santé (RES) en date du 10 juin 2009 rend compte de plusieurs avancées aux Etats-Unis, qui contrastent singulièrement avec la position opaque et contraire à l’éthique des décideurs politico-sanitaires français. Les conflits d’intérêts des autorités sanitaires nationales (AFSSA) et européennes (EFSA) ont été parfaitement visibles lors de l’audition publique organisée le 3 juin à l’Assemblée Nationale. Le RES en parle dans cet autre communiqué et souligne que ces agences non seulement ne jouent pas leur rôle de régulation, mais soutiennent sans aucun recul critique les positions de l’industrie des plastiques / industrie chimique.

Rappelons que le Réseau Environnement Santé (RES) a été lancé en mars 2009 par plusieurs associations et organismes dont L’Alliance pour la planète, la Fondation Sciences Citoyennes, le MDRGF, la Coordination Nationale Médicale Santé et Environnement (CNMSE), le Comité pour le Développement Durable en Santé (C2DS) et d’autres.

Voici le dossier de presse du Réseau Environnement Santé, son Appel dénonçant « une politique calamiteuse de santé environnementale », et surtout la page décrivant les modalités de participation à la « cybercampagne contre le bisphénol A » (pétition par courriel qu’on peut envoyer aux politiques à partir du site).

Rappel: Qu’est-ce que le bisphénol A et en quoi est-il toxique?

L’extrait qui suit est tiré de l’explication concise donnée par le RES sur cette page. (Pour plus de détails, voir l’article « L’essentiel de ce qu’il faut savoir sur le BPA ou Bisphénol A« . Quant à l’étendue des soupçons de dangerosité qui pèsent sur cette composante chimique, voir les fragments du National Toxicology Programm, traduits dans la note susmentionnée de Pharmacritique).

« Le Bis Phénol A (BPA) est une substance chimique employée massivement dans la fabrication des plastiques, principalement de type polycarbonate (biberons) et polyépoxy (revêtement des boîtes de conserve et des cannettes de boisson). Le BPA migre dans la nourriture et les boissons s’il y a contact avec ces plastiques.

Les données scientifiques les plus récentes montrent que le BPA est une substance chimique potentiellement dangereuse pour l’être humain, principalement pour les nouveau-nés, en raison de son caractère de perturbateur endocrinien. Sur les 115 études publiées jusqu’en Décembre 2004 concernant les effets à faible dose du BPA chez l’animal, 94 ont montré des effets significatifs, dont 31 à des niveaux inférieurs à la norme actuelle (50 μg/kg/jour).

Les études pour l’agence fédérale américaine CDC (Centers for Disease Control) montrent que 93 % de la population américaine est contaminée, ce qui est vraisemblablement le cas également en France.
Selon les scientifiques regroupés dans l’appel de Chapel Hill (1), le BPA est suspecté d’être impliqué dans les grands problèmes de santé actuels : cancer du sein, cancer de la prostate, diabète de type 2 et obésité, atteinte de la reproduction, problèmes neuro-comportementaux, maladies cardio-vasculaires…

Les Ministères de la Santé et de l’Environnement du Canada ont pris en octobre 2008 une décision d’interdiction du BPA dans les biberons.

Depuis, une étude publiée en janvier 2009 montre que la contamination peut se faire via la lactation et contribuer à induire des tumeurs mammaires.

Par ailleurs, le BPA est susceptible de diminuer l’efficacité des traitements de chimiothérapie du cancer du sein et de la prostate.

Il est donc urgent de diminuer le plus possible l’imprégnation de la population à ce toxique. »

Référence: Chapel Hill bisphenol A expert panel consensus statement: Integration of mechanisms, effects in animals and potential to impact human health at current levels of exposure Reproductive Toxicology 24 (2007) 131–138.

Et voici le communiqué de presse du RES protestant contre l’immobilisme français

(C’est Pharmacritique qui souligne en rouge).

« La situation évolue aux Etats-Unis mais pas en France »

« La situation du bisphénol A évolue rapidement aux Etats Unis depuis quelques semaines. Le Sénat de l’Etat de Californie vient de voter l’interdiction du Bisphénol A dans les plastiques alimentaires. Une loi similaire a été publiée par l’Etat du Connecticut avec mise en Å“uvre au 1er Octobre 2011.

La nouvelle directrice de la FDA (Food and Drug Administration) a annoncé que l’agence allait réexaminer sa position et, au même moment, les médias ont publié des échanges de mails entre l’ancienne direction de la FDA et l’industrie chimique très éclairants sur le lobbying de celle-ci. Cela a conduit la Chambre des Représentants à ouvrir une enquête sur la stratégie de lobbying de l’industrie chimique pour s’opposer à la réglementation du BPA.

On en est loin en France où le Ministère de la Santé et l’AFSSA adoptent sans recul l’argumentaire de l’industrie chimique.

C’est ce qui ressort de l’entrevue le 9 juin entre la délégation du Réseau Environnement Santé et un conseiller de Madame Bachelot. Le RES a rappelé que la position de la ministre sur l’existence de données scientifiques fiables justifiant de ne rien changer en ce qui concerne la norme européenne pour le Bisphénol A était erronée, puisque 90 % des études scientifiques montrent au contraire un impact sanitaire du Bisphénol A (BPA), y compris à des expositions très inférieures à l’actuelle norme européenne.

Le RES a réaffirmé qu’il est tout à fait contraire aux bonnes pratiques de baser une norme européenne sur 2 études négatives issues de l’industrie chimique, qui reposent sur un référentiel obsolète, datant de 1978 et ne prenant pas en compte les effets à faible dose des substances de type perturbateurs endocriniens.

Le RES a demandé que l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) soit saisie pour examiner la déontologie de l’expertise menée par l’AFSSA sur le BPA (non seulement au plan scientifique, mais aussi au plan des conflits d’intérêts des membres de la commission ayant pris cet avis).

Le RES a demandé que la France agisse pour que le BPA soit classé au plus vite dans la liste des substances prioritaires dans le cadre du règlement REACH.

Le RES a également réclamé qu’une étude soit entreprise par les agences de sÃ
©curité sanitaire concernées (AFSSA, AFSSET et InVS) pour évaluer le niveau et les sources de contamination de la population, afin de réduire, voire de supprimer l’imprégnation de la population. Les études les plus récentes montrent en effet que
l’exposition du nourrisson se fait non seulement via le biberon, mais via la contamination maternelle pendant la gestation.

Le RES maintient sa demande d’interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires, non seulement pour protéger la santé du nourrisson, mais aussi celle de l’adulte.

Les études publiées ces derniers mois montrent en effet que le BPA est impliqué dans la croissance des cellules cancéreuses du testicule et qu’il diminue l’efficacité du traitement par chimiothérapie du cancer du sein et du cancer de la prostate à des doses qui correspondent à celles où sont exposés la quasi-totalité des adultes.
Continuer d’exposer ainsi la population constitue une perte de chance pour les malades du cancer.

Aucune réponse claire et déterminante n’a été donnée à ces demandes. Le RES va donc continuer son action pour informer sur les risques liés au BPA à partir de l’analyse des publications scientifiques et mobiliser l’opinion publique pour obtenir une décision de protection de la santé publique.

Au vu de ces manquements graves de l’AFSSA en matière de déontologie de l’expertise, on ne peut qu’être inquiet de voir l’AFSSET absorbée par l’AFSSA, comme cela vient d’être voté par le Sénat. Il y a au contraire urgence à compléter le dispositif de sécurité sanitaire. L’AFSSET doit être enfin dotée des moyens de même ampleur que l’AFSSA. La faire absorber par l’AFSSA n’est aucunement la bonne réponse au besoin croissant d’expertise des questions de santé-environnement.

Le gouvernement ferait mieux de mettre en Å“uvre la décision votée par le Grenelle, mais non reprise par la loi, de créer un Institut de Veille Environnementale. »

Elena Pasca

Une réflexion sur “Bisphénol A: le Réseau Environnement Santé dénonce l’immobilisme et les conflits d’intérêts des autorités sanitaires françaises. Pétition”

  1. Qu’est-ce qu’on attend en France pour interdire le Bisphénol A au lieu d’emmerder le monde avec des vaccins qui vont enrichir les laboratoires
    C’est du charlatanisme cette campagne de vaccination et ça occupe le terrain pour les politiques …..

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