Open Medicine: revue médicale canadienne à comité de lecture et en libre accès, exemple de médecine 2.0

Open Medicine existe depuis 2007 et est indépendante, à l’instar de celle que nous connaissons déjà : PLoS (Public Library of Science). Sa 878383842.jpgraison d’être est définie en une phrase : “Open Medicine fait partie d’un mouvement social qui cherche à assurer une large diffusion du savoir scientifique et à faire en sorte que ce soit ce savoir qui guide la relation de soin médecin – patient. Les recherches médicales publiées informent la pratique clinique et les politiques de santé, raison pour laquelle elles devraient être accessibles à tous gratuitement ». C’est le savoir qui doit être déterminant et non pas ce que veulent les firmes pharmaceutiques. Et qu’elles obtiennent en finançant à gogo des campagnes promotionnelles pour tel ou tel médicament.

Cinq numéros d’Open Medicine ont déjà vu le jour, dont le premier contenait une critique de livre faite par Jerome Kassirer, ce qui est de bon augure… Comme la présence d’Alan Cassels ou Joel Lexchin. Chaque article contient un encadré très bien visible pour les déclarations d’intérêts. L’éditorial du premier numéro est signé par James Maskalyk, actif au Soudan, aux côtés de « Médecins sans frontières », et qui tient un blog sur ses expériences de terrain.

Maskalyk souligne que la revue a vu le jour aussi pour contourner le problème des biais et des conflits d’intérêts issus des financements par l’industrie pharmaceutique et des publicités contenues dans les journaux papier. Une autre raison a été une tentative de l’Association médicale canadienne (CMA) d’attenter à l’indépendance éditoriale de son journal (CMAJ).

Enfin, Open Medicine ravira ceux qui travaillent à diffuser la « médecine 2.0 ». Le rédacteur en chef justifie cet engouement en parlant de « manifestations de la sagesse collective » telles Wikipédia ou le Open Source Initiative. On se demande pourquoi il précise dans le même éditorial que tout texte publié dans Open Medicine doit être soigneusement revu par le comité de lecture, qui est composé de médecins, pas de surfeurs lambda sur Internet.

La revue a un blog consacré à la médecine 2.0 et aux évolutions technologiques utilisables pour la diffusion du savoir médical. On y trouve un véritable apologie de iPhone de Apple, qui changera du tout au tout l’exercice de la médecine, paraît-il. Si ce n’est pas de la publicité, je me demande bien ce que c’est… Sur le blog en question, il y a plein de liens pour ceux qui veulent en savoir plus, sur le web 2.0 en général ou sur les “logiciels sociaux”. C’est expliqué dans un texte de Dean Giustini, principal contributeur du blog : Towards school library 2.0: an introduction to social software tools for teacher-librarians.

Décidément, les connotations du terme « social » s’élargissent jusqu’à sa complète dilution. Je ne résiste pas à la tentation de rappeler que les réjouissances proposées aux médecins par les firmes pharmaceutiques qui financent tel congrès sur la Côte d’Azur sont appelées « programme social ». Les sociologues et autres philosophes devraient prendre note et réorienter leurs études. Les questions sociales ne concernent plus les pauvres et l’état de marasme de ce qu’on appelait autrefois « tissu social », mais le dilemme de tel leader d’opinion à choisir entre le tennis et le golf. Le dilemme des généralistes participant au Medec de choisir entre encenser GSK ou encenser Sanofi. Le dilemme de ceux qui ont suffisamment d’éducation et de moyens pour choisir entre Wikipédia et je ne sais quoi d’autre. Comme si une forme de sociabilité rendue possible par des moyens technologiques tenait lieu d’un tissu social de plus en plus déchiré.

C’est certain que le iPhone changera fondamentalement la face de la médecine dans les zones où il n’y a aucun médecin… Peut-être les consultations pourraient-elles se passer par téléphone. Par exemple en dotant une personne âgée souffrant d’Alzheimer d’un iPhone. Peut-être Microsoft et d’autres entreprises purement humanitaires trouveront-elles les moyens de soigner un arrêt cardiaque ou de poser des perfusions à distance. Et le premier wikipédiote qui passera par là saura opérer une tumeur, vu l’immensité de la « sagesse collaborative ».

L’éditeur de publications scientifiques (payantes !) Elsevier a saisi l’occasion de s’engouffrer dans ce marché très prometteur du « social » collaboratif, en lançant son propre outil appelé 2collab, et dont je n’ai pas compris à quoi il sert, à part créer des favoris… On peut faire confiance à Elsevier de reconnaître les opportunités porteuses de profit, vu que jusqu’à l’été 2007, il était impliqué dans le commerce des armes. Ces armes qui tuent au sens propre du terme, pas par « blacklistage » ou « kill » quelque chose (j’ai oublié le terme), consistant à supprimer quelqu’un de façon informatique.

 

Sur cet autre blog du même Dean Giustini, rattaché à Open Medicine, on peut même trouver une vidéo d’Elsevier montrant comment ça marche. On y apprend aussi qu’en septembre aura lieu à Toronto le congrès de la médecine 2.0.

 

Je me demande si des internautes lambda y seront invités, parce cela m’a quand même l’air bien parti pour une institutionnalisation.

Elena Pasca

Une réflexion sur “Open Medicine: revue médicale canadienne à comité de lecture et en libre accès, exemple de médecine 2.0”

  1. Bonjour Monsieur Baaloudj,
    Je pense que ce blog n’est pas l’endroit le plus approprié pour l’exposition de votre théorie. De plus, nous effaçons toujours les coordonnées personnelles et les messages publicitaires, même lorsqu’il s’agit de faire de la publicité pour des théories personnelles très originales. En outre, vos propos ne répondent pas à un article ou à un commentaire.
    Et j’ai vu que vous avez posté le même message sur une vingtaine de blogs.
    Je me vois donc dans l’obligation de supprimer votre message tout en vous souhaitant bonne chance!
    Bien à vous.

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