La Commission européenne autorisera une publicité directe déguisée, accuse le « Lancet »

L’éditorial en date du 16 juin de la revue médicale britannique The Lancet s’intitule Direct-to-consumer advertising under a different name 495865372.gif(« Une publicité directe aux consommateurs qui ne dit pas son nom »). The Lancet, Volume 371, Issue 9629, 14 June 2008-20 June 2008, Page 1972. Il n’y a pas d’accès direct ni de résumé, alors en voici une traduction rapide. (La photo est tirée d’un site de Harvard. Elle devrait servir de logo à la Commission européenne: attention, toxique pour la santé. Elle pourrait remplacer les étoiles sur le drapeau, par exemple).

« Entre février et avril de cette année, la Commission européenne (CE) a organisé une consultation publique au sujet de ses propositions. Elles visent à changer le cadre légal afin de permettre aux firmes pharmaceutiques d’apporter des informations sur les médicaments d’ordonnance à travers tous les media. 

La Commission affirme que l’interdiction européenne de la publicité directe aux consommateurs serait maintenue. Toutefois, beaucoup de critiques disent à juste titre que permettre à l’industrie pharmaceutique d’apporter des informations aux patients est de fait une autorisation déguisée de la publicité directe aux consommateurs

Les objectifs déclarés de ces propositions sont d’assurer l’accès des citoyens à « une information de qualité, objective, fiable et non publicitaire » ainsi que d’harmoniser l’information [sur les médicaments] disponible dans l’Union européenne. L’accès des patients à une information de qualité diffère dans les 27 pays membres, et la volonté de la Commission de rectifier à cela est justifiée. Mais les conflits d’intérêts évidents des firmes pharmaceutiques signifient que l’information qu’elles apportent est susceptible d’être biaisée.  

Qu’en pense le public ? Le résumé des résultats de la consultation vient d’être publié. Il est intéressant de voir que les groupes de patients sont divisés quant au projet de la Commission. La plupart ont certes une attitude critique, mais certains ont voté en faveur des changements proposés. C’est par exemple le cas du Forum européen des patients et de la Fédération internationale du diabète (section Europe). Selon ces associations, l’industrie pharmaceutique pourrait être une source d’« information non publicitaire » destinée aux patients. Mais ces organisations sont financées par des firmes pharmaceutiques.

Les propositions de la Commission contiennent d’autres aspects inquiétants. Le projet stipule que les pays pourraient infliger des sanctions rétrospectives aux firmes pharmaceutiques qui apportent des informations jugées publicitaires, mais ces sanctions seraient applicables uniquement en cas de non-conformité grave et répétée. Un autre problème vient du fait que cette proposition est portée non pas par la direction chargée des questions de santé, mais par la Direction générale des entreprises et de l’industrie.

L’accès à une information objective et de qualité sur les médicaments est un droit fondamental des patients. Les propositions finales de la Commission, qui seront connues plus tard dans l’année, doivent donner aux patients les moyens d’être des acteurs de leur santé [empower patients], et non pas favoriser l’industrie pharmaceutique ».

 

Commentaires:

 

Depuis le temps que les revues médicales indépendantes en parlent, ça a bien fini par arriver aux oreilles du Lancet. Mieux vaut tard que jamais…

Ces questions sont situées dans leur contexte et débattues en détail dans les communiqués du Collectif Europe et médicament, que j’ai repris sous la catégorie Autorités d’insécurité sanitaire. Parce qu’il est évident que la Commission européenne fait tout pour satisfaire le lobby pharmaceutique et se fiche pas mal de la santé. Quand on pense qu’elle veut déléguer la pharmacovigilance aux firmes pharmaceutiques… Il y a d’autres détails, l’un plus scandaleux que l’autre, et c’est pour cela qu’il est important de lire les textes du Collectif Europe et médicament, qui abordent l’ensemble des changements en vue. Un autre communiqué du Collectif et d’autres informations – aussi sur le mode la caricature et de la parodie, qui aident à comprendre en forçant le trait – sont réunies sous la catégorie Publicité directe pour les médicaments.

N’oublions pas les notes et documentaires (cf. liste alphabétique à gauche) sur le lobbying exercé sur les hommes politiques et autres décideurs sanitaires, les autorités sanitaires et les instutions.

Les documents de la Commission cités dans l’éditorial du Lancet et les communiqués du Collectif Europe et médicament sont :

Elena Pasca

Une réflexion sur “La Commission européenne autorisera une publicité directe déguisée, accuse le « Lancet »”

  1. Eh bien ça promet….
    Et dire que les parlementaires européens sont censés représenter les citoyens et leurs intérêts: quelle fadaise!!!!
    Comme l’a déjà dit l’ex Dr Lanctôt: « les autorités? un mal NON nécessaire »

    J’aime

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