Voici un slogan digne d’une campagne de prévention en santé publique ! Comme il est peu probable que le LEEM (syndicat de l’industrie pharmaceutique) finance une telle campagne et que la presse médicale s’en fasse l’écho, c’est à chacun de nous de la mettre en pratique.
Médecins et usagers doivent apprendre à dépasser leurs non-dits, arrogants ou embarrassés, quant aux intérêts financiers en jeu. L’argent n’est ni un sujet nouveau ni un tabou, puisque les médecins qui demandent des dépassements d’honoraires sans « tact [ni] mesure » font preuve d’une pudeur fort sélective. Autant aborder toutes les facettes de ce qu’implique cet intermédiaire – l’argent – dans la relation de soins et tirer toutes les conséquences de la cupidité de certains médecins sur la qualité de la médecine et la maîtrise des comptes publics.
Posons la question qui fâche, pour savoir si nos médecins sont aussi doués en « affaires » qu’en médecine: docteur, avez-vous un lien financier ou autre avec la firme qui produit ce médicament, cette prothèse, cette orthèse ?
Ce titre suggestif – « Your Doctor’s Business Is Your Business« – est celui d’un article du Wall Street Journal, pas d’un brûlot gauchiste exécrant les multinationales…
Il est représentatif d’un fort mouvement d’opinion relayé par certaines revues médicales internationales, qui pousse à la transparence sur les conflits d’intérêts, à la reconnaissance de leur impact néfaste sur la médecine et à leur limitation. (Pour simplifier, les conflits d’intérêts se réfèrent aux médecins payés par l’industrie pharmaceutique pour imposer certains médicaments, faire leur pub et augmenter leurs ventes). Même les milieux ultralibéraux, financiers et conservateurs anglo-saxons abordent ces questions, puisque les dérives « affairistes » risquent d’affecter l’image des firmes et leur santé en bourse, comme on l’a vu lors de la faillite d’Enron. En France, Enron serait toujours là, puisqu’on y laisse les firmes s’autoréguler et les lobbies prospérer dans l’opacité la plus parfaite. Le business des médecins français avec les firmes n’intéresse personne, malgré les conséquences désastreuses qu’il peut avoir sur la santé des patients.
L’article du Wall Street Journal évoque les vertus de la transparence en revenant sur la récente action en justice de l’Etat du New Jersey à l’encontre de cinq gros fabricants de matériel orthopédique. Bien que l’enquête judiciaire ne soit pas terminée, les firmes en ont d’ores et déjà accepté les décisions. Elles paieront 311 millions de dollars d’amende pour corruption et fraude et devront se soumettre pendant cinq années à des « corporate integrity agreement » dont les contenus seront rendus publics. Ces « accords » consistent en un arsenal d’outils de contrôle public et de transparence imposée destinés à ramener et à garder les firmes sur les rails de l’intégrité. Ce qui n’est pas une mince affaire, vu la tendance naturelle au dévoiement…
Le lecteur qui suit l’actualité américaine ne verra au premier coup d’œil rien de nouveau dans cette « affaire ». Elle s’inscrit dans la série d’actions en justice intentées aux firmes par les Etats américains, traduisant partiellement cette demande de transparence. D’autre part, il n’y a rien de nouveau dans l’indifférence totale de la loi, de la justice et des autorités sanitaires françaises face à la corruption banalisée de notre médecine. Si ce n’est que, procès après procès, le contraste entre les deux pays devient de plus en plus saisissant. Les contraintes et contrôles étatiques ne sont pas là où nos préjugés auraient tendance à les imaginer… Peut-on raisonnablement croire un seul instant qu’en France médecins et firmes se conformeraient d’eux-mêmes à l’éthique, quand rien ne les oblige à le faire, quand aucune dissuasion ni aucun contrôle ne viennent dissuader les « affaires » ?
Et pourtant l’article du Wall Street Journal rend compte d’un élément fort intéressant dans la résolution de cette « affaire »-là : une des exigences du parquet américain est que les cinq firmes publient bien en évidence sur leurs sites les noms des médecins et des institutions corrompus et fraudeurs et le détail des sommes reçues. D’ici la fin de l’année, les listes devront faire mention des cadeaux, ristournes et avantages de toutes sortes. Ces listes nominales sont d’ores et déjà accessibles et offrent de quoi ouvrir les yeux même des plus incrédules !
La transparence et la « publicité » ont un effet dissuasif et servent d’outils de maintien des médecins sur les rails de l’intégrité. Gageons que les praticiens qui bénéficieront de cette « publicité » gratuite de la justice y réfléchiront à deux fois lors de la prochaine tentation qui prendra les traits d’une sympathique visiteuse médicale… Rappelons au passage que le parquet américain n’a jamais reçu la moindre plainte de médecins que des firmes auraient forcés à empocher l’argent ou les cadeaux…
Les termes des accords rendus publics récemment obligent l’Académie Américaine de Chirurgie Orthopédique (AAOS) à réfléchir à ces choses bassement matérielles. Et c’est avec une rapidité stupéfiante, digne des meilleurs chirurgiens, qu’elle a nettoyé ses plaies, en repensant ses rapports avec l’industrie et les conflits d’intérêts qu’ils entraînent. Quand on veut…
Les nouvelles directives institutionnelles entreront en vigueur en janvier 2008. Elles stipulent entre autres que les chirurgiens affiliés abordent ces aspects avec les patients et en fassent une déclaration écrite. Au moyen d’une lettre-type, par exemple, qui décrit le détail des collaborations du chirurgien avec l’industrie et retrace le parcours commercial du matériel médical utilisé. Exemple à suivre en France… Et si on imprimait cette lettre-type pour l’amener à la prochaine consultation ?
Et ma prothèse de hanche française, docteur ? Est-ce une « bonne affaire » pour vous ou une bonne chose pour moi ? Parlons de ça aussi, voulez-vous? Et pas seulement de vos dépassements d’honoraires, importants, si, si, je n’en doute pas…
Elena Pasca
La médecine est devenue pour beaucoup de médecins et pharmaciens un business ce qui constitue un véritable scandale.La santé est un droit non assujetti aux ressources financières du malade.
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dans la pratique PRADAXA (nouvel anticoagulant son copain XARELTO) est associée à un risque plus élevé de saignement que la COUMADINE dans une étude parue récemment dans le JAMA INTERNAL MEDECINE en novembre 2014, ainsi que dans les 4 sous-groupes de patients à haut risque, (étude étasunienne) :
1) les personnes de 75 ans ou plus,
2) les Afro-Américains ,
3)ceux qui ont une maladie rénale chronique ,
4)plus de 7 co-morbidités associées .
Résultats : globalement PRADAXA a été associé à un risque plus élevé de saignement par rapport à la COUMADINE sauf pour les hémorragies intracrâniennes. Le PRADAXA a été constamment associé à un risque accru de saignement majeur et hémorragie gastro-intestinale pour tous les 4 sous-groupes analysés, particulièrement pour les Afro-Américains et les patients atteints de maladie rénale chronique.
coût moyen mensuel COUMADINE 6 à 7 euro, pradaxa= 80 euro;
CONCLUSION : c’est plus cher et ça génère beaucoup d’hospitalisations, ça fait mourir plus vite. C’est valable à 99% pour toute nouveauté depuis une dizaine d’années.
bonne fêtes à PHARMACRITIQUE et à tous les lecteurs
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