L’agence canadienne du médicament (Santé Canada) annonce le 6 janvier la modification à venir de la notice et de la monographie du Champix (tartrate de varénicline), destinée à renforcer les mises en garde contre le risque d’effets indésirables psychiatriques, jugés « graves », de ce médicament commercialisé par Pfizer comme une aide à l’arrêt du tabac. Le communiqué précise que le lien de causalité n’est pas établi formellement, mais ajoute plus loin qu’il s’agit de la troisième modification de ce type, après les mises en garde datant de décembre 2007 et de mai 2008 : « La mise à jour fait suite à des signalements, au Canada et ailleurs dans le monde, de graves symptômes psychiatriques associés à l’utilisation de Champix, et vise à mieux faire connaître ce risque ». Dommage pour l’imprécision…
Pour rendre les recherches plus difficiles, la monographie canadienne francophone du Champix n’est plus en accès direct, mais doit être téléchargée à partir de cette page de Pfizer… Bon nombre de patients renoncent et se contentent de la soupe publicitaire servi dans les pages de départ… On peut aussi faire la recherche dans la base de données de Santé Canada, à partir de cette page. La monographie états-unienne (le Champix s’appelle Chantix aux Etats-Unis) se trouve sur le site du laboratoire.
Vous pouvez trouver les autres notes de Pharmacritique sur le Champix / Chantix et ses effets indésirables psychiatriques, neurologiques, cardiovasculaires, etc. à la catégorie « Tabac, sevrage, aides à l’arrêt, Champix », par exemple ici, ici, ici ou ici.
Comment un tel bluff commercial, aussi risqué de surcroît, peut-il rester sur le marché ?
Illustration : Guide des démarches.com
Elena Pasca
Copyright Pharmacritique
Tiphaine, ardente blogueuse devant l’éternel est en clinique psychiatrique suite à quelques jours sous Champix, sans avoir cessé de fumer. Il est à noter que ces effets graves (dépression sévère dans son cas) peuvent survenir sans aucun antécédent.
A sa clinique dans la France profonde, où elle est depuis début décembre, elle a retrouvé plusieurs personnes dans son cas.
Lire son témoignage poignant de lucidité :
El bolg – Pour le dernier chant du Champix –> http://tinyurl.com/6ro4y9
Le pire c’est que son médecin prescripteur ne semblait même pas informé de l’avertissement sanitaire demandant d’interrompre immédiatement le traitement en cas de troubles de l’humeur et du comportement (idées de suicide ou d’assassinat) et lui a prescrit un antidépresseur pour faire passer tout ça ! Tant d’inconscience, c’est du crime organisé. Le cas a été signalé en pharmacovigilance, pour que ça serve aux futurs utilisateurs éventuels.
Il convient de savoir que 59 % des cas d’effets secondaires indésirables n’étaient pas inclus dans la liste initialement décrite par Pfizer lors de l’autorisation de mise sur le marché (dans les centres de tabacologie en France, source : congrès de la SFT, Paris, nov 2008). Cela rappelle fâcheusement l’histoire du Vioxx et du masquage d’effets secondaires graves. L’avertissement de Santé Canada n’est pas pour juste faire peur : Champix est un produit dangereux, et certes pas la pilule miracle annoncée avec un plan marketing kolossal. C’est le seul produit non génériqué actuellement pour l’aide au sevrage : l’enfumage va continuer encore quelque temps. Jusqu’au prochain produit miracle remplaçant et annoncé comme ‘faisant deux fois mieux’.
On peut constater que chaque innovation fait ‘deux fois mieux’ que le produit précédent mais que le taux de réussite final ne change pas au fil du temps, comme si l’efficacité du produit s’usait avec le temps. Plus probablement elle s’use par la réduction de la pression commerciale sur les prescripteurs, qui y croient moins, de moins en moins au vu de la médiocrité persistante des résultats. Il est important aussi que le client croie aussi dans l’efficacité du traitement pour que ça marche, d’où l’importance du marketing via les campagnes rassurantes ‘Parlez-en à votre médecin’.
Pour mémoire, la revue Prescrire recommande, si un accompagnement pharmacologique est jugé nécessaire, de s’en tenir aux palliatifs nicotiniques dont le profil d’effets secondaires est bien connu maintenant. Et de toute façon, comme l’écrit Santé Canada, cela ne peut être une aide efficace au sevrage tabagique que dans le cadre d’un programme de soutien : le produit n’a pas été testé sans. Alors pas d’automédication sauvage !!
J’aimeJ’aime
Magique le champix? pas du tout sauf si l’on considère les nombreux effets secondaires qu’il occasionne. J’ai pris 1 mois ce « traitement », bilan : une grosse moitié des effets secondaire pendant et après cette période et tous les inconvénients de l’arrêt du tabac… et le tout de ma poche. Je fume toujours. à titre de curiosité consultez la notice du champix, on peut en faire du papier peint ! les effets secondaires affichés sur la notice d’information : pas moins de 86.
J’aimeJ’aime
Merci, Randall, pour ces précisions sur l’occultation des effets secondaires, pratique des firmes un peu trop répandue, malheureusement. Vous avez raison, pas d’automédication sauvage. je n’ai pas encore eu le temps de lire le blog en question, mais espère que la personne s’en est finalement sortie sans trop de séquelles.
Lawin,
manifestement, la notice reste quand même bien pauvre par rapport à celles anglophones… Là, on peut certainement tapisser tout un appartement avec… Et si on prend aussi le rapport dont j’ai rendu compte dans la note « Une étude détaille les effets indésirables neurologiques et cardiovasculaires du Champix, médicament d’aide au sevrage tabagique », on a du papier peint pour tout un immeuble…
http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2008/05/25/une-etude-met-en-evidence-les-effets-indesirables-neurologiq.html
Mais les murs eux-mêmes risquent de déprimer et de faire des épisodes psychotiques avec un tel revêtement ;-))
Adressez-vous à une unité spécialisée en tabacologie, ils sont les plus à même de toruver l’accompagnement qui vous convienne le mieux.
Bon courage à vous et tenez-nous au courant.
Cordialement.
J’aimeJ’aime
« Adressez-vous à une unité spécialisée en tabacologie, ils sont les plus à même de trouver l’accompagnement qui vous convienne le mieux. »
pas sûr du tout Pharmacritique! loin de là!
par expérience, mes patients qui vont au centre de tabacologie ressortent avec de la varénicline( champix) et du bupropion (zyban)
conseillez plutôt un médecin lecteur de Prescrire, c’est plus sûr!!!
J’aimeJ’aime
Oui, d’accord pour le médecin, mais je pensais aux possibilités d’accompagnement spécifique, autre que médical, et qui soit pris en charge.
J’aimeJ’aime
Bonjour,
A propos du patch j’ai essayé pendant un moment ça ne me convenait pas car je n’avais pas la sensation d’arrêter de fumer.
Mais c’est clair qu’il faut de la volonté pour arrêter de fumer, c’est le facteur clé mais tout le monde ne l’a pas.
Je me suis tourné vers une autre solution alternative d’utiliser du champix malgré que j’ai pu lire qu’on peut tomber en dépression. J’ai acheter champix il y a quelques mois ça fait deux mois que je l’utilise et pour le moment, ça peut aller.
Certes c’est peut être pas le remède miracle mais pour moi j’arrive peu à peu à diminuer ma dépendance au tabac et surtout dépensez moins d’argent !!
[Pour que les lecteurs évaluent votre message à sa juste valeur, je précise que vous avez donné un lien (supprimé conformément à la politique de Pharmacritique) vers un site d’achat de Champix en ligne… Votre commentaire est clairement publicitaire et devrait être pris avec un minimum de recul. Bien à vous]
J’aimeJ’aime