Nicolas Sarkozy et Roselyne Bachelot devraient songer à cela : même les Britanniques s’opposent à la privatisation de la santé et de la médecine générale… Ils défendent massivement leur service public de santé, qui fête ses 60 ans cette année, et manifestent en même temps leur attachement à leurs médecins généralistes, nous dit une dépêche de l’Association des médecins britanniques (BMA : British Medical Association), qui rend compte des débuts d’une mobilisation sans précédent. Cette campagne vient de trouver un soutien politique massif dans les divers gouvernements régionaux du Royaume-Uni.
La photo est tirée d’un ancien Student BMJ, titrant sur la santé individuelle et publique.
L’Association des médecins a su convaincre et obtenir un ralliement politique et citoyen qui fera probablement capoter au moins certaines dimensions du projet de « réforme » du système public de soins.
Selon le site Pharmatimes, le premier ministre écossais a annoncé le 3 septembre que son gouvernement ne profiterait pas du vide juridique dans le nouveau droit britannique de la santé, qui permettrait à des firmes privées de proposer des services de médecine générale. Le pays de Galles et l’Irlande du Nord veulent eux aussi maintenir la médecine générale dans le cadre du service public de soins (NHS : National Health Service), en accord avec la BMA, qui avait lancé le mouvement en militant contre la privatisation de la médecine générale en Angleterre.
Une pétition signée par près de 1.237.000 personnes et apportée au mois de juin au premier ministre britannique Gordon Brown avait rappelé à ce dernier ce que pensent ses concitoyens. Leur opinion est résumée par le président du comité de médecine générale auprès de l’Association des médecins britanniques : « Les électeurs veulent voir les subventions aller aux cabinets de médecine générale et non à des firmes commerciales dont la loyauté envers les actionnaires prime sur les intérêts des patients. (…) Ils veulent être traités comme des patients, pas comme des clients ». Et le vice-président écossais de la même Association d’ajouter que « la médecine générale est la pierre angulaire du système public de soins ». « [S]on exercice dans le cadre public offre la garantie d’une continuité des soins et du fait que la santé du patient l’emporte sur le profit ».
L’autre point de vue est exprimé par le ministre travailliste de la santé, selon lequel il est question d’ouvrir des polycliniques, privées, certes, mais qui n’affecteraient pas la médecine générale dans son ensemble. Le journal The Guardian rend compte des coulisses de l’histoire dans l’article Doctors ‘lying’ about polyclinics: minister (« Selon le ministre, les médecins « mentent » quant aux polycliniques »). Il n’empêche que des cabinets devaient être fermés afin de fondre leur personnel dans des centres de santé. Le gouvernement britannique pense cette réforme comme un redéploiement, mais elle mènerait à d’importantes disparités géographiques, voire financières, si les sociétés privées arrivaient à s’emparer de ces polycliniques censées être un élargissement du cadre d’exercice de la médecine générale traditionnelle.
Difficile d’y voir clair. Mais une chose est sûre : les Britanniques accordent un satisfecit à leurs généralistes et veulent garder leur système public de santé.
Elena Pasca